samedi 20 avril 2024
AccueilDossierUn budget mouvementé

Un budget mouvementé

Publié le

conseil national
© Photo Monaco Hebdo.

Un oui très réservé

Si le conseil national a adopté le budget rectificatif 2011, sept élus se sont abstenus. Des réserves qui conditionnent déjà le vote du primitif 2012.

Par Milena Radoman.

Ils ont dit oui mais on ne peut pas dire que ce soit avec un entrain effréné. Pour preuve, sur les 19 élus présents?(1), 7 conseillers nationaux se sont abstenus. Les habituels d’abord, à savoir les trois élus de l’opposition Rassemblement & Enjeux, Laurent Nouvion, Christophe Steiner et Marc Burini tout comme l’indépendant Christophe Spiliotis-Saquet. Mais aussi des membres de la majorité?: les UDM Roland Marquet et Gérard Bertrand, accompagnés de l’Unam Philippe Clerissi. Les raisons affichées?? Rien d’inédit. Impossible par exemple pour Laurent Nouvion et son groupe politique de « cautionner un déficit record de 88 millions d’euros. » « Du jamais vu à Monaco », s’est empressé d’ajouter Christophe Spiliotis-Saquet. Car si pour ces 4 élus, ce budget rectificatif est « un tournant de la législature 2008–2013, pour enfin se ranger à une gestion de bon sens pour nos finances publiques », il est impensable d’approuver « les engagements pris par le gouvernement hors budget (Odéon – ZAC Saint Antoine) impliquant le fonds de réserve ainsi que la dette viagère des retraités de la fonction publique ». Prudence électorale oblige, Laurent Nouvion a bien rappelé qu’il appelait de ses vœux un retour à la rigueur et non une bascule vers l’austérité. Et d’indiquer au gouvernement, en guise d’avertissement?: « Le retour aux grands équilibres budgétaires et donc sociaux par une gestion rigoureuse est le seul gage fiable pour éviter, à tout prix l’austérité que nous combattrons et la mise en place de contributions que nous refuserons. »

Doutes sur l’IM2S et l’ASM

Pour la majorité aussi, ce budget a été l’occasion de faire passer quelques messages à l’exécutif. Pour motiver son abstention, Roland Marquet a ainsi exposé ses « doutes » sur la politique de santé. Visiblement peu convaincu par le plan gouvernemental de relance de l’IM2S, le médecin s’est montré « pas rassuré quant au devenir de cet établissement, quant à la rationalisation de ses services, ni même quant au développement de certains pôles d’activité. » Lançant par la même occasion une pique au service des travaux publics, lequel a ajouté des vestiaires en dernière minute au chantier du centre de gérontologie. Avec une conséquence budgétaire évidente?: « Je reste très insatisfait sur la question des vestiaires du futur centre Rainier III?; je ne voudrais pas parler d’incurie mais tout du moins de négligence de la part des services dans la gestion de ce dossier », a ainsi épinglé le médecin. Roland Marquet en a profité pour pointer du doigt le financement par l’Etat de l’ASM?: « Tant que les dirigeants n’auront pas trouvé une solution de financement pérenne, vous me trouverez pour en parler?! Entre le stade Louis II et le centre de formation, l’Etat prend en charge pour l’année 2011, plus de dix millions d’euros?! J’en reste songeur. »

Logement?: « Nous sommes bien loin du compte »

Mais c’est bien évidemment la question du logement, valeur sûre du programme électoral de l’UPM — et désormais de l’UDM —, qui a émaillé les débats budgétaires et est revenue sur le devant de la scène. Président de la commission logement, Gérard Bertrand a fustigé les promesses non tenues par le gouvernement quant aux livraisons d’appartements domaniaux. Notamment pour l’opération de l’îlot Canton. « Je vous rappelle que les besoins ont été évalués à 100 logements par an. Or, nous sommes bien loin du compte. En fait, les livraisons ponctuelles témoignent des faiblesses de la politique de logement menée par le gouvernement. » Quant à la création d’un secteur intermédiaire, destinée à loger les enfants du pays, aujourd’hui, elle serait quasiment au point mort. « La solution que vous proposez pour la Villa Ida n’en est pas une. 30 appartements ne résoudront rien. Sans compter les délais de mise en œuvre qui ne cessent d’être repoussés depuis l’achat du terrain. » L’opération-test du secteur intermédiaire concerne la Villa Ida, achetée en 2009 par le gouvernement pour 15 millions d’euros. Soit 30 appartements construits sur 10 niveaux, 5 boulevard Rainier III. Les dossiers de consultation viennent d’être envoyés aux promoteurs et ils ont désormais 2 mois et demi pour répondre. « Les travaux de construction ne doivent pas excéder 30 mois », a précisé le ministre d’Etat devant l’assemblée. Bref, un début de garantie sans doute, mais l’on est bien loin de l’idée originelle du secteur intermédiaire censée limiter l’exode des enfants du pays…

(1) Le conseil national compte aujourd’hui 21 élus depuis les démissions de Stéphane Valeri, Sophie Lavagna et Catherine Fautrier. Lors du vote du 14 octobre, il y avait deux absents?: Guillaume Rose et Fabrice Notari.

