samedi 20 avril 2024
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Liquidation de Monaco QD?: les politiques réagissent

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Franck Biancheri
Franck Biancheri © Photo Charly Gallo / Centre de Presse.

En conférence de presse fin avril, le conseiller aux finances Marco Piccinini a confirmé la liquidation de la société Monaco QD avec le désengagement de Qatari Diar. Les politiques réclament des explications sur cette affaire.

Les élus ont appris la nouvelle… dans la presse. Et n’ont eu pour l’heure aucune explication précise de la part du gouvernement. C’est le 25 avril dernier en conférence de presse que le conseiller aux finances Marco Piccinini a confirmé le désengagement de Qatari Diar et la liquidation de Monaco QD. Cette société anonyme monégasque — joint-venture détenue à 80 % par une filiale de Qatari Diar (QD Hotel & Property Investment Limited) et à 20 % par l’Etat monégasque — nourrissait pourtant à son lancement de grosses ambitions. « Investir pour créer des établissements hôteliers de grand luxe à travers le monde, dont elle assurera la gestion », commentait en janvier 2011 dans nos colonnes le président-délégué de la société et ex-conseiller aux relations extérieures Franck Biancheri. Avec pour cibles?prioritaires?: Londres et les mégalopoles d’Asie. Notamment Singapour, Tokyo, Shanghai ou encore Macao. Près de deux ans après sa création en août 2010, c’est l’échec. « Malgré un intense travail, aucun projet n’a pu être identifié dans un marché concurrentiel. Les Qataris ont indiqué qu’ils envisageaient de procéder à une liquidation de la société. Monaco a adhéré à cette suggestion. L’entreprise est donc presque en voie de liquidation aujourd’hui », a expliqué le conseiller Piccinini. Contacté par Monaco Hebdo, Franck Biancheri n’a pas souhaité réagir.

« Règles pas respectées »
Les élus, eux, ont en revanche vivement réagi à cette annonce. Et réclament que toute la lumière soit faite. « On nous avait présenté cette opération de joint-venture avec des qualificatifs très porteurs pour l’avenir. On est donc un peu étonnés et inquiets, a commenté le président du conseil national Jean-François Robillon. Nous avons contacté le ministère d’Etat après les publications dans la presse. Le gouvernement devra nous expliquer les dessous de l’affaire. » Le leader de Rassemblement et enjeux (R&E) dénonce de son côté « une façon désinvolte et irrespectueuse de traiter les représentants du conseil national » de la part du gouvernement. En cause?: le fait que la commission de placement de fonds n’ait pas été consultée. « Une fois de plus les règles ne sont pas respectées. La règle fixée par l’ordonnance souveraine de 1968 qui prévoit une consultation au préalable des membres de la Commission de placement de fonds, a une fois encore été bafouée par le gouvernement qu’il s’agisse de la liquidation de Monaco QD, de la négociation opaque entre la SBM, la Société Starman exploitant le Méridien et certains hommes d’affaires étrangers qui lorgnent sur ce complexe hôtelier pour le transformer en résidence hôtelière. Et enfin pour l’immeuble Le Méridien sis 8 avenue de Fontvieille à Monaco dont l’Etat envisage de vendre sur plan des m² au mépris de l’avis de la Commission de placement de fonds », a détaillé le chef de file de l’opposition. Tout en fustigeant le fait que la majorité ne s’est pas faite entendre sur ces points.

Perte financière??
Le président du mouvement Synergie Monégasque, Claude Boisson, s’est dit également « très étonné » de cette liquidation et s’interroge. « Y a-t-il eu une perte financière dans cette opération?? Est-ce qu’il y a eu un coût pour l’Etat monégasque, actionnaire à 20 %?? Qu’adviendra t-il des salariés de cette société?? A cette occasion, on peut s’interroger si c’est le rôle de l’Etat de créer une joint-venture avec des investisseurs privés pour un objet social peu déterminé avec des moyens inconnus?? », rajoute-t-il. Des interrogations tout aussi présentes chez l’ex-présidente de l’UP Anne Poyard Vatrican?: « Lors de sa création à l’été 2010 nous nous étions demandés pourquoi créer en Principauté une société ayant pour vocation de développer des hôtels de luxe à l’étranger avec une participation de l’Etat alors même que cela pouvait venir en concurrence avec un éventuel développement à l’international de la SBM, indique-t-elle. Aujourd’hui nous prenons acte de la liquidation de cette société. Qu’en sera t-il de l’investissement de l’Etat de 20 % du capital, soit un million d’euro?? Quelles sont les raisons de ce départ?? Espérons que nous pourrons disposer prochainement de réponses concrètes sur le sujet. » En conférence de presse, Marco Piccinini n’a d’ailleurs pas fermé la possibilité de collaborer à l’avenir avec Qatari Diar. Mais la méthode, elle, sera revue?: « Le gouvernement est toujours intéressé pour une collaboration s’il existait un projet spécifique. Plutôt que de créer la société et de décider quoi en faire ce serait une manière d’identifier la cible avant de travailler ensemble. »