jeudi 25 avril 2024
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Anthéa Sogno : « Nous avons plus que jamais besoin de l’aide du gouvernement »

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Établissement privé, le théâtre des Muses ne joue plus, pour le moment, et mise plutôt sur ses cours, alors que l’épidémie de Covid-19 se poursuit.

Anthéa Sogno, directrice et fondatrice de ce théâtre, espère une nouvelle aide du gouvernement princier pour se relancer.

À quoi ressemble l’activité de votre théâtre en cette période ?

Nous nous concentrons actuellement sur les cours et les stages théâtre pour enfants. La bonne surprise, c’est que ça se passe très bien, notamment grâce au protocole sanitaire que nous avons mis en place : de manière générale, les élèves évoluent masqués dans l’enceinte du théâtre. Il n’y a que lorsque les acteurs sont seuls sur scène pour interpréter des grands monologues qu’ils sont amenés à enlever leur masque. L’une des grandes forces de notre théâtre, c’est le système de climatisation d’envergure, dans lequel nous avions investi 100 000 euros à la création du lieu. C’est une sécurité pour le public, car l’air est continuellement régénéré. Nous assurons en plus la prise de température à l’entrée, et nous sommes aussi très attentifs au lavage des mains.

Quelle était votre fréquentation avant la pandémie ?

Depuis sa création il y a 9 ans, le théâtre des Muses battait chaque année son record de fréquentation. En 2019, nous avions donné 240 représentations et accueilli plus de 20 000 spectateurs ! Cela représente un travail titanesque, mais nous savons que nous devons nous maintenir à ce chiffre pour être à l’équilibre, même si nous bénéficions de subventions de la part de l’État monégasque.

Comment comptez-vous relancer votre activité ?

Cette année, compte tenu du contexte sanitaire, nous espérons une aide supplémentaire du gouvernement pour pouvoir reprendre nos représentations. En effet, nous prévoyons des pertes énormes. En limitant le nombre de places de moitié, comme le demande le protocole sanitaire, nous ne disposerons plus que de 48 ou 49 sièges au maximum. Certes, nous sommes un théâtre privé, mais nous sommes aussi une association. Comme on le sait, le système associatif ne permet pas de capitaliser. Et, de surcroît, comme le dit Éric Emmanuel Schmitt, auteur de réputation internationale et directeur du théâtre Rive Gauche à Paris : « Le théâtre est le moyen le plus élégant de se ruiner », car la sauce coûte toujours plus cher que le poisson. Cela serait impossible pour notre association, alors, en ces temps si difficiles pour la culture. Plus que jamais, nous avons besoin de l’aide du gouvernement.

Pourquoi ne pas rouvrir, alors que le gouvernement princier vous y autorise ?

En ce qui concerne l’organisation, le couvre-feu monégasque complique les choses, car nous devons reporter les cours du soir au week-end, tout le monde doit faire des efforts. Quant au couvre-feu français à 18 heures, tant qu’il sera en vigueur, il sera inimaginable d’ouvrir, car une grande partie de notre public vient de France.

Vous avez peut-être plus de temps pour préparer l’avenir ?

Malgré cette période, je garde le moral. Je me console du malheur de n’avoir pu rouvrir jusqu’ici, en écrivant une nouvelle pièce, Sacha Guitry intime. Ce sera la première fois que je jouerai seule en scène pendant une heure et demie. Ce nouveau spectacle me permet de retrouver le metteur en scène Jacques Décombe, avec qui nous avons monté plusieurs des précédents spectacles. J’espère vivement le jouer cette année. Le théâtre des Muses ayant fait son succès sur l’excellence, il n’est pas envisageable de présenter des spectacles de qualité moindre pour des raisons de facilité. Ce serait contre-productif. Il faudra que les spectacles soient plus que jamais formidables, pour que le public viennent suffisamment nombreux.

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