jeudi 25 avril 2024
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Pour eux, les années 2010 c’était…

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Nous sommes depuis peu en 2020. L’occasion était donc parfaite pour interroger, à partir de trois mêmes questions, une série de personnalités de la principauté. Qu’ont-elles retenu des années 2010 ? Comment voient-elles la suite ? Elles se sont confiés à Monaco Hebdo(1).

Georges Lisimachio – Chef de cabinet du prince Albert II

Que retenez-vous des années 2010 ?

Le mariage princier, l’arrivée de Jacques et de Gabriella, la prise de conscience du défi climatique, l’essor du numérique et l’inquiétant retour des populismes.

En quoi ces années 2010 vous ont changé et ont changé Monaco ?

Elles m’ont confirmé que l’Etat juste légifère en visant l’intérêt général dans une société qui est une communauté. Elles ont confirmé à Monaco la force de ses institutions dont le prince est le garant.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

Sereinement, grâce à notre constitution. Intenses à l’international. Réconfortantes, grâce à la réactivité de la jeunesse.

Marie-Pierre Gramaglia – Conseiller-ministre pour l’équipement, l’environnement et l’urbanisme

Que retenez-vous des années 2010 ?

Ces années, je les ai vécues à la tête du département de l’équipement, de l’environnement et de l’urbanisme avec notamment les opérations sur les anciens terrains de la SNCF, la réalisation du nouveau Yacht Club et d’une nouvelle voie d’accès à la principauté : le tunnel Albert II. Une décennie riche en évènements. Parmi les moments que je retiendrais, celui de la COP21 en 2015, à Paris, avec les engagements annoncés par le prince Albert II en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre de la principauté, qui doit nous conduire à la neutralité carbone en 2050.

En quoi ces années 2010 vous ont changée et ont changé Monaco ?

Certainement que ces années m’ont changé. Je l’espère en mieux ! Sur cette décennie, sous l’impulsion du prince Albert II, la principauté est rentrée dans un processus à la fois de transition numérique et de transition énergétique, deux piliers qui s’ancrent de plus en plus en profondeur dans notre société. Le combat que nous avons lancé contre l’usage des plastiques au regard des dégâts qu’ils provoquent dans l’environnement marin est l’un des exemples de notre engagement collectif.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

Ce sont des années importantes qui doivent conduire notre pays vers une réduction de 50 % de ses émissions de gaz à effet de serre en 2030. Nous avons une décennie pour intervenir sur les trois postes les plus émetteurs : les déchets, la mobilité, l’énergie dans les bâtiments. Cela nécessite une réelle mobilisation de tous. En matière de construction, cette décennie verra de belles réalisations avec le nouveau quartier de l’anse du Portier, l’urbanisation des îlots Pasteur et Charles III, un nouveau centre hospitalier princesse Grace (CHPG), la mise en œuvre du plan logement. Transition énergétique et urbanisme durable sont les deux grands volets de la décennie qui s’ouvre.

Monseigneur Bernard Barsi – Archevêque de Monaco

Que retenez-vous des années 2010 ?

La décennie qui s’achève a été marqué par de nombreux événements à Monaco, dont un certain nombre auquel j’ai plus particulièrement été impliqué. Ceux autour de la famille princière, évidemment. Je garderai un souvenir ému du mariage du prince Albert et de la princesse Charlène, ainsi que du baptême du prince Jacques et de la princesse Gabriella. D’un point de vue ecclésial, les rassemblements diocésains des nombreux acteurs impliqués dans la vie de l’Église locale m’ont aidé à définir les orientations de ces dix dernières années et du futur, je l’espère, avec en point d’orgue la construction de l’Agora, maison diocésaine que j’attendais depuis mon arrivée, il y a 20 ans.

En quoi ces années 2010 vous ont changé et ont changé Monaco ?

Je parlais des rassemblements de fidèles. C’est vraiment ce qui m’a comblé dans mon rôle d’archevêque. Se sentir entouré et soutenu c’est très important. Aboutir à des projets concrets donne un sens à ma mission. Monaco a beaucoup évolué également. Nous avons inauguré et béni de nombreux bâtiments et ouvrages qui ont changé la physionomie de la principauté, qui l’ont fait évoluée et l’ont améliorée.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

La prochaine décennie, je la vois d’abord plus apaisée, de mon côté. Je serai à la retraite dans un futur proche, j’envisage un nouveau rythme de vie, même si j’ai encore un peu de mal à réaliser. Je souhaite à Monaco, sous l’égide du prince, de continuer à grandir pour le bien des personnes qui y résident ou qui y travaillent. Mes prières resteront fidèles à la principauté et au diocèse.

Brigitte Boccone-Pagès – Vice-présidente du Conseil national

Que retenez-vous des années 2010 ?

2010, le Conseil national entre dans des années de tourmente et d’inefficacité, jusqu’à ce que Stéphane Valeri, qui l’avait dirigé de 2003 à janvier 2010, le reprenne en main à la suite des élections de 2018, remportées avec 21 sièges sur 24.

En quoi ces années 2010 vous ont changée et ont changé Monaco ?

Pour moi, cette décennie, dans le prisme politique monégasque, ce sont des évolutions dans les domaines de la nationalité, avec l’égalité dans la transmission entre les femmes et les hommes. Et puis, c’est aussi le premier aboutissement d’un effort considérable pour le logement des Monégasques, grâce à Stéphane Valeri, avec les constructions massives et la grande avancée du contrat habitation capitalisation (CHC). Cet effort a pris une nouvelle dimension avec l’annonce du plan national logement en mars 2019. J’ai un souvenir ému et si heureux, du mariage de notre souverain avec la princesse Charlène, ainsi que de la naissance des enfants princiers.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

Pour l’égalité femme-homme, le combat continue, et le Conseil national est en première ligne pour continuer d’être à l’avant-garde. Les années 2020, c’est aussi la concrétisation en 2022 de Testimonio II et Testimonio II bis, ainsi que du projet du Grand Ida pour que la pénurie actuelle de logements domaniaux ne soit plus qu’un mauvais souvenir et que tous les foyers monégasques, dont la situation le justifie, soient bien logés dans leur pays. Je le disais déjà en 2003, il n’est pas pensable qu’à Monaco il y ait des Monégasques avec un petit « m », et d’autres avec un grand « M ». Et puis, ces années 2020 vont être celles d’une attention nouvelle portée aux problèmes de préservation de notre qualité de vie. C’est aussi notre modèle économique et social avancé, envié de tous, qu’il faudra protéger. Nous devons rester ouverts sur le monde, mais ne pas transiger avec ce que nous sommes, notamment si la négociation continue avec l’Union européenne (UE).

Isabelle Bonnal – Directrice de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports

Que retenez-vous des années 2010 ?

Le prince Albert II souhaite que la principauté soit un pays tourné vers la modernité, capable de s’adapter aux « lignes de force » contemporaines. Monaco est aujourd’hui un pays reconnu internationalement, aux finances saines, qui sait investir pour l’avenir dans le respect de l’environnement.

En quoi ces années 2010 vous ont changée et ont changé Monaco ?

Elles furent celles d’avancées fondamentales confirmant la place de premier ordre de la principauté dans les domaines de l’éducation, du sport et de l’accompagnement de la jeunesse dans la construction éclairée de son parcours de formation scolaire et supérieur et donc de son avenir. L’ouverture au monde a été confortée par une offre éducative large et des projets d’envergure avec de nombreux partenaires (Fight Aids, nouveau musée national de Monaco (NMNM), Rencontres Philosophiques, musée océanographique, etc..). L’enseignement des langues vivantes est désormais l’un des points forts du système éducatif monégasque, préparant les élèves à une économie et une société désormais mondialisées. Le numérique a fait entrer dans le système scolaire de nouvelles manières d’apprendre. L’inauguration en octobre 2019 de l’espace Edu Lab Monaco est emblématique de cette avancée inédite. Enfin, la célébration de la journée internationale des droits de l’enfant a permis de recueillir d’importants fonds de donateurs privés, renforçant l’aide importante du gouvernement princier dans ce domaine.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

La poursuite et l’intensification des actions en faveur de la jeunesse pour les accompagner dans ce nouveau monde créé par la révolution numérique.

Balthazar Seydoux – Élu au Conseil national et président de la commission pour l’économie et les finances

Que retenez-vous des années 2010 ?

Des années fortes en images et en émotions, très dures pour beaucoup d’entre elles. Je pense tout d’abord aux bouleversements qui nous touchent à l’échelle planétaire, et dont les manifestations ont été cruelles durant ces années. Bouleversements climatiques, accélération des migrations, développement du terrorisme, trois enjeux qui se sont accélérés et nous ont marqués avec des images très fortes. J’ai en tête cet enfant échoué sur une plage grecque, ces bateaux bondés de personnes désespérées et prêtes à tout pour rejoindre nos côtes, tout comme les images du Bataclan, de Charlie Hebdo ou de l’attentat de Nice. Des images que nous n’oublierons jamais. En contraste, Monaco est un îlot de paix, stable et préservé de toutes ces turbulences, dont nous nous sommes pourtant sentis si solidaires. C’est également la fierté de l’engagement de notre souverain au niveau international en faveur de la préservation de notre planète. Et pour finir sur des images d’allégresse, je vibre encore avec l’AS Monaco qui remporte le championnat de France ! Et à toute la saison que l’équipe nous a fait vivre ces années-là en Ligue des Champions.

En quoi ces années 2010 vous ont changé et ont changé Monaco ?