Politiquement correct??
Le faible nombre de spectateurs présents lors des séances budgétaires n’a pas été surpris?: une fois de plus, les débats budgétaires ont été l’occasion de joutes verbales, plutôt vertes. Peut-être plus que d’habitude. Attaques personnelles, noms d’oiseaux (« comportement de gallinacé ») et injures peu amènes (« handicapés mentaux ») ont émaillé un débat public qui aurait gagné à s’épargner ce genre d’escarmouches. Alors certes comme le rappelait un membre du public, « on est pas dans le monde de Oui Oui ou des Bisounours ». Mais gagner en hauteur de vue n’altérerait pas à la vigueur des débats. Bien au contraire. Et même si Jean-François Robillon a lancé dans son allocution que « si les noms d’oiseaux peuvent blesser ceux qui les reçoivent, ils abaissent au niveau du caniveau ceux qui les prononcent », le président du Conseil national n’est pas exempt d’effets de manches hasardeux. Dixit Alain Ficcini et Jean-Charles Allavena, vices-présidents de R&E?: « Le président Robillon, par ailleurs médecin cardiologue, n’a pas hésité dans un discours — espérons-le écrit pour lui par un tiers — à se livrer à analogie scandaleuse en parlant de nos positions et de notre démarche?: « plus tôt on agit pour opérer une tumeur, plus on réduit le risque qu’elle ne se propage dans le corps humain, dans le corps social aussi ». De la part du président de la haute assemblée, cette analogie que chacune et chacun aura clairement intégrée, exprime l’absence de sens commun de l’UDM pour la dignité et le respect de l’institution. »
Qui sait, les prochains débats auront peut-être une autre allure. Se référant au règlement intérieur, Jean-François Robillon a en tout cas indiqué qu’il ne tolèrerait plus aucun dérapage, « qu’il s’adresse à un élu ou à des membres du gouvernement. » Pour Laurent Nouvion, de toute façon, tout est cousu de fil blanc?: « De débats il n’y en a plus depuis que majorité et gouvernement se félicitent de tout, préparent tout ensemble avec des réponses préparées et lues de concert. » Ça promet?!

AS Monaco?: un tacle appuyé aux dirigeants

Le conseil national ne pouvait pas aborder les dépenses de fonctionnement du stade Louis-II sans parler de son locataire quasi-exclusif, l’AS Monaco. Sur le sujet, les conseillers l’ont joué collectif.

Par Adrien Paredes.

La situation paradoxale du club de la Principauté, premier budget de Ligue 2 et bonnet d’âne de ce même championnat, a été longuement évoquée. Aucun élu n’a commenté les résultats sportifs, bien qu’au fond, chacun avait sa propre analyse sur les performances de l’ASM. Les conseillers nationaux ont préféré tacler les dirigeants et le financement du club. Le 1er avril 2012, l’AS Monaco aura dit adieu à la subvention de la Société des bains de mer. « La rétrogradation de l’ASM en Ligue 2 a résonné comme un coup de tonnerre en principauté, mêlant colère, déception et désillusion. L’heure n’est pas au règlement de comptes et la majorité se refuse à cautionner la chasse aux sorcières que certains réclament […] Nous n’accepterons plus que la SBM continue de sponsoriser le club dans les conditions actuelles. Les élus UDM réclament que les dirigeants présentent au plus vite, un plan de financement pérenne et responsable pour l’ASM afin de permettre d’équilibrer les comptes du club sans avoir recourir au sponsoring de la SBM », a indiqué Pierre Lorenzi, conseiller UDM, qui a sonné la charge.

« Il faut que l’Etat propose un projet »

