vendredi 29 mars 2024
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Nouveau bac, mode d’emploi

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En 2021, les lycéens français et monégasques passeront un tout nouveau baccalauréat… L’examen ne comptera plus que quatre épreuves écrites, contre une dizaine actuellement, ainsi qu’un grand oral. Le contrôle continu et le bulletin scolaire seront aussi pris en compte.

C’est un rite de passage obligé pour accéder à l’enseignement supérieur. Réputé intouchable, le baccalauréat va pourtant être réformé en profondeur dès 2021. Promise par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle, la réforme de cette épreuve bicentenaire a été présentée le 14 février par le ministre de l’éducation nationale français, Jean-Michel Blanquer. Une présentation suivie de très près par les autorités monégasques. Et pour cause. Ce grand chamboulement dans les lycées français s’appliquera aussi dans les lycées monégasques. Une révolution autant pour l’éducation nationale, les directeurs de lycées, que les professeurs. « Cette réforme est assurément un chantier important. Le bac n’est que la partie émergée de l’iceberg de la réforme puisque c’est l’organisation de l’ensemble des enseignements au lycée qui va être modifiée », souligne Isabelle Bonnal, la directrice de l’éducation nationale à Monaco.

Quatre épreuves contre dix

Il faut dire qu’en 2021, cet examen national, autant dévalué que sacralisé, n’aura plus rien à voir avec celui que nous connaissons. Ce bac nouvelle formule — qui concernera les élèves actuellement en classe de troisième — ne comptera plus que quatre épreuves écrites ainsi qu’un grand oral. Il y aura d’abord, en fin de Première, l’épreuve de français (écrite et orale). Puis en Terminale, deux épreuves écrites portant sur les disciplines de spécialité choisies par le candidat, ainsi que la philosophie : « Une tradition française qui permet de conforter l’esprit critique dans la formation des jeunes générations », estime l’éducation nationale française.

 

« Le bac, c’est une sorte de “binge drinking” qui consiste à ingurgiter un maximum de choses pour les recracher aussitôt et ne plus s’en souvenir »

 

« Savoir s’exprimer »

Mais la grande nouveauté de cette réforme est l’épreuve orale, d’une durée de 20 minutes. Pour Jean-Michel Blanquer, il est fondamental que les lycéens s’expriment avec aisance à l’oral. C’est même, pour lui, un « marqueur » social : « Savoir s’exprimer dans un français correct est essentiel pour les études, pour la vie personnelle et professionnelle. Il convient justement d’offrir à tous les élèves l’acquisition de cette compétence ». Concrètement, cette épreuve se déroulera devant un jury de trois personnes. Elle reposera sur la présentation d’un projet préparé dès la classe de Première par l’élève. A Monaco aussi, on voit d’un bon œil ce point de la réforme. « Cette épreuve donnera la possibilité aux élèves de travailler bien en amont les automatismes nécessaires aux épreuves des grandes écoles, comme le grand oral de Sciences-Po, par exemple », estime Isabelle Bonnal. D’autres en revanche craignent que cette épreuve ne soit « une source de discrimination sociale » entre ceux qui sont habitués à s’exprimer à l’oral et ceux qui le sont moins…

 

La grande nouveauté de cette réforme est l’épreuve orale, d’une durée de 20 minutes. Pour Jean-Michel Blanquer, il est fondamental que les lycéens aient de l’aisance à l’oral. C’est même un « marqueur » social

 

Contrôle continu et bulletin scolaire

Côté calendrier : exit le bac exclusivement concentré sur le mois de juin. Les épreuves finales se dérouleront en deux temps : au retour des vacances de printemps pour les deux épreuves de spécialités, et à la fin du mois de juin pour la philosophie et l’oral. Du point de vue de la notation aussi, tout change. Ces quatre épreuves finales compteront pour 60 % de la note totale du baccalauréat. Pour les 40 % restants, c’est le contrôle continu (30 %) et le bulletin scolaire (10 %) qui seront pris en compte. Concernant le contrôle continu, il reposera sur des épreuves communes organisées en Première et en Terminale dans les disciplines étudiées par l’élève. « À titre indicatif, ces épreuves pourront avoir lieu en janvier et avril de l’année de Première, puis en décembre de l’année de Terminale. L’organisation relèvera de la responsabilité des établissements », précise le gouvernement français. Et pour éviter de créer des inégalités « entre les candidats et les établissements scolaires » — crainte exprimée par plusieurs syndicats — une « banque nationale numérique de sujets » sera mise en place, et les copies « anonymisées » seront corrigées par d’autres professeurs que ceux de l’élève. Quant aux bulletins scolaires, ils seront pris en compte pour une part limitée (10 %) de la note finale. Objectif affiché : valoriser la régularité du travail de l’élève durant les années de Première et de Terminale.

