mercredi 24 avril 2024
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Pharmacies
Toujours le jackpot ?

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Medicament Pharmacie
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Les pharmacies sont souvent réputées pour leur rentabilité, notamment grâce au monopole sur la vente des médicaments. Parapharmacie, génériques, revente des officines, arnaques… Tour d’horizon des marges et astuces qui participent  au jackpot.

Il peut y avoir des fraudes. Il existe toujours des gens malhonnêtes. Mais c’est marginal. » C’est Francis Megerlin qui parle. Cet expert, prof à la fac de sciences pharmaceutiques et biologiques à Paris Descartes, est aussi membre du laboratoire interdisciplinaire de recherches appliquées en économie de la santé (Liraes). Et s’il refuse de généraliser, il admet que certains pharmaciens peuvent être tentés de tricher pour gagner plus d’argent. Par exemple, en vendant des échantillons gratuits offerts par les fournisseurs ou en écoulant en priorité les médicaments bientôt périmés. Ou encore, en poussant les salariés à vendre un maximum de produits à un client qui a simplement mal à la gorge, par exemple.
A Monaco, les 17 pharmacies sont, a priori, au-dessus de tout soupçon. Et quand on demande aux pharmaciens s’il leur est arrivé de chercher à vendre toujours plus, la réponse est non bien entendu. « Notre objectif n’est pas de gagner de l’argent à tout prix. Au contraire, nous sommes d’abord là pour conseiller les patients, réplique Antonio Sillari, qui possède la plus grosse pharmacie de Monaco, avec 43 salariés à Fontvieille. On ne force jamais la consommation. »
Pourtant, la consommation de médicaments remboursés continue d’augmenter : + 2,1 % entre 2004-2005 et 2008-2009. Soit un pactole de plus de 13 millions d’euros, contre 12,7 millions en 2004-2005. A la direction des affaires sociales, on rappelle que sur la même période, le nombre de salariés a augmenté. Avec 4 000 salariés de plus, « le coût unitaire de la consommation médicale en matière de médicaments a donc diminué. » Alors que le nombre de pharmacies est stable : 17. « Jusqu’en 1986, il y en avait 16 », se souvient un pharmacien. Combien gagnent-elles ? Difficile à dire.

“Suicidaire”

Si en France, le chiffre d’affaires annuel moyen d’une officine était de 1,4 million d’euros en 2009, « à Monaco, il est difficile à estimer, lâche Antonio Sillari. Mais on peut dire qu’il y a une fourchette qui va de 500 000 euros à 15 millions d’euros. » Mais toutes les pharmacies n’ont pas la même rentabilité. « Acheter une officine avec un chiffre d’affaires de 500 000 euros, c’est suicidaire. Surtout si l’officine n’est pas finie d’être payée, estime Jean-Michel Pény, expert du cabinet Smart Pharma Consulting. Car il reste alors environ 135 000 euros de marge brute. Et avec ça, il faut payer le loyer, l’électricité, les assurances et les frais généraux. Donc il va rester environ 80 000 euros pour payer le salaire du pharmacien et éventuellement d’un salarié. Mais le problème, c’est que souvent l’officine a été achetée grâce à un emprunt. Or dans ce cas précis, il ne reste alors plus rien pour rembourser l’emprunt. » « Pour vivre correctement, il faut faire au moins 800 000 euros de chiffre d’affaires annuel. En dessous c’est compliqué », confirme un autre pharmacien installé à Monaco.

Monopole

Une certitude : ce qui permet aux officines de gagner de l’argent, c’est la loi qui accorde aux pharmaciens le monopole de la vente des médicaments. Puisqu’il faut avoir un diplôme de docteur en pharmacie pour ouvrir ou acheter une officine. Et décrocher une autorisation administrative délivrée par arrêté ministériel, après consultation du Conseil de l’ordre des pharmaciens, qui est présidé par François Rougaignon. Une fois qu’ils sont autorisés à exercer leur métier, les pharmaciens sont inscrits au tableau de l’ordre des pharmaciens. De plus, ce monopole est protégé. Car le nombre d’officine est plafonné à Monaco, comme dans toutes les grandes villes françaises : une pharmacie pour environ 2 000 habitants. Contre une pour 3 000 en France.