La réponse de l’opposition, emmenée par Laurent Nouvion, n’a pas traîné?: « Nous avons été les premiers à dire que c’est un gouffre financier et un échec sportif. Nous avions été très réticents à la reconduction de cette subvention. Il faut que l’Etat propose un projet qui redonne vie à ce club ». Le leader de R&E a d’ailleurs demandé la convocation des dirigeants du club, Etienne Franzi et Michel Aubéry, pour qu’ils viennent rendre des comptes sur la politique économique menée par l’AS Monaco. Une « invitation » leur sera transmise selon le président de l’hémicycle, Jean-François Robillon. D’autres se sont montrés plus radicaux quant au financement du club. « La gouvernance de ce club a failli depuis de nombreuses années. Il faut un électrochoc. On ne doit plus le financer », s’est exclamé Claude Cellario.
Le 1er avril 2012, l’Etat ne financera plus l’ASM et ne pourra plus rien pour lui. Pas plus qu’aujourd’hui. Le conseiller de gouvernement pour les Finances, Marco Piccinini, a rappelé que l’Etat monégasque, actionnaire minoritaire et indirect du club par le biais de la SBM, n’avait aucune emprise sur le club. « La SBM n’a nommé aucun administrateur à l’AS Monaco et ne joue pas au football. Il y a un groupe d’actionnaires majoritaires (60 %), l’ASM est une société anonyme monégasque comme les autres qui ne répond pas au gouvernement. On ne fait pas le mercato, on ne choisit pas les entraîneurs. Nous n’avons aucun droit d’ingérence dans ce club. Toutefois, la participation financière de la SBM pour cet exercice ne sera pas négligeable », a-t-il déclaré.
La charge à l’encontre de Franzi et Aubéry s’est durcie dans la bouche de certains élus. « Où descendra-t-on?? Dans les tréfonds du stade Louis-II?? » a lancé Philippe Clérissi. « Il y a un problème de compétences. Il y a eu 52 transferts en un an. Que voulez-vous qu’on fasse?? », a pesté l’élu UPM. Christophe Spiliotis-Saquet, sans étiquette, les a, lui, vivement attaqués. « Certains administrateurs doivent être chassés pour avoir attribué des marchés du club à des sociétés amies. Il n’y a pas d’avancée possible dans un club où l’on mélange des intérêts personnels et professionnels. » L’élu faisait référence notamment à la société Monaco Sportcom, dirigée par Nathalie Aubéry l’ex-épouse du vice-président actuel de l’ASM, qui avait remplacé Sportfive à la tête de la régie commerciale du club. Une dénonciation qu’a balayé Marco Piccinini?: « Nous ne sommes pas dans le collimateur du GRECO* contrairement à d’autres pays. Il y a beaucoup plus de matière dans les pays voisins. De quel droit pourrait-on dire qu’il y a conflit d’intérêts?? ».

L’AS Monaco, PME nationale

Sans subvention de la SBM, comment faire?? Les observateurs du club ressortiront le coup de l’actionnaire étranger. Un homme providentiel amoureux de l’ASM qui dépenserait sans compter. Personne n’est réticent à cette idée, à ceci près que l’investisseur ne doit pas se montrer gourmand et rester minoritaire. C’est là que ça coince. Quelle grosse fortune, d’où qu’elle vienne, pourrait accepter d’être minoritaire dans le capital d’un club, alors même que la tendance actuelle est plus que jamais au foot-business marketing?? Les pétro-dollars des Qataris à Paris et à Malaga, de la famille royale des Emirats Arabes Unis à Manchester (Manchester City) ou les roubles d’Abramovitch à Londres (Chelsea) démontrent que les mécènes ultra-riches veulent avoir les mains libres lorsqu’ils investissent dans le ballon rond.
Et ce ne sont pas les résultats peu glorieux de l’AS Monaco qui vont arrêter un investisseur étranger d’envergure. Dans d’autres pays en Europe, des équipes ont été rachetées à coups de millions et partaient de loin. En Angleterre, les Queens Park Rangers végétaient au fond de la deuxième division anglaise lorsqu’en 2007, l’ancien patron de l’écurie de F1 Renault Flavio Briatore, le financier de la F1 Bernie Ecclestone et le milliardaire indien Lakshmi Mittal ont racheté le club. QPR évolue cette saison en Premier League quinze ans après l’avoir quitté. Autre exemple?: le Qatar s’intéresserait actuellement de près au RC Lens, pensionnaire de la L2 comme Monaco.

Une marque forte dans le capital

Reste une autre option, celle de faire entrer une marque forte dans le capital de l’ASM, à l’instar de Red Bull à Salzbourg et à New York. Mais l’image des Monaco Red Bulls paraît trop éloignée de ce qui est souhaité sur le Rocher. A Monaco, l’actionnaire providentiel venant de l’extérieur relève davantage du spectre et des peurs qui s’y rattachent. Si celui-ci devient majoritaire dans le capital de l’ASM, c’est la démission de la principauté de son propre club. Aucun acteur local, le prince y compris, ne pourrait en théorie avoir un droit de regard sur les agissements du club. Il y a bien eu cet acheteur russe, qui était prêt, selon le quotidien l’Equipe, à mettre 150 millions d’euros sur la table en juin dernier. Rien ne s’est fait, d’autant que le refus passé de Fedcom Invest par Rainier III trottait encore dans les têtes. En attendant de résoudre l’équation, la « société anonyme monégasque » AS Monaco en reste pour l’instant cantonnée à sa structure de PME nationale. Avec un actionnariat divisé entre la SBM (40 %), les frères Marzocco (20 %), Patrice Pastor (20 %) et un groupe d’actionnaires privés (20 %).

