vendredi 29 mars 2024
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Election nationale 2023 : le calme l’emporte

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L’élection nationale qui oppose la liste de L’Union de Brigitte Boccone-Pagès aux Nouvelles Idées pour Monaco de Daniel Boeri se déroulera le 5 février 2023. Par rapport à la campagne de 2018, et surtout par rapport à celle de 2013, c’est le calme qui aura essentiellement prédominé.

Alors que l’élection nationale du 5 février 2023 approche, ce n’est pas l’effervescence. Si l’enjeu est bien là, les deux listes en présence n’ont pas multiplié les meetings politiques, ni les joutes verbales sur les réseaux sociaux, ou dans les allées du marché de la Condamine. Ce climat très apaisé place cette élection à des années lumières de la tension constatée lors des élections de février 2013. « De manière générale, la campagne électorale pour les élections nationales de 2013 a été d’un niveau de tension sans commune mesure avec celle de 2018. En 2013, il y a eu des attaques personnelles, des mises en causes sur la moralité de certains candidats, et des procédés, notamment homophobes. Monaco mérite mieux que ce genre de comportements qui sont, à l’époque, allés bien trop loin », expliquait à Monaco Hebdo l’expert en communication publique et politique, actuellement chargé des relations médias pour L’Union, David Wigno. Cinq ans après, en 2018, le climat était plus apaisé. Cela malgré la présence de trois listes : Priorité Monaco (Primo !), Horizon Monaco (HM), et Union Monégasque (UM), et donc de 72 candidats. « Il y a eu beaucoup plus de responsabilité et de respect entre candidats en 2018. En 2018, c’était plutôt des “fake news” programmatiques. En principauté, étant donné que tout le monde se connaît, lors des élections nationales de 2013 et de 2018, on a vu apparaître beaucoup de faux profils sur les réseaux sociaux », se souvient David Wigno, qui épaulait alors la liste Primo ! de Stéphane Valeri. En 2023, le contexte est encore différent. Le périmètre de ce scrutin se limite à une seule liste complète de 24 candidats, dirigée par l’ex-élue Primo ! et présidente sortante du Conseil national, Brigitte Boccone-Pagès, et à une liste de 14 candidats, pilotée par l’élu dissident de Primo !, Daniel Boeri. Avec 38 candidats cette année, contre près du double il y a cinq ans, l’agitation autour de cette élection se fait attendre, que ce soit dans les rues de Monaco ou sur les réseaux sociaux.

Si l’enjeu est bien là, les deux listes en présence n’ont pas multiplié les meetings politiques, ni les joutes verbales sur les réseaux sociaux, ou dans les allées du marché de la Condamine

Débat télévisé avorté

Un frémissement s’est toutefois fait sentir le 23 janvier 2023, lorsque la possibilité d’un débat télévisé opposant les deux têtes de liste a germé. Le dimanche 22 janvier 2023, le comité de coordination de la campagne télévisée a rappelé par le biais d’une publication au Journal officiel de Monaco que pendant la campagne électorale, c’est-à-dire du samedi 21 janvier au samedi 4 février 2023, les listes en course pour l’élection nationale, ont accès à l’antenne de la chaîne Monaco Info, sous son contrôle. C’est dans ce cadre que l’hypothèse d’un débat télévisé s’est dessinée. Ce projet est un serpent de mer à Monaco. On se souvient que cette idée avait été poussée le 15 février 2012 par Laurent Nouvion, lors de l’assemblée générale de son groupe politique Rassemblement & Enjeux (R&E), dans le cadre de l’élection nationale du 10 février 2013. Le leader de R&E avait alors invité son concurrent, la tête de liste d’Union Monégasque (UM), Jean-François Robillon, à l’affronter en tête-à-tête sur le plateau de télévision de Monaco Info, sans que cela ne se concrétise. Il aura fallu attendre cinq ans de plus pour qu’un débat soit médiatisé, en direct, en principauté. Le 5 février 2018, à six jours de l’élection nationale du 11 février 2018, Monaco Hebdo et L’Obs’ de Monaco, en collaboration avec Radio Monaco, ont organisé ce qui constitue, à ce jour, le tout premier, et le seul, débat politique présenté en direct, dans le cadre d’une élection nationale en principauté. Cet événement historique dans la vie politique de Monaco, a aussi été filmé et diffusé en direct, en “streaming” vidéo sur Internet. Pendant 1 h 20, la tête de liste de Primo !, Stéphane Valeri, et celle d’UM, Jean-Louis Grinda, ont confronté leurs idées, sans concessions. Avec ce précédent, autant dire que pour cette élection nationale 2023, beaucoup imaginaient qu’un débat serait organisé, cette fois, par la chaîne de télévision Monaco Info. Mais, en moins de 72 heures, cet espoir a été douché.