Bac-@-Kristian

Stop au bachotage

Pour le gouvernement français, ce bac nouvelle version sera donc « plus simple » dans son organisation, mais aussi « plus juste ». « Car la concentration d’un grand nombre d’épreuves dans un temps très court n’est pas satisfaisante : elle ne récompense pas les efforts réalisés par les candidats dans la durée », estime l’éducation nationale française. Avec ce bac remanié, fini en effet l’examen marathon et surtout le bachotage intensif quelques semaines avant les épreuves : « L’idée est qu’on ne joue pas tout sur quelques jours d’examen. Un travail continu permet d’éviter les accidents, et prend en compte le fait qu’on n’est pas toujours à l’aise le jour des examens », a indiqué Jean-Michel Blanquer. Certains, comme le sociologue Michel Fize, auteur du Bac inutile (éditions l’Œuvre, 2012), voient aussi d’un mauvais œil cette concentration d’épreuves en seulement quelques jours. L’apprentissage de grandes quantités d’informations en un temps limité ne serait en effet pas propice à l’acquisition de connaissances définitives : « Le bac, c’est une sorte de “binge drinking” qui consiste à ingurgiter un maximum de choses pour les recracher aussitôt et ne plus s’en souvenir », indique-t-il.

Tremplin vers la réussite ?

Autre argument avancé pour réformer ce bac : il aurait perdu de sa valeur. Avec l’augmentation très forte des mentions (près de 50 % dans les séries générales en France) ou encore l’apparition de lauréats obtenant une moyenne générale supérieure à 20/20, « sa valeur “certifiante” peut légitimement être interrogée », estime l’éducation nationale. Par ailleurs, l’actuel baccalauréat ne préparerait pas suffisamment les élèves à affronter les études supérieures : « Si le baccalauréat est une clé d’entrée dans l’enseignement supérieur, il est loin d’être un tremplin vers la réussite. Le taux de réussite au baccalauréat général et technologique (environ 90 % en France) ne doit pas masquer une autre réalité : 61 % des étudiants ne parviennent pas au terme des études dans lesquelles ils se sont initialement engagés », a rappelé Jean-Michel Blanquer. Autre chiffre : seuls 27 % des étudiants obtiennent leur licence en trois ans. Le gouvernement français en est donc persuadé : le baccalauréat ne prépare plus suffisamment les élèves aux « attentes » du supérieur. Et au-delà, à réussir leur entrée dans la vie professionnelle. Reste à voir si ce constat sera le même après 2021…

 

Un bac trop cher et trop complexe à organiser

Si le gouvernement français a souhaité réformer le bac, c’est aussi parce que son organisation coûte cher à l’Etat : 57 millions d’euros l’an passé pour 729 600 candidats. Ce coût comprend l’indemnisation des frais de déplacement des intervenants, leur rémunération et les frais inhérents à l’organisation. « Le baccalauréat a aussi atteint une lourdeur et une complexité unanimement dénoncées qui rigidifient le lycée et rendent le pilotage de l’examen périlleux : 2 900 sujets en 2017, 4 millions de copies corrigées. Plus que son coût, cette organisation très lourde pèse sur la vie des lycéens et le travail des élèves, durant tout le mois de juin dans les lycées, au détriment des classes de Première et de seconde. Sa simplification et sa modernisation sont devenues indispensables », estime le ministère français de l’éducation. « Oui, nous ferons des économies sur l’examen. Des dizaines de millions. Nous allons aussi décongestionner le lycée en arrêtant de paralyser le mois de juin avec l’organisation du bac », s’est vanté de son côté Jean-Michel Blanquer devant la presse. S.B.

La Terminale rebaptisée « classe de maturité » ?

L’idée séduit autant qu’elle divise. Le ministre français de l’éducation nationale française, Jean-Michel Blanquer, souhaite trouver un nouveau nom à la classe de Terminale. Une phase de consultation d’un mois a démarré pour trouver un consensus. « Nos voisins utilisent le terme “maturité”. C’est un mot classique, qui a plein de sens. Je propose cette idée. Cela nous laisse un mois de réflexion, d’intelligence collective. Nous trouverons peut-être un mot meilleur. Mais je le propose à ce stade » a-t-il déclaré le 14 février 2018, devant la presse. S.B.

