vendredi 19 avril 2024
AccueilEconomieLes qualités défensives de l'agro-alimentaire

Les qualités défensives de l’agro-alimentaire

Publié le

siege du groupe Danone
© Photo Danone

Secteur défensif par excellence, l’agro-alimentaire présente des atouts pour limiter la casse en pleine tempête boursière. Zoom sur trois valeurs.

Les marchés d’actions n’ont probablement pas encore atteint le bout du tunnel. Certes, les cours actuels peuvent paraître attrayants, en particulier en Europe où ils flirtent avec des planchers historiques. Mais les marchés attachent peu d’importance à cet aspect dans le contexte actuel d’incertitudes politiques et économiques. Leur évolution ne dépend plus, pour le moment, des facteurs fondamentaux et de la santé des entreprises mais de décisions politiques, notamment dans la zone euro pour enrayer la spirale de la crise de la dette des Etats. Seules des décisions claires et radicales pourront rétablir la confiance et entraîner un rebond des marchés. Mais le temps des politiques n’est pas celui des marchés. D’ici là, les investisseurs qui veulent résister, du moins partiellement, à la tempête financière ont tout intérêt à privilégier les secteurs capables de faire face à des conditions de marché difficiles. Dans cette optique, le secteur agro-alimentaire occupe une place de choix de par sa santé financière, ses flux de trésorerie stables et son exposition aux pays émergents, désormais moteurs de la consommation mondiale. De nombreuses entreprises du secteur enregistrent par ailleurs une forte croissance bénéficiaire et sont en mesure d’offrir un rendement sur dividende souvent attrayant. « La force du secteur réside dans la bonne anticipation des crises, les acteurs endurant depuis 2007 des crises successives, précise un analyste. Les stratégies de recentrage sur le cœur de métier, les cessions d’actifs non stratégiques et le développement dans les zones porteuses rendent aujourd’hui le secteur plus solide face à une détérioration généralisée de la consommation. » Gros plan sur trois valeurs emblématiques du secteur qui résistent bien à la tourmente boursière.

Danone
(cours?: 45.31 euros?)
Valeur défensive par excellence, Danone est quasi stable, à fin septembre, depuis le début de l’année. C’est l’une des principales entreprises alimentaires au monde, avec une première place dans le secteur des produits laitiers frais et une seconde place dans l’alimentation et l’eau en bouteille pour enfants. Son portefeuille de marques comprend notamment Danone, Evian et Volvic. La société, qui réalise plus de la moitié de son chiffre d’affaires dans les pays émergents, enregistre une croissance de ses volumes, génère des flux de trésorerie solides et affiche, selon les spécialistes, une valorisation bon marché par rapport à ses homologues du secteur.

Pernod-Ricard
(cours?: 59.48 euros)
Le groupe est passé d’un statut franco-français à celui de leader mondial des « vins et spiritueux ». La montée en gamme de son portefeuille, avec le développement de ses produits premium, lui offre un profil défensif. Pernod Ricard revendique même aujourd’hui la place de leader dans la catégorie des « super » et « ultra-premium », peu dépendante de l’évolution de la consommation des ménages. Ce segment est plébiscité dans les pays d’Asie et monte en puissance dans les pays matures. Le groupe dispose ainsi d’un fort « pricing power » (capacité à imposer ses prix à ses clients). Pernod-Ricard profite aussi directement de la croissance dans les pays émergents qui représentent désormais plus de 30 % du chiffre d’affaires. Mais l’activité de Pernod-Ricard est bien répartie entre les quatre pays BRICs (Brésil, Russie, Inde et Chine) ce qui le protège des risques de ralentissement dans l’un d’entre eux. L’amélioration de sa structure financière lui offre la possibilité de renouer avec la politique d’acquisitions pour accélérer sa croissance.

Rémy Cointreau
(cours?: 50.43 euros?)
Avec une envolée de 79.34?% sur trois ans, la valeur est chère. Mais la qualité a un prix. Rémy Cointreau est également positionné sur le segment haut de gamme et se concentre sur la croissance de ses marques phares. Le groupe bénéficie aussi de sa forte exposition aux pays émergents, notamment asiatiques, où ses marques premium sont très demandées.
La Chine, où la consommation de Cognac haut de gamme ne faiblit pas, représente plus du tiers du chiffre d’affaires. La cession récente de la branche Champagne ouvre la voie à une nouvelle phase de développement pour Rémy Cointreau.

Marasme du marché automobile japonais
Les constructeurs automobiles japonais sont à la peine. Cette année, ils devraient vendre dans l’Archipel autant de véhicules qu’en… 1977. Soit un recul de 14 % par rapport à 2010, selon l’association des constructeurs japonais. Principale raison?: le séisme et le tsunami de mars dernier, qui ont bouleversé pendant plusieurs mois la production et perturbé l’approvisionnement des concessionnaires. Mais il y a aussi des raisons plus structurelles comme le vieillissement accéléré de la population, le traditionnel désamour des consommateurs les plus jeunes pour l’automobile et une fiscalité décourageante.
Désamour des investisseurs pour Kodak
Depuis le début de l’année, la capitalisation boursière de Kodak a chuté de plus de 60 % et le cours est passé sous les 2 $. Encore valorisé en Bourse 8 milliards de dollars en juin 2007, l’ex-leader mondial de la photo pèse désormais moins de 500 millions. La société fondée en 1888 avait pourtant inventé l’appareil photo numérique en 1975. Mais elle s’est, depuis, faite distancer par Nikon et Canon, devenus leaders du secteur. Le repositionnement stratégique de Kodak sur les imprimantes à jet d’encres et autres services numériques peine à convaincre la communauté financière et explique cette descente aux enfers.