vendredi 29 mars 2024
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Fabrice Marquet : « C’est en temps de crise qu’il faut investir dans le futur »

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Ancien directeur de l’incubateur-accélérateur d’entreprises, MonacoTech, le Monégasque Fabrice Marquet est, depuis janvier 2020, à la tête de Monaco Foundry, une entreprise spécialisée dans l’accompagnement business.

Il revient pour Monaco Hebdo sur les premiers pas de cette entreprise qui ne cesse de grandir, malgré la crise sanitaire. Interview.

Vous avez fondé Monaco Foundry il y a un peu plus d’un an : quelle est sa vocation ?

Construire un business n’a rien de théorique, c’est un processus fondamentalement empirique. Et ce dont ont besoin les startups, ce sont des gens qui les aident à se retrousser les manches et à faire le boulot avec eux. Avec Monaco Foundry, on les aide à se structurer rapidement, à mettre des bonnes personnes dans l’équipe pour pouvoir lever des capitaux dans de bonnes conditions. Et surtout, à ne pas perdre de temps.

Quel est votre modèle ?

Notre modèle est basé sur l’association, car nous devenons un associé cofondateur de l’entreprise. Nous sommes payés en parts dans la société, c’est-à-dire que nous alignons complètement nos intérêts avec les fondateurs. Nous prenons les mêmes risques qu’eux, nous faisons tout le chemin avec eux, et nous serons rémunérés le jour où nous vendrons l’entreprise. En retour, ils ont accès à toute notre équipe, à un « pool » [un groupe – NDLR] d’expérience, d’expertise et de réseaux.

Qu’est-ce qui distingue Monaco Foundry de MonacoTech ?

MonacoTech, comme tous les incubateurs au sens large, donne un bureau, ce qui n’est pas notre cas. Il donne accès à un réseau de prestataires, à de l’aide administrative, à des programmes du genre “business school”… À Monaco Foundry, nous ne faisons rien de tout ça. Nous prenons les risques avec eux, nous sommes copropriétaires de leur entreprise, et nous la construisons avec eux au quotidien. Nous sommes impliqués sur tous les plans, du stratégique jusqu’à l’opérationnel.

« Construire un business n’a rien de théorique, c’est un processus fondamentalement empirique. Et ce dont ont besoin les startups, ce sont des gens qui les aident à se retrousser les manches et à faire le boulot avec eux »

Pourquoi avoir gardé le nom « Monaco » pour votre nouvelle entreprise ?

Monaco, c’est mon pays. La question de savoir où je faisais cette entreprise ne s’est jamais posée. Nous travaillons avec des entreprises basées à Monaco, comme au bout du monde. Nous ne sommes pas liés à une juridiction, ni à des contraintes d’espace. Mais l’idée, c’est d’avoir une empreinte locale. Nous avons créé deux sociétés en principauté, nous sommes en discussions avancées avec deux autres. L’une de nos missions est d’identifier et de relocaliser les nouveaux modèles économiques, qui ont un sens à être mis en place à Monaco pour apporter notre pierre à l’édifice au renouvellement de son économie.

Quelle image a Monaco dans l’univers des startups ?

Monaco avait plutôt l’image d’un endroit où on venait s’installer une fois que l’on avait réussi. Mais pas celle d’un endroit où on venait pour réussir. Cela fait partie des missions de MonacoTech de contribuer à ce changement, d’apporter une nouvelle voie de développement et une nouvelle image à Monaco. La principauté a autant à bénéficier de ce que l’on fait pour son image que réciproquement. Notre volonté, ce n’est pas juste de nous servir de l’image de Monaco, c’est d’y apporter quelque chose.

Peut-on aujourd’hui être une startup et réussir à Monaco ?

Oui, on constate qu’il y a un élan, une volonté. Des changements ont été faits. Le monde nous a rappelé que si on ne s’adaptait pas, on mourrait et qu’il fallait continuellement se remettre en question. Je vois dans ce qui se passe une énorme opportunité pour Monaco. La seule vraie contrainte immuable de la principauté, c’est le manque d’espace. Mais aujourd’hui, elle vient de voler en éclats puisque désormais tout le monde travaille à distance.

Fabrice Marquet, président de Monaco Foundry © Photo Iulian Giurca / Monaco Hebdo.

« Je vois dans ce qui se passe, une énorme opportunité pour Monaco. La seule vraie contrainte immuable de la principauté, c’est le manque d’espace. Mais aujourd’hui, elle vient de voler en éclats puisque désormais tout le monde travaille à distance »

Où en êtes-vous un an après le lancement de Monaco Foundry ?

