vendredi 29 mars 2024
AccueilPolitiqueElection nationale 2023 - Brigitte Boccone-Pagès : « Notre bilan est le meilleur...

Election nationale 2023 – Brigitte Boccone-Pagès : « Notre bilan est le meilleur que le Conseil national a proposé depuis 2010 »

Publié le

A seulement quelques jours de l’élection nationale du 5 février 2023, la présidente sortante du Conseil national et tête de liste de l’Union Nationale Monégasque – L’Union, Brigitte Boccone-Pagès, détaille le contenu de son projet pour Monaco Hebdo.

Election 2023 : le contexte politique

Pourquoi vous présenter à cette élection nationale du 5 février 2023 ?

Lorsque nous nous sommes présentés au scrutin des Monégasques en 2018, personne ne pouvait imaginer que nous serions confrontés à une pandémie, qui a induit une crise économique, ou à la situation géopolitique d’aujourd’hui qui, elle aussi, a des conséquences notamment en termes d’inflation et de pouvoir d’achat. Ce contexte a contraint l’ensemble des élus, quelle que soit leur tendance, à travailler ensemble pour protéger nos compatriotes et défendre l’intérêt général. Dans ces circonstances, l’union nationale s’est imposée d’elle-même. Cette union ce n’est pas juste un mot, c’est aussi, et avant tout, une méthode de travail qui a convaincu l’ensemble des élus. C’est aussi la meilleure façon pour le Conseil national d’être fort, car uni. Lorsque le président Valeri a accepté les fonctions qui sont aujourd’hui les siennes, il m’a demandé de lui succéder à la présidence de notre institution, et l’ensemble des élus m’a fait l’honneur de m’accorder leur confiance. Aujourd’hui, la liste que je conduis se propose de poursuivre la méthode de l’union nationale, qui est la plus efficace pour défendre les Monégasques.

Quels sont les sujets prioritaires pour cette mandature 2023-2028 ?

Evidemment, la question des négociations d’un éventuel accord d’association avec l’Union européenne (UE) est un sujet essentiel, qui inquiète beaucoup nos compatriotes. Ensuite, il faut poursuivre l’effort de l’Etat pour le logement des Monégasques. C’est une politique de long terme, qui implique un investissement important de l’Etat, et nécessite un Conseil national qui veille à ce que les engagements pris soient tenus. Plus largement, notre modèle économique et social doit continuer à s’adapter à la réalité de la société contemporaine. Cela concerne tout le monde, sur des sujets aussi variés que l’entreprise, l’éducation, la dépendance, l’emploi, la jeunesse, le handicap, ou la santé. Enfin, il est essentiel que le développement de Monaco se fasse de manière rationnelle et durable. Nous devons veiller à préserver la qualité de vie de nos compatriotes et résidents, tout en restant un pays dynamique et prospère. C’est une question centrale qui nécessite de faire travailler ensemble tous les acteurs concernés, qu’ils soient publics ou privés, afin d’améliorer notre mobilité, notre espace urbain, la qualité de notre consommation énergétique, la gestion de nos déchets. Il faut aussi que l’Etat soit en mesure de susciter l’adhésion de l’ensemble des résidents et salariés de la principauté.

« L’une de nos propositions fortes consiste en la création d’une agence domaniale qui centraliserait l’ensemble des services qui sont en charge de la gestion du logement. Cette solution aura l’avantage, immédiatement, de disposer d’un point d’entrée unique et efficace pour l’ensemble des usagers »

Qu’est-ce qui vous distingue de la liste concurrente ?

Il ne m’appartient pas de juger la liste conduite par Daniel Boeri qui siégeait, comme membre de la majorité il y a encore quelques mois [à ce sujet, lire notre article Daniel Boeri quitte Primo ! et s’explique, publié dans Monaco Hebdo n° 1250 — NDLR]. Tout ce que je peux vous certifier, c’est que les 24 femmes et hommes qui composent la liste de l’Union Nationale Monégasque (UNM) — L’Union, ont chacune et chacun de grandes qualités. J’ajoute que notre liste est conduite par une femme, et qu’elle comporte 11 femmes et 13 hommes. Cela nous donne une véritable crédibilité quand on parle d’égalité femme-homme.

Logement des Monégasques

Quelles sont vos propositions pour assurer le logement des Monégasques sur les cinq années à venir et au-delà, alors que le parc domanial va bientôt dépasser 3 700 appartements ?