“Il faut miser sur la parapharmacie”

Mais ce qui est vraiment décisif dans l’économie d’une officine, ce sont les médicaments remboursés. Or de l’autre côté de la frontière, même si les prix et les marges sont fixés par l’Etat, ces médicaments représentent 70 à 80 % des bénéfices d’une pharmacie. A Monaco, si aucun chiffre officiel ne circule, un pharmacien estime qu’il n’y a pas de raison que la logique ne soit pas la même. « Depuis 1986 où je suis installé en Principauté, la marge sur les médicaments remboursés a presque été divisée par 2 progressivement. Aujourd’hui, en moyenne, notre marge est à 17 % », témoigne Antonio Sillari. Mais pas question d’espérer gagner encore plus avec des boites de médicaments très onéreuses, qui peuvent coûter plusieurs milliers d’euros : « En fait, plus un médicament est cher et moins la marge est grande. Et inversement », ajoute Sillari.
En revanche, pour les médicaments non remboursés, les prix sont libres. Et les marges sont donc plus importantes. « En moyenne, les marges sur les produits pas remboursés sont autour de 30 %. Ce qui est assez serré. D’ailleurs, les négociations ne sont pas toujours faciles avec nos fournisseurs », confie un pharmacien. Résultat, aujourd’hui, ce sont les produits non remboursés qui sont en train de s’imposer dans les pharmacies monégasques. Ce qui semble logique pour le patron de la pharmacie de Fontvieille : « Il faut miser sur la parapharmacie. Chez moi, on est à 43 % de médicaments remboursés et 57 % de non remboursés. » Ce secteur est devenu stratégique pour beaucoup d’officines. « Les produits minceurs, les crèmes solaires et les substituts de repas se vendent très bien. Et on a des marges autour de 30 % », souligne un pharmacien. Avant d’ajouter : « Une pharmacie qui miserait uniquement sur des médicaments remboursés serait morte assez vite. »
Mais rien n’est facile. « Car même si les prix sont libres sur les produits pas remboursés, il faut savoir que le prix d’achat chez un fournisseur dépend bien sûr du volume acheté. Ce qui explique les différences de prix. Car sur un même produit, on peut avoir des écarts de 15 à 40 % d’une pharmacie à une autre. Donc on ne peut pas faire n’importe quoi. Surtout qu’il y a la concurrence des autres pharmacies », ajoute Antonio Sillari.

“Dérives”

Et si certains pourraient être tenté de magouiller, ça reste compliqué. « Certains pharmaciens d’une même zone géographique peuvent être tentés de se mettre d’accord sur les prix des médicaments non remboursables dont ils ont le monopole. Mais les consommateurs comparent de plus en plus. Et à terme, Internet va avoir un fort impact, au moins sur la comparabilité des prix », juge Francis Mergelin.
Du coup, à l’inverse, on arrive à des situations de concurrence assez dure : « Quand des pharmacies sont très proches les unes des autres, ça peut parfois tourner à la guerre des prix sur les produits non remboursés », confirme Jean-Michel Peny, expert du cabinet Smart Pharma Consulting. « Parmi les dérives, on peut citer des cas exceptionnels de fraudes sur les remboursements, ajoute Francis Megerlin. Ils consistent à faire payer par l’assureur des produits non remboursables, ou qui seraient normalement moins remboursés. Mais cette dérive relève du pénal. Et les systèmes de contrôle sont de plus en plus performants. »
Si en France, certains n’hésitent pas à déclarer à la Sécu cinq boites de médicaments alors qu’ils n’en ont vendu qu’une, à Monaco la triche semble plus compliquée. « Car nous, on est obligé de coller sur l’ordonnance les vignettes. Ce qui prouve qu’une boite a vraiment été vendue. Donc pour réussir une telle arnaque, il faut la complicité du médecin et de l’assuré. Et là, ça devient une véritable fraude organisée », explique Antonio Sillari. Aux Caisses sociales, on explique que « toutes les factures de pharmacie sont rapprochées des ordonnances par les services des Caisses. Il ne peut donc y avoir dans ce domaine les difficultés qui peuvent être rencontrées dans d’autres pays où la dématérialisation des factures de pharmacie pose le problème du contrôle de la conformité des traitements délivrés avec les prescriptions. »

“Arnaque”