* Groupe d’Etats contre la corruption.

Etienne Franzi se défend

Par Adrien Paredes.

Le président de l’ASM répond aux attaques dont il a fait l’objet au conseil national. « J’ai lu ici et là que l’on hésitait entre « convocation » et « invitation » (des dirigeants de l’ASM à l’assemblée, N.D.L.R.). Il est clair que s’il devait s’agir d’une convocation, aucune suite n’y serait réservée. En revanche, dans le cadre d’une invitation, je serais très heureux de faire partager à des compatriotes les complexités de la gestion d’un club professionnel. Il n’y a rien à cacher à l’ASM. Cela étant, aucun courrier ne m’est parvenu à ce jour du conseil national. S’agissant des propos tenus, plusieurs sont proprement scandaleux et de nature à dénigrer (voire à jeter l’opprobre) sur « une institution », que pourtant, tous se plaisent à considérer comme faisant partie de notre patrimoine national. Et ce, à l’évidence, sans aucune preuve, puisqu’il devrait m’être demandé de me rendre au conseil national pour expliquer ce qu’il en est réellement », explique Etienne Franzi.

Appel d’offres

Concernant les propos tenus par Christophe Spiliotis-Saquet, Etienne Franzi les qualifie de « stupéfiants ». « A sa demande, je l’ai en effet reçu, il y a déjà plusieurs mois, pour lui faire part de la réalité de la situation. Il n’y a pas de petits arrangements entre amis à l’ASM, sous ma présidence. Tous les marchés importants font l’objet d’un appel d’offres, examiné par un groupe de travail ad hoc, dont, à l’évidence, sont écartés tout ceux qui de près ou de loin pourraient avoir un intérêt particulier dans l’opération. Pour ma part, je veille à ce que l’option retenue présente à chaque fois le meilleur rapport qualité/prix pour le Club ».
A travers ses propos, le conseiller national avait notamment visé l’attribution de la régie commerciale à la société Monaco Sportcom, dirigée par Nathalie Aubéry l’ex-épouse de Michel Aubéry, vice-président actuel de l’ASM. « L’opération, dont il s’agit plus particulièrement, remonte à la fin de la saison 2009-2010. Si elle continue à agiter certains, c’est sans doute qu’elle a bousculé de petits arrangements entre amis antérieurs. Au demeurant, si M. Christophe Spiliotis-Saquet a « oublié » mes explications, c’est peut-être qu’elles allaient à l’encontre des intérêts particuliers qu’il défendait », a ajouté Etienne Franzi.

Casino
© Photo Fanny Cotin.

La SBM en fil rouge

Souvent taxée de ne pas respecter la priorité d’emploi, la Société des bains de mer a encore une fois alimenté les débats. Si le ministre d’Etat a remis les pendules à l’heure, les inquiétudes n’ont pas disparu quant à un éventuel plan social.

Par Milena Radoman.

«Oui ou non, va-t-il y avoir un plan social à la Société des bains de mer?? » Après les débats budgétaires, Jean-François Robillon n’était pas rassuré. Au contraire. C’est pourquoi le président du conseil national a remis une couche, lors du point-presse mensuel de l’assemblée le 13 octobre. A propos de l’inquiétude qui taraude les élus sur l’importance du plan d’économies que doit annoncer la SBM. Une phrase du ministre a allumé les signaux d’alerte. Le 11 octobre, Michel Roger avait en effet indiqué à l’hémicycle que « la structure des coûts très rigides de la société, notamment en matière de rémunérations et charges sociales qui ne cessent de s’accroître fait que les augmentations que l’on peut constater en chiffre d’affaires global ne se retrouvent pas en résultat d’exploitation […]. Ce constat objectif confirme la nécessité que la société puisse procéder à une réduction de ses coûts fixes inversant ainsi la tendance de ces dernières années ». Une petite phrase passée presque inaperçue qui a fait réagir Robillon, pantois?: « Ai-je mal compris, ou bien vous reprenez là à votre compte et dans un langage policé, les idées de ceux qui prônent des licenciements ou des réductions de salaires?? » Hélas, l’interrogation est alors restée sans réponse. La seule chose aujourd’hui connue sur le fameux plan d’économies concocté par la direction et le conseil d’administration de la SBM est qu’il a été présenté au gouvernement le 6 octobre dernier. Et qu’il devra recevoir l’aval du palais pour être mis en place. Pour le reste, c’est-à-dire l’essentiel, c’est la grande inconnue. Des licenciements sont-ils programmés?? Ou bien les départs à la retraite ne seront-ils plus automatiquement remplacés?? Quant à la politique de direction bicéphale de nombreux postes d’encadrements, sera-t-elle définitivement enterrée?? A voir.