Ces dernières années ont constitué une étape importante dans ma vie professionnelle. Ma rencontre avec Stéphane Valeri, nos discussions sur l’avenir de Monaco, ont provoqué mon engagement dans la vie publique. En parallèle de mon métier de chasseur de têtes, je me suis lancé à fond dans l’aventure politique. La campagne électorale, les rencontres humaines, l’esprit d’équipe qui nous a animés et bien sûr la victoire de Priorité Monaco (Primo !) en février 2018, sont des souvenirs inoubliables qui ont aussi changé ma vie, en l’ouvrant à de nouveaux horizons. Pour Monaco, ces années 2010 posent les bases d’un Monaco très différent de celui que nous connaissons aujourd’hui : les grands chantiers de l’extension en mer, du Larvotto, du nouvel hôpital et le lancement du plan national pour le logement sont en train de transformer le pays. Nous sommes en transition, avec quelques turbulences, mais pour une belle évolution de notre pays.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

Avec toujours beaucoup d’engagement, de travail et d’esprit positif. Comme je le disais précédemment, les années 2020 verront aboutir le fruit de tous ces chantiers. Je suis impatient de découvrir le nouveau visage de la Principauté ! Je nous souhaite un Monaco plus serein, toujours aussi accueillant et attractif, avec une économie dynamique et innovante et dans lequel il fait bon vivre.

Benoîte de Sevelinges – Directrice du centre hospitalier princesse Grace (CHPG)

Que retenez-vous des années 2010 ?

Ce que je retiens des années 2010, ce sont forcément mes débuts au centre hospitalier princesse Grace (CHPG), établissement dont je suis aujourd’hui directeur, mais qui me tient à cœur de façon très personnelle. J’ai donc passé la décennie 2010 à travailler pour cet hôpital, dont nous sommes fiers, et à le voir grandir avec les ouvertures successives de la résidence A Qietüdine et du centre Rainier III.

En quoi ces années 2010 vous ont changée et ont changé Monaco ?

Ce qui a changé au CHPG au cours de cette décennie ? Je dirais certainement la robotisation et la montée en puissance de la santé connectée, qui engendre une mutation profonde du fonctionnement de la santé. Nous vivons actuellement une transition importante, et les années à venir vont faire vivre aux patients, médecins et professionnels de santé une petite révolution. L’invention de l’immunothérapie marquera aussi probablement l’histoire de la médecine.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

Pour nous hospitaliers, les années 2020 riment forcément avec nouvel hôpital. Ce sera un formidable outil de travail, que nous attendons avec impatience, et qui constituera un atout majeur pour l’attractivité de la principauté de Monaco.

Anne Eastwood – Haut commissaire à la protection des droits, des libertés et à la médiation

Que retenez-vous des années 2010 ?

La décennie 2010 a connu de grands bouleversements. Les crises migratoires, les attentats, la montée du populisme et des communautarismes ont profondément changé le climat mondial et entraîné un recul des libertés individuelles partout dans le monde. C’est aussi la décennie de la prise de conscience autour de l’urgence environnementale, avec l’intensification des phénomènes liés au réchauffement climatique. Je reste marquée par l’incident de Fukushima qui a eu lieu le 11 mars 2011, juste après la naissance de ma fille. Plus récemment, par les incendies en Amazonie. On vit ces transformations en vitesse accélérée, avec malheureusement toujours un décalage dans la lenteur des réponses apportées aux enjeux qu’elles soulèvent.

En quoi ces années 2010 vous ont changée et ont changé Monaco ?

Elles m’ont convaincue de la nécessité, en ces temps troublés, d’éviter le repli sur soi et d’agir pour défendre les valeurs de tolérance et de solidarité. Notre prince nous en donne l’exemple par son engagement personnel pour la planète. Mais aussi par la dynamique de progrès dans laquelle il a inscrit Monaco, avec bien sûr la création du haut commissariat à la protection des droits en 2014, ou encore les avancées réalisées ces dernières années pour les droits des femmes. Parce que nous avons la chance de vivre dans un Etat stable et prospère, nous avons le devoir de poursuivre dans cette voie.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

Comme un grand défi collectif. Face aux menaces sécuritaires et environnementales qui déstabilisent nos sociétés, l’enjeu essentiel sera de parvenir à préserver les acquis du demi-siècle passé en matière de paix, de justice sociale et de droits fondamentaux.

Philippe Ortelli – Président de la fédération des entreprises monégasques (Fedem)

Que retenez-vous des années 2010 ?

Pendant cette dernière décennie, le monde a connu de fortes tensions géopolitiques, économiques, démographiques… En cette période troublée, la principauté a cependant été épargnée grâce à son modèle socio-économique avancé et solide. Notre pays a aussi confirmé et affirmé son attractivité par l’emploi et les conditions de travail. Nous avons créé quasiment 1 000 emplois par an sur 2 km² ! Pour continuer d’être attractif, Monaco devra relever deux défis majeurs que sont le logement des salariés et l’accessibilité à son territoire. Il faut permettre à la population active de se rapprocher en favorisant très fortement le développement de logements autour de Monaco, et mettre parallèlement en place des solutions de transports rapides et durables.

En quoi ces années 2010 vous ont changé et ont changé Monaco ?

Cette décennie a vu s’affirmer la médiation de la fédération des entreprises monégasques (Fedem) avec les syndicats de salariés. La Fedem a également donné l’impulsion pour que Monaco conserve la juste flexibilité de sa législation sociale, tout en renforçant et développant son droit social spécifique pour son tissu de PME. 85 % des entreprises ont moins de 10 salariés. Ne l’oublions jamais ! La Fedem a par ailleurs accru sa représentativité, avec la création de 7 nouveaux syndicats qui ont apporté près de 200 membres. Á titre personnel, l’arrivée de mon troisième enfant, puis celle de mon quatrième enfant, m’ont fait prendre plus de recul sur l’analyse du monde qui nous entoure, et des enjeux de long terme. La transmission de nos valeurs me parait fondamentale dans ce monde qui perd ses repères.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

Nous attendons que les responsables publics rendent Monaco plus performant et attractif en s’attaquant concrètement aux problèmes du logement des actifs et des accès au territoire. Pour cela, il faut mettre en œuvre un plan ambitieux de coopération avec le département économique voisin et les communes limitrophes. Notre objectif commun doit être de rapprocher la population active de Monaco. Beausoleil devrait être en cadre et qualité de vie une sorte de Monaco pour nos salariés français. Ce serait bénéfique à tous, car Monaco aura besoin de 30 000 salariés supplémentaires dans les 30 prochaines années pour accompagner sa croissance. C’est impossible avec des voitures et des trains aléatoires ! Nous avons lancé l’idée d’un métro souterrain automatique, reliant Nice-Pasteur et son tram à Monaco en 10 minutes. Nous avons eu de nombreux retours très positifs. Il faut le réaliser rapidement ! Enfin, nous devons rester ouverts dans les discussions avec l’Union européenne (UE) en vue d’un éventuel accord d’association afin de permettre des débouchés économiques pour nos entreprises en faisant confiance aux négociateurs pour préserver les spécificités monégasques qui ont fait le succès du pays. J’aborde cette décennie avec la confiance nécessaire pour entreprendre, et la conscience que les enjeux de notre temps auront besoin pour être surmontés, de beaucoup d’intelligence collective…

Céline Cottalorda – Déléguée pour la promotion et la protection des droits des femmes

Que retenez-vous des années 2010 ?

Les années 2010 sont synonymes pour moi de prises de conscience. La prise de conscience que le terrorisme pouvait tous nous toucher. Je me rappelle du jour de l’attaque de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, où nous étions sur la place du palais pour la présentation des enfants Princiers. Alors qu’à Monaco c’était un moment de fête, on commençait à recevoir des alertes sur nos téléphones. C’était complètement décalé et difficile à croire. Malheureusement c’était le début d’une série qui s’est poursuivie avec le Bataclan le 13 novembre 2015, et surtout le 14 juillet 2016 à Nice, qui nous a touchés en plein cœur. Il y a aussi la prise de conscience écologique. L’urgence climatique ne fait plus de doute aujourd’hui, et la nécessité d’agir pour préserver notre planète est devenue une évidence. Je pense enfin à la prise de conscience de la place des femmes dans la société. Les réseaux sociaux ont fait émerger ces dernières années la voix des femmes et changer notre regard sur les relations entre hommes et femmes.

En quoi ces années vous ont changée ou ont changé Monaco ?

Ces années m’ont changée sur le plan professionnel. J’ai commencé à travailler au ministère d’Etat, d’abord avec l’ancien ministre d’Etat, Michel Roger. Ensuite, j’ai pu continuer à évoluer au secrétariat général du gouvernement. Pour Monaco, cette décennie correspond à un tournant historique : le mariage princier, les 10 ans de règne du prince Albert II et la naissance de Gabriella et Jacques. La poursuite de l’ouverture de la principauté à l’international pour nouer des relations avec plus de 120 pays et rester attractif. Enfin, un tournant urbanistique a été pris avec la décision de s’étendre à nouveau sur la mer.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

Je suis persuadée que la prochaine décennie sera celle des femmes, et ce n’est pas que la déléguée qui parle ! Elles seront de plus en plus représentées dans toutes les sphères de la société et occuperont de hautes fonctions. J’espère aussi que nous aurons pris conscience que les luttes gagnées pour les droits des femmes ne sont pas des combats perdus par les hommes, mais des victoires collectives.

Cédrick Lanari – Président de la fédération des syndicats de salariés de Monaco (F2SM)

Que retenez-vous des années 2010 ?