Autre jackpot : les médicaments génériques, sur lesquels les pharmaciens réalisent une marge estimée par Antonio Sillari à « 25 à 28 %. Mais comme les génériques sont environ 30 % moins cher, ce n’est pas forcément un moyen de gagner plus pour nous. Mais ça aide les Caisses, bien sûr. » A noter qu’en France, une étude du cabinet Smart Pharma Consulting estime la marge entre 50 et 55 %. Mais à Monaco, le contexte est très différent. « En France, il y a une obligation de vendre au moins 80 % de génériques. Sinon le pharmacien est pénalisé. A Monaco, il n’y a pas cette obligation. Mais il faut dire qu’en Principauté le générique ne remonte qu’à 2007. D’ailleurs, le Conseil de l’ordre s’est battu pour les avoir. Car il vaut mieux prévenir que guérir. Et donc éviter des problèmes dans le futur pour les Caisses », ajoute Sillari, qui rappelle qu’« en France, jusqu’à l’an dernier, les ventes de génériques ont augmenté. Mais à Monaco, on a de plus en plus d’ordonnances avec la mention “non substituable”. Du coup, impossible de délivrer au client l’équivalent de son médicament en générique. Sans parler des rumeurs complètement fausses qui circulent sur les génériques. » Des rumeurs qui affirment par exemple que l’efficacité d’un générique n’est pas la même que pour le médicament original. Ou que le générique provoque des effets secondaires.
Aux Caisses sociales, on souligne qu’une « sensibilisation de l’ensemble de la profession sur l’intérêt que présente la promotion du générique a été réalisée en septembre 2007. » Une lettre cosignée par le président de la section officine de l’Ordre des pharmaciens et le directeur des Caisses sociales a d’ailleurs été envoyée aux 17 officines monégasques. Résultat, « l’évolution fortement négative des dépenses de pharmacie démontre que cette action de sensibilisation a produit ses effets », selon les Caisses sociales.

“Disparition”

Mais en fait, le vrai jackpot des pharmaciens, c’est quand ils revendent leur officine. Selon Interfimo, un organisme qui publie chaque année une étude sur le secteur, les pharmacies se revendent environ l’équivalent de 90 % de leur chiffre d’affaires. « Une officine se revend entre 70 et 110 % de son chiffre d’affaires selon sa profitabilité et son potentiel de croissance », estime pour sa part Jean-Michel Peny, expert du cabinet Smart Pharma Consulting. Ce qui explique que des pharmaciens n’hésitent pas à racheter une officine et à développer son chiffre d’affaires pour la revendre beaucoup plus cher. Ce qui permet d’encaisser une jolie plus-value. « A Monaco, sur les 10 dernières années, une dizaine de pharmacies ont changé de mains », estime un pharmacien. En fait, 9 officines ont été vendues entre 2000 et 2010. A la direction des affaires sociales on rappelle que pour chaque vente, « l’information est prioritairement donnée aux pharmaciens de nationalité monégasque. Une seule officine a été reprise par un pharmacien monégasque. Les autres, par 7 français et 1 italien. »
Sauf que ce genre de business serait moins rentable aujourd’hui : « C’est plus difficile. Car si avant une officine se revendait 90 % de son chiffre d’affaires, aujourd’hui on est plutôt à 70-80 %. Et on peut même descendre à 55 % », estime Antonio Sillari. Alors que Francis Megerlin juge qu’il « devient difficile d’acheter et revendre une pharmacie dans le seul but d’une plus-value rapide. D’ailleurs, la spéculation est freinée par la loi, car il faut attendre au moins 5 ans avant de revendre une licence. »

Chiffre d’affaires : de fortes disparités

Impossible d’obtenir des chiffres précis sur les chiffres d’affaires réalisés par chacune des 17 pharmacies installées à Monaco. Selon certains, la fourchette serait très large, car elle irait de 500 000 euros à 10 ou 15 millions d’euros. Un véritable gouffre qui s’explique par plusieurs facteurs : la taille de l’officine d’abord. Mais aussi sa situation géographique. Car une pharmacie bien placée, dans un centre commercial ou dans des lieux très fréquentés, pourra doper plus facilement son chiffre d’affaires, grâce à une clientèle nombreuse et fidèle. Autre facteur important : s’être diversifié, en misant sur des produits non remboursés, comme la parapharmacie par exemple. Ce qui permet au pharmacien de pouvoir fixer lui-même sa marge. Car le chiffre d’affaires hors médicament se développe rapidement, avec notamment les rayons hygiène, beauté, diététique… Mais d’après les experts contactés par Monaco Hebdo, les pharmacies avec un chiffre d’affaires égal ou supérieur à 10 millions sont assez rares. Car souvent les officines réalisent encore la grosse majorité de leur chiffre d’affaires sur les médicaments remboursés, avec des marges encadrées par l’Etat français.