Les Monégasques mieux rémunérés

En attendant d’avoir des réponses claires à ces questions, le Ministre d’Etat a été beaucoup plus prolixe sur le respect de la priorité de l’emploi et la politique de rémunération des employés SBM. Chiffres à l’appui?: « Il est certain que les secteurs de l’hôtellerie et de l’administration intéressent moins les Monégasques, qui préfèrent le secteur jeux, plus rémunérateur et présentant un emploi du temps plus souple. Le nombre de directeurs monégasques (y compris conjoints et enfants) représentait 20 % des directeurs en 2008 et représente 42,8 % en 2011. Dans le même temps, les cadres monégasques sont passés de 138 à 172, soit + 24,69 %. Par contre, les emplois les moins rémunérateurs enregistrent une légère baisse puisque les Monégasques (y compris conjoints et enfants) employés ou ouvriers sont passés de 382 à 361. » Et de décocher un chiffre sans appel?: « En ce qui concerne les rémunérations, on peut signaler qu’au sein de la société, les revenus des Monégasques sont supérieurs d’environ 88 % par rapport à ceux des non-Monégasques. » Explication?: « Dans le secteur jeux, les Monégasques sont 314 (y compris conjoints et enfants) et représentent globalement 72,7 % des effectifs tandis que dans le secteur hors jeux, moins rémunérateur, les Monégasques sont 43 et représentent 6,9 %. »
Et comme les débats budgétaires laissent parfois filtrer quelques révélations, on a appris que le statut unique des employés de jeux — dossier que certains syndicats souhaitaient relancer — était dans un stade de coma cérébral. « Il n’est pas sûr que la proposition qui avait été rejetée par une majorité de salariés au mois de décembre 2010 puisse non seulement être améliorée, voire même maintenue, eu égard à la dégradation du cadre économique dans lequel opère la société », a déclaré le ministre. A bon entendeur.

marché de la Condamine
© Photo Monaco Hebdo.

Marché?: le grand déballage

Confusion sur le coût des travaux, querelles politiciennes entre élus, mairie et commerçants échaudés… La rénovation du marché de la Condamine s’est transformée en foire d’empoigne.

Par Sabrina Bonarrigo.

Aussi bien à la mairie, au gouvernement, dans les rangs du conseil national, que dans les allées du marché, la rénovation du marché de la Condamine a cristallisé toutes les tensions et déclenché des réactions en série ces dernières semaines. Un feuilleton à rebondissements qui pourrait toutefois trouver son épilogue dans les semaines à venir. Après avoir annoncé que les premiers coups de pioche seraient donnés en 2013 — et non en septembre 2011 comme le croyait la mairie — revirement de situation. Le gouvernement a finalement proposé en séance budgétaire le 11 octobre une solution alternative?: reporter la restructuration de la halle à 2013, voire 2014 et, en attendant, rouvrir au plus vite les box fermés à l’intérieur. Quitte à consentir des conventions à durée limitée aux commerçants. « Dans l’état actuel de nos finances publiques, il est complètement déraisonnable de prévoir une restructuration en 2012. Mais ce qui n’est pas acceptable non plus, c’est de laisser le marché dans son état actuel. Nous pourrions réaliser début 2012 des travaux de remise en état, a ainsi proposé le ministre d’Etat qui s’est dit prêt à débloquer des crédits tout de suite. Pourquoi le marché de Monaco est-il vide alors qu’il est plein à Beausoleil et à Menton?? Ce n’est pas de la faute du gouvernement. Nous pouvons agir tout de suite. De plus, dans ce schéma là, le projet d’installer une grande enseigne sur la mezzanine est toujours possible. La solution que je propose pourrait résoudre immédiatement le problème ».

« Récupération politicienne »

Une solution de compromis « équilibrée et réaliste » selon les élus de la majorité. Alors que d’autres s’interrogent. « Pensez-vous que ces commerçants signeront pour un an puis quitteront le marché quand les travaux commenceront?? », se demande le conseiller national sans étiquette Pierre Svara. Pour sauver le marché, l’opposition Rassemblement & Enjeux a carrément proposé un report des travaux du nouveau conseil national, qui doit être livré en 2012. Objectif?: injecter les crédits prévus pour ce chantier à la rénovation du marché. Une proposition qui a fait grincer des dents l’UDM taxant l’opposition de faire de la « démagogie » et de la « récupération politicienne » sur le dos des élus communaux et des commerçants. En séance budgétaire, le ministre d’Etat a enfin rappelé que des travaux conséquents avaient déjà été achevés en 1994 au marché de la Condamine pour 10 millions d’euros. « Aussi est-il raisonnable, si peu de temps après, de repartir sur un investissement de plus de 13 millions d’euros sans garantie de réussite cette fois encore?? », a-t-il indiqué. Mairie, conseil national et gouvernement doivent se réunir pour tenter de trouver un terrain d’entente. Aucune date n’a encore été fixée.