Dans les autres pays ?

Comment se déroule le baccalauréat dans les autres pays ? Premier constat : dans 27 des 37 pays de l’organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) un examen terminal “sanctionne” la fin de l’enseignement secondaire. Sur le nombre d’épreuves à passer, la différence est en revanche très grande. Dans la plupart des pays européens, les élèves en ont environ quatre, alors qu’en France et à Monaco, c’est au moins une douzaine, réparties sur deux années. En Italie, par exemple, l’« esame di maturità » pour le bac se compose de trois épreuves écrites et d’un oral pluridisciplinaire devant un jury composé de sept examinateurs. Concernant le contrôle continu, dans la plupart des pays européens, il est déjà pris en compte, et représente entre un tiers et la totalité de la note finale. S.B.

 

La fin des filières L, ES et S

En 2021, les séries L, ES et S seront supprimées. À la place, les lycéens monégasques et français auront un tronc commun de matières, et des options à la carte.

A l’horizon 2021, c’est un tout nouveau lycée qui va se dessiner. Les trois filières — littéraire (L), économique et sociale (ES) et scientifique (S) — qui structurent le bac général depuis des générations, seront purement et simplement supprimées. A la place, tous les élèves suivront un tronc commun de matières et devront ensuite piocher entre une dizaine d’options. Dans ce tronc commun figurent le français, la philosophie, l’histoire-géographie, l’enseignement moral et civique, deux langues vivantes, le sport, ainsi qu’une nouvelle discipline baptisée “humanités scientifiques et numériques” (voir encadré). Au menu des spécialités, les élèves auront le choix entre dix matières différentes : sciences économiques et sociales, géopolitique et sciences politiques, physique-chimie, sciences de l’ingénieur, sciences de la vie et de la Terre, numérique et sciences informatiques, mathématiques, langues et littératures étrangères, humanités, littérature et philosophie, histoire-géographie, et enfin, arts.

Limiter les inégalités

Si le gouvernement français a souhaité bousculer les conservatismes et opter pour une organisation plus modulaire, c’est pour donner « plus de choix aux élèves ». Et surtout, pour offrir une « meilleure individualisation de leurs parcours ». Une orientation qui n’a pas forcément fait l’unanimité chez les syndicats : « L’élève devient l’auto-entrepreneur de sa scolarité, toujours davantage responsable individuellement de ses choix, de ses réussites ou de ses échecs », commente ainsi le syndicat français SUD éducation dans un communiqué. Mais pour le gouvernement français, sortir de la logique des filières a aussi un autre objectif : limiter les inégalités entre les différents bacs. Car les trois filières n’offriraient pas tout à fait les mêmes débouchés universitaires. Et la section S est souvent considérée comme la « voix royale » face aux filières L et ES.

 

« La série L est souvent considérée comme un refuge pour des élèves en délicatesse avec les disciplines scientifiques, et amenés là par défaut, plutôt que par goût pour les enseignements littéraires »

 

Désaffection pour la série L

De plus en plus boudée par les élèves, la série L serait même devenue un choix par défaut et limitant. Dans un rapport de juillet 2006, l’inspection générale de l’éducation nationale constatait déjà cette problématique : « L’après-bac L se présente comme semé d’incertitudes et contribue à détourner les élèves de seconde des études littéraires. Ce manque de visibilité concerne autant les poursuites d’études que l’insertion professionnelle », précise le rapport. Cette désaffection pour la série L se vérifie aussi dans les chiffres. Longtemps majoritaire, la filière littéraire a connu une érosion de plus en plus marquée de ses effectifs au fil des années. Aujourd’hui en France, 52 % des bacheliers sont en série S, 32 % en ES, et 16 % seulement en L : « Ce recul quantitatif se double d’une dégradation qualitative : loin d’attirer les meilleurs éléments des classes de seconde, elle apparaît trop souvent comme un refuge pour des élèves en délicatesse avec les disciplines scientifiques, et amenés là par défaut plutôt que par goût pour les enseignements littéraires. »

Débouchés limités

Autre constat : pour ces élèves littéraires, l’éventail des débouchés universitaires apparaît beaucoup plus restreint que pour les deux autres séries de l’enseignement général : « Les voies d’excellence accessibles aux bacheliers littéraires (écoles normales supérieures, instituts d’études politiques, écoles de commerce…) ne concernent qu’une infime minorité d’élèves. Ces voies sont aussi accessibles à des bacheliers S et ES et les meilleurs littéraires sont souvent incités à choisir, pour y accéder, de passer par la série S. Ils sont supposés y acquérir des méthodes de travail et bénéficier d’un entraînement à la compétition propice à la préparation des concours, explique le rapport. Alors que personne ne s’étonne de voir des bacheliers S ou ES réussir brillamment des études dans le domaine des sciences humaines ou sociales, personne n’imagine qu’un bachelier littéraire s’aventure dans des études supérieures de physique, de chimie ou de biologie. La médecine leur est désormais fermée. »