Le 5 février 2018, à six jours de l’élection nationale du 11 février 2018, Monaco Hebdo et L’Obs’ de Monaco, en collaboration avec Radio Monaco, ont organisé ce qui constitue, à ce jour, le tout premier, et le seul, débat politique présenté en direct, dans le cadre d’une élection nationale en principauté. © Photo DR

Un frémissement s’est toutefois fait sentir le 23 janvier 2023, lorsque la possibilité d’un débat télévisé opposant les deux têtes de liste a germé

Cartons

Tout semblait pourtant bien parti pour que l’histoire se répète. L’Union a d’ailleurs communiqué en premier à ce sujet, le 23 janvier 2023, autour de 18 heures, expliquant son désir de voir ce débat se tenir, mais sous une forme bien précise : « Brigitte Boccone-Pagès demande à Daniel Boeri, fondateur et chef de file médiatique de la liste concurrente à celle de l’Union Nationale Monégasque (UNM), de répondre favorablement à cette proposition sous cette forme, comme attendu par les compatriotes, celle d’un débat entre elle et lui. » Dans un échange d’e-mails datés du 22 janvier et rendu publics par les NIM et l’un de ses candidats, Jean-Michel Rapaire, la liste de Daniel Boeri a fait une autre proposition, 24 heures avant : « Concernant le débat télévisé, le comité directeur de la liste des NIM a décidé que M. Jean-Charles Tonelli sera notre représentant. Concernant les thèmes à débattre, nous vous suggérons que chaque liste propose trois thèmes chacun. » En face, L’Union est restée sur sa demande de départ : ce débat doit absolument opposer les deux têtes de liste, et personne d’autre. Finalement, l’épilogue a été écrit le 25 janvier 2023 par le comité de coordination de la campagne électorale télévisuelle : « mercredi 25 janvier 2023 se tenait une ultime réunion entre le comité et les représentants des deux listes candidates aux élections nationales 2023, à propos du débat télévisé pouvant se tenir dans le cadre de cette campagne. Ce comité a pris acte que les représentants des listes n’ont pas été en mesure de se mettre d’accord sur la désignation des débatteurs. En conséquence, aucun débat télévisé, tel que prévu par l’article ministériel n° 2022-418 du 1er août 2022 relatif à la campagne électorale télévisuelle concernant les élections nationales, ne pourra se tenir. » Comme en 2013, le débat télévisé restera donc dans les cartons [à ce sujet, lire notre article Election nationale 2023, débat télévisé : comment le dialogue s’est rompu entre L’Union et les NIM, publié dans le cadre de ce dossier spécial — NDLR].

© Photo Raphaël Brun / Monaco Hebdo

« Le comité a pris acte que les représentants des listes n’ont pas été en mesure de se mettre d’accord sur la désignation des débatteurs. En conséquence, aucun débat télévisé […] ne pourra se tenir » 

Communiqué du comité de coordination de la campagne électorale télévisuelle, le 25 janvier 2023

