jeudi 18 avril 2024
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Didier Gamerdinger : «Il faut poursuivre dans la voie qui est tracée»

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Face à la défiance vaccinale autour du Covid-19, quelle stratégie le gouvernement monégasque doit-il adopter ?

Les réponses du conseiller-ministre pour les affaires sociales et la santé, Didier Gamerdinger.

Face à la méfiance autour du vaccin anti-Covid-19 comment convaincre la population de la principauté de se faire vacciner ? 

Contrairement à certains indicateurs publiés dans d’autres pays, il ne semble pas y avoir de méfiance particulière envers la vaccination en principauté. A titre d’exemple, plus de la moitié des personnes de plus de 75 ans ont exprimé le choix de se faire vacciner. Dans certains établissements de retraite, jusqu’à 90 % des pensionnaires ont demandé le vaccin. Néanmoins, le gouvernement veille à pouvoir répondre à toutes les questions que les patients pourraient se poser. Chaque médecin de ville a reçu une formation sur les avancées scientifiques du vaccin actuellement disponibles. Le médecin de famille en priorité, car personne ne connait mieux que lui votre profil médical. Nous sommes convaincus qu’un dialogue entre un patient et son médecin traitant reste la démarche de conviction la plus pertinente. Le centre d’appel Covid-19 pourra également donner des informations.

Que répondre à la peur des effets secondaires, essentiellement à moyen et long terme, liée à une absence de recul concernant ce vaccin ?

Il convient de préciser qu’à l’heure où nous nous parlons, seul le vaccin Pfizer/BioNTech est administré. La plupart des effets indésirables rapportés pendant les essais cliniques sont des effets indésirables d’intensité légère à modérée (douleur au site d’injection, fatigue, maux de tête), disparaissant spontanément en quelques jours, comme l’a indiqué l’Agence française du médicament (ANSM). Nous vaccinons  depuis le 30 décembre 2020, et aucun effet secondaire important ne nous a été rapporté par les plus de 4 000 personnes déjà vaccinées.

Comment démontrer que la collusion des intérêts économiques des laboratoires pharmaceutiques face à l’État n’existe pas ?

Il est évident qu’aujourd’hui, plus un laboratoire produit vite des vaccins, plus il les écoulera, vu l’importante demande mondiale. Il parait donc illusoire d’imaginer des ententes sur les prix, d’autant qu’il s’agit de vaccins de types différents. Enfin, l’Union européenne (UE), a publié en toute transparence les prix des différents vaccins.

La peur est-elle un levier efficace pour pousser la population à se faire vacciner ?

Depuis le début de la crise sanitaire, le gouvernement princier a misé sur la transparence des informations, la pédagogie, et le sens des responsabilité des Monégasques et des résidents. Il y a également une solidarité très forte à Monaco. On l’a vu dès le départ avec ces entreprises qui ont réorienté leur production pour fabriquer des masques ou du gel hydro-alcoolique.

Pour convaincre, la solution peut-elle en partie venir de professionnels de santé de proximité ?

Totalement. C’est la stratégie sur laquelle le gouvernement princier a misé. Nous travaillons beaucoup avec les professionnels de santé, notamment avec l’ordre des médecins de Monaco. Le gouvernement tient d’ailleurs à remercier toutes ces femmes et tous ces hommes qui sont mobilisés avec enthousiasme dans cette lutte contre le virus.

Quel type de communication faut-il mettre en place pour convaincre les jeunes, qui sont souvent parmi les plus réticents à la vaccination ?

Le dialogue, l’écoute, et la pédagogie. Le bouche-à-oreille est important, aussi. Plus nous vaccinerons de personnes, plus la vaccination deviendra évidente et naturelle. Il faut aussi rendre l’acte de vaccination simple dans les démarches. C’est ce que le gouvernement a fait, en mettant en place un grand centre national de vaccination au Grimaldi Forum. Chaque personne qui s’y rend est intégralement prise en charge, et encadrée médicalement.

L’effet d’entraînement d’élites politiques allant se faire vacciner dans les premiers pourrait-il être décisif ?

Décisif, c’est probablement présomptueux, mais il est certain que plus il y aura de personnalités qui montreront l’exemple, plus la vaccination sera considérée comme un passage assez naturel dans la lutte contre le virus. En l’absence de médicament, cela reste la seule et unique façon de se protéger efficacement.

Quels autres leviers faut-il actionner pour convaincre de vacciner le plus largement possible ?

Il faut poursuivre dans la voie qui est tracée et qui porte ses fruits. Nous constatons un réel enthousiasme pour la vaccination. Cela s’est même vérifié pour la vaccination contre la grippe saisonnière.

Pour lire la suite de notre dossier sur la stratégie vaccinale à Monaco, cliquez ici