jeudi 18 avril 2024
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La micro-économie revient sur le devant de la scène

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Bourse de Francfort
Bourse de Francfort : les valorisations actions restent correctes en général, voire franchement attractives en Europe. © Photo D.R.

Les investisseurs espèrent que les résultats du premier trimestre confirmeront la thèse du redémarrage économique. Mais ils devraient surtout se pencher sur les attentes pour 2011.

Si la crise grecque hante régulièrement les salles de marché, la microéconomie pourrait revenir sur le devant de la scène au cours des prochaines semaines. « La saison des résultats trimestriels qui a débuté mi-avril permettra de tester en grandeur nature la thèse du redémarrage économique en cours, souligne Bernard Aybran, directeur de la multigestion Invesco Asset Management. Toutefois, le corollaire de ces espoirs est clair : les déceptions ne pourront que donner lieu à des sanctions sévères. » Mais les intervenants de marché se montrent optimistes. « Même si les trois premières semaines de publications sont souvent difficiles, les sociétés peu à l’aise avec le consensus faisant des pré-annonces, ces résultats devraient rassurer sur la pérennité de la reprise actuelle », fait valoir l’un d’entre eux.

+30 % prévu en 2010

De quoi probablement donner une nouvelle impulsion aux actions puisque les estimations de résultats du consensus constituent encore et toujours la pierre angulaire de la plupart des techniques de valorisations pour les marchés d’actions. Et, les prévisions pour 2010 et 2011 laissent entrevoir un beau potentiel. A en croire le consensus des analystes, les bénéfices des entreprises, hors secteur financier, atteindront l’année prochaine de nouveaux sommets historiques. Selon IBES (Institutional Brokers’Estimate System), les bénéfices mondiaux devraient en effet grimper de plus de 30 % en 2010 et de près de 20 % en 2011… « L’optimisme des analystes pour 2010 est compréhensible, souligne Ad van Tiggelen, stratégiste senior chez ING IM. L’économie mondiale se redresse progressivement, les taux d’intérêt restent extrêmement bas, les stocks devront être reconstitués et la comparaison avec les bénéfices déprimés de 2009 est relativement facile. Par conséquent, la croissance bénéficiaire attendue de 32 % en 2010 pourrait bien être atteinte, même si la croissance des chiffres d’affaires est susceptible de demeurer modeste. »

Prudence pour 2011

Le stratégiste est en revanche beaucoup plus circonspect sur les prévisions pour l’année prochaine. « En 2011, les choses seront tout à fait différentes ! », poursuit-il. En effet, le contexte devrait être moins favorable avec d’une part des gouvernements qui commenceront à s’attaquer à leur endettement élevé, probablement en partie via des augmentations d’impôts, et, d’autre part, des banques centrales qui relèveront lentement leurs taux. De plus, la comparaison avec les bénéfices plus élevés de 2010 sera plus difficile et une plus grande partie de la croissance bénéficiaire sera tributaire de la croissance des chiffres d’affaires. « Or, les chiffres d’affaires ne pourront croître que si les entreprises peuvent augmenter leurs prix, un développement qui ne peut être exclu, mais qui semble plutôt improbable, explique Ad van Tiggelen. Les taux obligataires occidentaux ne suggèrent en effet pas une nette hausse des prix et des pressions inflationnistes. » Qui plus est, le stratégiste fait valoir que parmi les facteurs qui ont dopé les résultats et la rentabilité des sociétés les années précédant la crise, à savoir un triplement des bénéfices du secteur financier en pourcentage du PIB, surtout aux Etats-Unis, une baisse continue du taux moyen de l’impôt des sociétés, un repli des coûts de financement dans le sillage de la baisse des taux d’intérêt, une forte progression de la consommation via l’endettement des ménages et une mondialisation incitant les sociétés occidentales à accroître sensiblement la part de leurs bénéfices réalisés en dehors de leur marché domestique, seul ce dernier catalyseur est susceptible de continuer à contribuer à la croissance bénéficiaire à long terme des marchés développés et donc de leurs entreprises.

Les valeurs défensives

Quelles sont dès lors les implications en matière de choix d’investissement sur les marchés d’actions ? Pour l’instant, les secteurs plus cycliques profitent toujours de l’impulsion donnée par le redressement de leurs bénéfices. « A mesure que l’année 2010 progressera, les attentes continueront à augmenter et les comparaisons deviendront de plus en plus difficiles, ce qui conduira probablement à des déceptions et à un glissement vers les secteurs plus défensifs, avertit Ad van Tiggelen. Pour 2011, nous serons dès lors contents si la moitié de la croissance bénéficiaire attendue de 20 % est réalisée. Mais un tel résultat laisserait quand même les valorisations des marchés d’actions à des niveaux plutôt attrayants. » Et pourtant, le cœur n’y est toujours pas. Les marchés d’actions occidentaux ont fait du surplace au premier trimestre et les investisseurs finaux manquent toujours autant d’appétit. « Les marchés occidentaux continuent à évoluer dans un environnement de liquidité abondante et quasi gratuite, propice à la bonne tenue de tous les actifs risqués en Europe ou aux Etats-Unis. Les valorisations actions restent correctes en général, voire franchement attractives en Europe : à 13 fois les bénéfices 2010, avec un rendement de plus de 3,4 % à fin mars, un tel investissement apparaît tout à fait raisonnable », conclut Bernard Aybran.