vendredi 19 avril 2024
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Jeux Olympiques de Tokyo : la flamme de l’espoir

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Malgré la forte opposition de la population japonaise et la pandémie de Covid-19, le coup d’envoi des Jeux Olympiques de Tokyo devrait être donné ce vendredi 23 juillet 2021. Six Monégasques y défendront les couleurs de la principauté.

Les Jeux Olympiques (JO) de Tokyo n’ont pas encore commencé que l’on sait déjà qu’ils resteront dans les annales olympiques avant même le début des épreuves sportives. De leur report d’un an l’année dernière en raison de la pandémie de Covid-19 à l’annonce du huis-clos il y a quelques jours en passant par la défiance populaire… rien n’aura été épargné à ces Olympiades. Contre vents et marées, le Comité international olympique (CIO) et le gouvernement japonais auront tenu, et lutté jusqu’au bout, pour permettre aux athlètes du monde entier de réaliser le rêve de leur vie. Car oui, les JO sont un rêve, et beaucoup font d’énormes sacrifices pour un jour avoir l’honneur de participer à cette grand-messe du sport mondial. À l’image de la porte-drapeau monégasque, Xiaoxin Yang, qui a dédié toute sa vie à sa passion, le tennis de table (lire son portrait dans ce numéro). Les détracteurs diront qu’une Olympiade dans ces conditions n’est pas une vraie Olympiade. Quand d’autres, comme le prince Albert II ou la secrétaire générale du comité olympique monégasque Yvette Lambin-Berti (lire son interview dans ce numéro), y voient au contraire un symbole d’espoir. Celui d’un retour à une vie « normale ».

« Nous soutiendrons toutes les mesures qui permettent d’avoir des Jeux olympiques et paralympiques en toute sécurité pour les Japonais et pour les participants »

Thomas Bach. Président du Comité international olympique

Les Japonais hostiles aux Jeux

Dans son discours lors de la présentation de la délégation monégasque au Yacht-Club, lundi 5 juillet, le souverain, également président du comité olympique national, a d’ailleurs tenu à saluer les instances olympiques ainsi que le gouvernement nippon pour « leur volonté et leurs efforts inlassables » pour maintenir l’événement malgré la défiance et le scepticisme de la population locale à l’égard des Jeux. Selon un sondage publié lundi 17 mai 2021 dans le quotidien Asahi, ils étaient plus de 80 % de Japonais à affirmer leur opposition à l’organisation des Jeux cet été. À l’époque, le gouvernement japonais venait alors d’élargir l’état d’urgence sanitaire à neuf départements du pays, confronté à une quatrième vague d’infections au Covid-19. 43 % des sondés souhaitaient même purement et simplement l’annulation des JO quand 40 % préféraient davantage un nouveau report. Seuls 14 % des 1 527 personnes interrogées restaient favorables à la tenue de l’événement. La menace du variant Delta, qui continue chaque jour de gagner du terrain, conjuguée à l’afflux de visiteurs étrangers (sportifs, délégations…), expliquaient en partie l’hostilité des locaux. En réponse, les organisateurs des Jeux avaient mis en avant les restrictions sanitaires strictes (lire à ce sujet l’interview du chef de mission des Jeux de Tokyo, Mathias Raymond) imposées aux sportifs et délégations pour tenter de les rassurer. Pire, début juillet 2021, le gouvernement japonais confronté à une recrudescence du nombre de cas de Covid-19 — dont 30 % étaient dus au variant Delta — actait la mise en place de l’état d’urgence jusqu’au 22 août et le huis-clos, fermant ainsi par la même occasion la porte des JO au public. Seules les épreuves prévues hors de la capitale nippone, à Fukushima et Miyagi (nord-est) ou Shizuoka (centre), accueilleront des spectateurs mais de façon limitée. « Nous soutiendrons toutes les mesures qui permettent d’avoir des Jeux olympiques et paralympiques en toute sécurité pour les Japonais et pour les participants », avait alors expliqué le président du CIO Thomas Bach. De son côté, la gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, évoquait un « crève-cœur » tout en appelant ses concitoyens à suivre les épreuves depuis leur domicile « de manière sûre ».