Nouvion et HM renoncent

Il faut donc regarder cette campagne électorale autrement, sous le prisme, plus classique à Monaco, des meetings et des réunions publiques. Sur ce plan, en 2018, les trois listes en course s’étaient lancées dans une série de réunions publiques de grande ampleur, dans de grandes salles, comme, par exemple, l’espace Léo Ferré, à renfort d’écrans géants et de musique rock ou électro. Rien de tout cela pour cette élection nationale 2023. Partie la première, L’Union a révélé le nom de ses 24 candidats à l’occasion d’une conférence de presse organisée le 17 octobre 2022. Avec 14 élus sortants et 10 nouveaux candidats, Brigitte Boccone-Pagès et L’Union font le pari de rebâtir, à partir du groupe politique Primo !, créé en 2017 par Stéphane Valeri, et qui s’était largement imposé lors de l’élection nationale de février 2018, avec 21 sièges gagnés sur 24. Le leader d’UM, Jean-Louis Grinda, s’est rangé sous la bannière de L’Union et de Brigitte Boccone-Pagès, tout comme l’ancienne tête de liste de HM, Béatrice Fresko-Rolfo. Une décision qui n’a pas été du goût de HM et de Laurent Nouvion qui ont indiqué par le biais d’un communiqué que « cette décision personnelle n’a fait l’objet d’aucune concertation, ni d’aucun accord avec HM » et que « aucun des candidats, et des candidates, cooptés dans cette liste ne sera légitime à se réclamer de HM ». Quant à UM, aucune réaction officielle n’a été communiquée. En face, Daniel Boeri, qui a quitté Primo ! le 21 juillet 2022, a discuté avec HM, sans parvenir à nouer un accord électoral. Finalement, le 21 novembre 2022, HM et Laurent Nouvion, qui a présidé le Conseil national de février 2013 à avril 2016, ont jeté l’éponge : « Vous représenter pour cinq ans, cela se prépare, cela se mérite, cela ne se décide pas par opportunisme. J’ai trop de respect pour les Monégasques et la chose publique pour engager des colistiers dans un contexte où l’exercice démocratique a été neutralisé depuis les cinq dernières années, sans aucune opposition. En ces temps troublés, je pense qu’il est préférable et responsable de ne pas ajouter à la confusion », a indiqué ce groupe politique dans un communiqué de presse. Cette décision a donc obligé Daniel Boeri à se débrouiller seul pour parvenir à monter sa liste. Malgré une série de renoncements et d’hésitations, les NIM ont présenté 13 candidats à l’occasion d’une conférence de presse, le 16 janvier 2023, à seulement cinq jours de la date limite de dépôt des candidatures. Treize, soit le nombre minimum nécessaire pour être autorisé à déposer une liste pour l’élection nationale [à ce sujet, lire notre encadré Election nationale 2023 : comment ça marche ?, par ailleurs — NDLR]. Un nombre qui sera finalement porté à 14, juste avant la clôture des inscriptions.

« Aucun des candidats, et des candidates, cooptés dans cette liste [L’Union — NDLR] ne sera légitime à se réclamer de HM »

Communiqué de Laurent Nouvion et HM, le 21 novembre 2022
Partie la première, L’Union a révélé le nom de ses 24 candidats à l’occasion d’une conférence de presse organisée le 17 octobre 2022. Avec 14 élus sortants et 10 nouveaux candidats, Brigitte Boccone-Pagès et L’Union font le pari de rebâtir, à partir du groupe politique Primo !, créé en 2017 par Stéphane Valeri, et qui s’était largement imposé lors de l’élection nationale de février 2018, avec 21 sièges gagnés sur 24. © Photo L’Union

Budget

Partie la première, la liste de Brigitte Boccone-Pagès a sereinement organisé un premier meeting dans la soirée du 14 novembre 2022, au Grimaldi Forum, devant environ 500 personnes. Un meeting sobre, raisonnable, et moins démonstratif que lors de la campagne pour l’élection nationale de février 2018. A l’époque, trois listes de 24 candidats s’affrontaient, et chacune multipliait les réunions de quartier et les meetings de grande dimension. Notamment à l’espace Léo Ferré pour Primo !, au théâtre princesse Grace pour UM, ou au théâtre des Variétés pour HM. Cette profusion de soirées politiques avait d’ailleurs fait le bonheur de certains commerçants, notamment les traiteurs et les restaurateurs. « Nous avons voulu des buffets plutôt conviviaux et populaires, expliquait-on alors chez Primo !. Cela n’a rien à voir avec les précédentes élections. Le budget de campagne ayant été ramené de 400 000 à 320 000 euros, nous avons dû faire des économies. Et nous ne voulions pas rogner sur le niveau audiovisuel des meetings. » Si le montant du budget de campagne des deux listes ne sera révélé qu’après l’élection, donc après le 5 février 2023, les dépenses pourraient être inférieures à la campagne de 2018, du fait du moins grand nombre de meetings et de réunions publiques, mais aussi de leur dimensionnement. La loi n° 1389 du 2 juillet 2012 prévoit un plafond de 325 000 euros par liste pour les dépenses de campagnes électorales nationales, et de 203 000 euros par liste pour les élections communales. Un remboursement de 78 000 euros, soit 5 200 euros par candidat est prévu par l’Etat monégasque pour les listes qui comportent de 8 à 15 candidats, un remboursement de 35 000 euros pour les listes de 2 à 7 candidats, et enfin, 17 000 euros pour un candidat déclaré sans liste d’appartenance.

