vendredi 19 avril 2024
AccueilEconomieMonacoTech : cinq nouvelles startups passées au crible

MonacoTech : cinq nouvelles startups passées au crible

Publié le

Depuis fin mai, MonacoTech accueille cinq nouvelles startups. Monaco Hebdo a pu les rencontrer. Focus.

Yassine Benchekroun et Hammad Benjelloun créateur d'Adlive en 2018
Yassine Benchekroun et Hammad Benjelloun.

Adlive

Créer une équipe d’intelligence artificielle à Monaco

Yassine Benchekroun, Monégasque de 45 ans, et Hammad Benjelloun, Marocain de 35 ans, ont créé Adlive en 2018. Leur start-up propose une solution technologique qui permet aux professionnels de l’industrie de la publicité digitale de gérer leurs opérations publicitaires et d’optimiser leurs revenus. « Nous nous adressons aux sites internet gratuits qui offrent la possibilité de bannières publicitaires. Dans un premier temps, nous nous dirigeons vers les vendeurs de bannières. Puis, nous nous adresserons aux marques », explique Hammad. Incubé au sein de Station F à Paris, Adlive a choisi Monaco pour accélérer son développement à l’international. « Nous avons un produit, un marché et des clients. Maintenant, nous voulons bénéficier d’un accompagnement sur mesure », ajoute Yassine Benchekroun. Les ambitions mondiales de cette entreprise monégasque ne sont pas cachées. Vingt personnes travaillent déjà sur ce projet en France, en Russie, au Maroc, en Serbie, en Inde, en Ukraine, au Brésil et en Arménie. « Les talents sont rares dans ce domaine. Il faut les prendre là où ils se trouvent », sourit Yasssine Benchekroun. Pour autant, cette start-up s’est engagée à recruter une équipe de 4 à 6 personnes autour d’un projet d’intelligence artificielle à Monaco. « Elle devra travailler de manière mathématique, en calculant les revenus des sites éditeurs et la performance des campagnes des annonceurs », souligne Hammad Benjelloun. « On espère bénéficier de la proximité de Sophia Antipolis, véritable “hub” en termes d’intelligence artificielle, et, en même temps, profiter de l’attractivité de Monaco », ajoute Yassine Benchekroun. Le moteur de cette jeune entreprise ? « Nous avons observé une défaillance sur ce marché. L’industrie digitale est la première des industries des nouvelles technologies. Elle a 30 ans. On a cru en notre potentiel pour “disrupter” cette industrie. Nous avons de grandes ambitions mondiales », assure Yassine Benchekroun.

+ d’infos sur : https://adlive.io

Pierre Fourlinnie le fondateur d’Oghji
Pierre Fourlinnie le fondateur d’Oghji

Oghji

Se servir de l’énergie pour consommer intelligemment

Parisien de 47 ans, installé à Nice depuis 20 ans, Pierre Fourlinnie est le fondateur d’Oghji. Ancien salarié d’Amadeus, cet ingénieur en mécanique et en électricité a travaillé sur une nouvelle génération de tableau électrique basé sur la technologie digitale. Sa particularité ? Apporter des fonctions de confort et d’économie. Doté d’un écran digital, ce tableau intelligent peut émettre une alerte à distance quand un défaut se produit. « Vous aurez aussi accès à votre consommation détaillée et à votre historique pour chaque circuit », détaille Pierre Fourlinnie. Cela permettra de se rendre compte de sa consommation, et ainsi, de mieux la moduler en fonction de ses besoins et de son budget. « C’est vous qui piloterez votre consommation », assure Fourlinnie. A ce jour, ce produit n’existe nulle part ailleurs, bien que les grandes marques qui dominent le marché du tableau électrique mettent en avant des recherches similaires. Le postulat qui a poussé Pierre Fourlinnie à l’action ? « Dans un monde qui évolue vite, on a, en parallèle, ces tableaux qui eux, n’ont pas évolué depuis des décennies. Je trouvais simple de les faire évoluer, pour ouvrir des portes immenses. » Sa venue à Monaco n’est pas un hasard. L’orientation politique du pays en faveur de la transition et de l’efficacité énergétique, ainsi que l’éco responsabilité, correspondent parfaitement à l’état d’esprit de ce start-uper. En contrepartie de l’accompagnement qu’on lui prodigue, Pierre Fourlinnie souhaite effectuer sa phase pilote à Monaco, d’ici la fin de l’année. « Ici, c’est notre premier marché. La taille de Monaco c’est comme un laboratoire. Mais il faut que le produit n’ait aucune faille. La sécurité sera un des enjeux majeurs de notre projet », confie ce jeune patron. Au fait, Oghji signifie “connecté” en corse. « J’aimais la symbolique, entre futur et tradition. » A.-S.F.