Nous avons réussi à fédérer des personnes qui ont adhéré à notre vision. Nous sommes capables de mettre à disposition des startups des personnes qu’elles ne peuvent pas approcher, pas connaître, ni même payer. Nous avons, par exemple, Pippa [Malmgren – NDLR] qui était l’ancienne conseillère économique pour George W. Bush. Nous avons aussi un ancien doyen du New York Medical College [Douglas Miller – NDLR]… Si on revient douze mois en arrière, j’aurais été très content d’en être où nous sommes aujourd’hui.

Comment avez-vous réussi à attirer ces personnes ?

Ces personnes sont intéressées par ce que nous faisons, par notre vision, et elles ont envie de nous accompagner. Nous avons la volonté de faire quelque chose de radicalement différent dans ce monde où il y a beaucoup de casse, qui brasse beaucoup, et qui a tendance à ne pas forcément créer de la valeur. Si les entreprises sont bien accompagnées, la plupart de ces échecs ne devraient pas exister. Mais il faut faire le travail avec eux, et peu le font aujourd’hui.

Cette approche vous manquait à MonacoTech ?

Pour moi, c’est complémentaire. Entre les investisseurs et les structures d’accompagnement, il y avait un trou dans lequel nous nous sommes engouffrés. Notre activité est complètement symbiotique avec ces autres structures ou ces investisseurs. Nous avons une vision du business qui est simple, c’est-à-dire collaboratif, transparent et juste.

Avec combien de startups travaillez-vous ?

Aujourd’hui, nous sommes dix associés à Monaco Foundry. Et nous avons dans notre portefeuille onze sociétés. Dans cet univers, beaucoup cherchent à faire du volume en se disant : « Il y a beaucoup de casse, plus de 90 % de taux d’échec. Donc on diversifie, on en fait plein et on verra lesquelles sortent ». Nous, on fait le contraire. Généralement, dans les fonds d’investissement d’amorçage, une personne gère, avec quelques juniors, un portefeuille de cent entreprises. Alors que nous, nous sommes dix et nous gérons onze boîtes. Nous avons donc changé ce ratio d’un pour cent à un pour un.

Quel est le profil des entreprises qui composent votre portefeuille ?

Les secteurs d’activités sont assez variés. Nous avons une forte thématique autour de la santé et du sport. Nous collaborons par exemple avec une boîte suisse qui travaille sur de nouvelles techniques de séquençage. Nous avons aussi une boîte anglaise qui travaille sur le microbiote. Cette coloration sur la santé vient de notre parcours avec mon associé et moi [Fabrice Marquet est un ancien chercheur – NDLR]. Nous souhaitons que nos innovations impactent le plus grand nombre. Nous avons également des projets en réalité virtuelle… Aujourd’hui, nous ne nous limitons à aucun secteur.

Qu’est-ce qui vous pousse à travailler avec certaines startups plutôt qu’avec d’autres ?

C’est avant tout la rencontre humaine avec les fondateurs. Notre modèle est hyper-filtrant, car il est très engageant. C’est un vrai mariage. S’ils ne sont pas dans une démarche collaborative pour construire quelque chose de très gros ensemble, le modèle n’a pas de sens. Ensuite, nous regardons aussi si leur technologie a un impact pour nos entreprises. Nous regardons leur positionnement par rapport aux objectifs de développement durable de l’ONU. Car pour moi, aujourd’hui plus que jamais, le monde a besoin de vraies innovations et d’un vrai changement culturel. Le monde ne peut plus continuer à tourner comme il tournait jusqu’à présent.

Travaillez-vous avec des entreprises monégasques ?

Aujourd’hui, nous travaillons avec deux entreprises monégasques. Elles vont apporter quelque chose de nouveau à des secteurs historiques de la principauté, qui sont terriblement en souffrance. Typiquement, l’industrie pharmaceutique qui est un secteur historique et qui ne fait que de se réduire chaque année. Nous avons par exemple une société avec laquelle nous allons tester un modèle de biotech virtuelle. Avec une autre, nous travaillons sur un projet de réalité virtuelle qui va pouvoir aider les commerces au détail. Nos commerces pourront ainsi potentiellement vendre en Asie du sud-est ou en Amérique du nord. Nous sommes à ce sujet en contact avec le programme “smart city” du gouvernement.

« Aujourd’hui plus que jamais, le monde a besoin de vraies innovations et d’un vrai changement culturel. Le monde ne peut plus continuer à tourner comme il tournait jusqu’à présent »

Quelle est l’idée derrière ce projet ?

