L’ancien directeur de la Banque mondiale, de 1995 à 2005, James Wolfensohn, a animé une conférence de la Monaco Méditerranée Foundation sur le thème «?Le monde en 2050???».
Comment sera le monde en 2050?? Question ardue à laquelle James Wolfensohn, ex- directeur de la Banque mondiale durant dix ans, a tenté de répondre. L’homme était invité à animer une conférence sur le sujet par l’association Monaco Méditerranée Foundation, présidée par Enrico Braggiotti. Dans un entretien avec la presse locale, il s’est d’abord penché sur la situation économique actuelle de notre monde. « Le fait que le monde bouge est très important. A la sortie de la seconde guerre mondiale, les pays émergents représentaient 2 % du PIB mondial. Dans les trente ans qui ont précédé l’an 2000, cette part est passée à 20 % contre 80 % pour les pays riches. On se dirige vers un changement majeur, rapide et catégorique. En 2050, le monde sera asiatique et les pays riches ne détiendront que 35 % du PIB mondial. Les nations émergentes posséderont le reste avec en tête, la Chine et l’Inde », affirme James Wolfensohn. « Je n’avais jamais vu le monde dans de telles difficultés financières. Après des périodes de troubles, l’économie mondiale s’en est toujours sortie. Elle s’est toujours réorganisée », précise l’ancien directeur de la Banque mondiale.
La Chine et l’Inde à la baguette
Aussi pourrait-on manquer de place dans le monde en 2050 sur le plan démographique. La population mondiale dans quarante ans, James Wolfensohn l’estime à « 9,5 milliards d’êtres humains ». « Sur ces 9,5 milliards, 4 seront soit chinois soit indiens. Alors que dans les pays occidentaux, le nombre d’êtres humains devrait passer de 1 milliard à 1,1 milliard. Il y a beaucoup plus de personnes âgées », juge-t-il. La planète peut-elle alors exploser devant tant d’occupants?? « Exploser je ne sais pas. Mais cela va mettre la pression sur les ressources naturelles comme l’eau, l’énergie ou encore la production de nourriture. Un certain nombre de choses seront mises à l’épreuve. Prenons l’exemple du Nil. Le fleuve traverse dix pays dont l’Egypte qui a le plus de besoins en eau. Le jour où il n’y aura plus d’eau pour l’Egypte, des conflits pourraient apparaître. Ce ne sera pas une question de puissances mais de peuples. Pour l’instant, ces problèmes sont gérables », répond Wolfensohn. Sur un plan géopolitique, l’ancien directeur de la Banque mondiale n’exclut pas des difficultés à l’horizon 2050. « La possibilité que le monde soit instable existe. Les dirigeants politiques passent d’une élection à une autre. Ils n’ont pas de vision à long terme, juste des visions à quatre ou cinq ans selon leurs mandats. C’est dommage. Il faut aussi que les pays aient la volonté de laisser faire d’autres pays prendre des décisions pour eux. La Grèce ne veut pas avoir besoin des autres pour s’en sortir. Pourtant, elle n’a pas le choix », déclare-t-il.
Quid des langues vivantes en 2050?? « Parler le mandarin pourrait être obligatoire comme l’on parle anglais aujourd’hui. Le monde sera asiatique, on va dans cette voie-là de toute façon », conclut James Wolfensohn.
Un bon cru pour les 10 ans de MMF
Pour son dixième anniversaire, l’association Monaco Méditerrannée Foundation, présidée par Enrico Braggiotti, aura gâté les auditeurs de ses conférences avec de prestigieuses personnalités. Certaines d’entre elles avaient déjà eu l’occasion d’animer des conférences de MMF. Comme le cardinal Paul Poupard, président émérite du Conseil pontifical pour la culture ou encore François Gouyette, ancien ambassadeur de France en Libye qui s’était exprimé sur les 40 ans de révolution en Libye en 2009 puis était revenu au printemps 2011 pour évoquer le possible renversement de Kadhafi. Pour son dernier trimestre, outre Le monde en 2050 de James Wolfensohn (lire par ailleurs), deux autres conférences ont été programmées. La première sera déroulera à l’hôtel Hermitage, le 27 septembre à 18h30. Le prince El Hassan Bin Talal de Jordanie, oncle de l’actuel souverain de Jordanie, s’exprimera sur le thème?: « Mémoires des deux Rives?: Un moment de vérité ». L’intitulé fait référence à un livre de Jacques Berque, paru aux Editions du Seuil en février 2009. Jacques Berque était un sociologue de l’Orient et a écrit plus d’une vingtaine d’ouvrages consacrés au monde arabe. Le prince El Hassan Bin Talal est membre de nombreuses académies et organisations. Enfin, le cycle de conférences s’achèvera par la venue de Claudie Haigneré, le 21 novembre à l’hôtel Hermitage. En 2001, Claudie Haigneré fut la première femme astronaute française à voler à bord de la Station spatiale internationale. Outre le domaine aérospatial, la scientifique partagera également son expérience politique. Claudie Haigneré fut ministre déléguée à la Recherche et aux Nouvelles technologies puis aux Affaires européennes entre 2002 et 2005. Les conférences sont gratuites et présentées par le directeur de l’Institut français des relations internationales (IFRI), Thierry de Montbrial. 2012 devrait être une année riche en intervenants, notamment sur le plan géopolitique, dans la mesure où au moins trois élections présidentielles majeures (Etats-Unis, Russie, France) se tiendront l’an prochain. Pour toute information sur la Monaco Méditerranée Foundation, contactez le 97?77?61?10.