Je retiens le mariage princier en 2011 ainsi que la naissance des enfants princiers, le prince Jacques et la princesse Gabriella en 2014. Au niveau social, la création de la Fédération des syndicats de salariés de Monaco (F2SM) et de ses syndicats adhérents, apportent enfin le pluralisme syndical qu’il manquait à Monaco. Ensuite, je lancerais pêle-mêle la loi sur le télétravail, la loi sur le harcèlement, la loi sur les ouvertures des commerces le dimanche, la création du conseil économique et social des jeunes, l’évolution du conseil économique et social en conseil économique, social et environnemental, la création du pacte de transition énergétique, charte pour l’égalité homme femme… Et, bien sûr, la victoire sur le championnat français de football en 2017.

En quoi ces années 2010 vous ont changé et ont changé Monaco ?

En termes de changements, il y a désormais une meilleure collaboration entre les employeurs et les salariés, des avancées sociales non négligeables, avec une consultation de la F2SM sur tous les sujets législatifs.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

Ces années seront des années « travaux », avec à la clef de nouveaux emplois, grâce, et entres autres, au nouveau centre commercial de Fontvieille ou à l’îlot Pasteur. De nouvelles solutions contribueront à l’amélioration de la circulation, aussi bien pour les pendulaires que pour les habitants de la principauté. J’envisage aussi de nouvelles avancées sociales, comme, par exemple, la mise en place d’un intéressement pour les salariés, la pérennité du système de sécurité sociale, de la retraite, ou encore une avancée sur les conditions de licenciement. Monaco est un pays qui sait à la fois aller vite et à la fois prendre son temps quand son identité ou son mode de vie est en question. La transition sociale que propose la F2SM est là pour faire évoluer le dialogue entre les employeurs et les salariés, tout en conservant à l’esprit aussi bien les exigences de notre temps que l’équilibre vie privée — vie professionnelle.

Francesco Grosoli – Administrateur délégué, directeur général de la Compagnie Monégasque de Banque (CMB)

Que retenez-vous des années 2010 ?

Dans nos métiers, il s’agit de la décennie des grandes mutations juridiques et légales. La régulation bancaire et financière a amené dans notre secteur d’activité de nouvelles contraintes. Je vois en cela une opportunité pour notre secteur d’activité d’une part, avec des activités financières et bancaires plus claires pour tous grâce à une clarification des attributions de chacun. Et pour nos clients d’autre part, ce renforcement de normes permettant de les protéger davantage encore et ce, sans impacter les objectifs de performance au cœur de notre activité. Globalement, le monde a radicalement changé, et de nouveaux défis se profilent, tels que le changement climatique, les poussées terroristes et nationalistes, les nouveaux équilibres économiques et financiers. Ces mutations donnent une opportunité unique à Monaco, qui affirme encore davantage la force de son modèle économique et social.

En quoi ces années 2010 vous ont changé et ont changé Monaco ?

C’est pour moi la décennie des grands bouleversements sur le plan personnel, avec la naissance de mes enfants. Le visage de Monaco a changé dans la continuité avec le début du règne du prince Albert II. Je suis resté très marqué par sa volonté de faire de Monaco une société modèle, un modèle de société. Et je garde en mémoire son discours d’avènement du 12 juillet 2005. C’est une très belle feuille de route pour nous tous. C’est cet état d’esprit que je m’assigne lorsque je dirige mes équipes, ou encore lorsque je siège au Conseil économique, social et environnemental de la principauté. Et puis, durant ces années sur le plan professionnel, j’ai eu la chance de développer l’envergure d’un établissement de renom sur la place monégasque, avant de prendre la tête de la Compagnie Monégasque de Banque (CMB), avec une ambition renouvelée, et surtout, une grande fierté.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

J’envisage la nouvelle décennie avec confiance et vigilance. Quand le monde évolue vite, il y a une multitude d’opportunités qu’il faut savoir anticiper puis saisir. Il faudra continuer de s’adapter aux mutations continues de nos métiers, dans un contexte de révolution digitale et technologique qui se poursuit. Nous avons la chance de pouvoir évoluer à Monaco et d’être au contact quotidien de grands professionnels du monde bancaire, pour accompagner des clients de tous horizons. Beaucoup de défis passionnants nous attendent, et il faudra les relever un à un, avec détermination et professionnalisme. Mais je ne suis pas inquiet. Monaco bénéficie d’une attractivité très forte, d’une stabilité politique, d’un haut niveau de sécurité, ainsi que de l’excellence de son pôle santé et de son système éducatif.

Hilde Haneuse Heye – Présidente de l’association des femmes chefs d’entreprises (Afcem)

Que retenez-vous des années 2010 ?

Si la principauté a gardé son identité spécifique durant cette décennie, le paysage a bien changé. De nombreux travaux d’urbanisme, d’aménagement et d’embellissement ont été entrepris. Si nécessaires, pour les résidents le prix à payer n’était pas toujours simple au quotidien : nuisance sonore, poussière, problèmes de circulation. La qualité de vie est une demande légitime et en parallèle une politique de transition énergétique-écologique a été menée intégrant citoyens et entreprises. En tant que présidente de l’association des femmes chefs d’entreprises j’ai souhaité sensibiliser les membres à cette démarche par une présentation du gouvernement. De la même manière nous avons suivi avec beaucoup d’intérêt la politique de transition numérique. La visite à MonacoTech, l’accélérateur des start-ups, nous a ravies, car de voir cette jeunesse se lancer dans l’entreprenariat était très rafraîchissant.

En quoi ces années 2010 vous ont changée et ont changé Monaco ?

Le décès de mon mari en mars 2010 était une véritable tragédie. Anéantis, mes trois enfants et moi avons dû apprendre à vivre avec son absence. Mon entreprise, puis la force de l’engagement m’ont permis d’avancer et, dès 2010, j’ai créé avec des amies formidables « Aux cœurs des mots », un concours d’écriture mondial dont l’objectif est d’intégrer la jeunesse dans le débat sur l’égalité des droits entre filles et garçons, aujourd’hui présent dans 55 pays. Les dernières années, Monaco a affirmé sa volonté de réduire les inégalités envers les femmes, dernièrement par la création d’un comité dédié.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

En conclusion, je dirais que tout changement nécessite du temps, mais on ne peut pas arrêter le cours des choses. Chose bien commencée est à demi achevée !

Laurent Puons – Directeur de Monaco Mediax

Que retenez-vous des années 2010 ?

Bien évidement s’agissant de la principauté, je ne peux manquer de relever les deux évènements majeurs qu’ont constitué le mariage du prince Albert II avec la princesse Charlene en 2011 et la naissance du prince héréditaire Jacques et de la princesse Gabriella en 2014. En ce qui me concerne, les années 2010 ont vraiment marqué une prise de conscience globale de la nécessité de prendre en compte les problèmes environnementaux à tous les niveaux de prise de décisions. Je suis particulièrement fier que notre souverain ait été précurseur dans ce domaine, et qu’il ait été depuis fort longtemps l’ambassadeur de la cause environnementale dans les plus hautes instances internationales. Monaco se positionne comme un exemple dans ce domaine, et je fais tout mon possible dans ma vie personnelle et professionnelle pour participer à cette urgence. J’ai été aussi particulièrement frappé par le problème humain que constitue l’afflux des migrants vers les cotes méditerranéennes, poussés par les conflits, et de plus en plus par des problèmes climatiques. Malheureusement, à ce jour, aucune réponse satisfaisante n’a été trouvée à cette crise humanitaire.

En quoi ces années 2010 vous ont changé et ont changé Monaco ?

Il n’y a rien de plus important à mes yeux que la préservation de notre planète. Notre responsabilité vis-à-vis des générations futures doit nous contraindre, ainsi que tous les gouvernants, à modifier profondément notre façon de vivre, à l’instar de notre souverain.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

Eu égard à la politique de grands travaux menée sous l’autorité de notre souverain et aux choix stratégiques qu’il a validés, je pense que Monaco va connaître une décennie prospère. S’agissant, vous l’aurez compris, de ma préoccupation majeure, je veux croire à une forte prise de conscience, suivie de décisions enfin déterminantes pour la préservation de notre planète. Décisions sans lesquelles je n’ose imaginer ce qu’il adviendra…

Yann-Antony Noghès – Journaliste et producteur

Que retenez-vous des années 2010 ?

On a compris deux choses essentielles dans les années 2010. La domination économique et idéologique de l’Occident n’était pas la fin de l’histoire, et, en continuant à brûler la chandelle par les deux bouts, on achèvera notre planète. Toutefois, dans ce contexte, l’explosion des réseaux sociaux a permis au moindre hurluberlu doté de deux pouces pour tweeter, d’être porté au pouvoir dans plusieurs pays par ceux qui veulent croire aux solutions de facilité. Cette décennie qui s’achève aura donc été marquée par la prise de conscience générale des réalités, mais pas tout à fait encore des vraies solutions : travailler et prendre ses responsabilités.

En quoi ces années 2010 vous ont changé et ont changé Monaco ?

Le développement des moyens de communication m’a permis de revenir vivre à Monaco avec ma famille, tout en restant en contact permanent avec les équipes de ma société de production à l’étranger. Avoir un pied bien ancré dans mon pays et l’autre au cœur de l’Europe, c’est pour moi la formule idéale. A Monaco, nous devons préserver notre modèle unique et nos valeurs, tout en restant aussi ouverts que possible sur le reste du monde pour nous épanouir.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

Nous sommes à un tournant majeur. Dans une génération, plus aucun pays européen ne fera partie du G8, le club des maîtres du monde. L’Africain moyen aura 25 ans, l’Américain moyen 35 ans, et l’Européen moyen 55 ans ! Les bombes économique et démographique sont amorcées. Nous avons encore notre destin en main, à condition d’agir à temps. Dans une génération, l’Europe pourra soit être la Silicon Valley du “green”, soit la maison de retraite du monde. La révolution copernicienne qui s’annonce autour de l’écologie pourrait tout changer. Dans ce contexte, il ne faut pas croire, et c’est mon ADN qui parle, qu’un monument comme le Grand Prix de Monaco est forcément éternel. Nous allons devoir nous battre pour le défendre et le faire évoluer. Nous devrons innover dans le respect de nos traditions, comme nous l’avons toujours fait. Nous avons la vision, les ressources et la détermination pour relever ce défi.

