jeudi 18 avril 2024
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Business et Grand Prix
Un premier bilan en demi-teinte

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F1 devant l'Hotel de Paris
© Photo DR.

Difficile encore de chiffrer les retombées économiques du Grand Prix. Mais une première tendance se dégage : 2010 n’est pas une grande année.

L’âge d’or du Grand Prix de Monaco  semble révolu. La crise est passée par là. Et puis, le Grand Prix souffre désormais de la concurrence de nouvelles destinations F1, comme Dubaï et Singapour.
Avec moins de spectateurs, la Principauté doit-elle se repositionner ?
Alors que l’on a pu apercevoir, le dimanche de la course, des tribunes assez clairsemées, avec quasiment 1/3 de places inoccupées, l’automobile club de Monaco (ACM), par l’intermédiaire de son chargé de communication Patrick Manoury, estime que « la fréquentation est plus ou moins comme l’an dernier. Mais on ne peut actuellement pas faire un bilan, car la personne qui s’en occupe est absente ». L’année dernière, l’ACM communiquait des résultats en baisse de 10 à 17 % par rapport à 2008 sur la course de dimanche. Quant au marché des terrasses, il est clairement terrassé. D’après Véronique Rousseau de RC Concepts, son activité s’est stabilisée par rapport à l’année dernière. Mais avec 20 % de remise dès le départ de la commercialisation de son offre « j’ai tenu compte de la crise. »

“6 000 euros pour un week-end de 3 jours à Dubaï”
Alors qu’Emmanuel Hidalgo, d’Hidalgo Performances juge qu’« avec l’accueil de 160 personnes par jour sur 5 terrasses et de 140 sur 2 bateaux, on est à -25 % du chiffre d’affaires par rapport à 2009. Et à -50 % par rapport à 2008. On a conservé nos tarifs de l’année dernière, mais pour 2011, il va falloir revoir notre politique de prix à la baisse. Comme toutes les structures monégasques à mon avis. Il faut savoir qu’à Monaco le prix d’un séjour de 4 journées tourne autour de 15 000 à 20 000 euros. Alors qu’à Dubaï, avec l’attrait d’un nouveau circuit et des hôtels high tech, il faut compter 6 000 euros pour un week-end de 3 jours. Et avec des prestations de très haute qualité ! Les clients recherchent désormais le meilleur retour sur investissement car le facteur économique prime sur tout. Les années fastes, 2005-2008 sont terminées. »
Pour Frédéric Lajoux, président de Miti, « cette année est absolument catastrophique. Encore moins bien que l’édition 2009 ! Sans parler des années 1997 à 2001, qui étaient carrément délirantes, où on louait une quinzaine de terrasses avec un chiffre d’affaires de 1 million d’euros, on est revenus à la réalité à partir de 2002. Avec la location de 7 terrasses et un revenu encore très intéressant de 500 000 euros. Cette année, on a loué 3 terrasses. Avec en tout 45 clients. » Quand on lui parle baisse de tarifs, le président de Miti estime « avoir une tarification juste. Avec des prix maintenus depuis 3 ans. On offre du très haut de gamme, avec une clientèle triée sur le volet. Pas question de brader notre offre, en descendant dans la rue avec des pancartes comme on l’a vu lors du week-end du Grand Prix. » Et l’année prochaine ? « On fera le dos rond. Ces locations ne représentent plus que 20 % de nos activités, contre 80 % il y a encore quelques années. J’espère seulement que cette situation difficile aura au moins le bénéfice d’épurer le marché des très nombreux margoulins qu’il a attiré… » En tout cas, le port attire toujours autant de bateaux, avec beaucoup de demandes dans les 15 derniers jours. Phénomène nouveau, d’après le directeur technique et d’exploitation du port, Daniel Realini : « L’après Grand Prix est très florissant. Le port est plein à craquer pour les semaines à venir, comme aux plus beaux jours du cœur de l’été. »

