mercredi 24 avril 2024
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La réassurance se rassure à Monaco

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Sendai au Japon
Le tsunami qui a touché le Japon en mars 2011 a été la catastrophe naturelle la plus coûteuse. Estimé à 210 milliards de dollars, le sinistre a été couvert à hauteur de 40 milliards de dollars. © Photo Sapeurs-Pompiers de Monaco

L’année 2011 a affecté profondément le marché de la réassurance. Mais en mars 2012, celui-ci avait déjà récupéré ses fonds perdus l’an dernier.

Au pupitre du salon Debussy à l’Hôtel de Paris, mardi 11 septembre, Jean-Philippe Thierry assurait sa dernière conférence de presse des Rendez-Vous de Septembre, en tant que président de l’association éponyme. Le patron du groupe Generali, Claude Tendil, lui succédera. Jean-Philippe Thierry a dressé un bilan rassurant du marché mondial de la réassurance. Ce dernier pesait 160 milliards d’euros en 2011, soit 4,8 % du marché de l’assurance. 2011 était mal embarquée pour les réassureurs même si elle est restée dans la moyenne des dix dernières années en termes d’événements naturels survenus (820 ont été dénombrés). Deux records ont été établis. Le coût économique de l’ensemble des catastrophes a atteint 380 milliards de dollars et celui des sinistres assurés, 105 milliards de dollars. Parmi les catastrophes naturelles, le tsunami qui a touché le Japon en mars 2011 a été la plus coûteuse. Estimé à 210 milliards de dollars, le sinistre a été couvert à hauteur de 40 milliards de dollars. Globalement, près de la moitié des catastrophes assurées en 2011 étaient des tremblements de terre, alors que sur les trente dernières années, leur part n’avait pas excédé 10 %. 27?000 victimes ont été recensées, un chiffre « loin en dessous de la moyenne des 30 dernières années » a relaté Jean-Pierre Thierry.
Sur le premier trimestre 2012, les événements naturels sont largement en baisse. Seuls les tornades qui ont frappé les Etats-Unis au printemps ont dépassé le seuil du milliard de dollars en termes de coût assuré. La situation apparaît plus délicate en ce qui concerne les sinistres « grands risques ». Jean-Philippe Thierry l’a concédé?: « 2012 a débuté beaucoup moins bien que 2011 ». Le premier semestre a notamment été marqué par le naufrage du Costa Concordia, dont le coût économique a été évalué à un milliard d’euros. Jean-Philippe Thierry a noté qu’« une partie des gains obtenus sur les fonds propres en 2010 a été absorbée par les événements naturels de 2011 ». Toutefois, le capital perdu était déjà récupéré en mars 2012 et le niveau de capitalisation a « continué à s’améliorer au 2ème trimestre ». « Les réassureurs ont pour l’instant réussi à gérer la crise sans besoin de recapitalisation ou aide de l’Etat », a souligné Jean-Pierre Thierry.

Le risque terroriste trop peu assuré
François Vilnet, le président de l’APREF (association des professionnels de la réassurance en France), s’est exprimé sur la future réforme du régime d’indemnisation des catastrophes naturelles en France. Selon lui, le projet de loi, qui date de juillet dernier, va permettre « d’améliorer le régime actuel ». Les Rendez-Vous de septembre 2012 ont également mis en exergue la problématique des carences de fournisseurs. Le tsunami japonais avait entraîné des ruptures d’approvisionnement dans le monde entier, notamment dans l’électronique et l’automobile. Nombre de chaînes de production s’étaient ainsi retrouvées bloquées. Les réassureurs souhaitent que les pertes liées aux sinistres dans ce domaine soient davantage détaillés et veulent avoir une meilleure vision des chaînes de production et de sous-traitance.
Enfin, douze ans après les attentats du World Trade Center, le président de l’APREF a pointé le fait que peu de pays européens disposaient de solutions d’assurance de marché face au risque de terrorisme et que les existantes étaient souvent restreintes aux dommages aux biens. Autre point soulevé, seuls les marchés anglais, belge, espagnol, français et néerlandais couvrent le risque de terrorisme nucléaire. Le risque NBCR (nucléaire, biologique, chimique, radiologique) n’est lui couvert qu’en France. François Vilnet a appelé à la création d’une branche dédiée aux risques terroristes et à des protections NBCR garanties par les Etats.