mercredi 17 avril 2024
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Retraites à Monaco : questions à Philippe Ortelli, président de la Fedem

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Selon vous, pourquoi la création d’une caisse autonome de retraite complémentaire monégasque est-elle nécessaire ?

Le projet de création d’une caisse de retraite complémentaire monégasque (CRCM), à l’initiative de la Fedem, est né du constat que le système de retraite français évolue, et va continuer d’évoluer, dans une direction qui n’est pas compatible avec celle prise par la principauté. Cette vision a depuis été confirmée par la fusion de l’Arrco et de l’Agirc au 1er janvier 2019, ainsi que par le projet en cours de grande réforme des retraites voulue par le président Macron qui souhaite instaurer un nouveau système universel et fusionner les régimes complémentaires français avec le régime général, alors que Monaco conserve la distinction en deux caisses. La sortie à terme avait été notifiée fin 2017 par l’AMRR à l’Arrco-Agirc. La création d’une caisse monégasque est donc bien une nécessité pour pérenniser les droits des salariés à Monaco et des retraités.

Pourquoi cela demande-t-il encore deux ans de mise en place ?

En pratique, la création de cette caisse ne nécessite pas seulement la mise en place d’un système informatique adapté, mais aussi de reconstituer l’ensemble des carrières concernées. C’est un travail qui exige beaucoup de temps, les archives n’étant pas toujours directement exploitables : les carrières monégasques et françaises n’étaient pas distinguées avant 2000, et en 2003 tous les fichiers de carrières des retraités ont été écrasés afin de ne conserver que les points acquis, ce qui était logique à l’époque. Une autre difficulté est que les entreprises pouvaient choisir entre 3 taux de cotisation (6 %, 9 %, 12 %) et que la Caisse autonome des retraites (CAR) ne connaît que les salaires plafonnés. Il s’agit d’un travail important, qui explique pourquoi les Caisses sociales monégasques ont annoncé un délai pour la mise en place, qui est prévue pour septembre 2021, dans un peu plus d’un an et demi. Nous espérons que toutes ces opérations pourront se faire plus rapidement, mais nous comprenons ces contraintes techniques.

Que cela va-t-il changer pour le patronat et la part de cotisations va-t-elle évoluer ?

Rien, ni pour les salariés d’ailleurs. L’accord paritaire signé avec les partenaires sociaux historiques précise que les cotisations ne changeront pas et que les retraites seront indexées sur l’inflation.

Quelles sont vos préconisations pour la pérennité de la future caisse ?

La principauté a déjà montré sa capacité à gérer en toute pérennité et autonomie une caisse de retraite avec la CAR. Une telle gestion exige d’équilibrer à la fois les taux de cotisation, pour ne pas impacter négativement la compétitivité des entreprises, les placements financiers, pour qu’ils soient tant rentables que sécurisés, et les taux de reversement, pour que les retraités puissent continuer de bénéficier d’une retraite bien plus avantageuse que dans les pays voisins. Avec les autres partenaires impliqués dans ce projet, notre rôle sera d’optimiser au mieux toutes ces contraintes pour garantir la pérennité de la future caisse.

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