Les plages pas concernées
Quant aux plages du Larvotto, rien d’extraordinaire. D’ailleurs, Christophe Cailleteux, le responsable du Miami Plage, note « un week-end de l’ascension assez moyen à cause du temps incertain. Mais le Grand Prix n’est pas un pourvoyeur de clientèle pour nous. Car l’accès à la plage est difficile et si les gens sont au Grand Prix, par définition, ils ne sont pas à la plage. Chez nous, c’est le temps qui fait tout. »
Karel Baro, responsable de la plage de la Rose des Vents, ne se sent pas non plus vraiment concerné par le Grand Prix : « On travaille en fonction de la météo et avec nos clients habituels. On a bien travaillé samedi et dimanche soir, avec une clientèle qui venait certainement du Grand Prix. Mais moins que l’année dernière. »
Pour la Note Bleue, par contre le week-end s’est bien passé : « On a vécu des journées et des soirées intenses. Certainement aussi grâce aux concerts qui attirent du monde. On a fait un chiffre d’affaires identique à celui de l’année dernière » raconte l’assistante de communication de cette plage privée.

L’hôtellerie s’en sort bien
En revanche, les hôtels s’en seraient bien tirés. D’après leurs déclarations, ils auraient fait le plein, ou presque. Candice Barnwell, directrice vente et marketing du Monte Carlo Beach Hotel, un hôtel qui appartient à la société des bains de mer (SBM) estime que « cette année, on a une meilleure fréquentation de notre établissement que l’année dernière. Les 403 chambres étaient remplies à 95 % la nuit de samedi et à 100 % la nuit de dimanche. Mais on a rendu notre offre plus flexible : l’année dernière on avait fixé un séjour minimum de 4 nuits. Cette année on a accueilli des groupes pour 2 nuits. Mais comme l’an dernier, beaucoup de réservations ont été faites en dernière minute. »
Quant à l’ensemble des établissements SBM, Mireille Rebaudo-Martini, directrice du service presse indique qu’« au niveau des réservations, on a le même phénomène que pour 2009. Un phénomène qui remonte à 2008. Avec des réservations très solides, mais beaucoup de demandes en dernière minute. Concernant la restauration, des réservations solides aussi. Notamment à la Salle Empire et au Café de Paris, ainsi qu’à la Rascasse. Au fond, le cru 2010 a été similaire à 2009. »
Au Port Palace, la chargée de communication, Emna Metoui explique « l’année 2010 est nettement meilleure que l’année précédente. Sur nos 50 chambres, la moyenne de taux d’occupation enregistrée sur les 4 jours est de 40 chambres, avec 48 chambres pour le samedi. Au niveau de la restauration, on a connu globalement une très belle activité, surtout le dimanche. Du coup, on pense conserver le même modèle de proposition commerciale pour 2011. »
Mais si le luxe cartonne toujours, la restauration classique a enregistré une grosse baisse de fréquentation. Exemple avec Nathalie Fantoni, gérante de Piamu e Frescu, un snack qui a connu un drôle de Grand Prix : « C’est globalement moins bien qu’en 2009. Avec des périodes de grand calme jeudi et vendredi et moins de clientèle qu’en semaine “normale”. Ensuite un samedi matin aussi très tranquille et une après-midi qui commençait à bouger. Le dimanche, par contre, il y avait beaucoup de monde. »

“Un excellent cru”

Tout premier bilan du Grand Prix 2010 par Michel Bouquier, patron de la direction du tourisme et des congrès.

M.H. : Votre premier bilan ?
M.B. : Selon les informations transmises par les hôteliers, la fréquentation touristique du Grand Prix 2010 est un excellent cru. Comparable, sinon légèrement supérieure à 2009. Grâce notamment aux réservations de dernière minute. Même chose pour le port de Monaco.

M.H. : Le risque, c’est de s’endormir ?
M.B. : Il nous appartient de constamment valoriser le capital exceptionnel que représente le Grand Prix de F1 de Monaco. Car la notoriété mondiale générée par le GP F1 de Monaco est unique au monde. Mais on doit s’adapter à la demande et aux changements des habitudes de consommation.

M.H. : Comment ?
M.B. : Les offres et les méthodes de promotion et de communication vont évoluer. Flexibilité et créativité seront indispensables pour progresser et optimiser les retombées économiques d’un des tous premiers évènements mondiaux.