13 millions de dépenses de pharmacie en 2009

Les pharmacies coûtent bien sûr de l’argent aux Caisses sociales. 30 % du prix du médicament en France, selon le Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie. A Monaco, la direction des Caisses sociales rappelle qu’en 2008-2009, le total des dépenses de pharmacie était de 13 millions. Ce qui représente 13,5 % des prestations en nature de l’assurance maladie et 9,9 % de la totalité des dépenses de santé. Contre 13,2 millions en 2007-2008 (14,3 % des prestations en nature et 10,7 % du total des dépenses de santé). Du coup, la direction des Caisses constate « une baisse du poste pharmacie de 218 000 euros et de 1,6 % sur cet exercice. Bien que les Caisses monégasques n’aient pas appliqué les mesures de déremboursement partiel des médicaments intervenues en France, avec des taux de remboursement ramenés de 65 à 35 %. Voire à 15 % pour les médicaments dits « de confort ». En Principauté toutes les spécialités pharmaceutiques remboursables sont prises en charge à 80 % ou 100 % du prix de vente, lorsque l’assuré bénéficie d’une exonération du ticket modérateur. Ou pour les médicaments à vignette blanche barrée reconnus comme irremplaçables. »

Stéphane Valeri
Le 13 juillet, le conseiller pour les affaires sociales et la santé, Stéphane Valeri, doit rencontrer François Rougaignon, président de l'Ordre des pharmaciens. © Photo Monaco Hebdo

“Avec la crise,
17 officines, c’est trop”

Les pharmaciens, touchés aussi par la crise, doivent rencontrer le gouvernement pour lui transmettre leurs doléances.

ttention, même à Monaco, toutes les pharmacies ne roulent pas sur l’or. D’ailleurs, avec des chiffres d’affaires estimés entre 500 000 euros et plusieurs millions d’euros, les écarts sont énormes. Surtout que les experts contactés par Monaco Hebdo estiment qu’il faut dégager au moins un chiffre d’affaires annuel de 800 000 euros pour s’en sortir. Antonio Sillari va plus loin : « En France, un pharmacien peut être patron d’une officine et avoir des parts dans une autre. A Monaco, c’est impossible. Du coup, il y a 17 officines avec 17 pharmaciens différents. Or, avec la crise, 17 officines, c’est trop. Et les plus petits sont menacés de disparition. Donc, il faudrait pouvoir créer des SARL pour regrouper les officines. Ce qui permettrait de faire des économies d’échelles et donc, de survivre. Mais il y a un décret à changer. Donc le Conseil de l’ordre des pharmaciens a contacté le gouvernement à ce sujet. » Une logique de regroupement déjà impulsée par l’Etat français qui pousse les pharmaciens à regrouper leurs officines. Ce qui leur permettrait d’augmenter leur chiffre d’affaires et leurs bénéfices et donc de mieux supporter de nouvelles baisses de prix sur les médicaments. A Monaco, certains pharmaciens pensent aussi que c’est la bonne solution. Mais il faudra avant que le gouvernement accepte de légiférer pour autoriser des pharmaciens à se regrouper. Et donc à avoir des parts dans plusieurs pharmacies.