Sylvie Biancheri – Directrice du Grimaldi Forum

Que retenez-vous des années 2010 ?

Un climat géopolitique préoccupant, une accélération de l’hyperconnexion, un accroissement des catastrophes naturelles… Pour Monaco, je retiens le mariage du prince Albert II avec la princesse Charlène et la naissance de leurs enfants, le combat de notre souverain pour la cause environnementale, un pays préservé grâce à une stabilité certaine. Pour le Grimaldi Forum, c’est la consolidation de notre position de centre événementiel d’excellence en Europe, notre meilleur chiffre d’affaires depuis l’ouverture réalisé cette année, en augmentation de 20 % par rapport à 2018 ! C’est aussi l’évolution de notre bâtiment, une recherche permanente pour optimiser nos consommations dans le cadre de notre norme environnementale ISO 14 001 et, dans le domaine culturel, la mise en place d’une politique de vente de nos expositions à l’international.

En quoi ces années 2010 vous ont changée et ont changé Monaco ?

Dix ans de plus, c’est la même envie de créer, mais avec moins de temps. Je suis encore plus dans l’action… Dans les faits, je regrette les années 80. On était moins dans le contrôle, avec la traçabilité par exemple de nos faits et gestes sur Internet… Monaco a amorcé une phase de changements : des chantiers emblématiques, un plan d’action pour une accessibilité à Monaco facilitée, la “smart city”… Ceci est déterminant pour notre avenir tout comme la nécessité de préserver nos spécificités… On peut se réjouir des moyens mis en œuvre qui donnent une vision stratégique forte de Monaco à l’horizon de 10 ans.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

2020 est l’année des 20 ans du Grimaldi Forum, une belle façon de démarrer cette décennie ! 2020 verra également la création d’une terrasse de 600 m², et bientôt 6000 m² exploitables supplémentaires, grâce à une extension de notre bâtiment dans l’extension en mer. C’est pour nous une formidable opportunité. Nous sommes prêts à relever ce défi, et nous préparons par ailleurs les grandes expositions des trois prochaines années. Vous ne serez pas déçus !

Alexandre Rousseau – Directeur général délégué de la Société Générale Monaco

Que retenez-vous des années 2010 ?

Incontestablement, une profonde transformation du système bancaire et financier. Une évolution marquée par un événement majeur sans égal sur le plan international : la signature de l’accord multilatéral d’échange d’informations signé par 83 pays entre 2016 et 2019. Il était devenu urgent de protéger le système bancaire et financier, ainsi que les investisseurs et les épargnants et de maîtriser la gestion des flux de capitaux internationaux.

En quoi ces années 2010 vous ont changé et ont changé Monaco ?

Ces années ont radicalement changé mon approche du métier bancaire. Personnellement, je suis attaché à construire le développement commercial de nos activités par le conseil et l’accompagnement de nos clients sur les obligations réglementaires et de conformité. Ce qui peut paraître une contrainte pour certains, devient en fait un atout quand le sujet est maîtrisé. Pendant cette période, Monaco a su progressivement, mais avec détermination, renforcer son image de place internationale, sous l’impulsion de l’association monégasque des activités financières (Amaf), et le professionnalisme des équipes a été considérablement rehaussé.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

La prochaine décennie sera une période de défis pour les activités bancaires et financières, dans un environnement de taux très bas et une digitalisation grandissante. Les défis sociétaux et environnementaux seront autant d’opportunités pour nos métiers et nos équipes. Nous développons ainsi des modes de gestion et des fonds d’investissement socialement responsables. Nous devrions également être les premiers en principauté à déployer la signature électronique pour nos clients dès ce début d’année 2020.

David de Pariente – Associé chez Gordon Blair

Que retenez-vous des années 2010 ?

Les années 2010 sont celles de l’installation de notre établissement à Monaco et elles constituent donc un tournant majeur dans ma vie et celle de ma famille. Tous les matins, je me demande pourquoi je n’ai pas fait ce choix avant, même si je ne regrette pas l’expérience que j’ai pu acquérir lors des 25 ans de vie professionnelle que j’ai passés à l’étranger.

En quoi ces années 2010 vous ont changé et ont changé Monaco ?

Le changement dans la continuité. Cette formule du président Georges Pompidou (1911-1974) me plaît beaucoup et je la trouve parfaitement appropriée à Monaco. Quel pays mieux que la principauté a su s’adapter aux changements induits par la mondialisation, de l’économie notamment, tout en affirmant la solidité de ses institutions ? Monaco n’est plus considéré comme un paradis fiscal et dispose d’un modèle de développement économique qui respecte les exigences internationales en matière de transparence fiscale et d’équité, prônées par l’OCDE. Cela change tout. Les services de “compliance” [de « conformité » pour s’assurer du s’assurer du respect des règles établies au sein des établissements financiers — N.D.L.R.] des banques sont aujourd’hui plus exigeants à Monaco que dans bien d’autres pays, même voisins. La typologie des nouveaux résidents a également changé dans les années 2010. Monaco voit arriver une population du monde entier de plus en plus jeune et active au plan professionnel. Cela est précieux pour le tissu économique du pays, mais nécessite de continuer à déployer de constants efforts, pour que ces personnes ne soient pas de simples résidents, mais installent ici réellement le centre de leurs activités, économique et décisionnel. Cela signifie que tous les acteurs monégasques doivent continuellement renforcer leur propre niveau d’exigence, afin que l’ensemble des résidents trouvent en principauté un cadre professionnel aussi attractif que le cadre de vie.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

J’envisage toujours la vie de façon positive et je n’envisage pas de changer à cet égard. Alors, je ne doute pas que les années 2020 vont être passionnantes.

Béatrice Fresko-Rolfo – Élue Horizon Monaco (HM) au Conseil national

Que retenez-vous des années 2010 ?

Je pense tout d’abord aux attaques terroristes, notamment Charlie Hebdo, le Bataclan et le 14 juillet 2016, à Nice. J’ai été profondément bouleversée par ces évènements. Mais les années 2010, c’est aussi la prise de conscience du réchauffement climatique et de ses conséquences sur l’avenir de nos enfants. Plus joyeusement, j’évoquerai le mariage de notre souverain avec la princesse Charlène et la naissance de leurs magnifiques enfants.

En quoi ces années 2010 vous ont changée et ont changé Monaco ?

Ces années marquent mon entrée dans la vie politique, avec ses satisfactions et ses déceptions. C’est aussi un plus grand engagement personnel dans la vie associative, notamment au sein de l’œuvre de Sœur Marie. C’est le début de mes actions en faveur des droits des femmes, avec notamment l’initiative de la première campagne d’affichage contre les violences faites aux femmes, des prises de parole pour l’égalité salariale et d’autres actions peut être plus officieuses. C’est aussi deux rapports présentés au Conseil de l’Europe, qui traitaient de sujets difficiles, et qui ne m’ont pas laissée intacte.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

Il va falloir continuer à avancer sur des sujets majeurs. Je crois que les événements récents que sont les incendies dévastateurs et les inondations meurtrières vont nous amener à prioriser la lutte pour la préservation de l’environnement. Les actions de notre souverain dans ce domaine sont un exemple pour nous tous. A nous de ne pas hésiter à modifier nos « mauvaises » habitudes.

Jean-Louis Grinda – Élu Union Monégasque (UM) au Conseil national

Que retenez-vous des années 2010 ?

Pêle-mêle, l’hyper connectivité du monde, la montée du terrorisme sur tous les continents, et en matière environnementale la COP21 à Paris en 2016, à laquelle j’ai eu l’honneur d’accompagner le prince alors que j’étais président de la commission environnement au Conseil national. Ce fut pour moi une véritable prise de conscience. Je retiens également, plus personnellement, la création des Musiciens du prince, dont le succès est mondial.

En quoi ces années 2010 vous ont changé et ont changé Monaco ?

Sur le plan personnel, mes deux élections au Conseil national, en 2013 et 2018, et l’honneur de servir mes compatriotes, tout en ayant clairement exposé mes convictions. Sur le plan professionnel, c’est la décennie où l’opéra de Monte-Carlo a véritablement éclaté au niveau international, sans que cela coûte 1 euro à la collectivité. Pour la principauté, le mariage du prince Albert avec la princesse Charlène, et la naissance de leurs enfants, Jacques et Gabriella, ont été des moment forts et importants. Moins enthousiasmant, je retiens aussi la politique de grands travaux menée par le gouvernement de manière quelque peu erratique ces dix dernières années. Il est grand temps de remettre l’humain au centre de notre projet politique.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

Ce sera la décennie du changement climatique pour lequel, hélas, je ne suis pas optimiste, surtout lorsque je songe aux migrations massives, notamment en Afrique, qui ne peuvent être contrôlées. Le populisme et le repli sur soi restent sur ce sujet les plus mauvaises réponses. Les citoyens doivent aussi prendre conscience qu’il faudra mettre des barrières à l’invasion des technologies de plus en plus intrusives dans nos vies. Il en va de la préservation de nos libertés individuelles. Plus positivement, je crois dans les progrès de la médecine qui vont nous permettre de vivre plus longtemps (mais avec les contraintes qui vont avec), et surtout de sauver toujours plus d’enfants et de jeunes adultes. Pour Monaco, il va impérativement falloir maîtriser notre croissance et adapter nos ambitions à ce que nous sommes.