L’idée est de créer un monde virtuel complet. Beaucoup de services existent en réalité virtuelle. Cela va de la visite d’appartements à des jeux vidéo, en passant par des “meetings” [des réunions — NDLR] en réalité virtuelle… Mais ça reste très fragmenté. L’objectif, c’est de se positionner comme le “hub” [une plateforme – NDLR], où tous ces services vont être mis. Et d’avoir un Monaco virtuel, afin que les gens puissent le visiter de partout dans le monde.

Avez-vous d’autres projets en commun avec le gouvernement ?

Pour le moment, c’est plus facile de partir du bas avec des projets individuels. Avec la crise sanitaire, le gouvernement a eu plein de choses à gérer. Ils attendent peut-être aussi de voir ce que l’on fait, ce que l’on peut apporter et que l’on fasse nos preuves. Nous sommes déjà très contents de pouvoir, sur ce projet de réalité virtuelle, amorcer la discussion et le partenariat avec la transition numérique et le programme “Smart City”. Nous allons continuer à proposer des choses. Notre porte est plus qu’ouverte.

À quelles difficultés avez-vous dû faire face ?

On aimerait que tout aille tellement plus vite. On aimerait que les gens soient convaincus et partagent notre vision. Mais la plupart ont besoin de voir du concret pour être convaincus. En tant qu’entrepreneur, nous y sommes préparés. Moi, quand quelqu’un doute de ce que l’on fait, ça renforce ma détermination. On peut toujours faire mieux et faciliter la vie des entrepreneurs. Mais la question, c’est : a-t-on envie de faire un état des lieux, de se remettre en question, de voir comment on peut faire mieux les choses ? Est-ce le rôle de l’État de développer plus une mentalité d’investisseur que de support et de subvention ? A-t-on envie d’amorcer cette réflexion ? Nous, nous sommes en tout cas prêts à y participer.

Créer une entreprise comme Monaco Foundry, c’est plus difficile en principauté ?

C’est une très bonne question à laquelle je n’ai pas de réponse. Monaco, en tant qu’État, a-t-il vocation à se comporter presque plus comme une entreprise privée ? Moi, en tant qu’idéaliste, j’aurais tendance à répondre « oui ». Car nous avons la chance d’avoir un petit pays, et, selon moi, cela a plus d’atouts que de contraintes. Notre taille n’est plus une limite si on se donne les moyens de potentiellement laisser la place à un nouveau modèle, complémentaire. L’idée n’est pas de faire table rase du passé, mais le monde change vite. La révolution se situe plus au niveau culturel. Et, au-delà de Monaco, cela concerne toute l’Europe. La prise de risque, ce n’est pas dans notre culture.

Ce qui est le cas aux États-Unis par exemple ?

Oui, les Américains restent des cow-boys et des pionniers. C’est dans leur sang. Ils ont un optimisme aveugle envers l’avenir et tout est possible. On avance et on verra. Mais c’est une culture qui a aussi ses défauts.

Mais en pleine pandémie de Covid-19, est-ce le moment idéal pour prendre des risques ?

Aujourd’hui, le marché est extrêmement moribond. Tout ce qui est obligataire est négatif. Le marché des actions, c’est 3-4 % en moyenne. Globalement, les produits financiers ne sont pas du tout attractifs. Le capital-risque est donc extrêmement intéressant puisque tu peux faire fois 10, 20, ou 100 en quelques mois. Par contre, avec un fort taux d’échec. Déployer du capital dans du capital-risque, c’est une chose mais le faire efficacement, c’est plus compliqué. Et c’est en ça que notre action est extrêmement symbiotique avec des investisseurs traditionnels. Car nous allons être coactionnaires dans la même entreprise et notre action va maximiser la valeur de leur part sur le long terme.

À Monaco, est-on prêt à prendre ces risques ?

Historiquement, les secteurs économiques et les actifs de la principauté sont plutôt traditionnels. Le fonds de commerce, c’est de faire venir des gens ici pour la sécurité, la stabilité… Cela a énormément de valeur mais on pourrait prendre une petite partie qui potentiellement pourrait devenir le modèle économique de demain. Par cette approche de pionnier et d’innovateur, tu vas forcément tomber sur ce qui va être les succès de demain. Il faut le faire correctement, bien sûr, mais si tu ne le fais pas, tu ne l’auras pas.