Chacun ses chiffres
L’autre grosse confusion entre mairie et gouvernement dans ce projet, c’est le coût des travaux. Alors que le maire avait indiqué à la presse qu’en avril 2011, l’enveloppe avait été baissée de 9 à 7 millions d’euros, selon le gouvernement le coût de cette opération s’élève à 13 millions d’euros répartis ainsi?: 7,85 millions d’euros pour les travaux de la halle, 1,2 million d’euros pour le relogement des commerçants, 2,3 millions d’euros pour la rénovation de la place, du giratoire, des abords et essai du pôle d’échange et 1,4 million d’euros pour les honoraires.
Stade Louis II
© Photo Monaco Hebdo.

Brèves du Conseil national

Par Adrien Paredes.

Stéphane Valeri à la rescousse de l’IM2S

Des médecins de l’Institut monégasque de médecine du sport (IM2S) pousseraient-ils abusivement leurs patients à la consommation de médicaments?? C’est la question soulevée par Philippe Clérissi, sur la base d’une dizaine de témoignages qui lui auraient été rapportés. Le conseiller de gouvernement pour la santé et les affaires sociales Stéphane Valeri a invité les patients qui s’estimeraient victimes de telles pratiques à lui écrire ainsi qu’au directeur de l’IM2S, Gérard Luccio. Stéphane Valeri a indiqué n’avoir reçu qu’une seule plainte en 21 mois. « Il n’y a pas cas à faire avec l’IM2S. Qu’on ne condamne pas avant de juger. Ce n’est pas parce qu’un patient n’est pas satisfait qu’un médecin n’est pas bon et qu’il y a faute avérée de celui-ci », a répondu le conseiller de gouvernement pour la santé.

Les pendulaires à l’étude

Un projet du livre blanc de Monaco 2029, groupe de réflexion initié par le conseil national, a fait son grand retour lors des derniers débats budgétaires. Il s’agit de la carte privilège qui inciterait les 40?000 salariés pendulaires, à savoir les Français et les Italiens, à consommer en principauté par le biais de réductions. Le ministre d’Etat a souligné que « le gouvernement ne financera pas la ristourne ». Les habitudes de consommation des pendulaires vont être étudiées pour la première fois par l’IMSEE.

Monaco sur Youtube en novembre

La chaîne télévisée de Monaco sera lancée sur le service de partage de vidéos Youtube aux alentours de la Fête nationale. C’est ce qu’a annoncé le ministre d’Etat Michel Roger. Au programme, de l’info en continu avec des vidéos montées à partir d’images du centre de presse et d’archives audiovisuelles.

Du synthétique au Louis-II??

En marge des débats sur l’AS Monaco, « le gazon maudit » du stade Louis-II a été évoqué par Fabrice Notari. L’élu UDM et vice-président du conseil national a demandé si une pelouse synthétique était envisagée en lieu et place de l’actuelle très décriée. Réponse de Paul Masseron, conseiller de gouvernement pour l’Intérieur?: « Le synthétique ne fait pas l’unanimité. Il vaut mieux ne pas essuyer les plâtres. On s’y mettra lorsque les autres s’y mettront aussi ». Depuis mai 2008, la Ligue pro de Football autorise de jouer sur terrain synthétique. Mais seulement deux clubs ont tenté l’expérience?: Nancy et Lorient.

Guerre des chiffres autour du fonds de réserve

Longtemps opaque, le fonds de réserve constitutionnel, à savoir le « bas de laine » de l’Etat monégasque, alimente bien des fantasmes. Ses réserves actuelles continuent de susciter la polémique.

Par Milena Radoman.

Il n’a jamais été aussi transparent – on est parti de très loin – et c’est aujourd’hui qu’il crée la polémique. Lui, c’est le fonds de réserve constitutionnel (FRC). Créé par la constitution de 1962, cette réserve stratégique de l’Etat monégasque dispose d’un patrimoine propre (et d’un statut à part), voué à recueillir les recettes budgétaires et, en cas de besoin, à compenser les déficits. Et depuis 2002, le FRC a bien servi à effacer les trous, surtout en période de crise économique. Longtemps, le montant de ce bas de laine a été caché. Il y a quelques années, on murmurait encore sous le manteau qu’il pouvait financer 4 à 5 budgets nationaux. Récemment, Marco Piccinini a enfin levé le voile sur ce fonds stratégique pour la Principauté. Livrant à la presse les chiffres?: « A fin août 2011, le montant de l’actif du fonds de réserve se situe à environ 4,2 milliards d’euros. Il comporte une réserve d’or de 230 millions d’euros, une partie « disponible » de 1,9 milliard d’euros composée de titres de placements financiers (fonds de placement composés d’actions, d’obligations, etc.) et de disponibilités bancaires et une partie immobilisée de 2 milliards d’euros, majoritairement composée d’immeubles. »

1,9 ou 1,380 milliard d’euros??