+ d’infos sur : https://oghji.com

Alexandre Fakih  et Pierre Magnes
Alexandre Fakih  et Pierre Magnes

FGWRS

Donner une seconde vie aux eaux grises

Firmus (1) grey water recycling system. Depuis 2017, le Toulousain Pierre Magnes et l’ingénieur niçois de 28 ans Alexandre Fakih, travaillent au développement d’un système de recyclage des eaux grises, celles issues d’un usage domestique : bain, douche, lavabo ou machine à laver. « Aujourd’hui, tout va à l’égout. Alors qu’il y a moyen de les traiter et de les réutiliser », assure Alexandre Fakih. Comment le sait-il ? Ce procédé, issu des recherches de l’agence spatiale européenne pour les voyages longues distances, est utilisé depuis 2005 par la station de recherche Concordia, en Antarctique. « Plus de 1 200 personnes utilisent cette eau recyclée. Certains la boivent », ajoute Fakih. FGWRS a choisi Monaco pour accélérer son développement. « MonacoTech va nous aider à structurer notre entreprise. » Ce que cette technologie apporte à la principauté ? « C’est une solution qui permet de diminuer l’impact carbone. En traitant ces eaux, on peut valoriser la calorie de l’eau en énergie et l’utiliser sans en consommer de nouvelles », justifie cet ingénieur niçois. Dans l’esprit de cette start-up, l’idéal serait de faire de Monaco le premier État au monde qui inscrit dans sa réglementation le recyclage des eaux grises. En France, le lobbying intense des mastodontes de la gestion de l’eau paralyse la situation. Quels clients potentiels viser, alors ? « Les lieux où il y a un stress hydrique important. » En clair, les endroits du monde où la consommation d’eau pose déjà problème. Cette entreprise s’est donc tournée vers l’Australie, la Californie ou encore l’Afrique du Sud. Par contre, ce système ne pourra être implanté que dans les hôtels et les nouvelles constructions. A Monaco, l’hôtel Fairmont s’est prêté au jeu. Les eaux grises de quatre chambres sont recyclées et réutilisées pour la chaudière de l’établissement. Enfin, lors de l’exposition universelle de Dubaï, en 2020, FGWRS recyclera les eaux grises du pavillon monégasque. A.-S.F.

+ d’infos sur : http://www.fgwrs.mc

(1) Firmus signifie « durable » en latin.

Philippe Marengo et Guillaume Jacquet-Lagreze
Philippe Marengo et Guillaume Jacquet-Lagreze