© Photo DR

« Les Jeux Olympiques de Tokyo sont le symbole de l’espoir dans la lutte planétaire menée contre la crise sanitaire pour un retour progressif à une vie normale »

Le prince Albert II

« Un symbole de l’espoir » pour le prince Albert

Fallait-il alors, dans ce contexte, maintenir coûte que coûte les Jeux ? « Des JO sans spectateurs, ça rime à quoi ? Il fallait les annuler simplement », se sont emportés des détenteurs de billets, déçus de ne pouvoir suivre en direct les exploits de leurs sportifs préférés. Pour d’autres, en revanche, comme le prince Albert II, le maintien de ces Olympiades est « le symbole de l’espoir dans la lutte planétaire menée contre la crise sanitaire pour un retour progressif à une vie normale ». Les Jeux de Tokyo auront certes une saveur particulière cette année, mais ils auront lieu malgré tout. Et pour Yvette Lambin-Berti, secrétaire générale du comité olympique monégasque, il s’agit aussi d’une marque de respect envers les sportifs, qui font d’énormes sacrifices pour obtenir leur précieux sésame pour cette grand-messe du sport mondial. « Ça va être des Jeux difficiles, nous serons très contraints, reconnaît-elle. Mais pour les athlètes, c’est un aboutissement. Il était temps que ça se passe. Il n’y a eu que des conditions terribles pour qu’une Olympiade n’ait pas lieu. C’est une pandémie, ça a été important, le vaccin joue aujourd’hui un rôle important donc j’espère que nous verrons le bout du tunnel. Mais les Jeux, c’est une étape essentielle », insiste Yvette Lambin-Berti. Même son de cloche du côté des six représentants monégasques. Tous regrettent, bien évidemment, l’absence de spectateurs. Ils évolueront dans des stades vides, sans ferveur donc, mais pour eux, l’essentiel est ailleurs. Ils déclarent, à l’unisson, avoir hâte d’y être et d’en découdre (lire leurs portraits dans ce numéro). Et si décrocher une médaille semble hors de portée, tous sont décidés à faire le maximum. Certains tenteront de battre leur record personnel quand d’autres se sont fixés comme objectif de passer plusieurs tours de qualification. « Les athlètes sont déterminés, habitués aux efforts et à la souffrance physique pour constamment se surpasser dans la performance sportive. En dépit de ce contexte particulier, je suis convaincu qu’ils relèveront ce défi afin que, lors de leur entrée dans le stade olympique le 23 juillet, ce message d’espoir soit adressé non seulement au monde du sport mais aussi à l’ensemble des populations de notre planète », avait déclaré le prince Albert le 5 juillet dernier.

L’Ariake Arena accueillera les matches de volley-ball lors des JO, ainsi que la compétition de basket-ball paralympique. © Photo DR

« Ça va être des Jeux difficiles, nous serons très contraints. Mais pour les athlètes, c’est un aboutissement. Il était temps que ça se passe »

Yvette Lambin-Berti. Secrétaire générale du comité olympique monégasque

Des Jeux écolos

Ces Jeux de Tokyo seront aussi l’occasion de porter un autre message, environnemental celui-là. Car comme le rappelle Albert II, « premiers d’une trilogie (2021-2024-2028) avant l’échéance fixée par l’ONU pour la réalisation des objectifs de développement durable de l’agenda 2030, et dix ans après la catastrophe naturelle et industrielle de Fukushima, les JO de Tokyo engagent le mouvement olympique dans la transition écologique ». Ainsi, les organisateurs japonais ont décidé de jouer la carte de Jeux « 100 % énergie renouvelable ». Pour cela, ils se sont notamment appuyés sur l’hydrogène en recourant aux ressources durables et recyclables et en valorisant les nouvelles solutions de mobilité urbaine. « Autant d’axes forts qui doivent nous inspirer », a souligné le prince particulièrement sensible aux questions environnementales. Concrètement, pour cette XXXIIème Olympiade de l’ère moderne, les podiums ont été confectionnés à partir de déchets plastiques collectés auprès des habitants et dans la mer ont fait savoir les organisateurs d’un pays, où le plastique est roi. Les médailles, elles, ont été fabriquées en métal recyclé. À ce titre, 4,1 tonnes d’argent, 2,7 tonnes de bronze et 30,3 kg d’or ont été récupérées auprès des citoyens et entreprises locales. Les athlètes ainsi que les officiels du pays hôte porteront des tenues en matériau recyclé issu de vêtements usagés. Le village olympique, qui accueillera près de 12 000 sportifs du 23 juillet au 8 août, a lui été construit en bois afin d’être réutilisé à la fin de la compétition et les bâtiments seront alimentés en énergies renouvelables. Le Japon, pays meurtri par les catastrophes naturelles (séismes, tsunamis…), veut donc aussi profiter de cet événement planétaire pour montrer l’exemple et sensibiliser le monde entier à la lutte contre le changement climatique. Un engagement qui plaît forcément au prince Albert II : « Au-delà de la célébration de l’humanité et des valeurs olympiques que sont l’excellence, le respect et l’amitié, ces Jeux doivent contribuer à rendre notre société plus durable, plus inclusive et plus égalitaire. La pandémie nous impose une leçon de solidarité tout en transformant les défis de l’avenir en opportunités ». Les JO de Tokyo auront donc, certes, une saveur particulière cet été mais ils valent la peine d’être vécus, ne serait-ce que pour les valeurs universelles qu’ils véhiculent.

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