samedi 20 avril 2024
AccueilEconomieIM2S?: le sauvetage de l'Etat

IM2S?: le sauvetage de l’Etat

Publié le

Début janvier, l’Etat est officiellement devenu actionnaire majoritaire de l’IM2S avec un refinancement de la clinique privée à hauteur de 6 millions d’euros. Et avec, à sa tête, une nouvelle direction.

La remise d’aplomb de l’IM2S est amorcée. L’Etat a officiellement annoncé qu’il devenait actionnaire majoritaire, à hauteur de 51 %, contre 12 % avant cet accord. Une décision prise début janvier dans un « consensus général », annonce le conseiller aux affaires sociales, après consultation de la commission de placement de fonds (1). Stéphane Valeri est d’ailleurs formel. Ce plan de redressement et cette main salvatrice de l’Etat étaient la seule issue possible?: « Il y avait un réel risque de cessation d’activité. Le gouvernement ne pouvait pas l’accepter. Un dépôt de bilan aurait porté gravement atteinte à l’image de la principauté, et aurait engendré le licenciement de 125 personnes et un grand désarroi pour de très nombreux patients. Il y avait urgence. » Résultat, c’est l’Etat qui a dû mettre la main à la poche pour payer les salariés de la clinique en décembre… Les finances de l’IM2S étaient donc bel et bien au plus mal avec un déficit de 18 millions d’euros sur les deux sociétés, immobilière et médicale. « Il n’y avait plus les garanties nécessaires lui permettant de bénéficier d’un financement bancaire supplémentaire », précise encore le conseiller.

6 millions de fonds publics

Après avoir épluché les comptes de la clinique, c’est un montant de 6 millions d’euros que l’Etat devra injecter pour assurer jusqu’en 2014 une sérénité et une pérennité à la gestion de l’établissement. « Ce sont 6 millions d’euros investis dans l’exploitation de l’IM2S et non dans la société immobilière. Et ce sont uniquement des fonds publics », précise à son tour Muriel Natali-Laure, administrateur des domaines. Car les actionnaires privés ont en effet botté en touche?: « Nous avons proposé à tous les actionnaires de suivre l’augmentation de capital, mais seul l’Etat a souscrit », précise Stéphane Valeri. Parmi les actionnaires privés, qui conservent donc 49 % du capital, figurent Thierry Manni, président du conseil d’administration de Mécaplast et administrateur-délégué, l’entrepreneur Claudio Marzocco et le fondateur de l’IM2S Philippe Ballerio. Stéphane Valeri rappelle au passage qui si la trésorerie de la clinique est dans le rouge, c’est en grande partie lié aux frais de construction de cet établissement. Et donc aux remboursement très lourds des emprunts. Une construction dont le coût est estimé entre 100 et 150 millions d’euros. Mais cette reprise en main financière de l’Etat passera aussi par une nouvelle gestion au sommet.

Changement de gouvernance

Sans surprise, le changement de tête à la direction de l’établissement a bien eu lieu. Le médecin et directeur général Philippe Ballerio est contraint de laisser son fauteuil. Mais décroche une double casquette?: président non délégué du conseil d’administration et directeur médical de l’établissement. Le nom du remplaçant est lui déjà connu dans les couloirs du gouvernement. Mais restera encore secret pour le grand public. Stéphane Valeri concède toutefois quelques détails?: « Il occupe un poste important en France et a une très bonne expérience de la gestion hospitalière. Il va avoir pour missions prioritaires de diminuer les coûts de cette clinique et assurer une gestion rigoureuse avec une comptabilité analytique améliorée », explique le conseiller. Le successeur de Philippe Ballerio serait donc en train de préparer sa démission de son poste actuel. Et rejoindra l’établissement monégasque dans les prochaines semaines. « Cette clinique est un réel succès médical. En 2009, on a d’ailleurs constaté 20 % d’augmentation de son chiffre d’affaires et de ses patients. Mais il faut parler franchement. Ce n’est pas un succès financier. Nous allons donc veiller à une utilisation extrêmement rigoureuse de l’argent public ».

Autre changement majeur?: le conseil d’administration est désormais restreint. Et composé majoritairement d’administrateurs d’Etat. Déjà annoncé en séance budgétaire au conseil national, Stéphane Valeri confirme également la création d’un conseil stratégique. Son rôle?: amener une expertise sur la gestion et sur le développement de l’activité médicale. Un comité notamment composé de représentants du gouvernement et du directeur du CHPG Patrick Bini.

Orthopédie en binôme??

Comme on pouvait le prévoir, un rapprochement entre l’IM2S et le service orthopédique du CHPG est également sur les rails. Signant en filigrane, la fin des querelles entre les deux pôles. « Les relations entre les docteurs Rit et Ballerio sont passées d’une grande méfiance à une volonté de travailler ensemble. Nous voulons donc nous lancer le défi d’une synergie entre les deux. Nous avons à présent la chance d’être décisionnaire à la fois sur l’hôpital public et l’IM2S. L’Etat va donc utiliser ce rôle pour qu’il n’y ait plus de concurrence agressive entre les deux services. Même si l’on on peut dire que c’était déjà acquis », précise le conseiller. Sur l’avenir de l’IM2S, Stéphane Valeri se montre en tout cas confiant et s’impose « un devoir de réussite ». Avant d’adresser un dernier message aux spécialistes en ville?: « Tout développement d’activité de l’IM2S se fera avec l’accord des dirigeants de l’hôpital et du conseil de l’ordre des médecins. C’est un préalable non négociable. » En clair, pas question pour le conseiller de porter atteinte à l’hôpital public et aux professions libérales médicales ou paramédicales installées en ville. Reste à savoir si le message a rassuré les professionnels.

(1) Cette commission composée de représentants du gouvernement et du conseil national a voté à l’unanimité cette reprise en main de l’Etat.

La généralisation de la T2A en 2014
L’autre donnée qui a plombé les finances de l’IM2S est l’application de la tarification à l’activité (T2A). La clinique du sport était en effet le seul établissement à subir cette tarification. Un assouplissement des conditions tarifaires applicables aux remboursements a donc été validé. « Nous avons fait approuver à l’unanimité des membres des comités de contrôle des caisses sociales, une augmentation des remboursement des actes médicaux, sur la base d’un taux supplémentaire de 20 % la première année, de 15 % la deuxième, de 10 % la troisième et enfin de 5 % la quatrième, c’est-à-dire jusqu’en 2014 », explique Stéphane Valeri. Année où sera d’ailleurs généralisée l’application de la T2A.
Article précédent
Article suivant