Suncy concept

Un bateau 100 % solaire

C’est en voisin que Philippe Marengo, 55 ans, s’est lancé dans l’aventure Suncy concept. Habitant de Roquebrune-Cap-Martin, cet ancien ingénieur aéronautique a créé son entreprise en 2015. Le concept ? Des catamarans solaires, d’une capacité de 8 personnes et totalement autonomes, car produisant leur propre énergie grâce au soleil. « Le bateau se recharge grâce aux panneaux photovoltaïques du toit solaire. Cela produit toute l’énergie dont le moteur a besoin », indique Philippe Marengo. Depuis trois ans, un bateau “témoin” est amarré au port Hercule pour faire la démonstration de son efficacité énergétique. « En trois ans, on n’a jamais eu besoin de le recharger sur secteur. » Suncy concept est en phase d’accélération à MonacoTech. Cette entreprise espère profiter de cette expertise dans le “mentoring” pour s’implanter dans le tissu économique local de façon intelligente. « Monaco représente le plus haut niveau qualitatif, un niveau qui ne peut pas être remis en question. Nous sommes ici dans l’excellence. » Attiré par « l’engagement » de la principauté envers les énergies vertes, cette innovation technologique a aussi à ses yeux une vocation sociale. « L’accès à l’usage de ces bateaux est le plus simple du monde : sans permis et adapté aux personnes atteintes d’handicap moteur et auditif. Il n’y a ni bruit ni odeur grâce à de la vraie énergie renouvelable », estime Philippe. Suncy Concept vise d’abord le marché local. La start up souhaite sensibiliser les villes pour peut-être installer des taxis maritimes propres. « Pour Monaco, cela permettrait de désenclaver la route par la mer. On va essayer de discuter de ce projet avec la compagnie des autobus de Monaco (CAM) », observe le chef d’entreprise. La phase 2 fera probablement voguer Suncy Concept vers d’autres cieux, notamment Dubaï et la Polynésie. Le premier en raison de la tenue de l’exposition universelle 2020, la seconde parce que Philippe y a travaillé pendant des années, avant de revenir dans les Alpes-Maritimes. A.-S.F.

+ d’infos sur : http://www.suncy-concept.com

Alexander Kern, un Allemand de 33 ans, fondateur de OneM
Alexander Kern, fondateur de OneM

OneM

Économiser pour sa retraite, sans changer ses habitudes

Ancien étudiant de l’université internationale de Monaco, Alexander Kern, un Allemand de 33 ans, est le fondateur de OneM. Sa proposition commerciale relève des technologies de l’assurance. « Le problème que nous avons identifié, c’est que les 18-35 ans ne prévoient pas d’argent pour leur retraite. Aucun jeune ne souscrit pour une assurance retraite. Notre idée est de permettre à ces gens d’économiser sans avoir la sensation de le faire », expose Alexander. Ce trentenaire s’est demandé comment aider les gens à planifier pour leur futur, tout en conservant un revenu correct. Il a misé sur l’une des habitudes fréquentes de cette jeune génération : l’achat en ligne. Grâce à un partenariat avec une assurance allemande et 45 boutiques, il est possible de faire ses achats en ligne, tout en économisant une partie de l’argent. Par exemple, si j’achète pour 100 euros de marchandise, la boutique s’engage à reverser 10 euros, dont 9 pour le consommateur et un euros de commission pour OneM. « Nous avons calculé que, s’ils font ça toute leur vie, c’est 65 000 euros d’économisés, en moyenne. Pour les boutiques, on crée comme un système de fidélité », poursuit Alexander Kern. Avec MonacoTech, OneM espère obtenir une aide dans la construction de la stratégie et « synthétiser toutes les actions déjà entreprises ». Car l’objectif est clair : se développer à l’international. Kern pense que l’installation de sa startup à Monaco peut inciter d’autres futures “licornes” [nom donné aux startups avec une valorisation de 1 milliard de dollars ou plus — N.D.L.R.] à s’implanter dans le pays. « Il y a un espace intéressant pour attirer de nouveaux talents », résume-t-il. Dans le futur, cette entreprise imagine la création d’une carte de crédit, où l’argent serait directement collecté. C’est en Allemagne, son pays natal, que le système est, pour l’instant, en test. Mais si ce business devenait durable, il pourrait être dupliqué, avec licence, dans toute l’Europe. A.-S.F.

+ d’infos sur : https://onem.de/

1) Depuis son lancement en 2017, MonacoTech, le programme « startups » lancé par l’Etat monégasque en partenariat avec Monaco Telecom, a accompagné 24 startups, dont 14 y étaient toujours en février 2019. MonacoTech abrite désormais 19 startups.