Le plan national pour le logement lancé en mars 2019 prévoit des constructions jusqu’en 2034, ce qui constitue le point de référence de la politique de logement de nos compatriotes à moyen terme. Sur les cinq années à venir, à l’exception de l’année 2025, le plan actuel de construction doit permettre des livraisons de logements neufs chaque année. Si l’on ajoute à cela les appartements de restitution, et le fait qu’à l’issue de cette mandature nous sortons de la pénurie, les besoins à court et moyen terme seront couverts. Notre bilan est le meilleur que le Conseil national ait proposé depuis 2010. Pour autant, nous resterons vigilants afin d’éviter, à tout prix, le retour de la pénurie de logements domaniaux. Pour cela aussi, les Monégasques peuvent nous faire confiance ce dimanche 5 février 2023. L’une de nos propositions fortes consiste en la création d’une agence domaniale qui centraliserait l’ensemble des services qui sont en charge de la gestion du logement. Cette solution aura l’avantage, immédiatement, de disposer d’un point d’entrée unique et efficace pour l’ensemble des usagers.

Le plan national pour le logement annoncé par le prince Albert II début 2019 prévoit la construction de 1 500 appartements réservés aux Monégasques en 15 ans : ce rythme de construction est-il respecté ?

Comme vous avez pu le voir pendant la mandature qui se termine, ce plan a déjà beaucoup évolué depuis son lancement, en mars 2019. Certaines opérations, prévues à court terme, comme le Bel Air, ont été retardées, certaines opérations annoncées ne sont plus d’actualité, et d’autres, comme le Larvotto Supérieur, ont été ajoutées. Les élus de la mandature 2018-2023 ont fait peser tout le poids du Conseil national pour respecter le rythme de livraison annoncé. Et, dans l’ensemble, il est tenu. La commission du logement, présidée par Franck Lobono, a beaucoup travaillé pour arriver à ce résultat. Je n’ai aucun doute sur le fait que le Conseil national élu par les Monégasques le 5 février prochain aura la même attention sur le respect des engagements pris en matière de logement domanial.

Avez-vous des craintes en termes de logements domaniaux pour la mandature 2023-2028 ?

A ce stade, nous savons que l’année 2025 est une année pendant laquelle il n’y aura pas de livraison de logements neufs. Pour autant, à ce stade, il est tout de même prévu la tenue d’une commission d’attribution de logements de restitution. Lors du budget primitif 2023, nous avons demandé au gouvernement de revenir vers nous avec au moins une nouvelle opération intermédiaire pour renforcer le dispositif. De plus, nous proposons de fluidifier le système d’attributions, afin que l’on puisse faire des attributions au fur et à mesure des logements qui se libèrent et, surtout, qu’aucun logement ne reste vide plus longtemps que le temps absolument nécessaire à une remise à neuf. Une telle refonte du système devrait également permettre de limiter le temps d’attente de nos compatriotes pour obtenir un logement correspondant à leurs besoins.

Les charges locatives pèsent trop lourd, estime un certain nombre de Monégasques : comment remédier à cela, alors que l’Etat assume déjà jusqu’à 50 % des charges ?

Cette question dépend en grande partie de l’immeuble dont on parle. Tous les immeubles domaniaux ne fonctionnent pas de la même façon, et ce ne sont pas les mêmes services qui sont inclus dans les charges. Nous demandons au gouvernement de porter la plus grande attention à ce sujet, notamment dans les nouvelles constructions, afin d’éviter que les charges soient trop importantes. De plus, il nous semble essentiel que les locataires puissent avoir une meilleure visibilité sur la réalité des charges de leurs logements, afin de pouvoir anticiper, le cas échéant, un rappel de charges trop lourd pour leur budget. Enfin, nous proposons que ces éventuels rappels de charges à payer par les locataires soient systématiquement mensualisés.

« Nous proposons la mise en œuvre d’une prime à la mobilité. L’idée est de proposer à des foyers dont les enfants, devenus adultes, ne vivent plus chez les parents, de prendre un appartement de trois pièces, sans charges supplémentaires, qu’il s’agisse d’une location ou d’un contrat habitation capitalisation »

Comment améliorer le mode d’attribution des logements réservés aux Monégasques ?

Jusqu’à maintenant, la situation de pénurie contraignait l’Etat à concentrer son effort pour répondre aux besoins légitimes des familles monégasques. Nous sortons de cette mauvaise conjoncture, ce qui est l’opportunité parfaite pour repenser notre système. Nous proposons, par exemple, la mise en œuvre d’une prime à la mobilité. L’idée est de proposer à des foyers dont les enfants, devenus adultes, ne vivent plus chez les parents, de prendre un appartement de trois pièces, sans charges supplémentaires, qu’il s’agisse d’une location ou d’un contrat habitation capitalisation (CHC). De plus, nous proposons que l’Agence Domaniale accompagne la prise en charge du déménagement. Bien entendu, un tel dispositif n’est envisageable que sur la base du volontariat. Nous proposons également de mettre un terme aux pénalités pour le premier refus, et à l’attribution immédiate à un autre candidat de tout appartement refusé.