Le 31 janvier 2023, L’Union prévoyait un seul grand meeting le 1er février 2023, à 19 h 30, à la salle des princes, au Grimaldi Forum. Quant aux NIM, leur unique meeting devait avoir lieu le 2 février 2023, au Grimaldi Forum également

Nouvelles idées pour Monaco
© Photo Raphaël Brun / Monaco Hebdo

Meetings

Quant à la période de campagne électorale, que ce soit pour l’élection nationale ou pour les élections communales, elle commence « le 14ème jour précédant le scrutin et se termine à zéro heure le jour du scrutin », pour se prolonger « du mardi jusqu’à zéro heure le jour du scrutin du 2ème tour lors d’élections communales », précise ce texte de loi. « En 2008, plus de 800 000 euros ont été dépensés pour les deux principales listes », soulignait en juillet 2017 le président Nouvelle Majorité (NM) de la commission spéciale, Jean-Charles Allavena, dans les colonnes de Monaco Hebdo. Toujours en juillet 2017, l’ancien président du Conseil national, Jean-François Robillon, avait alors évoqué des « dépenses obscènes, au sens littéral du terme ». Le 31 janvier 2023, Monaco Hebdo bouclait ce numéro et L’Union prévoyait alors un seul grand meeting le 1er février 2023, à 19h30, à la salle des princes, au Grimaldi Forum. Quant aux NIM, leur unique meeting devait avoir lieu le 2 février 2023, au Grimaldi Forum, toujours dans la salle des princes. Pour le reste, pas de réunions de quartier pour les NIM. Ils ont préféré miser sur une sorte de permanence. Depuis le lundi 23 janvier 2023, ils se proposent de rencontrer les Monégasques de 17 heures à 19 heures, à L’Entrepôt, une galerie d’art tenue par Daniel Boeri, située rue de Millo. Du côté de L’Union, c’est une série de réunions de quartier, baptisées des « ré-unions », qui ont été organisées du 22 novembre 2022 au 17 janvier 2023. Des rencontres pendant lesquelles la parole a été donnée aux Monégasques sur des thèmes porteurs, comme le logement, l’écologie et la qualité de vie, les négociations avec l’Union européenne, l’éducation et la jeunesse, ou le modèle social monégasque, par exemple.

Nouvelles idées pour Monaco
Malgré une série de renoncements et d’hésitations, les NIM ont présenté 13 candidats à l’occasion d’une conférence de presse, le 16 janvier 2023, à seulement cinq jours de la date limite de dépôt des candidatures. Treize, soit le nombre minimum nécessaire pour être autorisé à déposer une liste pour l’élection nationale. Un nombre qui sera finalement porté à 14, juste avant la clôture des inscriptions. © Photo JL

Sur Facebook, le compte des NIM affichait 49 abonnés, contre 820 pour L’Union. Reste à traduire ce net avantage dans les urnes, alors que l’engagement des Monégasques sur les réseaux sociaux reste très mesuré

Réseaux sociaux et Internet

En parallèle, les deux listes en course ont aussi investi Internet et les réseaux sociaux, mais selon des logiques différentes. Sur cet autre terrain virtuel, c’est aussi le calme qui a pris le dessus. « En principauté, les réseaux sociaux se résument essentiellement à Facebook pour les adultes, et très peu Twitter, sauf pour quelques “happy few” qui se concentrent en une cinquantaine de personnes qui échangent autour de la politique monégasque. En France, le taux d’engagement sur Twitter est bien supérieur qu’à Monaco. La principauté est en total décalage sur ce point. En principauté, pour les 15-30 ans, Instagram est majoritaire », indiquait David Wigno à Monaco Hebdo, au mois de mai 2022. Avant d’ajouter : « Monaco garde une mixité, entre le numérique, la presse « papier », les réunions publiques, et la communication envoyée à domicile. Cela s’explique aussi par le fait qu’en principauté, il y a seulement deux consultations démocratiques : les élections pour le Conseil national tous les cinq ans, et pour la mairie tous les quatre ans. » Sur Facebook, le compte des NIM affichait 49 abonnés alors que Monaco Hebdo bouclait ce numéro le 31 janvier 2023, contre 820 pour L’Union. Reste à traduire ce net avantage dans les urnes, alors que l’engagement des Monégasques sur les réseaux sociaux reste très mesuré, comme l’expliquait David Wigno : « Sur Facebook, plusieurs milliers de personnes sont exposées à la politique monégasque. En revanche, le taux d’engagement et d’interactions, soit par des “likes”, soit par des commentaires, est assez faible en principauté, parce que l’expression de chacun est identifiable, par son voisin ou par son collègue. Dans une cité à dimension humaine, on ne peut pas noyer son expression personnelle numérique dans le volume, comme dans les grands pays. Il est donc naturel que chacun fasse preuve d’un minimum de retenue. C’est une discipline collective assez salutaire, en l’espèce. » Sur les autres réseaux sociaux, la stratégie défendue par les NIM et par L’Union n’est pas la même. Sur Instagram, le match en nombre d’abonnés est aussi remporté par la liste de Brigitte Boccone-Pagès avec 283 abonnés, quand les NIM de Daniel Boeri ne présentent aucun compte. En revanche, le compte Instagram personnel de Daniel Boeri affiche 2 859 abonnés, et celui de Brigitte Boccone-Pagès, 1 792. Enfin, sur Twitter, Brigitte Boccone-Pagès dispose de 1 127 abonnés, quand Daniel Boeri en compte 373. Là encore, les NIM n’ont pas créé de compte Twitter. L’Union a choisi une autre approche, et affiche 83 abonnés sur Twitter.

