jeudi 25 avril 2024
AccueilEconomieGemmologie?: un secteur en or??

Gemmologie?: un secteur en or??

Publié le

Diamant
© Photo D.R.

Alors que le marché du bijou connaît une baisse d’activité sensible, celui de la gemmologie cartonne. Notamment en raison de la hausse des cours de l’or et du diamant.

Par Romain Renner.

Claude Cardone en est convaincu?: si le marché de la bijouterie est en récession, celui de la pierre connaît une belle progression. Le président de la chambre monégasque de l’horlogerie et de la joaillerie (CMHJ) se fie à une étude de Panel 5, l’institut qui établit les baromètres des ventes des bijouteries?: « Nous sommes à -3 % sur la France et Monaco. Et la baisse doit être encore plus importante à Monaco, bien qu’elle soit difficile à quantifier ». Une tendance baissière qui, paradoxalement, va de pair avec un phénomène d’investissement dans la pierre. Ainsi, s’il n’atteint pas le même niveau d’engouement que l’or, « le diamant est une valeur refuge », explique le président de la chambre. Pour preuve, « depuis la crise, des fonds d’investissements nous proposent de racheter directement nos stocks de diamants à des prix très élevés qui peuvent atteindre plusieurs millions d’euros », poursuit-il. Régi par le Rapaport – un système de cotation qui est, selon la formule de Claude Cardone, « l’équivalent de l’argus pour les pierres » –, le prix du diamant varie selon sa couleur, sa taille et sa qualité. « Les diamants sont en possession d’un faible nombre de sociétés et la demande est plus forte que l’offre, souligne le joailler. Celui qui possède du brut peut fixer des prix très hauts… » Ce qui explique pourquoi les gemmologues de la place monégasque tirent leur épingle du jeu. Et pourquoi ils se multiplient comme des petits pains.

Un savoir essentiel

Aujourd’hui, selon François Würz, bijoutier expert en gemmologie, « un professionnel du bijou doit être gemmologue ou, au moins, avoir les bases ». Savoir expertiser les gemmes est devenu indispensable dans les métiers de la bijouterie. Les gemmologues, qui analysent et évaluent les pierres, bénéficient d’un surplus d’activité lié au « besoin croissant des particuliers de posséder des certificats » d’authentification des pierres. « Une sécurité indispensable » selon Elisabeth Lillo-Renner, experte en gemmologie et Alain Cosinus, secrétaire général du syndicat de la CMHJ. « Aux Etats-Unis, en Angleterre et en Allemagne, on ne vend plus de bijou sans un certificat », ajoute Alain Cosinus, pour qui Monaco et la France accusent un léger « retard » dans ce domaine.

L’analyse des pierres est d’ailleurs le plus souvent confiée à des laboratoires indépendants, qui, en théorie, contrairement à des bijoutiers, acheteurs potentiels, peuvent livrer un diagnostic impartial. « On ne peut pas être juge et partie », rappelle ainsi Elisabeth Lillo-Renner. Une situation qui arrange, selon François Würz, les affaires de ces laboratoires?: « Ce sont eux qui ont le plus de travail ».

Un complément d’activité

Effet collatéral de l’activité croissante des gemmologues?: la hausse de l’offre en matière de formation, comme celles proposées par l’ING à Monaco. Des formations qui permettent aux professionnels de se perfectionner et aux clients de s’initier. Surtout dans un marché dangereux, où fournisseurs et bijouteries peuvent être victimes de contrefaçons. Pour autant, si ce type de formation apparaît désormais comme incontournable, elle n’en est pas suffisante pour autant. « La gemmologie doit être une connaissance qui vient s’ajouter à d’autres », rappelle ainsi François Würz. Avant de mettre en garde?: « Le métier fait rêver beaucoup de gens mais il y a peu de places. Quant aux revenus potentiels pour un jeune gemmologue qui ne saurait faire que ça, ils ne sont pas mirobolants… »