vendredi 19 avril 2024
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Daniel Realini : « Cela permet de commencer à se parler davantage
avec Cap-d’Ail »

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Alors qu’en décembre 2016 Monaco achetait la concession du port de Vintimille, en Italie, pour 85 ans, la stratégie de développement à l’international du gouvernement se poursuit.

Cette fois, c’est en France, avec une entrée dans le capital du port de Cap-d’Ail. Les explications de Daniel Realini, directeur général adjoint de la Société monégasque internationale portuaire (Smit).

Pourquoi être entré au capital du port de Cap-d’Ail ?

Cette décision est à replacer dans le cadre du développement à l’international de la Société d’exploitation des ports de Monaco (SEPM), via sa filiale, la Société monégasque internationale portuaire (Smit). En effet, les ports monégasques ont un périmètre fermé, et on est toujours quasiment en saturation. Du coup, la Smit a été créée pour réfléchir sur les actions à mener sur les territoires étrangers.

Quelle a été votre première décision ?

Notre première action a concerné le rachat du port de Vintimille fin 2016, dont les travaux sont en cours. A Vintimille, nous proposerons le même niveau de prestations qu’en principauté. Nous développerons avec ce port de fortes synergies, notamment pendant l’hiver, où nous avons des demandes qui débordent largement le cadre du périmètre des ports monégasques. Dans le cadre de ces réflexions, on a regardé ce que l’on pouvait faire aux alentours de Monaco, pour poser des jalons pour l’avenir.

Il était donc logique de s’intéresser au port de Cap-d’Ail ?

Bien sûr. Il y a quelques mois, nous avons entamé des discussions avec Corrado Agusta, un entrepreneur qui, au travers de la Société du port de Cap-d’Ail (SPCA), est titulaire de la concession portuaire de cette ville. Il ne gère pas ce port en direct, il sous-traite cette gestion à la Société du port de plaisance de Cap-d’Ail (SPPC). Nous avons donc décidé d’entrer au capital de la SPCA à hauteur de 20 %.

Avec quels objectifs ?

Désormais, la SEPM peut mettre en place une synergie interportuaire avec le port de Cap-d’Ail, sans que cela soit juridiquement acté. Mais cela permet de commencer à se parler davantage et à mieux se comprendre.

Pour racheter 20 % du capital de la SPCA, la SEPM a investi combien ?

C’est un investissement qui est relativement modeste. Mais je ne suis pas en mesure de vous donner de chiffres.

© Photo SEPM

« Toutes les équipes s’activent pour que le port de Vintimille soit prêt pour le 7 juillet 2020, puisque c’est la date retenue par le prince Albert II pour son inauguration »

Pourquoi ne pas avoir pris le contrôle total du port de Cap-d’Ail ?

Aujourd’hui, il n’y a pas d’intérêt à prendre le contrôle du port de Cap-d’Ail. L’idée, c’est que la principauté apparaisse déjà au niveau de la SPCA. Cela nous permet d’être présents dans les conseils d’administration des ports.

La prise de contrôle de ce port français peut être un objectif à moyen ou long terme ?

Le port de Cap-d’Ail est sous concession jusqu’au 31 décembre 2027. A l’issue de cette date butoir, la métropole Nice Côte d’Azur, qui est le concessionnaire de ce port, lancera un appel d’offres international. Et, naturellement, comme d’autres, la principauté participera vraisemblablement à cet appel d’offres.

Pourquoi la métropole Nice Côte d’Azur ne gère pas ce port en direct ?

Après 2027, et comme aujourd’hui, la métropole Nice Côte d’Azur restera le gestionnaire. Cette tutelle administrativo-juridique perdurera donc après 2027, car la métropole n’a pas les compétences nécessaires en interne pour gérer des ports de plaisance. De plus, ce n’est pas sa vocation. Voilà pourquoi la métropole Nice Côte d’Azur lancera un appel d’offres.

Du coup, ces 20 % vous donnent droit à combien d’anneaux sur les 265 anneaux que comptent le port de Cap-d’Ail ?

La concession a été sous-concédée par Corrado Agusta de la SPCA à la SPPC, qui, elle, gère l’ensemble des anneaux du port de Cap-d’Ail. Donc, techniquement, cela ne nous donne droit à rien. C’est en amont que les choses se passent, puisqu’on entre dans le capital du concessionnaire. Par ce biais-là, et par le dialogue, on voudrait développer des synergies avec les ports de Monaco.

Mais, concrètement, quels types de synergies vous aimeriez développer ?

Parmi les synergies, on peut imaginer qu’en période de haute saison, si quelques places sont disponibles à Cap-d’Ail, on puisse suggérer aux candidats qui n’ont pas eu de place dans les ports de Monaco, d’aller voir chez notre voisin, et désormais ami, du port de Cap-d’Ail. Mais tout cela passera par un dialogue avec la direction de ce port français qu’on ne veut surtout pas brusquer. Tout cela doit se passer en douceur, et en toute transparence.

Le chantier du port de Vintimille en est où ?

Au niveau du gros œuvre, tout est terminé. Le second œuvre a commencé. Toutes les équipes s’activent pour que le port de Vintimille soit prêt pour le 7 juillet 2020, puisque c’est la date retenue par le prince Albert II pour son inauguration. Donc le 7 juillet prochain, le plan d’eau sera prêt, les bateaux seront à quai, une grande partie des commerces sera terminée, les parkings seront en grande partie finis aussi, et toutes les infrastructures seront réalisées.

Qu’est-ce qu’il restera à finir pendant l’été 2020 ?

Il restera encore une partie des commerces et des parkings à terminer. Le chantier naval et le distributeur de carburant aussi, mais ils présentent moins d’urgence dans le démarrage d’un port.

Le contenu de ce port n’a pas changé ?

Non, c’est toujours 178 postes d’amarrage de 6 à 70 mètres, environ 500 places de parking, 15 000 m2 de promenades et de jardins, un chantier naval, un distributeur de carburant, ainsi que 3 800 m2 de locaux à usage commercial.

Pour le coût de ce chantier, on parlait de 80 millions d’euros au total, dont 40 à 50 millions uniquement pour les travaux : il faut craindre des dérapages ?

Ce sera un peu plus, car il y a toujours des imprévus dans ce genre de chantier. Mais on restera sur ces chiffres, dans une fourchette de 10 %.

Après le port de Vintimille et celui de Cap-d’Ail, d’autres ports sont visés par Monaco ?

Pour le moment, avec ces deux dossiers, on a déjà pas mal de choses à régler. Et puis, nous avons toujours sur le feu, mais c’est englué dans les méandres administratifs, le dossier du port de Civitavecchia, près de Rome. Nous avons été retenus dans le cadre d’une participation minoritaire dans une société, avec un acteur local. Mais des recours ont été lancés. Du coup, ce sujet est un petit peu en “stand-by”.

Quel est l’objectif avec ce port de Civitavecchia, en Italie ?

Nous souhaitons exporter nos savoir-faire portuaires à Civitavecchia. On va essayer d’avoir un port le plus efficace possible en termes de plans de mouillage, d’équipements et d’équipes de top niveau, et que l’on retrouve une signature « Monaco » à l’étranger. Ceci afin de pouvoir bénéficier de retombées économiques à la hauteur des investissements qui ont été réalisés là-bas.

L’avenir de Monaco s’écrira donc forcément en dehors de ses frontières ?

J’en suis persuadé. Très tôt, Aleco Keusseoglou, le président délégué de la SEPM, a été visionnaire, puisqu’il a dit : « On est un peu étriqué dans notre costume, il faut qu’on voit différemment et plus grand. » Il avait vu juste.

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