« Le monde de l’innovation a changé. À l’époque de la course à l’espace entre les États-Unis et la Russie, c’était les États qui investissaient et qui dirigeaient l’innovation. Aujourd’hui, ce n’est plus du tout le cas. C’est complètement privé. Le rôle des États, c’est d’être plutôt sur le siège arrière et d’être un facilitateur »

Quel rôle peut jouer l’État ?

Ce n’est pas aux politiques, ni aux administrations de créer et de proposer forcément des solutions, et d’apporter des nouvelles choses. D’ailleurs, le monde de l’innovation a changé. À l’époque de la course à l’espace entre les États-Unis et la Russie, c’était les États qui investissaient et qui dirigeaient l’innovation. Aujourd’hui, ce n’est plus du tout le cas. C’est complètement privé. Le rôle des États, c’est d’être plutôt sur le siège arrière et d’être un facilitateur. C’est un travail en progression constante, une remise en question constante, un travail de longue haleine. Je comprends bien que le temps législatif etc. n’est pas celui des startups. Mais ce n’est pas parce que c’est compliqué, ce n’est pas parce que c’est long et difficile que c’est une excuse pour ne rien faire aujourd’hui.

Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur votre entreprise ?

Nous sommes en phase de lancement, donc elle n’a pas changé grand-chose. Nous n’avons pas pu avoir d’aides, mais c’est normal. De toute façon, ce n’est pas trop notre stratégie ni notre mentalité. Dans le développement et la construction de notre entreprise, la crise a mis en péril les quelques revenus à court terme que l’on aurait pu faire par du “consulting” [du conseil — NDLR] et cela nous a forcés à nous focaliser uniquement sur la valeur à long terme. Et au niveau de nos sociétés, certaines ont été un peu freinées.

Vous venez d’obtenir un investissement important d’une famille historique de Monaco. En temps de crise, c’est plutôt inattendu ?

C’est justement en temps de crise qu’il faut investir dans le futur et qu’il faut se remettre en question. Il faut changer. Et c’est ce qui est un peu compliqué dans cette culture qui n’aime pas trop le risque. Dans le public comme dans le privé, on a tendance à couper le budget innovation, à limiter les coûts et à rentrer la tête dans les épaules en attendant que la tempête passe. Et une fois que la tempête est passée, on est toujours en bas. Cette famille a d’autres investissements plus traditionnels à Monaco et ailleurs, ils n’ont pas mis toutes leurs billes sur nous. Pour eux, cela représente un petit investissement et on espère qu’assez rapidement, ils auront un super retour.

Quelle est votre stratégie concernant la levée de fonds ?

Pour moi, un entrepreneur doit être frugal. Si en tant qu’entrepreneur, tu es confortable et que tu n’as pas faim, tu prends de mauvaises décisions et tu es mort. Il n’y a aucun intérêt à lever beaucoup d’argent pour le laisser sur un compte en banque, cela n’a aucun sens. L’idée au contraire, c’est de construire et de lever (des fonds) étape par étape. Ce n’est qu’un début. Il y en aura peut-être d’autres [des investissements — NDLR], mais ça va dépendre de notre capacité à vendre rapidement une de nos entreprises. Nous sommes dans le business du risque et de la promesse. Nous n’avons pas de boule de cristal.

Que va vous apporter cet investissement ?

Si nous cherchons des partenaires financiers, c’est d’abord pour se structurer nous-mêmes, construire notre plateforme technologique car nous avons d’autres développements en interne. Ce que nous créons aujourd’hui ne représente qu’une pièce d’un puzzle beaucoup plus large. Ensuite, nous voulons pouvoir investir en direct dans nos entreprises. C’est en ça que notre stratégie vis-à-vis de nos partenaires financiers est complètement symbiotique. Cette notion de partage de risque et de transparence est primordiale. Dans le monde de la startup, ce qui dessert beaucoup les entrepreneurs, c’est tout le « tralala » et le “bullshit” [foutaises – NDLR] qu’il y a autour. Il y a beaucoup de brassage de vent et d’apparat.

Êtes-vous en contact avec d’autres potentiels investisseurs ?

Nous sommes en contact avancé avec plusieurs investisseurs potentiels. Mais faire rentrer un partenaire financier juste pour de l’argent, on ne le fera pas. Il faut qu’il adhère complètement à notre vision. Il n’y a rien de pire que de rendre des comptes à quelqu’un qui est juste là pour presser la machine afin d’obtenir un retour sur investissement.

Investir en temps de crise, c’est donc possible ?