Crise

Reste à savoir si les pharmacies sont des entreprises comme les autres, avec pour objectif de gagner de l’argent. Comme ce système est financé par de l’argent public, certains pensent qu’il faut des gardes fous. « En France, le déficit de la Sécurité sociale pour 2010 est actuellement estimé à 27 milliards, rappelle Jean-Michel Pény. Donc on baisse les prix des médicaments. Du coup, ça provoque aussi une baisse des marges des distributeurs que sont les pharmaciens. » En Principauté, les Caisses ne sont pas en déficit. Mais certains pharmaciens pensent qu’il faut rester prudent. Notamment Antonio Sillari : « A Monaco, les Caisses sont censées rembourser sur la base du générique. Pas du médicament original. Mais il manque encore des moyens de contrôles pour que ça soit vraiment efficace. » En tout cas, la crise est là. Et beaucoup de pharmaciens avouent en souffrir. « Jusqu’aux années 1990, c’était financièrement intéressant d’être pharmacien. Mais depuis, ça l’est moins », juge un professionnel. « Pour survivre, il faut faire du volume. Et faire du service. C’est-à-dire du matériel médical ou de l’orthopédie, par exemple. Sachant que sur le matériel médical, les prix ne sont pas libres. Mais on peut espérer une marge autour de 25 % environ », complète Sillari. Bref, la crise touche donc aussi les pharmacies. Mais rien de dramatique, selon Francis Megerlin : « La crise touche moins les pharmaciens que d’autres secteurs d’activités. Car pour 80 % du chiffre d’affaires moyen national, les véritables payeurs sont les assureurs-santé. Mais les patients diminuent parfois leur consommation de produits non remboursés. En revanche, les politiques nationales qui touchent notamment le taux de remboursement, les marges réglementées ou le prix public, impactent l’économie des petites pharmacies. »

Concurrence

Autre danger pour les pharmacies : l’arrivée d’une nouvelle concurrence, comme celle des grandes surfaces qui inévitablement feront pression sur les prix. Bref, pour résister, les pharmacies monégasques vont devoir s’adapter. Certains aimeraient déjà pouvoir « lutter à armes égales. » Car aujourd’hui, un Monégasque ou un résident peuvent aller dans une pharmacie en France : ils seront remboursés sans problème. « Mais les pharmacies monégasques ne peuvent pas prendre en charge les clients français, se plaint Antonio Sillari. Car ils ont une carte Vitale et on n’est pas autorisé à gérer ces dossiers. Donc on perd toute la clientèle française. Alors depuis 3 ans, on est en contact avec le gouvernement pour pouvoir lutter à égalité avec les pharmacies françaises. Officiellement, ce dossier n’avance pas car on nous dit que le numéro 98 qui correspond à Monaco est déjà attribué à l’Outre-Mer… »
Autre changement qui fait réagir les pharmaciens installés à Monaco : un transfert de charges de l’hôpital vers les officines. En clair, les médicaments qui concernent des maladies très graves et très invalidantes ne sont plus vendus par l’hôpital, mais par les pharmacies. Or, ce sont des médicaments chers, avec des prix qui peuvent atteindre 2 000 ou 3 000 euros la boite. Ce qui n’est pas forcément positif pour les officines. « Le chiffre d’affaires des pharmacies a augmenté. Mais la marge a beaucoup baissé. Car plus le médicament est cher, plus la marge du pharmacien baisse », indique un pharmacien. Et puis, comme les prix des médicaments remboursés sont décidés par la France, Monaco est soumis indirectement au déficit de la Sécurité sociale. Un déficit qui va atteindre 27 milliards d’euros en 2010. Donc, du côté français on baisse les prix des médicaments remboursés. Ce qui provoque bien sûr une baisse des marges des distributeurs que sont les pharmaciens.
Alors, en France comme à Monaco, on cherche des solutions pour satisfaire les pharmaciens. « Il faudrait réduire le nombre d’officines de manière à ce que le chiffre d’affaires moyen par officine augmente. Autre solution : inciter les pharmaciens à développer les produits sur lesquels les prix sont libres. Car leur espace de liberté est là. Enfin, autoriser les pharmacies à vendre un éventail beaucoup plus large de produits. Un éventail beaucoup plus large que ce qui est actuellement autorisé », propose Jean-Michel Peny, expert du cabinet Smart Pharma Consulting. En attendant, à Monaco, le dialogue est engagé. D’ailleurs, le 13 juillet, une réunion va avoir lieu. Autour de la table, le conseiller pour les affaires sociales et la santé, Stéphane Valeri, bien sûr. Mais aussi l’Ordre des pharmaciens, avec notamment le président, François Rougaignon. Mais vu la complexité des dossiers à traiter, pas sûr qu’une seule rencontre suffise. D’autres pourraient être organisées. A suivre.