On parle d’un besoin annuel récurrent de 100 appartements domaniaux par an : comment est calculé ce chiffre et comment anticiper les besoins futurs de façon juste et rationnelle ?

Il s’agit d’un chiffre constaté sur la base des demandes examinées à chaque commission. D’ailleurs, ce chiffre fait consensus puisque le plan national pour le logement a été conçu initialement sur un rythme comparable. Quant à l’anticipation des besoins futurs, il faudra mener des évaluations régulières afin de pouvoir les anticiper.

Après la réforme de 2022, le contrat habitation capitalisation est-il aujourd’hui pleinement satisfaisant dans sa forme, ou faut-il envisager de nouvelles modifications ?

Comme vous le mentionnez, nous avons fait évoluer le CHC récemment. La nature de ce dispositif, qui est de long terme, nécessite un certain temps avant d’envisager de nouvelles modifications. En revanche, nous proposons qu’il y ait une meilleure adéquation entre l’offre et la demande, afin que le CHC soit accessible le plus largement possible. Cela implique que les foyers soient attributaires d’appartements dont le prix du CHC est cohérent avec leurs revenus.

Pour rendre Monaco plus attractif sur le marché de l’emploi, le logement de salariés de la principauté dans les communes limitrophes est en discussion : quelle est votre position, alors que la loi française solidarité et renouvellement urbain (SRU) rend ce projet complexe ?

C’est effectivement un sujet complexe, mais essentiel. Pendant la mandature 2018-2023, nous avons eu l’occasion d’échanger régulièrement avec le gouvernement à ce sujet, et l’objectif de disposer de logements en zone limitrophe pour nos actifs fait consensus. Les difficultés que vous évoquez sont réelles, mais pas insurmontables. Si nous sommes élus le 5 février prochain, nous poursuivrons le travail à ce sujet, afin que l’on puisse disposer de plus de logements pour les salariés de la principauté.

Logement des enfants du pays

Comment jugez-vous la situation du logement des enfants du pays ?

Avec les importantes livraisons d’appartements domaniaux, plusieurs appartements du secteur protégé seront libérés. Cela devrait améliorer la situation du logement des enfants du pays, car des Monégasques vont libérer de nombreux appartements. Pendant la dernière mandature, nous avons voté plusieurs textes en faveur des enfants du pays et de leur logement.

Estimez-vous que des promesses n’ont pas été tenues concernant le logement des enfants du pays ?

Non, bien au contraire. Aucune mandature récente n’a fait autant que nous sur ce sujet. De plus, nous avons voté une loi reconnaissant, légalement, les enfants du pays qui, jusque-là, était un terme d’usage sans existence légale.

Europe – international

L’accord d’association sur lequel travaille le gouvernement monégasque avec l’Union européenne (UE) est-il vital pour l’avenir de Monaco ?

A ce stade, il est impossible de répondre à cette question, puisque l’accord n’est pas finalisé et que personne ne peut dire ce qu’il contient. En ce qui concerne l’Union, ce qui est vital, c’est de préserver le pacte et le modèle social monégasque, et, notamment, la priorité nationale et le régime d’autorisation. Pour le reste, nous évaluerons les avantages et inconvénients, et nous prendrons toutes nos responsabilités, pour représenter les Monégasques et préserver leurs intérêts.

Le prince Albert II a évoqué une série de « lignes rouges » que son gouvernement ne doit pas franchir dans le cadre de ces négociations : cela vous satisfait-il ?

Nous sommes évidemment alignés sur la notion de lignes rouges, mais nous voulons des garanties. C’est la raison pour laquelle nous tiendrons une position forte sur ce sujet lorsque le gouvernement avancera sur la question. Il faut rappeler que cet accord nécessitera le vote d’une loi d’autorisation de ratification pour pouvoir entrer en vigueur, et nous ne transigerons pas avec l’avenir de nos compatriotes.

Les prérogatives du Conseil national ne lui permettent pas de participer directement à ces négociations : quel rôle peuvent jouer les élus dans un tel cadre et quel peut-être leur pouvoir ?

Il ne s’agit pas d’une question de « pouvoir », comme vous le mentionnez, mais une question d’efficacité. Une loi d’autorisation de ratification votée par le Conseil national est nécessaire à la mise en œuvre d’un tel accord, dès lors c’est dans l’intérêt du pays que le Conseil national soit le mieux informé possible pour pouvoir se prononcer le moment venu. Pour cela, nous proposons la mise en œuvre d’un comité mixte de suivi de la négociation avec l’UE, afin que les élus soient pleinement informés des avancées des discussions.

Qu’attendez-vous concrètement de cet accord d’association ?

