vendredi 26 avril 2024
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L’inflation, ennemie des actions??

Publié le

Raffinerie de petrole
© Photo D.R.

La hausse des prix peut, contrairement aux idées reçues, se révéler néfaste aux cours de Bourse. Certains secteurs peuvent néanmoins tirer leur épingle du jeu.

Alors que la reprise économique prend de plus en plus solidement racine de part et d’autre de l’Atlantique, l’inflation se retrouve au cœur des débats dans les milieux financiers. Le FMI a même tiré la sonnette d’alarme en la qualifiant de risque substantiel aussi bien pour les pays émergents que pour les pays industrialisés. Dans un tel cas de figure, les investisseurs ont généralement tendance à fuir les obligations, dont la valeur se déprécie parallèlement à la montée des taux d’intérêt concomitante à la hausse des prix, et à privilégier les actifs réels, notamment les actions, qui constituent, à priori, une protection naturelle contre l’inflation. Est-ce pour autant la bonne réaction à avoir??

Impact sur les bénéfices

Les stratèges de marché d’AXA Investment Managers mettent en garde contre une telle intuition qui veut que les bénéfices des entreprises profitent à leur tour de la montée d’inflation avec un effet positif sur leurs cours de Bourse. Pour ces spécialistes, plusieurs facteurs laissent penser qu’au contraire, l’inflation pèsera sur les cours de Bourse puisque les « vrais » bénéfices, c’est-à-dire prenant en compte les coûts directs et indirects que l’inflation fait peser sur les profits, devraient être inférieurs aux bénéfices réels, ajustés de la seule hausse des prix à la consommation. « Même si les entreprises arrivent à répercuter la hausse des coûts de production à court terme, il ne faut pas négliger la baisse de la demande qui en résulte, expliquent les auteurs de l’étude. Cela est d’autant plus vrai pour les entreprises et les pays ayant des coûts fixes élevés. » Or, les variations de la demande ont un énorme impact sur les bénéfices. L’inflation peut également entraîner d’autres effets négatifs via le phénomène de stockage. « Même si les entreprises ont rationnalisé la gestion de leurs stocks, la hausse de l’inflation devrait peser sur la profitabilité, puisque les coûts des éléments entrant dans la production des biens vendus auront augmenté au cours de la phase de stockage », poursuivent les auteurs. L’inflation aura également des effets sur le taux d’imposition des sociétés, les bénéfices des entreprises étant généralement surestimés dans un environnement de hausse des prix.

Effets néfastes

Toutefois, la question est de savoir à partir de quel taux d’inflation se matérialisent ces effets négatifs. Au vu de la relation entre inflation et actions aux Etats-Unis sur la période 1980 à 2000, les auteurs de l’étude en tirent les conclusions suivantes?: « La montée de l’inflation autour de 4-5 % est clairement néfaste et entraîne un net déclassement des actions, soulignent-ils. Une inflation dans une fourchette de 2 à 4 % est le meilleur contexte pour les valorisations. » Mais selon AXA IM, les cours de Bourse actuels à Wall Street anticipent déjà une inflation non négligeable comprise entre 3 % et 4 %, donc proche du seuil néfaste. « Il va sans dire que des mauvaises surprises inflationnistes représenteraient un risque de déclassement supplémentaire », préviennent-ils. Pour autant, un contexte inflationniste ne sera pas néfaste à l’ensemble de la cote et certains secteurs sont alors à privilégier. « Les matières premières sont considérées comme une couverture naturelle contre l’inflation. Par conséquent, les valeurs qui leur sont liées sont également perçues comme offrant une telle protection », expliquent les auteurs. D’ailleurs avec la remontée de l’inflation ces derniers mois, le secteur pétrolier et gazier a réalisé la meilleure performance du marché américain. « Nous pensons que le secteur devrait continuer à surperformer dans les mois à venir », précisent les spécialistes. En revanche, lorsque l’inflation atteint la barre des 4 %, ils estiment que les secteurs défensifs et à haut rendement, télécoms en tête, sont à privilégier. « Depuis le début de l’année, les télécoms ont sous-performé le marché, mais plus nous nous approchons du seuil des 4 % d’inflation, plus nous croyons que ce secteur surperformera des secteurs plus cycliques, à mesure que la politique monétaire américaine se resserre et que la concurrence entre opérateurs téléphoniques devient moins dure avec l’acquisition de la branche américaine de T-mobile par AT&T », concluent-ils.