samedi 20 avril 2024
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Sur le Rocher, les commerçants ne croient pas en la mort des boutiques de souvenirs

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Peu de clients, peu de chiffre d’affaires, la fréquentation sur le Rocher frôle le néant, surtout dans les boutiques de souvenirs.

Suffisamment aidés par le gouvernement pour survivre, les commerçants sont, malgré tout, de plus en plus incités à envisager une reconversion. Mais tous ne croient pas en la fin de leur modèle.

L’heure tourne, le doute s’installe. Sans tourisme de masse, comment faire tourner les (trop ?) nombreuses boutiques de souvenirs sur le très calme Rocher ? Ils sont une petite quinzaine sur les hauteurs de Monaco aujourd’hui et ont, dans l’ensemble, tous vu leurs comptes plonger dans le rouge suite à la crise sanitaire liée au Covid-19. Les aides du gouvernement monégasque ne manquent pas, elles ont même été revalorisées récemment pour permettre aux commerçants de tenir bon, autant que possible, tout au long de cette disette marchande qui n’en finit plus de s’étendre (lire notre article dans ce numéro). Près de 150 millions d’euros ont été inscrits au budget prévisionnel de 2021 pour aider le commerce à Monaco, sur les 400 millions d’euros mandatés en 2020. Et, dès le mois de mars 2021, une indemnité spéciale de 2 500 euros mensuelle sera accordée aux bénéficiaires de la Commission d’accompagnement pour la relance économique (Care). Pourtant, ce n’est pas, ou plus, assez. À en croire certains professionnels du Rocher, qui préfèrent s’exprimer sous couvert d’anonymat, autant par pudeur que par méfiance, la situation est catastrophique. Les aides n’épongent pas les pertes : « Les propriétaires des surfaces commerciales nous aident eux aussi, en général. Ils nous accordent une baisse de loyer d’environ 20 à 30 %. Mais il faudrait presque plus d’aides aujourd’hui, notamment de la part du gouvernement, car nous n’avons quasiment plus de rentrées d’argent. Et, pour la suite, c’est l’incertitude », témoigne la gérante d’un de ces commerces, résidente monégasque comme la plupart de ses confrères et consœurs. Sur le Rocher, les loyers sont compris entre 5 000 et 6 000 euros par mois, en moyenne. Pour les boutiques, ils peuvent culminer à 10 000 euros selon l’emplacement et la surface du bien. Difficile d’assurer de telles sommes, quand les résultats des ventes affichent un zéro pointé dans certains cas depuis l’été 2020, saison qui avait assuré un petit appel d’air avec le retour de touristes. Mais les touristes sont bel et bien absents maintenant, et il faut tout de même renouveler une partie des stocks : « J’ai perdu une partie de mes produits qui a grillé au soleil. Tous ces objets sont destinés à être vendus, pas à rester dehors pendant des mois », déplore une autre commerçante, présente depuis des années sur le Rocher.

Souffrir n’est pas mourir

Face à ce constat, autant poser la question franchement : les boutiques de souvenirs vont-elles mourir ? « Non », répondent les commerçants interrogés, et ce, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, parce que la clientèle existe, selon eux : « Le problème, ce n’est pas le produit, c’est l’absence de clients. Mais ils vont bien finir par revenir », assurent-ils. Une commerçante surenchérit : « On ne mettra jamais fin au tourisme de masse, notamment avec les bateaux de croisière. Monaco incarne une part de rêve et de fantasmes pour beaucoup de touristes. Ils veulent venir ici. On me demande encore aujourd’hui si je vois souvent le prince, et à quelle heure il sort pour être pris en photo. Les touristes viennent ensuite en boutique pour s’offrir un souvenir à l’effigie du couple princier, comme ça se fait à Londres ou à Bruxelles. » L’autre argument, souvent mis de côté selon les commerçants concernés, c’est que les boutiques de souvenirs ne vendent pas que du souvenir : « Nous vendons des produits spécialisés qui peuvent intéresser les gens d’ici, mais c’est l’éternel problème : le Rocher est dépeuplé de ses Monégasques, s’agace une autre commerçante. Que l’on perde les touristes, c’est une chose. Mais il faut inciter la clientèle locale à revenir sur le Rocher, pour soutenir le commerce local. » Pas question, donc, pour ces personnes interrogées, d’envisager de changer leur activité. Du côté du gouvernement pourtant, et aussi de l’Union des commerçants et artisans de Monaco (Ucam), on se pose très sérieusement la question de la reconversion pour ces commerces en souffrance, dont l’avenir paraît incertain (lire nos articles dans ce numéro).

Pour lire la suite de notre dossier sur la crise du tourisme à Monaco, cliquez ici