Didier Linotte – Président du tribunal suprême

Que retenez-vous des années 2010 ?

A la suite des conventions signées et ratifiées avec le Conseil de l’Europe, puis avec la France, Monaco va inscrire sa véritable entrée dans son environnement européen. Il en résultera une affirmation sur la scène internationale de la principauté en tant qu’Etat souverain. Les nouvelles conventions de 2005 avec la France augmentent les pouvoirs de choix du souverain sur son gouvernement et son administration. En contrepartie, des contraintes nouvelles, notamment de transparence et d’échanges des données, vont exiger de Monaco un effort croissant de coopération avec son entourage et de modernisation des procédures, notamment dans les domaines bancaires et financiers. Les années 2010 seront principalement consacrées à la mise en œuvre des transformations exigées par cette intégration progressive.

En quoi ces années 2010 vous ont changé et ont changé Monaco ?

Ce changement de dimension coïncide, à Monaco, avec un changement de règne. Après le décès du prince Rainier, c’est le prince souverain Albert II qui va assumer le destin de l’Etat. C’est un souverain moderniste et, en harmonie avec son temps, qui aura en charge de conduire le changement. Ces années 2010 verront la dynastie s’asseoir, par le mariage en 2011, puis par la naissance des enfants en 2014. Le prince souverain avait affirmé dès sa montée sur le trône maintenir la continuité de Monaco par le développement économique, l’attractivité mondiale et l’équilibre social mais aussi les objectifs intransigeants de protection de l’environnement, de modernisation de l’Etat et de garantie de l’Etat de droit, du dialogue démocratique et d’indépendance de la justice. La décennie 2010-2019, verra ainsi se développer, avec les institutions du Conseil de l’Europe (Greco, commission de Venise, etc…), les pouvoirs d’action de la CCIN s’agissant de la protection des données, l’apparition en 2013 du haut commissariat à la protection des droits et des libertés, et de nombreuses réformes du tribunal suprême en 2015 et en 2019, qui le placent, parmi les grandes cours constitutionnelles d’Europe dotée des instruments dignes de son héritage de première institution mondiale. A titre personnel, j’ai participé pleinement à ce mouvement, car j’ai été nommé membre du tribunal en 2010, puis président en 2012. Dans ma carrière, j’ai pratiqué le droit, d’abord à l’administration centrale du ministère français de l’intérieur, en cabinet ministériel, en université et enfin haut fonctionnaire territorial, ancien recteur d’académie. Mais je l’ai surtout enseigné en tant que professeur agrégé des facultés de droit et pratiqué en tant qu’avocat, en France et à Londres. Aujourd’hui magistrat, je mesure l’importance cruciale de cette tâche et sa difficulté. Si le professeur dit ce qu’il pense et l’avocat ce qu’il veut, le magistrat écrit ce qu’il doit, et c’est beaucoup plus compliqué. Par ailleurs, la collégialité est un élément indispensable d’une bonne justice.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

Les années 2020 devront parachever l’évolution amorcée dans la décennie précédente, qui est loin d’être terminée. La modernisation de l’Etat devra se poursuivre. En intégrant au surplus les contraintes de l’environnement international, du changement climatique et de la démographie. Le respect de l’Etat de droit, l’indépendance, mais aussi l’autorité de la justice constitueront une pierre d’angle de l’équilibre et du pacte social. Mais, heureusement, à Monaco et au dehors, le tribunal suprême et ses décisions sont toujours respectées et exécutées. Comme c’est la règle dans les Etats développés modernes, où accuser l’arbitre est une marque d’archaïsme.

Stéphanie Mourou-Vikström – Juge à la Cour européenne des droits de l’Homme

Que retenez-vous des années 2010 ?

Pour la cour, la décennie 2010 fut le témoin de « premières fois ». Première saisine d’une procédure en manquement contre un État ne s’étant pas conformé à un arrêt de la cour, avec l’affaire Mammadov contre l’Azerbaïdjan. Premier avis consultatif sollicité par la cour de cassation française concernant l’obligation de retranscription de l’acte de naissance d’un enfant né à l’étranger d’une gestation pour autrui. La décennie 2010 fut aussi celle de la continuité et des prises de position sur des questions de société objets d’ardents débats publics. La cour s’est prononcée à plusieurs reprises dans la tourmente de l’affaire Vincent Lambert. Elle s’est penchée sur la question du port de signe religieux à l’audience dans les affaires Hamidovic contre la Bosnie-Herzégovine et Lachiri contre la Belgique. Elle a ciselé a contrario la notion de donneur d’alerte dans l’affaire Medžlis Islamske Zajednice Brcko contre la Bosnie-Herzégovine. Enfin, le phénomène migratoire a donné lieu à des arrêts fondamentaux.

En quoi ces années 2010 vous ont changée et ont changé Monaco ?

À titre personnel, le changement fut mon expatriation en terre d’Alsace. Une fois le choc thermique, et, à certains égards, culturel amorti, le changement professionnel m’est apparu dans toute sa vivacité et toute sa richesse. Pour les 47 juges à la cour, les droits de l’homme se conçoivent comme une transcendance commune ; elle trouve racine dans le texte de la convention et se déploie dans une jurisprudence foisonnante et construite. Monaco est considéré comme un État “convention-friendly” : point de bouleversement perçu dans son rapport à la convention, mais des avancées conformes aux attentes de la cour.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

En m’inspirant d’Henri Lacordaire (1802-1861), je dirai que si nos souvenirs sont dans le passé, et nos devoirs dans le présent, il reste à l’avenir nos espérances. En matière de droits humains, elles ne peuvent se réduire à des vœux ; elles relèvent de la nécessité, de l’urgence. Puisse la cour continuer à accompagner leur concrétisation.

Régis Bergonzi – Bâtonnier de l’ordre des avocats du barreau de Monaco

Que retenez-vous des années 2010 ?

Un dynamisme économique local enviable et solide. Mais les drames sont à déplorer : le fléau du terrorisme, le retour des nationalismes, la progression des inégalités dans le monde et la fragilité des systèmes financiers. Au final, vivre ou travailler à Monaco demeure une bénédiction.

En quoi ces années 2010 vous ont changé et ont changé Monaco ?

Pour Monaco, le plus édifiant est que notre prospérité et nos équilibres n’ont justement pas changé en dépit de ces difficultés. Notre hymne proclame fièrement qu’avec l’aide de Dieu « personne ne pourra nous faire changer ». A certains égards, cela s’est vérifié. A mon modeste niveau, 2009 avait été pour moi synonyme de douleur découlant de la perte de mon père, emporté par le cancer. Toutefois, les années 2010 ont vu naître nos trois merveilleux enfants. Cette période correspond aussi à dix années de visites, pour le Conseil de l’Europe, dans les lieux de privation de liberté à multiplier les entretiens avec des indépendantistes régionaux, des malades psychiatriques, des SDF, des terroristes, et tout un monde qui m’était étranger.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

A Monaco, notre monarchie constitue un rempart contre les excès du populisme. Cependant beaucoup dépendra de l’accord d’association actuellement négocié avec l’Europe. L’enjeu est que nos enfants puissent continuer à travailler dans le secteur privé. Je suis confiant pour les confrères de l’ordre devenus des partenaires privilégiés des acteurs économiques du secteur privé. Pour être représentant de l’union internationale des avocats, je me félicite de la qualité de leurs prestations qui les place au niveau des plus hauts standards internationaux. Enfin, à titre personnel, je vois l’avenir sous les meilleurs auspices, et avec sérénité. Ma famille, mes amis et mon équipe me comblent. Mes prochains défis professionnels m’enthousiasment.

Jérôme Froissart – Président de l’Amade Mondiale

Que retenez-vous des années 2010 ?

Je me rappelle que nous avions débuté ce millénaire par une crainte, celle d’un “bug”… Le “bug” informatique tant attendu n’a pas eu lieu, mais ces dernières années nous ont tout de même réservé quelques surprises. Nous avons vécu un certain nombre de ruptures : politiques, sociales, économiques, environnementales… Alors que l’Europe connaît la paix depuis la seconde guerre mondiale, nous sommes en guerre contre un ennemi invisible. Alors que l’Occident occupait une place centrale dans le monde, les cartes ont été redistribuées. Alors que nous avions toute confiance dans le progrès technologique, on le craint à présent. Nous nous fions a la main invisible du marché, on se demande a présent ou elle nous mène, quelle sera la prochaine bulle. Malgré cela, au-delà de notre prisme, force est de constater que le monde a fait de grands progrès en termes de développement cette dernière décennie, notamment en Asie, avec une forte diminution de la pauvreté, une augmentation significative de la classe moyenne. L’espérance de vie a augmenté, le taux de mortalité infantile a diminué. Un facteur marquant reste cependant les niveaux d’inégalités qui ne font que croître, et ce milliard d’individus qui stagnent toujours dans l’extrême pauvreté, alors que certains rêvent déjà de conquérir Mars.

En quoi ces années 2010 vous ont changé et ont changé Monaco ?