Mais si l’expression publique reste le plus souvent feutrée sur les réseaux sociaux, c’est parce que c’est ailleurs que la parole se libère, et notamment dans le cadre de groupes de messageries privés

Participation

Au total, cette campagne sur les réseaux sociaux n’a donc pas été le théâtre de fortes empoignades entre les différents protagonistes ou entre les supporters des deux camps. Rien à voir avec l’élection de février 2013, pendant laquelle les tensions avaient été extrêmement fortes, avec une série de dérapages qui avaient poussé le ministre d’Etat de l’époque, Michel Roger, à intervenir pour calmer les esprits. Mais si l’expression publique reste le plus souvent feutrée sur les réseaux sociaux, c’est parce que c’est ailleurs que la parole se libère, et notamment dans le cadre de groupes de messageries privés : « A Monaco, il y a 8 000 électeurs monégasques. Plus de la moitié de cet électorat s’expose au moins quelques fois à des réseaux sociaux. Ensuite, les modes de partages principaux sont les relais apportés par des messageries comme WhatsApp ou Messenger, par exemple. Cette exposition, indirectement suscitée par un tiers, est très importante », jugeait David Wigno en mai 2022. Mais l’essentiel est à chercher sur le fond, sur le terrain des idées, donc. Pour cela, dans ce dossier spécial, Monaco Hebdo a longuement interrogé Brigitte Boccone-Pagès et Daniel Boeri autour de grands thèmes, afin que chacun puisse dessiner les contours de son action. C’est maintenant aux électeurs de décider qui est le plus convaincant. Reste aussi à connaître la mobilisation des Monégasques pour cette élection. En 2018, le taux de participation était de 70,35 %. Sur 7 245 inscrits, 5 097 personnes s’étaient déplacées aux urnes. Combien seront-ils le 5 février 2023 ?

Election nationale 2023 : comment ça marche ?

Le Conseil national regroupe 24 membres qui sont élus pour une période de cinq ans au suffrage universel direct. Cette élection se déroule au scrutin de liste plurinominal à un tour, avec possibilité de panachage, et sans vote préférentiel. Le panachage donne la possibilité aux électeurs de rayer des noms sur la liste pour laquelle ils votent, et de les remplacer par des candidats présents sur d’autres listes. Alors que le vote préférentiel est un mode de scrutin proportionnel de liste, qui autorise les votants à classer les candidats d’une même liste selon leurs préférences. Pour pouvoir présenter une liste à Monaco, il faut disposer d’un nombre de candidats égal à la majorité absolue, donc 13 candidats. Les deux tiers des fauteuils sont attribués au scrutin majoritaire. Le tiers restant est accordé au scrutin proportionnel. Les 16 candidats qui ont récolté le plus grand nombre de voix sont élus. Si des candidats sont à égalité, c’est le candidat le plus âgé qui est élu. Les huit derniers sièges reviennent aux listes qui ont réuni au moins 5 % des suffrages valablement exprimés, d’après les modalités de la représentation proportionnelle. Pour cela, chaque liste décroche le nombre de sièges qui correspond au nombre de fois où le quotient électoral est contenu dans le total des suffrages valablement exprimés en faveur de l’ensemble de ses candidats. Pour calculer le quotient électoral, il faut diviser le nombre total de voix valablement exprimées par le nombre de sièges à pourvoir à la proportionnelle. S’il reste un ou des sièges à attribuer, ils sont distribués selon la règle de la plus forte moyenne. « La moyenne est déterminée pour chaque liste en ajoutant, chaque fois qu’il y a un siège restant, un siège fictif au nombre de sièges qui lui sont attribués au scrutin proportionnel et en divisant le total des voix qu’elle a obtenues par le nombre de sièges, y compris le siège fictif ajouté. Au sein de chaque liste, les sièges obtenus sont attribués aux candidats dans l’ordre du nombre de suffrages qu’ils ont obtenus. En cas d’égalité du nombre de suffrages, le plus âgé des candidats est élu », explique la loi n° 839 du 23 février 1968 sur les élections nationales et communales.