 

Nouvelle matière : « Humanités scientifiques et numériques »

C’est l’une des nouvelles matières qui sera enseignée dès 2021. Baptisée « Humanités scientifiques et numériques », cet enseignement vise à apprendre le codage aux élèves, à leur inculquer un raisonnement scientifique et à leur enseigner les grands enjeux technologiques actuels. Entre autres : la bioéthique, l’intelligence artificielle ou encore le réchauffement climatique. Cet enseignement sera assuré par des professeurs de mathématiques, de physique, de philosophie ou d’histoire-géographie. S.B.

 

Un test numérique pour les élèves de seconde

Dès la rentrée 2018, un « test numérique de positionnement » sera imposé à tous les élèves de seconde en début d’année. Objectif affiché : pouvoir situer le niveau de chaque élève en maths et en français. En fonction des résultats, les lycéens qui sont le plus en difficultés se verront proposer un accompagnement personnalisé tout au long de l’année, concentré sur la maîtrise de l’expression écrite et orale. S.B.

 

« Cette réforme est un chantier important »

D’ici 2021, Monaco va devoir préparer la réforme du bac et la réorganisation dans ses lycées. Comment les autorités monégasques, les proviseurs et les professeurs se préparent à ce grand chamboulement ? Les réponses de la directrice de l’éducation nationale, Isabelle Bonnal.

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© Photo Charly Gallo / Direction de la Communication

Une réforme du baccalauréat en France et à Monaco était-elle nécessaire ?

Il ne m’appartient pas de commenter ni les raisons qui ont présidé au choix de ce nouveau baccalauréat, ni le contenu d’une réforme engagée par un Etat étranger. Il est néanmoins à relever le maintien du baccalauréat. Preuve que cet examen, qui a plus de 200 ans, a encore du sens aujourd’hui. Les éléments communiqués sur la réforme font apparaître un certain pragmatisme, avec un souci certain d’une meilleure lisibilité, et la recherche d’une plus grande prise en compte du travail réalisé pendant l’année par l’élève.

Dans le baccalauréat nouvelle formule, il y aura une épreuve orale de 20 minutes : qu’en pensez-vous ?

Les compétences orales apparaissent importantes dans la réussite des élèves dans les études supérieures. Cette épreuve impliquera de mettre en place une formation adéquate des élèves à cette expression orale, afin de leur permettre de s’exprimer de manière structurée et avec clarté, de faire le lien entre des connaissances pluridisciplinaires et d’adopter une posture plus mature.

Mais est-ce vraiment pertinent pour les élèves ?

Très certainement. Cet oral contribuera à développer les compétences attendues d’un futur étudiant : la recherche documentaire, la capacité à mener un projet collaboratif, un travail qui s’inscrit dans la durée… Il donnera aussi la possibilité aux élèves de travailler bien en amont les automatismes nécessaires aux épreuves des grandes écoles, comme le grand oral de Sciences-Po, par exemple.

Les élèves de Monaco sont déjà sensibilisés à l’oral ?

La valorisation de l’expression orale occupe déjà une place importante à Monaco, au travers des programmes scolaires et des différents projets éducatifs : rencontres philosophiques, Charity Show… Et ce, dès la maternelle.

La réforme du bac prévoit la prise en compte du contrôle continu : c’est une bonne chose ?

La prise en compte du contrôle continu permet d’apprécier sur le moyen et le long terme le travail et la progression d’un élève. Les évaluations menées pendant l’année constituent de précieux indicateurs des acquis de l’élève. Nombre de formations supérieures sélectionnent déjà leurs futurs étudiants en partie sur les résultats obtenus depuis la classe de Première. Dans ce cadre, il n’apparaît pas illogique que le baccalauréat tienne compte des notes acquises tout au long du cycle terminal.

Comment va s’articuler la prise en compte du contrôle continu ?

Le contrôle continu envisagé reposerait pour 30 % sur des épreuves communes qui se dérouleraient normalement en janvier et en avril, pour la classe de Première, et en décembre, pour la classe de Terminale. Cette organisation fixera un calendrier clair aux élèves et permettra de garantir l’égalité entre candidats. Les notes du bulletin scolaire compteront, quant à elles, pour 10 % de la note finale.