Voila 10 ans je suis devenu papa et cela change radicalement une vie ! Hormis cela, j’ai eu la chance de parcourir le monde à la rencontre de ces familles vivant dans l’extrême pauvreté, de ces enfants que l’on ne souhaite pas voir, de me rendre dans des zones de conflit, des prisons, des camps de réfugiés, des régions ravagées par des catastrophes naturelles… J’y ai rencontré quelques âmes sombres, mais essentiellement des personnes dignes, inspirantes, engagées, vivantes… Que de leçons apprises à leurs côtés… J’ai eu la chance de faire le grand écart entre les deux extrêmes, et cela m’a fait prendre conscience de ce qui nous fait Homme, à Bamako ou à Monte Carlo ! Et je peux dire que cette petite expérience, contrairement à ce que l’on pourrait croire, a fait de moi un optimiste que je qualifierais de « réaliste ». J’ai également compris que la plus grande des richesses était la liberté. En 10 ans, notre principauté, havre de stabilité et de sécurité dans ce monde en forte mutation a su préserver son modèle, modèle reposant sur son souverain. Monaco n’est cependant pas a l’abri des menaces actuelles et futures, et il ne faut certainement pas tomber dans l’auto-satisfaction, mais au contraire, prendre mieux conscience de nos atouts et les développer en investissant notamment dans notre jeunesse.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

Je pense que nous allons vivre des moments forts intéressants. L’homme agit sous contrainte lorsqu’il y a urgence, et nous y arrivons. Lorsque l’on prendra conscience que la principale espèce menacée par les changements climatiques est l’espèce humaine, nous agirons. Cependant le temps du climat n’étant pas celui des Hommes, il n’est pas certain que nous y survivions… Nous sommes en quête d’un nouveau sens à donner à notre destin commun, capable de nous fédérer. Sauver notre Terre, faute de pouvoir coloniser Mars tout de suite, peut être une belle opportunité pour se faire. Je crains sinon la fuite en avant, la montée des populismes, de l’obscurantisme, le creusement des inégalités, avec l’apparition d’une nouvelle catégorie d’hommes, ceux des hommes augmentés. Des hommes ayant accès aux derniers progrès technologiques, capables d’augmenter leurs capacités intellectuelles, physiques, leur espérance de vie… Pendant que certains n’auront toujours pas accès a l’électricité. Il nous faudra ainsi devenir maître de nos technologies. L’intelligence artificielle, par exemple, n’est, par nature, ni bonne ou mauvaise, tout dépend de son utilisation. Face aux nouvelles opportunités offertes par la technologie, l’éthique occupera une place de plus en plus importante dans nos sociétés.

Frédéric Platini – Secrétaire général de la Croix rouge monégasque

Que retenez-vous des années 2010 ?

Après une dizaine d’années passées au sein de l’administration monégasque, j’ai rejoint depuis 2010 le secteur privé monégasque pour relever de nouveaux défis. Je reste cependant toujours très ancré à Monaco, et j’assure depuis 2014 la fonction de secrétaire général de la Croix Rouge monégasque, tâche que j’effectue de manière bénévole, comme tous les autres membres de notre conseil d’administration.

En quoi ces années 2010 vous ont changé et ont changé Monaco ?

Sous l’impulsion du prince Albert II, Monaco s’est résolument tourné vers l’international et la modernité, avec un réel engagement dans le secteur de la transition écologique. Cela est également le cas pour le secteur privé monégasque et les entreprises dans lesquelles j’évolue, pour qui ces thématiques font partie intégrante des stratégies de développement et sont désormais traitées comme des opportunités et non plus comme des contraintes.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

Dans le secteur dans lequel j’évolue, c’est-à-dire l’infrastructure et la logistique, la décennie à venir réserve beaucoup d’opportunités. La réactivité et l’anticipation seront clés pour assurer notre réussite et la poursuite de notre expansion. La stabilité de la place monégasque est un atout essentiel, et les efforts qui sont engagés par Monaco, notamment pour accompagner la révolution numérique, sont très positifs et permettent d’aborder l’avenir avec sérénité.

Hervé Aeschbach – Coordinateur Fight Aids Monaco

Que retenez-vous des années 2010 ?

La Maison de vie et le Test in the city ont auguré la décennie. Ces nouveautés répondent au paradigme de la prévention, informer, dépister, soigner. Les concepts I=I (affirmer qu’une personne vih+, suivie médicalement, ne transmet pas le virus) et Prep (moyen d’éviter au vih de se fixer et se développer) sont passés de la frilosité à la réalité.

En quoi ces années 2010 vous ont changé et ont changé Monaco ?

Que des personnes puissent encore être exclues sur des jugements moraux me révolte : mise à l’écart d’une équipe ou non renouvellement de contrat, sur de malsaines rumeurs ou rejets de la différence. Cette vindicte populaire me confirme l’urgence d’accueillir l’autre avec bienveillance, non jugement, pour éviter indifférence et solitude. La montée de l’extrémisme avec opinions étroites et étouffantes m’effraie et me pousse à défendre valeurs humanistes et égalitaires. Je garde confiance en l’être humain lorsque derrière l’engagement de notre Présidente s’affirme la constance de nos équipes. Je vois aussi la législation évoluer pour reconnaître les différences et défendre les plus faibles. La création d’un comité pour l’égalité tient en éveil nos consciences sur équité et non-violence, entre adultes et face à nos enfants.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

La croissance du nombre d’associations à Monaco est-elle prise de conscience et générosité accrue ou répond-elle au besoin criant des plus vulnérables ? Le monde souffre : les maltraitances que subit notre planète sont concomitantes à celles d’hommes entre eux. Notre défi est environnemental et humain, c’est par nos consciences et actes personnels que nous aiderons « ce » et ceux qui en ont grandement besoin.

Denis Maccario – Président de la fondation Flavien

Que retenez-vous des années 2010 ?

Des années « explosives » en ce qui me concerne : à l’aube de la quarantaine, étant né en 1970, la vie m’a mis sur une route longue ressemblant à un long tunnel. Quarante ans en 2010 et on m’annonce un cancer du cerveau métastasé à mon cadet. D’un combat d’une vie pour la vie qui a été perdu, a jailli une suite qui va durer le restant de mes jours. Une promesse à tenir. Ce qui m’emmène à changer de cap de vie et de résolutions. Devenir « capitaine de ma vie ».

En quoi ces années 2010 vous ont changé et ont changé Monaco ?

Avoir convaincu les dirigeants de la principauté d’agir à mes côtés est une satisfaction mesurable. On ne voit plus la couleur orange comme une simple couleur, mais comme celle d’un combat contre les fléaux qui attaquent nos enfants. En 2020, un cap sera franchi. De mon engagement à nos actes futurs, de nouvelles directions seront prises. Des avancées qui pourront, je l’espère, sauver des vies d’enfants. J’y crois.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

J’invite la population qui souhaite s’engager, à préserver le capital santé des enfants avec nous, et à nous soutenir dans nos démarches, afin d’avoir une recherche médicale valorisée à la hauteur des combats menés par les petits guerriers et leurs familles. Que la force soit avec les enfants.

Francien Giraudi – Présidente des Enfants de Frankie

Que retenez-vous des années 2010 ?

Monaco est une ville-Etat ouverte sur le monde, avec un grand nombre de nationalités différentes qui cohabitent en toute tranquillité sécuritaire, grâce à une discipline sans relâche. Depuis ces 10 dernières années, Monaco a su rester discrète, mais performante, avec une stratégie de développement économique hors norme et aux normes : des entreprises innovantes, une adaptation du numérique à l’échelle mondiale et un engouement particulier, dont nous sommes fiers, pour la protection de l’environnement.

En quoi ces années 2010 vous ont changée et ont changé Monaco ?

Nous sommes devenus plus dynamiques, plus jeunes, laissant place à un développement culturel et social plus soutenu et engagé.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

Nous espérons acquérir plus d’expérience et contribuer à une principauté où les jeunes ont leur place à bâtir, un monde de paix plus juste et solidaire. Un pays où il fait bon vivre.

Jean-Philippe Muller – Directeur général de l’International University of Monaco

Que retenez-vous des années 2010 ?

Sociétalement, je retiendrai le développement extraordinaire des smartphones au niveau mondial et la globalisation du digital qui ont changé le rapport aux autres et au réel, notamment à travers les réseaux sociaux. Economiquement et humainement, la crise traversée reste un élément majeur de la décennie, tout comme certains événements tragiques tels que le tremblement de terre en Haiti et la marée noire dans le golfe du Mexique en 2010, ou encore la catastrophe de Fukushima en 2011. Sur une note positive, à Monaco deux beaux événements resteront dans l’histoire : le mariage du prince Albert II avec la princesse Charlène en 2011 et la naissance du prince héréditaire Jacques et de la princesse Gabriella en 2014.

En quoi ces années 2010 vous ont changé et ont changé Monaco ?

J’ai pris la direction de l’International University of Monaco (IUM) fin 2012 et ces dernières années ont façonné ma vision de Monaco. J’ai trouvé ici un écosystème très porteur pour développer une école qui accueille des jeunes du monde entier en leur permettant de confronter les théories des cours à la réalité de la vie professionnelle. Pour Monaco, globalement, j’ai constaté les transformations engagées au niveau de l’urbanisme et le développement de nombreux projets pour la transition numérique et écologique.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

L’année 2020 verra l’achèvement du plan stratégique esquissé pour IUM en 2017. La prochaine décennie sera celle de la concrétisation. Nous espérons de belles réussites, à commencer par l’obtention de l’accréditation Association to advance collegiate schools of business (AACSB) [un label qui permet de garantir le niveau et la qualité d’une école de commerce — N.D.L.R.] qui nous permettra d’accroître notre reconnaissance et notre visibilité. Plus globalement, je pense qu’après la suprématie digitale viendra le temps de l’équilibre et du recentrage de la société sur l’humain. La prochaine décennie sera celle de la prise de conscience réelle pour intégrer écologie et développement durable au cœur de nos vies.

