vendredi 29 mars 2024
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« Il faut utiliser un diesel léger
à 0,1 % de soufre »

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Gérard Bonnes et Daniel Moatti ont créé l’Association niçoise pour la qualité de l’air, de l’environnement et de la vie (ANQAEV) en 2016. Ils estiment qu’il est urgent d’agir. Interview.

Par rapport à Nice, comment jugez-vous la situation à Monaco ?

La grosse source de pollution de Nice est surtout créée à la saison estivale par les ferries et aussi par les véhicules qu’ils transportent. Faute d’alimentation électrique à quai, un ferry qui reste à quai entre 1 heure et 1h30 en utilisant le fioul à 1,5 % pollue autant que des milliers de véhicules dont le moteur fonctionnerait au ralenti pour faire marcher la climatisation. A quai, le navire doit alimenter ses systèmes de sécurité et de confort réfrigérateurs, éclairage, climatisation, etc. En moyenne, un ferry transporte 500 véhicules, à chaque escale, 2 x 500 véhicules transitent par le port de Nice merveilleusement enclavé dans la ville. Les autres navires, petits et moyens navires de croisière, et les cargos polluent également, mais moins que les ferries. A Monaco, il n’y a pas de ferries, la pollution viendrait donc essentiellement des navires de croisière.

Que faire pour faire baisser ce type de pollution ?

L’ANQAEV demande l’alignement de la réglementation sur les mers nordiques, Baltique, mer du Nord et Manche, c’est à dire l’utilisation d’un diesel léger à 0,1 % de soufre dès la zone de pilotage, soit environ 5 miles des côtes, et ce, pour tous les navires. Les villes de Cannes, de Saint Raphaël ont récemment voté des arrêtés et signé des chartes avec les armateurs pour la limitation à 0,1 % de soufre du carburant dans les zones côtières, s’alignant ainsi sur les villes de Venise, de Naples et de Rome (Civitavecchia). L’ANQAEV continue son travail auprès des municipalités de la région niçoise et coopère avec les associations partenaires à Toulon, Marseille, Ajaccio et Bastia, notamment Mart, Cap au Nord, Aria Linda… L’adhésion de Monaco à cette démarche serait très appréciée et l’ANQAEV reste à leur disposition.

Pourquoi les évolutions semblent si lentes ?

Les armateurs sont réticents pour des questions de coûts. Techniquement, ils savent basculer sur leur cuve à 0,1 % car, à l’initiative de l’ANQAEV en 2018, la métropole de Nice Côte d’Azur vient de décider d’imposer le diesel léger à 0,1 % lors des pics de pollution, en particulier lors des périodes de canicule.

Plus globalement, quelle est la tendance sur ce dossier sensible ?

La tendance actuelle française, tant sur le plan gouvernemental que sur celui des collectivités territoriales, est le passage imposé, total ou partiel, au carburant le moins polluant à 0,1 % de teneur en soufre. Il serait normal et logique que Monaco en fasse autant, car l’image de la principauté est celle d’un Etat luttant pour la protection de l’environnement.