Oui tout à fait. Il y aura une reprise à un moment donné, quoi qu’il arrive. Il va se passer des choses, le monde va changer, les secteurs en souffrance vont repartir mais différemment. C’est aujourd’hui qu’il faut se préparer. Pour moi un entrepreneur ce n’est pas quelqu’un qui crée une boîte, être entrepreneur, c’est un état d’esprit. Une minorité de personnes sont câblées pour davantage aller chercher des opportunités que la sécurité. Les personnes qui ont cette mentalité vont se faire plaisir au moment où ça va repartir.

Comment est financé Monaco Foundry ?

C’est uniquement basé sur les ventes que l’on fera, des parts que nous aurons fait grossir grâce à notre travail. C’est forcément du long terme. Nous travaillons sur des développements technologiques et sur d’autres modèles économiques, plus de revenus à court terme. Généralement un incubateur traditionnel prend 3, 4 ou 5 % dans une boîte. À Monaco Foundry, comme nous travaillons avec peu de boîtes et nous mettons à disposition des gens de très haut niveau, nous demandons une part beaucoup plus importante de la société.

À combien s’élève-t-elle ?

Pour un rôle vraiment actif, où l’on va devenir un peu leur commando d’élite en mode développement commercial, on tourne aux alentours de 15-20 %. On peut aussi cofonder des boîtes à 50 %. C’est vraiment à eux de définir notre niveau d’engagement. Notre objectif n’est pas de faire de la boulimie et d’avoir le plus de sociétés possible. Ce n’est pas non plus de prendre l’avantage et de tirer profit des fondateurs pour avoir le maximum de part du gâteau. Mais c’est être transparent et juste.

Combien de temps faut-il pour revendre une startup ?

Ça dépend. Nous avons des objectifs très ambitieux. On vise un « exit » [une sortie — NDLR] par une acquisition sous trois ans. On n’y arrivera peut-être pas pour toutes nos entreprises, mais c’est notre objectif. On se dit dans trois ans, qui va acheter ta boîte, quel type de métrique ce client va vouloir voir, que va-t-il acheter, comment faire pour grossir l’équipe, quel type de technologie, quel type de compétences en interne il va acheter… Et ensuite, on fait tout le rétro-planning, et on fait le suivi opérationnel avec eux.

Quels sont vos futurs projets avec Monaco Foundry ?

C’est de continuer à se développer, de travailler avec nos entreprises, d’identifier les fondateurs avec lesquels nous avons envie de travailler… C’est structurer notre partie financière et notre capacité à pouvoir investir. Il faut être réaliste à court terme, mais il faut aussi avoir une vraie vision à long terme et une vraie ambition. Et se donner les moyens d’être ambitieux.

Monaco Boost : « C’est un peu anachronique », juge Fabrice Marquet

Lancée en début d’année 2021, la pépinière d’entreprises Monaco Boost devrait accueillir ses premiers entrepreneurs dans le courant du mois d’avril 2021, selon les autorités. D’une capacité d’accueil de 108 entreprises et détenue à 100 % par l’État, cette structure offre à ses futurs locataires un environnement de travail propice au développement de nouvelles affaires et créateur de synergies. « Je salue la mise en œuvre de cet outil à la disposition des entrepreneurs monégasques qui créent et innovent, et qui va servir à valoriser les initiatives économiques en principauté », avait ainsi vanté le ministre d’État, Pierre Dartout, au moment de sa création en janvier 2021. S’il ne nie pas l’intérêt d’une telle structure en principauté, le “timing” laisse en revanche perplexe l’ancien directeur de MonacoTech, Fabrice Marquet : « Je comprends la démarche. Ça ne peut pas faire de mal. Mais c’est un peu anachronique par rapport à la crise sanitaire. Car on propose un business center d’État à un moment où avoir un bureau n’a plus de valeur ». La pandémie de Covid-19 a en effet bouleversé les modes et l’organisation du travail en faisant la part belle au télétravail et aux visioconférences. « C’était prévu, c’est le temps de l’administration, justifie Fabrice Marquet pointant au passage une certaine lenteur, mais je pense qu’il y a peut-être d’autres choses à apporter que des locaux ou même des subventions. Il y a quelque chose à faire au niveau du cadre, au niveau de l’attractivité », estime-t-il, sans donner davantage de précisions. Cette période de crise sanitaire devrait en tout cas, selon lui, conduire à une réflexion plus globale. « Sommes-nous satisfaits de ce que nous avons et du modèle que nous avons ? Ou voulons-nous travailler sur notre attractivité pour attirer des entrepreneurs et des investisseurs ? Voulons-nous développer de nouvelles voies pour la principauté ? Ou voulons-nous continuer avec ce qui existe ? », s’interroge-t-il.