En 2021, les séries L, ES et S vont disparaître, les élèves auront tous le même tronc commun de 16 heures et ils choisiront ensuite entre 10 disciplines de spécialité : que pensez-vous de cette nouvelle organisation ?

Le fait de garantir un large socle de connaissances communes entre tous les élèves jusqu’en Terminale apparaît adapté. Cette réforme met l’accent sur les savoirs que tout lycéen doit connaître et sur les compétences à maîtriser. Mais que chacun soit rassuré : depuis plusieurs années, les élèves partageaient déjà de nombreuses matières en commun. C’est donc une évolution, pas une révolution.

Comment va s’articuler cette nouvelle organisation ?

Ce tronc commun, homogène pour l’ensemble des lycéens de Première et de Terminale, est complété par des disciplines de spécialité qui permettront un véritable approfondissement en fonction de la sensibilité de chacun. Ainsi, les élèves choisiront trois disciplines de 4h en Première (soit 12h), puis deux de 6h chacune en Terminale (soit également 12h), prises parmi les trois suivies en Première. Cette formule, qui devrait certainement être plus flexible que l’existante, permettra notamment d’assurer une meilleure continuité entre études secondaires et études supérieures.

Cette nouvelle organisation va s’appliquer de la même manière à Monaco qu’en France ?

La mise en œuvre de cette nouvelle organisation va devoir faire l’objet d’une réflexion approfondie, notamment avec les proviseurs des lycées de la Principauté, afin que la réforme soit engagée avec sérieux, application et sans précipitation. Je rappelle que le nouveau bac est programmé en 2021. Ce qui est clair, c’est que les programmes français seront mis en œuvre et respectés dans les établissements publics et privés sous contrat de la Principauté, conformément à l’accord franco-monégasque du 7 juin 1994, tout en tenant compte des spécificités monégasques au bénéfice des élèves.

Cette réforme introduit une nouvelle discipline baptisée « humanités scientifiques et numériques » : quel est le contenu de cette discipline ?

Il est difficile de se prononcer sur ce point, les textes de référence sur cette nouvelle discipline n’étant pas encore parus. Son objectif en a en toutefois été expliqué : il s’agit d’approfondir les compétences numériques et mieux comprendre les transformations scientifiques et technologiques.

Comment élèves et professeurs ont-ils réagi à cette réforme à Monaco ?

La réforme venant juste d’être annoncée, je n’ai pas eu connaissance de réactions particulières d’élèves, de parents ou de professeurs.

Le rapport Mathiot préconisait une semestrialisation, mais, en France, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a finalement annoncé que l’organisation resterait trimestrielle : votre avis ?

Le rapport Mathiot proposait surtout de repenser les rythmes de l’élève au lycée. Dans ce cadre, la semestrialisation n’était qu’une des modalités pour modifier ce rythme. La réforme annoncée du baccalauréat modifie effectivement le calendrier de l’élève avec les épreuves communes en Première et en Terminale, les épreuves écrites passées juste après les vacances de Pâques pour les deux disciplines de spécialité… Ces mesures répondent donc en partie aux recommandations du rapport Mathiot.

L’organisation trimestrielle reste une base solide ?

Le trimestre est en effet une référence encore forte pour les élèves et leurs parents, comme pour les enseignants. Modifier ce repère bien identifié par les acteurs de la communauté éducative n’apparaissait pas indispensable. La semestrialisation peut, bien sûr, être une organisation pertinente à condition qu’elle ait un sens pédagogique. C’est ainsi qu’actuellement, la semestrialisation est pratiquée à partir de la classe de Première dans la voie professionnelle au lycée technique et hôtelier de Monaco.

Cette réforme du bac représente un gros travail pour l’éducation nationale monégasque ?

Cette réforme est assurément un chantier important. Le bac n’est que la partie émergée de l’iceberg de la réforme, puisque c’est l’organisation de l’ensemble des enseignements au lycée qui va être modifiée. Elle commencera à partir de la rentrée 2018 pour les nouveaux élèves de seconde.

Quel sera le plus gros chantier ?

Le principal travail consistera à permettre aux élèves de se positionner par rapport à leurs atouts et à leurs difficultés, afin de faire un choix éclairé des disciplines de spécialité pour la classe de Première. Les enseignants et les chefs d’établissements vont être formés et accompagnés pour mettre en œuvre cette réforme, en lien avec le rectorat de l’académie de Nice.