Et c’est bien le montant de la partie liquide du fonds de réserve qui fait débat. A la presse locale, Laurent Nouvion avait ainsi jeté un pavé dans la mare en déclarant que le même « Marco Piccinini, le 12 septembre, en commission plénière d’étude, estimait les liquidités à 1,380 milliard ». Comptabilisant ainsi les dépenses immobilières connues à venir. Soit les 53 millions d’euros destinés à l’opération Odéon et les 65 millions finançant la ZAC Saint Antoine. Mais aussi en recensant les « engagements de l’Etat qui pourraient venir impacter la partie liquide du FRC (soit directement, soit en alourdissant les déficits budgétaires) », listés par le conseiller pour les Finances, avec les 330 millions d’euros alloués au chantier Odéon (comprenant la garantie d’achèvement), la garantie sur l’emprunt bancaire de l’IM2S/SIIO de 21 millions d’euros et les remboursements des contrats habitation-capitalisation sur demande de 60 millions d’euros. Lors des séances budgétaires, la question des liquidités du fonds de réserve est revenue sur le devant de la scène. Sans clore totalement le débat. Marco Piccinini considérant que la vérité est quelque part au milieu de ces deux montants. Tout dépend en effet de ce que l’on prend en considération au niveau comptable.
Avec un point positif tout de même?: l’exposition aux dettes souveraines des pays périphériques a été réduite dans le portefeuille des liquidités du FRC. Les dettes de la Grèce, du Portugal et de l’Irlande étant désormais nulles. Et celles de l’Italie et de l’Espagne réduites de 50 %. « On est sorti avant le désastre », estime le conseiller pour les finances Marco Piccinini. Au moins une bonne nouvelle dans un contexte de crise de l’euro et des dettes souveraines.

En détail

Selon le gouvernement, la partie immobilisée de 2 milliards d’euros est majoritairement composée d’immeubles (pour 1,55 milliard d’euros). Les biens immeubles détenus par le FRC génèrent dans leur grande majorité des revenus locatifs étant occupés par des entreprises, des commerces, ou des particuliers. « Cette partie immobilisée (pour 300 millions d’euros) comporte aussi les participations de l’Etat dans des sociétés, notamment les actions non inaliénables de la S.B.M. (36 % environ du capital) ou d’autres sociétés ayant des liens directs avec l’Etat, comme les concessionnaires SMEG, SMEAUX, la Société d’Exploitation du Grimaldi Forum, la Société d’exploitation des ports de Monaco, etc. » A noter que le FRC avance régulièrement de la trésorerie au budget de l’Etat?: l’avance de trésorerie rémunérée consentie au budget est de 100 millions d’euros à fin août.

Michel Roger
Michel Roger © Photo Charly Gallo / Centre de Presse.

Michel Roger enterre l’EEE

Monaco n’intégrera définitivement pas l’Espace économique européen. Cependant, le ministre d’Etat a laissé entrevoir une solution pour les entreprises monégasques.

Par Adrien Paredes.

La principauté et l’Europe. « Sujet crucial » aux dires du conseiller Jean-Charles Gardetto. L’élu l’a convié aux derniers débats du conseil national et de nouveau alarmé le gouvernement du préjudice subi par un certain nombre d’entreprises monégasques. « Dans différents domaines tels que les transports ou l’alimentaire, les entreprises monégasques sont profondément affectées par une concurrence européenne ouverte. Le conseil national n’est pas associé à la réflexion sur le sujet et le silence radio sur l’Union européenne du gouvernement ne présage rien de bon », s’est exclamé l’élu de la majorité.
Dans sa réponse, le ministre d’Etat Michel Roger a coupé court, de façon irrémédiable, à toute entrée dans l’Espace économique européen. « Il est hors de question que le gouvernement propose un jour l’adhésion à un système qui ferait disparaître l’économie nationale », a-t-il déclaré. « Nous espérons entamer prochainement des discussions sur des accords sectoriels », a précisé Michel Roger.

« Une bouffée d’air »

Monaco avait été approché comme les autres Etats tiers (Saint-Marin et Andorre) par l’Union européenne durant le premier semestre 2011. L’objectif était d’analyser la possibilité d’intégrer progressivement les petits Etats d’Europe au marché européen, tout en tenant compte de leurs particularités. Les deux parties en sont restées au stade de discussions. Un rapport présentant Monaco avait été présenté fin juin au Conseil de l’Union européenne par l’ambassadeur de la principauté à Bruxelles, Gilles Tonelli. « Il faut convenir que les difficultés inhérentes (au marché européen, N.D.L.R.) rencontrées par certaines entreprises monégasques demeurent malheureusement. Nous avons pour l’instant juste exposé ces difficultés au conseil de l’Union européenne. Mais qu’on nous fiche la paix avec l’adhésion à l’EEE?! », a déclaré le ministre d’Etat. José Badia, le conseiller de gouvernement aux relations extérieures, a rappelé, lui aussi, que « Monaco n’a jamais demandé à entrer dans l’EEE ».