Robert Calcagno – Directeur général de l’Institut océanographique, fondation Albert Ier, prince de Monaco

Que retenez-vous des années 2010 ?

Je retiens les premières années de la fondation prince Albert  II de Monaco [créée en 2006 — N.D.L.R.] et son formidable développement, ainsi qu’un renouveau de l’institut océanographique à l’occasion du centenaire du musée, qui a été l’occasion de réaffirmer notre mission de médiation. Ces deux dynamiques concomitantes ont constitué une étape essentielle dans le positionnement de Monaco sur la scène environnementale internationale. C’est aujourd’hui toute une équipe engagée pour l’océan, avec le gouvernement princier, le Centre Scientifique de Monaco (CSM), le Yacht Club de Monaco notamment, qui s’est cristallisée autour du prince Albert II en mutualisant les savoir-faire, les moyens et les réseaux dans un effort collectif. De multiples initiatives participent à cette dynamique. Je pense notamment au lancement de la Monaco Blue Initiative en 2010, un “think tank” [un groupe de réflexion — N.D.L.R.] abordant les défis mondiaux de la gestion et de la conservation de l’océan, dont la 11ème édition se déroulera les 22 et 23 mars 2020. Depuis trois ans, elle est étendue à la Monaco Ocean Week. Mais aussi les explorations de Monaco qui viennent en appui depuis 2017 aux institutions existantes, avec des missions internationales qui articulent recherche scientifique, médiation auprès des publics et coopération gouvernementale.

En quoi ces années 2010 vous ont changé et ont changé Monaco ?

C’est pendant cette décennie que Monaco a affirmé sa place de « capitale mondiale de l’océan » grâce au “leadership” international et incontesté du prince Albert II. Cette capacité de rassemblement, d’influence et d’entraînement est l’une des caractéristiques fortes de la principauté, un “soft-power” qu’elle exerce largement au-delà de sa taille et de sa puissance économique. D’un point de vue plus personnel, j’ai l’immense honneur, depuis presque 10  ans, d’accompagner l’institut océanographique dans sa mission de « faire connaître, aimer et protéger les océans ». Cette mission, bien différente de mes responsabilités publiques précédentes ou de chef d’entreprise, m’apprend toujours beaucoup sur les humains et autres animaux.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

Avec un regard positif et engagé, mais aussi un sens du devoir.

Géraldine Gallo-Motillon – Présidente de l’association des enfants du pays

Que retenez-vous des années 2010 ?

Plusieurs dates ont marqué Monaco, les Monégasques, les enfants du pays et les résidents dans les dix dernières années. Il y a eu le mariage princier en juillet 2011, les naissances du prince Jacques et de la princesse Gabriella en décembre 2014, et puis leur présentation officielle le 7 janvier 2015. Je me souviens de cette date car nous sommes passés de la liesse à l’horreur en apprenant les attentats à Paris. Pour les enfants du pays, une date marquante est celle du 11 avril 2014, avec la décision du conseil d’Etat qui, dans son arrêt, a jugé que les personnes de nationalité française qui ont constamment résidé à Monaco depuis leur naissance et qui, de fait, n’ont jamais transféré leur domicile à Monaco, ne sont pas assujetties en France à l’impôt sur le revenu. Cet arrêt a mis non seulement un terme à l’imposition des Français de Monaco enfants du pays, mais il a conforté, en outre, l’indépendance de la principauté, en lui rendant une souveraineté fiscale sur une partie de ses habitants. Il a été une bouffée d’oxygène pour les Français de Monaco, dont le nombre ne cessait de décliner. Il est le résultat de cinq années de dur combat judiciaire suite à la première victoire de Sébastien Boffa et de Me Fontana en 2009. Je retiendrai aussi, la date du 24 octobre 2017 avec la proposition de loi n° 231 définissant la notion d’enfants du pays, qui visait à établir des bases solides pour d’éventuelles discussions à venir, et se voulait une première pierre à l’édifice. Malheureusement le projet de loi n° 993 qui a suivi n’est qu’une coquille vide, sans avancée. Il ne fait que reconnaître notre « contribution » au développement de Monaco, ce qui équivaut à dire, une fois décrypté, que le gouvernement n’a pas souhaité donner un statut aux enfants du pays. Il a balayé d’un revers de main notre présence séculaire, et notre attachement viscéral. Il ne reconnaît que les « Monégasques » d’un côté et les « étrangers » de l’autre. Il a agité le spectre d’une censure constitutionnelle ou internationale pour tenter d’expliquer son refus de nous définir et donc, par là-même, de chiffrer le nombre d’enfants du pays présents. Enfin, j’évoquerai pour 2018-2019, la proposition de loi n° 239 relative à la sauvegarde du secteur protégé et, dernièrement, la demande du Conseil national pour quelques appartements d’urgence.

En quoi ces années 2010 vous ont changée et ont changé Monaco ?

Ces années 2010 ont été porteuses d’espoir. Au final une belle victoire, la fin de l’imposition, et beaucoup de pas en arrière quant aux actions réelles et concrètes pour notre maintien. Le projet Ida, acheté au départ pour les enfants du pays, n’en accueillera aucun et ce, en dépit des promesses, engagements et courriers.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

En 2022, de nouveaux bâtiments domaniaux sortiront de terre. Certains Monégasques libèreront-ils des appartements du secteur protégé ? Nous aurons bientôt la réponse. Si Monaco veut vraiment conserver les enfants du pays, il va falloir faire preuve de courage et de volonté réelle. Les belles paroles, les promesses non suivies d’actes concrets et concrétisés ne servent à rien, à part donner bonne conscience ou bonne image à ceux qui les prononcent. Assisterons-nous au délitement de l’identité de Monaco, avec le départ des enfants du pays remplacés par des résidents fantômes, ou Monaco va t-elle enfin avoir des actes concrets pour notre maintien dans la décennie à venir ? L’avenir nous le dira.

Jean-Christophe Maillot – Directeur des ballets de Monte-Carlo

Que retenez-vous des années 2010 ?

2010 a marqué la fin de la célébration du centenaire des ballets russes à Monaco. Cet événement est particulier dans l’histoire de la principauté. Au cours de cette manifestation qui a duré plus d’un an et vu des centaines d’artistes internationaux converger vers le Rocher, toutes les institutions culturelles et administratives ont travaillé ensemble, d’une manière inédite, pour offrir au public une manifestation qui a véritablement marqué les esprits.

En quoi ces années 2010 vous ont changé et ont changé Monaco ?

Au terme de ce centenaire, nous avons senti le besoin de pérenniser cette manière de « faire de l’art » propre à Monaco et d’unifier nos énergies. La compagnie des ballets de Monte-Carlo, le Monaco Dance Forum (MDF) et l’académie princesse Grace ont ainsi décidé de ne former plus qu’une seule entité, présidée par la princesse de Hanovre qui m’a fait l’honneur de m’en proposer la direction. Forcément, lorsque vous vous retrouvez à la tête d’une telle structure, de nouvelles possibilités s’offrent à vous et stimulent votre créativité.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

Dans le prolongement de ce que nous avons accompli, c’est-à-dire en développant les trois axes qui forment désormais l’ADN des ballets de Monte-Carlo : créer, former et diffuser. Mais ce ne sont que des principes généraux qui, dans leur mise en œuvre, peuvent prendre des formes très diverses, voire inattendues, à l’image de l’ambitieuse F(ê)aites de la Danse ! dont la réalisation ne peut se faire, là encore, qu’à travers un partenariat réussi. Il est vital pour moi de me laisser surprendre par le quotidien, de faire bon accueil à l’imprévu, de découvrir de nouveaux acteurs culturels et de voir émerger des projets inédits. Je peux donc essayer d’envisager les dix prochains mois, mais sûrement pas les dix prochaines années.

Cecilia Bartoli – Directrice artistique des musiciens du prince

Que retenez-vous des années 2010 ?

Au niveau personnel, j’ai eu le privilège de poursuivre quelques projets artistiques extraordinaires. Entre autres, je me rappelle de la production de Norma, un début pour moi très important. En 2016, nous avons pu présenter cette nouvelle vision de ce chef-d’œuvre de Vincenzo Bellini (1801-1835) au public de Monaco, dans la salle Garnier. Une autre production qui me reste en mémoire est celle de l’opéra Ariodante de Georg Friedrich Haendel (1685-1759), offerte au public de Monaco en février 2019.

En quoi ces années 2010 vous ont changée et ont changé Monaco ?

En 2016, ensemble avec mon ami Jean-Louis Grinda, nous avons créé l’orchestre les musiciens du prince-Monaco. Cet ensemble spécialisé en instruments d’époque est très vite devenu un magnifique orchestre acclamé dans les meilleures salles de concert de toute l’Europe : du Musikverein à Vienne, à la Philharmonie de Paris, en passant par Amsterdam, Berlin, Hambourg, Munich, Naples, et le festival de Salzbourg. Les musiciens du prince-Monaco, sont ainsi devenus de formidables ambassadeurs pour la principauté, et avec leur message d’excellence et passion, ils font rayonner le nom de Monaco dans le monde entier.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

Je viens d’être nommée directrice de l’opéra de Monte-Carlo à partir du 1er janvier 2023. C’est avec un grand élan et une grande joie que je me mets à préparer les premières saisons. Je vais essayer de maintenir le grand niveau de qualité de Jean-Louis Grinda, mon prédécesseur. Et qui sait, peut-être, je réussirai aussi à programmer quelques surprises pour le public de l’opéra de Monte-Carlo…

Marc Monnet – Directeur du Printemps des Arts

Que retenez-vous des années 2010 ?

