vendredi 29 mars 2024
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Le livre a-t-il suffisamment sa place à Monaco ?

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Alors qu’il n’existe plus de librairie indépendante à Monaco, on serait tenté de penser que la littérature, et le livre en général, n’occupent pas une place de choix en principauté.

Monaco Hebdo dresse donc un tour d’horizon, non exhaustif, de ce qui se fait autour du livre aujourd’hui. Mais aussi de ce qui manque.

Pour se nourrir l’esprit à Monaco, plusieurs possibilités existent. Des événements, des prix, des lieux, suffisamment pour susciter l’intérêt de tous ceux qui aiment tourner des pages reliées et caresser des joues de papiers. En voici une petite liste qui, à défaut d’être exhaustive, permet d’avoir une idée de ce qui se fait autour du livre en principauté.

Les Rencontres philosophiques

Elle œuvre pour la philosophie, sous toutes ses coutures. L’association des Rencontres philosophiques de Monaco, fondée par Charlotte Casiraghi, Joseph Cohen, Robert Maggiori et Raphael Zagury-Orly, a pour vocation de promouvoir la philosophie et de proposer des rendez-vous mensuels en principauté qui permettent aux personnalités invitées d’approfondir, d’échanger et de transmettre des idées sur un thème dédié à l’année. Elle propose également une librairie en ligne où sont mis à disposition une sélection d’ouvrages, qui font parfois directement écho à ses ateliers de philosophie. Cette association remet aussi chaque année le prix des Rencontres philosophiques de Monaco, qui honore un ouvrage de philosophie publié en langue française, et paru dans l’année civile précédant son attribution. Il est attribué par un jury composé de personnalités philosophiques. Ce prix est revenu à Vincent Delecroix en 2020, pour Apprendre à perdre (2019), publié chez Bibliothèques Rivages. Chaque année, le jury attribue également une mention honorifique des Rencontres philosophiques de Monaco à un éditeur de langue française qui se sera particulièrement illustré dans la publication d’ouvrages philosophiques importants au cours de l’année civile précédant son attribution. En 2020, c’est la maison d’édition Galilée qui a été primée.

La bibliothèque municipale Louis-Notari

C’est la maison aux 400 000 ouvrages. La bibliothèque municipale Louis-Notari est l’un des plus anciens établissements de Monaco. De plus, elle est dotée d’une belle collection d’ouvrages. Elle date en effet de 1909, mais elle n’a rien de poussiéreuse aujourd’hui. Bien vivante et dynamique, elle y organise des ateliers d’écriture et des thés littéraires. Une à deux fois par trimestre, autour d’un thème ou d’un auteur, les lecteurs se retrouvent à la bibliothèque pour partager leurs points de vue de lecture et révéler leurs coups de cœur.

La Irish library Princess Grace

Nous en parlions dans Monaco Hebdo n° 1183. Créée en hommage à la princesse Grace et à ses origines irlandaises, la Irish Library Princess Grace dispose d’une collection de 12 000 volumes, tous écrits en langue anglaise, dont certains ouvrages assez rares comme cette première édition d’Ulysse, de James Joyce (1882-1941), publiée en 1922 chez Shakespeare and Company, la célèbre librairie du cinquième arrondissement de Paris. Ou cette parfaite reproduction du Livre de Kells, ce manuscrit d’art médiéval chrétien datant de l’an 800, considéré comme trésor national en Irlande, notamment pour la grande qualité de ses motifs ornementaux. Tous ces livres sont librement consultables à la bibliothèque. On y organise plusieurs conférences et séminaires sous l’égide des Amis de la bibliothèque, essentiellement des écrivains et universitaires comme le romancier John Banville ou le diplomate Pierre Joannon, et surtout Seamus Heaney (1939-2013), le regretté Nobel de littérature (1995).

Les Rencontres littéraires Fabian Boisson et le salon du livre

Monaco a son salon du livre depuis neuf ans. Créé en 2012 par la Librairie numérique de Monaco, cet événement a réuni près de cent auteurs de tous horizons en 2020. L’idée est de développer la littérature en principauté et les échanges culturels, quels qu’ils soient, tout en aidant des auteurs encore inconnus à émerger et à se faire connaître du grand public. Depuis six ans, c’est l’association Les Rencontres littéraires Fabian Boisson qui organise l’événement. Elle organise également, en marge du salon littéraire, un concours inter-lycéens avec trente participants chaque année, en partenariat avec la direction de l’Education nationale. Cette association organise aussi des conférences en principauté tout au long de l’année.

Le prix littéraire de la fondation prince Pierre

La France a son prix Goncourt, son Renaudot, son Médicis ou encore son prix de l’Académie française, pour ne citer qu’eux. Monaco compte également sa récompense de prestige avec le prix littéraire de la fondation prince Pierre. Bien qu’il ne soit pas tout à fait comparable, car il salue plus généralement un auteur pour l’ensemble de son œuvre plutôt qu’un ouvrage en particulier, il est l’un des prix les plus anciens, et des plus reconnus, décerné en principauté. Créé en 1951, le prix littéraire prince Pierre de Monaco est remis à des auteurs de langue française. L’auteur est choisi par le jury du conseil littéraire de la fondation, qui est composé d’académiciens, de membres de l’Académie Goncourt et d’écrivains représentant la francophonie dans le monde. Il est aussi présidé par Caroline de Monaco, la petite fille du prince Pierre de Polignac (1895-1964). En 2020, il a été remis à l’écrivain et poète Christian Bobin, pour l’ensemble de son œuvre.

Les Rendez-vous littéraires rue Cambon

C’est un autre projet porté par Charlotte Casiraghi, avec la grande couturière Virginie Viard, qui a succédé à Karl Lagerfeld (1933-2019) chez Chanel. Il s’agit d’une émission littéraire lancée en partenariat avec la maison Chanel, en hommage aux rendez-vous littéraires qu’organisait, en son temps, Gabrielle Chanel au 31 rue Cambon, à Paris. L’idée est de faire découvrir et redécouvrir des écrivaines et autrices, d’hier et d’aujourd’hui. Le premier rendez-vous était, par exemple, dédié au thème de l’émancipation, avec l’écrivaine psychologue et psychanalyste Sarah Chiche, pour revenir sur les oeuvres de Lou Andreas-Salomé (1861-1937). Certes, ces rendez-vous n’ont pas lieu à Monaco, mais ils peuvent être visionnés librement sur YouTube.

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