La législation du marché commun sur le contrôle et les spécificités de certains produits cause des problèmes d’exportation pour les entreprises de Monaco. Le fait que la Principauté ne soit pas membre de l’UE ne leur permet pas d’enregistrer leur production pour le marché européen depuis Monaco. Elles doivent passer par un intermédiaire ou un fournisseur exclusif qui, lui, se situe dans un pays membre de l’UE. Philippe Clérissi, conseiller UNAM, a appelé le gouvernement à agir le plus tôt possible pour la négociation d’accords sectoriels. « Le processus doit être activé afin que le problème soit réglé rapidement. Ces accords représentent une bouffée d’air pour les entreprises monégasques », a souligné l’élu.

Centre commercial Fontvieille
© Photo Monaco Hebdo.

Echos du conseil national

Cap sur le budget 2012

Les parlementaires, toutes tendances confondues, ont trouvé au moins un sujet d’entente?: le manque de projets et de sources de recettes nouvelles. C’est un débat de fond qui reviendra dans le cadre de l’examen du budget primitif 2012. Lors de la conférence de presse mensuelle du conseil national, le président de la commission des finances a tiré le premier?: « Au-delà des effets de communication avec un équilibre du budget dit primaire, et des recettes et des dépenses strictement égales (chiffrées à 833 millions d’euros), nous estimons ce budget défensif. Il n’y a pas d’initiative et pas de lancement de nouvelles opérations. Les chantiers en cours continuent mais aucune réorientation vers les programmes rentables n’est annoncée. » Comme Philippe Clérissi lors des séances publiques, Alexandre Bordero s’inquiète de l’absence de programmation de surfaces commerciales pour 2012. « Le gouvernement ne mentionne pas l’agrandissement du centre commercial de Fontvieille. Quant aux 30?000 m2 de surfaces sur Charles III et aux projets de commerces des opérations Rainier III et Testimonio, c’est silence radio?! On ne voit aucun investissement rentable pour demain. » Rassurant, non??//M.R.

Habitation-capitalisation?: l’apport en baisse??

C’était une des priorités du programme de la majorité. L’accession à la propriété devenue entre-temps le contrat habitation-capitalisation, est revenue au cœur des débats. La formule qui avait été lancée le 1er juillet 2009 semble en effet ne pas rencontrer l’engouement prévu initialement. Dans son rapport au nom de la commission des finances et de l’économie nationale, Alexandre Bordero indique ainsi que 407 foyers monégasques à peine ont tenté l’expérience. Et pour cause selon la majorité UDM?: l’apport initial obligatoire de 15 %, trop élevé, constituerait un frein pour les jeunes couples. D’où leur proposition de rabaisser ce taux à 10 % voire 5 %. « Diminuer l’apport initial à 5 %, sans changer le prix de l’appartement impliquerait une augmentation des mensualités mais étalée sur 20 voire 30 ans. Ce qui rendrait ce contrat plus accessible, notamment aux jeunes couples », souligne Gérard Bertrand, président de la commission logement. Réponse du gouvernement?: « Avec un apport initial de 10 voire 5 %, les mensualités des titulaires augmenteraient de manière assez considérable. Pour certains, l’augmentation serait même de nature à empêcher de contracter au titre du manque des garanties de solvabilité ». Le gouvernement s’est dit favorable à « discuter d’un taux compris entre 10 et 15 % ». Tout en soulevant le problème « de l’équité envers ceux qui ont déjà signé un contrat avec un apport à 15 % ».//S.B.

Port?: la hausse des tarifs limitée

L’augmentation de 400 % des tarifs du port allait être avalisée par le gouvernement. Après les débats devant le conseil national, il semblerait que les propriétaires de voiliers et autres bateaux puissent être rassurés?: la hausse des prix devrait se cantonner à 50 % sur 4 ans. Si la hausse était justifiée sur le principe, les prix pratiqués étant très faibles (15 euros par mois pour les Monégasques pour les bateaux de moins de 8 mètres?!), la flambée avait déclenché la réaction des usagers qui se sont formés en association?: les pontons de Monaco. « On ne voulait pas un port resort avec uniquement des 40 mètres. C’est bon pour le Yacht show mais pas pour maintenir une vie portuaire et de quartier », affirme le président du conseil national, Jean-François Robillon.//M.R.