mardi 23 avril 2024
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Monaco Telecom est-il toujours trop cher ?

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Depuis l’annonce de son offre internet unique, Monaco Telecom essuie une nouvelle fois de nombreuses critiques des usagers et des élus du Conseil national. Monopole, tarifs élevés, manque de vision à long terme… Le directeur général de l’opérateur monégasque, Martin Péronnet, s’explique.

 

A l’annonce de la nouvelle offre internet ultra haut débit de Monaco Telecom mercredi 8 septembre, les réseaux sociaux se sont enflammés. Près d’un millier d’usagers mécontents de l’opérateur monégasque se sont fédérés au sein de deux groupes Facebook : Parce qu’à Monaco on n’est pas non plus des pigeons et Pour ceux qui en ont marre du monopole de Monaco Telecom. Mais que dénoncent-ils vraiment ? Ce sont surtout les prix qui sont très critiqués. Trois mois après l’augmentation de l’abonnement fixe décrié — malgré l’ajout de services auparavant payants (lire Monaco Hebdo n° 935 et n° 938) —, le tarif unique de la nouvelle offre à 1 Gbit/sec à 49,90 euros, est loin de faire l’unanimité. « Ce qui avait été mal perçu, c’était l’obligation d’avoir un abonnement fixe [à 14,90 euros] pour avoir ensuite accès à internet [à 39,90 euros]. Soit un total de 54,80 euros. » Avec la nouvelle offre “tout inclus”, « cela fait donc une baisse de près de 5 euros », souligne le directeur général de Monaco Telecom, Martin Péronnet.

 

Marché européen

Une baisse insuffisante pour les usagers, qui critiquent une prestation « plus chère que les prestataires du pays voisin ». Pourtant, si le directeur général de Monaco Telecom reconnaît que la France applique des tarifs plus concurrentiels que Monaco, il indique que ce pays est le seul. En comparant les offres triple-play des pays européens, les petits pays affichent des tarifs entre 60 euros pour les Pays-Bas et 112 euros pour le Liechtenstein. Pour les grands pays, il faut débourser de 50 euros pour l’Allemagne à 72 euros pour la Belgique. Seule la France se situe en-dessous, à 41 euros. « Il est logique que les gens se comparent avec le marché le plus proche, concède Martin Péronnet. Mais Monaco se positionne à un prix compétitif au vu du marché européen. » Même sur les groupes de la discorde, les internautes le reconnaissent : « En Angleterre, c’est ce qu’on paie. La France a de la chance d’avoir des prix aussi bas. »

 

Simplification

À Monaco Telecom, l’heure est à la simplification. Cette nouvelle offre est disponible pour la totalité des 14 000 foyers monégasques. En 20 minutes, le client repart de la boutique avec sa nouvelle box, explique Martin Péronnet. Un technicien vient ensuite à domicile installer la nouvelle prise câble et mettre en place l’équipement. « Tout cela est gratuit, insiste le directeur général. Ce qui est avant tout reconnu, c’est notre qualité de service : l’accueil dans la boutique, les compétences des techniciens, avec du temps passé à domicile et le service téléphonique, comme le service après-vente. » Une politique de proximité et d’accompagnement client qui obtiendrait de très bons résultats de satisfaction, selon Martin Péronnet. Malgré ses couacs. « Nous sommes une chaîne humaine avec beaucoup d’informatique », explique le directeur général, en admettant que cela « génère bien sûr des erreurs ». Une direction unique des relations clients a été mise en place, avec un comité opérationnel client qui se tient tous les mois. But de la manœuvre : mieux traiter les réclamations.

 

Monopole

Car en Principauté, impossible de passer outre Monaco Telecom pour avoir internet. L’opérateur est en position de monopole. « C’est une politique nationale », se défend Martin Péronnet. Tant pis pour l’ouverture à la concurrence, en générale synonyme de baisse de prix. Mais le directeur général de Monaco Telecom voit dans cette situation d’autres avantages. Techniquement, déjà. « Vu la densité à Monaco, cela serait extrêmement compliqué d’avoir plusieurs opérateurs qui rentrent dans les immeubles. » Surtout, un seul opérateur « permet de l’innovation et génère une part d’investissement important ». C’est aussi une source de retour positif pour le budget de l’État. L’entreprise a ainsi pu se développer sur des marchés internationaux. Le directeur général cite notamment OnAir, leader mondial de la téléphonie dans les avions. « On fournit leur cœur de réseau, la partie la plus sensible du système qui traite tous les télécoms. Or, OnAir renouvelle avec constance sa confiance à Monaco Telecom dans un environnement concurrentiel féroce. » Tout comme le partenariat signé avec Gemalto, leader mondial de la sécurité numérique et premier fabricant de cartes SIM.

 

Opacité

Depuis l’arrivée de Xavier Niel dans le capital de l’entreprise il y a un an, les critiques portent aussi sur le manque de vision à moyen terme, notamment du côté des élus de la majorité Horizon Monaco (HM) du Conseil national (voir Monaco Hebdo n° 938) et du président, Laurent Nouvion : « On a une visibilité très réduite sur ce que Xavier Niel veut faire de Monaco Telecom. J’imaginais un plan beaucoup plus innovant, avec une niche en matière de hautes technologies et de nouvelles technologies. On reste sur notre faim. Et les utilisateurs aussi. » Pour Martin Péronnet « la raison de ces prises de positions des élus, c’est qu’au Conseil national l’information n’a pas encore été partagée par tous », alors qu’une rencontre en commission des concessions devait se dérouler mercredi 23 septembre. Martin Péronnet avance déjà « une croissance significative » pour son entreprise. Pourtant, sur les projets de l’entreprise, il est moins prolixe. Tout juste mentionne-t-il des « nouveautés » sur le mobile qui vont être très prochainement dévoilées : « On ne veut pas annoncer les choses avant qu’elles soient là. Il fallait transformer l’entreprise et l’adapter à plus de réactivité. Un an après, on a déjà atteint de nombreux objectifs : 4G, offre internet, télévision… Et le data center, un nouvel outil pour les entreprises à Monaco comme celles qui veulent s’y implanter. On amène de la valeur télécom supérieure en Principauté. »