vendredi 19 avril 2024
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L’Afrique du Sud, nouvel eldorado des investisseurs ?

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Moses Mahiba stadium à Durban
Moses Mahiba stadium à Durban. La Coupe du monde 2010 devrait attirer l'attention des investisseurs pionniers sur la première place financière africaine. © Photo Macina.

A un mois de la Coupe de monde de football, les regards se tournent vers l’Afrique du Sud dans un contexte favorable aux marchés émergents. Par Laurence Carré.

Les organisateurs de la Coupe du monde 2010 espèrent voir briller au-dessus de l’Afrique du Sud la même auréole que celle qui a couronné la Chine lors des JO de Pékin l’été dernier. « Il est difficile de quantifier l’impact que pourrait avoir la Coupe du Monde de football sur la valorisation du marché boursier sud-africain. Néanmoins, cet événement devrait attirer l’attention des investisseurs sur cette place financière et renforcer la perception positive que certains d’entre eux en ont déjà », fait valoir Jens Schleuniger, gérant du fonds DWS Invest Africa. D’un point de vue économique, un consensus semble par ailleurs se dégager sur le bénéfice de l’organisation d’un tournoi de Coupe du monde avec une progression du PIB d’environ 0,5 %, générée essentiellement par le pouvoir d’achat d’au moins 350 000 touristes étrangers attendus pour l’occasion. Toutefois, les opportunités d’investissement liées à l’événement, que sont les grands projets d’infrastructures comme la construction ou la remise en état de stades, de routes, d’aéroports, de chemins de fer et de réseaux de communications, ne sont déjà plus d’actualité. « Ces projets sont quasiment tous terminés et ne constituent donc plus des opportunités, précise Nick Price, gérant du Fidelity Funds – Emerging Europe, Middle East and Africa Fund. Quant aux secteurs susceptibles d’être rentables au moment de l’événement, comme les activités de loisirs, le tourisme ou la production de boissons, les cours de bourse ont déjà intégré les performances attendues. »

Un marché émergent avancé
Les leviers de croissance durables et à long terme de l’Afrique du Sud sont donc à rechercher dans les fondamentaux à l’intérieur de ses frontières et à l’extérieur, davantage que dans la conjoncture liée à la Coup du Monde. « L’Afrique du Sud occupe une position particulière sur le continent, avec une influence prépondérante à l’échelle locale et mondiale », souligne Nick Price. « Avec une capitalisation boursière de quelques 400 milliards de dollars, l’Afrique du Sud est de loin la première place financière d’Afrique et la plus liquide, poursuit Jens Schleuniger. Ce pays fait donc figure de marché émergent avancé et de porte d’entrée pour des investisseurs pionniers désireux de profiter des opportunités du continent africain même si d’autres pays, comme le Nigéria ou le Kenya, présentent un potentiel intéressant. » Par ailleurs, les spécialistes font par ailleurs valoir qu’un regain d’intérêt pour le marché sud-africain pourrait conduire à une appréciation du rand, la monnaie locale, jusque-là sujette à la volatilité.

Forte croissance de la consommation
« L’Afrique du Sud est le plus souvent sous-pondéré dans les portefeuilles investis sur les pays émergents. Ce marché représente pourtant 7,3 % de l’indice MSCI Marchés Emergents, juste derrière l’Inde et devant la Russie et le Mexique. Qui plus est, il offre un profil défensif avec un secteur bancaire qui n’a pas subi l’effet de la crise financière, un secteur de la consommation domestique en forte croissance avec l’émergence d’une classe moyenne, ce qui bénéficie également aux valeurs de télécoms », ajoute Jens Schleuniger. En Afrique du Sud, la consommation connaît en effet le développement le plus rapide du continent africain, qui est par ailleurs l’une des rares régions du monde à avoir évité la récession en 2009 et à être sortie de la crise financière relativement indemne. Autre argument souvent avancé : les liens renforcés du continent africain et plus particulièrement de l’Afrique du Sud avec les nouvelles locomotives économiques mondiales, comme les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine).

La Chine, premier partenaire commercial
« Parfaite illustration de cette tendance, la Chine vient de supplanter l’Allemagne en tant que partenaire commercial privilégié de l’Afrique du Sud », précise Nick Price. Le commerce du platine est d’ailleurs un exemple éloquent de la façon dont ces liens ont aidé le pays à éviter le pire durant la crise financière. « L’Afrique du Sud est le premier producteur mondial de platine, principalement utilisé dans la fabrication des pots catalytiques automobiles. L’effondrement des ventes de voiture, l’an dernier, aurait eu un plus grave impact sur les mines de platine sans la possibilité d’écouler d’importantes quantités sur le marché chinois, où le commerce de bijoux de platine est en plein essor, explique Nick Price. La demande devrait reprendre prochainement dans le secteur automobile, surtout sur les marchés émergents. Les perspectives restent donc favorables pour les producteurs de platine d’Afrique du Sud. » Bien sûr, l‘Afrique du Sud n’a pas l’avantage de la taille des pays dits BRIC. Mais le pays est capable d’en faire un atout. « Avec une population inférieure à 50 millions d’habitants, de nombreuses entreprises réactives se concentrent davantage sur la flexibilité et l’adaptabilité que sur le seul volume de production. La position du pays comme clef de voûte de l’Afrique et l’absence presque totale de compétition sur le continent impliquent que les entreprises sont tout à fait capables d’exploiter l’immense marché qui s’ouvre au-delà de leurs frontières immédiates », conclut Nick Price.