jeudi 28 mars 2024
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“L’attention des investisseurs se porte sur les banques centrales”

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Alexandre Hezez, Responsable de la Gestion chez Convictions AM
Alexandre Hezez, Responsable de la Gestion chez Convictions AM : « Les incertitudes qui prévalent sur les marchés d'actions appellent plus que jamais une gestion très active des positions. » © Photo D.R.

Alexandre Hezez, responsable de la gestion chez Convictions AM, détaille pour Monaco Hebdo ses perspectives sur des marchés financiers encore fébriles.

Monaco Hebdo : Votre analyse sur la reprise économique qui se met en place ?
Alexandre Hezez : Cette reprise n’étant pas synchronisée au niveau mondial, l’attention des investisseurs se porte désormais sur l’attitude des banques centrales dans quatre grandes zones économiques. Dans les pays émergents, conduits par les BRIC, où la croissance est repartie très fort et où les exportations sont désormais au plus haut, la problématique est désormais celle de la gestion des pressions inflationnistes et d’une politique monétaire plus restrictive. Aux Etats-Unis, une bonne coordination entre le Trésor et la Fed dans la gestion de la crise financière ainsi qu’une politique de taux réel faible ont permis une reprise progressive de l’investissement et de la consommation qui doit néanmoins désormais se confirmer dans les chiffres de l’emploi. Pour certains pays de l’OCDE, comme l’Australie, le Canada, la Norvège ou encore la Suède dont les économies ont profité du redémarrage des matières premières industrielles, la problématique est également désormais centrée sur le rythme du resserrement monétaire. Enfin dans la zone euro, la question est moins celle de la politique monétaire, avec des taux d’intérêt qui devraient rester durablement faibles, que celle de la réduction impérative de déficits devenus structurels et qui pèsent sur la croissance.

M.H. : Les marchés ont paniqué face au problème de la dette grecque en anticipant des problèmes similaires dans d’autres pays périphériques de la zone euro ?
A.H. : Je ne pense pas que le marché ait suréagi. Car il existe de réels risques pour la zone euro. D’abord, un risque politique avec une gouvernance au niveau européen à revoir entièrement puisque d’une part les enjeux nationaux l’emportent sur la solidarité européenne, les élections régionales en Allemagne sont à ce titre un cas d’école, et que d’autre part certains pays « n’ont joué pas le jeu » de la discipline. Ensuite, les instances européennes risquent de se retrouver dans une situation où elles n’auront plus le choix dans leurs actions. D’ailleurs, même si la restructuration de la dette grecque semble être un risque minime, il est raisonnable d’anticiper que la “solidarité” européenne ne signera pas la fin du risque de défaut grec et donc de se demander quelle sera la prochaine étape si les actions conjointes de l’Europe et du FMI ne suffisent pas à enrayer cette spirale. Deux choses semblent toutefois certaines : les taux monétaires européens ne vont plus remonter et l’euro va rester faible pendant longtemps.

M.H. : Et les conséquences de l’affaire Goldman Sachs ?
A.H. : Cette nouvelle affaire va malheureusement encore entretenir les soupçons sur une industrie en mal de virginité. Mais ça démontre aussi qu’il devient urgent d’accélérer la réglementation bancaire.

M.H. : Votre stratégie sur les marchés d’actions ?
A.H. : Au vu des incertitudes qui persistent sur la reprise économique dans certaines zones et sur le rythme du resserrement monétaire dans les pays où la reprise s’est vite amorcée, les positions sur les actions doivent être gérées de manière très active. On privilégie les sociétés américaines qui profitent du redémarrage des investissements technologiques, du redressement de la consommation ainsi que celles exposées à certaines matières premières industrielles. En Europe, notre préférence va aux grandes entreprises exportatrices qui bénéficient de la dynamique de croissance des pays émergents, aux groupes de distribution implantés aux Etats-Unis qui peuvent tirer partie de la reprise de la consommation américaine ainsi qu’aux sociétés exposées aux matières premières et aux services pétroliers. D’ailleurs, on a indirectement une exposition aux marchés d’actions au travers de positions sur des OPCVM dits de “rendement absolu” qui privilégient des stratégies de gestion alternative sur cette classe d’actifs, plus particulièrement le “long/short equity” ainsi que celles liées aux situations spéciales et opérations de fusions-acquisitions.

M.H. : Vos positions sur les marchés d’actions émergents ?
A.H. : Après un beau rebond depuis le printemps 2009, il nous semble que les marchés d’actions émergents vont être beaucoup plus volatils à court terme pour évoluer au gré des anticipations et des annonces de politique monétaire dans ces différents pays. On préfère bénéficier de la dynamique de croissance de cette zone au travers de l’appréciation des différentes devises. Et plus particulièrement avec des positions sur la dette émergente qui, rappelons-le, reste très attractive en terme de couple rendement/risque par rapport aux autres classes d’actifs dites “risquées”.

M.H. : Et sur les matières premières ?
A.H. : On a très sensiblement réduit nos positions sur les matières premières industrielles au cours du premier trimestre. La totalité de cette exposition est désormais positionnée sur l’or. On a pris nos bénéfices sur des métaux rares comme le palladium et le platine qui bénéficient de la dynamique de croissance du marché automobile chinois.