Ce fut un bilan impressionnant d’invitation d’orchestres, de chefs d’orchestres de renommées internationales, de solistes, et de projets originaux. Notre festival a atteint une belle vitesse de croisière. Il y a eu des portraits diversifiés de compositeurs (Kagel, Ives, Berlioz, Mahler, Bach, Bruckner, Schumann, Brahms, Sibelius, Scriabine, Bartók, Lachenmann, Stockhausen, Haydn, etc…), et la création du Monaco Music Forum. Nous avons donné l’unique opéra pour marionnettes de Haydn, un week-end Japon avec toutes les cérémonies, les concerts hors les murs, le voyage surprise, les journées des conservatoires, le 30ème anniversaire du festival avec la publication d’un livre édité par Acte Sud… Il y a eu l’invitation de très nombreux artistes exceptionnels : d’Hélène Grimaud à Julian Rachlin, ou Arcadi Volodos, et les plus grands chefs : de Jonathan Nott à Daniel Harding, en passant par Herbert Blomstedt ou Valery Gergiev. Et des invitations exceptionnelles d’orchestres, comme le Tonhalle Orchester Zürich, la Sächsische Staatskapelle Dresden, le London Symphony Orchestra, l’orchestre du théâtre Mariinsky, ou encore le BBC Symphony Orchestra… La diversité a été très importante avec la venue de musiques et de danses extra-européennes, des Derviches Tourneurs au Ballet Royal du Cambodge. Nous avons initié de nombreuses créations, allant de François Bayle à Betsy Jolas : 64 commandes au total !

En quoi ces années 2010 vous ont changé et ont changé Monaco ?

Je crois que le festival a donné une image novatrice de la principauté, avec une qualité artistique incontestée. Nous avons aussi collaboré de façon étroite avec l’orchestre philharmonique de Monte-Carlo (OPMC), les ballets de Monte-Carlo et l’académie de musique de façon intense grâce à son directeur. Nous avons aussi relancé les commandes d’œuvres en principauté aux artistes vivants.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

Grâce au soutien permanent de la princesse de Hanovre, notre présidente, nous avons connu jusqu’à ce jour une grande liberté de programmation et d’action. Je souhaite que cette politique intelligente continue, ce qui nous donne l’énergie et l’envie de nous investir !

Anthea Sogno – Directrice du théâtre des Muses

Que retenez-vous des années 2010 ?

Quelle aventure ! « Comme elles ne savaient pas que c’était impossible, elles l’ont fait ! ». Oui, s’il nous a fallu une sacrée dose de courage pour nous lancer dans la folle transformation d’une ancienne boulangerie et de son fournil en théâtre. Nous savons aujourd’hui qu’il fallait autant d’inconscience pour imaginer, lancer et faire vivre un théâtre sur le long terme.

En quoi ces années 2010 vous ont changée et ont changé Monaco ?

La création des Muses et la conquête d’un public extraordinaire, dont la réputation n’est maintenant plus à faire auprès des artistes parisiens, ont fait de la comédienne parisienne et chef de compagnie que j’étais depuis vingt ans, une directrice hors-normes, aussi passionnée qu’acharnée pour défendre ce théâtre unique au monde, qui reflète parfaitement l’excellence et l’éclectisme de la culture en principauté. Etre comédienne nécessite une bonne dose d’égocentrisme, nécessaire pour devenir le prisme à travers lequel s’exprime l’héroïne qu’on vient voir sur scène. Monter, créer, interpréter ses propres spectacles demande de se concentrer sur ses sensations et émotions afin de pouvoir les reproduire à volonté : disponibilité et écoute de soi pour gagner en justesse, clarté et précision pour exprimer les sentiments du personnage à incarner. A contrario, diriger un lieu demande l’oubli de soi-même au service des artistes et de leurs projets, mais aussi des spectateurs, afin de tisser des relations privilégiées avec chacun d’entre eux.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

Avec l’aide de Dieu, la fidélité du public et le soutien du gouvernement princier sans qui rien de ce cercle vertueux ne serait possible, nous continuerons à participer au rayonnement culturel et à la qualité de vie en principauté.

Alain Ducasse – Chef multi-étoilé

Que retenez-vous des années 2010 ?

Cette décennie a été marquée par la métamorphose de l’hôtel de Paris qui a littéralement réinventé son patrimoine mythique. Au sein de l’hôtel, ces dix ans ont vu aussi deux ouvertures très importantes : Le Grill qui, rouvert au printemps 2017, s’est vu récompenser cette année d’une étoile au guide Michelin, et Ômer qui a accueilli ses premiers clients début 2019. Quant au restaurant le Louis XV, il a été distingué cette année par le Gault & Millau du titre de « chef-d’œuvre de l’année » et récompensé des Toques d’Or.

En quoi ces années 2010 vous ont changé et ont changé Monaco ?

L’actualité de la principauté a un impact important pour le citoyen monégasque que je suis. Le prince Albert m’a fait le grand honneur de me confier l’organisation de son repas de mariage avec Charlène Wittstock en 2011. L’année suivante, nous avons célébré les 25 ans du restaurant le Louis XV. Puis, en 2013, à l’occasion des 150 ans de la Société des Bains de Mer (SBM), j’ai eu le privilège d’organiser notamment le grand pique-nique « 150 ans, 150 vins » sur la place du Casino. Toutes ces expériences sont beaucoup plus que de beaux souvenirs : ce sont des moments qui comptent dans une vie professionnelle et personnelle.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

Avec beaucoup de sérénité quant à l’attractivité de Monaco. La SBM a reçu de nombreuses récompenses tout au long des années 2010 et je suis certain que la qualité de ses établissements continuera à être mondialement reconnue au cours de la prochaine décennie.

Marcel Ravin – Chef du Blue Bay

Que retenez-vous des années 2010 ?

Les années 2010 à Monaco ont été pour moi riches en souvenirs. Je retiens bien évidemment beaucoup d’évènements auxquels j’ai eu la chance de participer. Parmi eux, le mariage princier, ou bien encore les 150 ans de la Société des Bains de Mer (SBM). Ces évènements ont uni toutes les forces de l’entreprise vers un même objectif, et ont été couronnés de succès. Cela démontre qu’ensemble, nous pouvons faire de grandes choses et participer au rayonnement de la principauté.

En quoi ces années 2010 vous ont changé et ont changé Monaco ?

Ces années m’ont permis de grandir professionnellement à Monaco, mais aussi à l’international. Je pense avoir acquis, sur cette décennie, une certaine légitimité culinaire. Nous avons fait des choses audacieuses, voire osées pour la principauté. Des concepts innovants, des projets un peu fous, qui ont permis d’attirer les regards vers le Rocher. La gastronomie est aujourd’hui l’un des atouts majeurs de Monaco et contribue à son rayonnement à l’international.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

Ma passion me pousse sans cesse à innover, à évoluer. Dans un monde où tout change très vite, il faut continuellement se renouveler et avancer. Je respecte profondément Monaco qui m’a accueilli et m’a aidé à grandir pendant toutes ces années. Envisager 2020, c’est continuer à être curieux et à partager ma différence, ma culture et mon savoir-faire. C’est aussi protéger et préserver ce que nous avons construit tous ensemble et qui fait de la principauté un lieu mythique. Nous ne sommes que de passage sur Terre, nous devons profiter de chaque instant et de chaque opportunité pour préserver l’avenir, pour les jeunes générations et celles qui viendront.

Joël Garault – Président de l’association Monaco Goût et Saveurs

Que retenez-vous des années 2010 ?

La réfection complète des cuisines de l’hôtel Hermitage. Mais aussi la fidélisation des clients du Vistamar qui, grâce à leur connaissance et à leur intéressement, ont commencé à me sensibiliser sur une prise de conscience de l’environnement relayée par mon pêcheur, Gérard Rinaldi. Il y a aussi eu la vie de l’association les amis de Joël Garault, avec comme présidente Chantal Ravera. Et enfin, je peux aussi évoquer ma promotion au rang d’officier des Palmes académiques.

En quoi ces années 2010 vous ont changé et ont changé Monaco ?

Il y a eu une rationalisation du travail à travers un outil d’exception que la Société des Bains de Mer (SBM) a mis à ma disposition. Mais aussi mon engagement à travers Mr Good Fish pour un calendrier de pêche concernant le poisson avec le partenariat de la fondation Albert II. L’année 2015 a été marquée par le décès du président et ami de l’association Monaco Goût et Saveurs, Jean-Mary Rizza. En 2016, le 1er avril, je suis parti à la retraite après 47 ans de métier, de passion autour de la cuisine et de la convivialité et de la complicité des clients de Monaco. Je retiens aussi ma promotion au rang de chevalier dans l’ordre national du Mérite français, ma promotion au rang de chevalier dans l’ordre du Mérite culturel par le prince de Monaco. Et en 2018, ma promotion au rang d’officier dans l’ordre de Saint Charles par le prince Albert II.

Comment envisagez-vous les années 2020 ?

Je pense très sincèrement que Monaco va accélérer pour la mise en oeuvre de tout ce qui touche à l’environnement, avec notamment un savoir manger de plus en plus exigeant. Bien sûr, tout ceci engendre un changement de comportement. Mais avec les journées du goût que nous organisons chaque année avec Monaco Goût et Saveurs dont je suis le président, aidé de tous les chefs de Monaco, et avec l’aide de l’éducation nationale, nous établissons des livrets du goût soulignant cette nécessité de changement.

1) Contactée par Monaco Hebdo, l’union des syndicats de Monaco (USM) n’a pas souhaité répondre à nos questions.

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