Qu’il respecte notre modèle économique et social, notre identité, notre histoire, et nos spécificités. Les Monégasques ne veulent pas se dissoudre dans un agrégat dans lequel ils ne se reconnaissent pas.

Société

Le modèle social monégasque est-il satisfaisant ?

Le modèle social monégasque bénéficie d’un haut niveau de protection, et l’on peut s’en féliciter. Pour autant, nous avons identifié un certain nombre de domaines pour lesquels des améliorations sont possibles et souhaitables, en particulier pour notre système de santé, nos aînés, les personnes en situation de handicap, et l’égalité femme-homme.

Les aides sociales sont-elles suffisantes ?

Dans l’ensemble, les différents systèmes de protection sociale mis en œuvre à Monaco nous semblent suffisants, en particulier avec la déconjugalisation de l’Allocation Adulte Handicapée (AAH), souhaitée et obtenue par l’actuelle mandature. En revanche, il nous semble essentiel que l’Etat soit humain et bienveillant. Par exemple, nous proposons que, dans le cas d’un changement de situation familiale dans un foyer, par exemple en cas de divorce ou de décès, l’Allocation Nationale au Logement (ANL) ne soit pas modifiée tant que ce foyer n’a pas eu l’opportunité de faire évoluer sa situation, en obtenant un nouveau logement.

Quelles réformes souhaiteriez-vous mener concernant ce modèle social monégasque ?

Nous souhaitons porter une plus grande attention pour nos aînés, qu’ils soient de jeunes retraités ou des personnes en situation de dépendance. Cela passe, par exemple, par une meilleure écoute de la parole des personnes du troisième et quatrième âge, un meilleur maintien à domicile, mais également une plus grande participation des jeunes retraités à la société, notamment par la transmission de leurs compétences et expériences. De plus, nous défendons une meilleure prise en compte du handicap dans tous les domaines. Qu’il s’agisse de l’accompagnement, de l’accessibilité des bâtiments, de l’inclusion dans le monde du travail. Enfin, nous souhaitons que certains revenus sociaux ne soient pas pris en compte dans le calcul des ANL.

Comment davantage favoriser l’égalité femmes-hommes en général, et en particulier sur la problématique des salaires dans le secteur privé ?

C’est un sujet auquel je suis très attachée et qui a déjà beaucoup avancé pendant les cinq dernières années. Néanmoins, nous voterons rapidement le texte récemment déposé au Conseil national, une loi permettant la mise en œuvre d’un fonds d’indemnisation des victimes d’infractions pénales, attendu de longue date. De plus, nous continuerons à défendre l’accès au statut de cheffe de foyer pour les femmes salariées du privé. Nous souhaitons également atteindre l’égalité salariale dans le privé, par tous les moyens.

Comment lutter plus efficacement contre les violences dans le couple ?

La loi n° 1517 votée par le Conseil national le 15 décembre 2021 a déjà vocation à améliorer notre arsenal législatif en la matière. Il faut aussi continuer de sensibiliser l’opinion publique pour libérer la parole des victimes de violences.

Faut-il faire évoluer les règles du divorce à Monaco ?

Oui, nous souhaitons faire avancer enfin notre législation sur le divorce par consentement mutuel, en faisant supprimer notamment la notion de « faute ».

Santé

Quelles sont vos propositions pour le secteur de la santé à Monaco ?

Nous proposons la création de maisons de santé permettant de regrouper plusieurs professionnels dans un même lieu, afin de mieux répondre aux besoins de nos résidents. L’idée est de rapprocher la médecine des patients. Il faut aussi permettre aux parents de pouvoir consulter des pédiatres, en facilitant leur installation rapidement.

Les structures de santé monégasques peinent de plus en plus à recruter, notamment à cause des problèmes d’accessibilité à Monaco, que ce soit en voiture ou en train : que faire ?

Sur le principe de proposer des logements pour les actifs de Monaco, nous souhaitons que des logements en périphérie soient disponibles, afin que des professionnels médicaux puissent plus facilement intégrer notre système de santé. Pour cela, le Conseil national sera aux côtés du gouvernement pour voter les budgets nécessaires.

« Nous proposons la création de maisons de santé permettant de regrouper plusieurs professionnels dans un même lieu, afin de mieux répondre aux besoins de nos résidents. L’idée est de rapprocher la médecine des patients »

Que faire face au manque de lits en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) à Monaco ?

Le Conseil national sortant n’a eu de cesse de défendre la construction d’un nouvel EHPAD à Monaco. La liste que je conduis souhaite que cet EHPAD voie le jour dans les délais les plus courts possibles, pour anticiper l’évolution de la demande. Il faut aussi tenir compte des nouveaux moyens de maintien à domicile, et s’appuyer sur des projections réalistes en matière d’évolution de la grande dépendance à Monaco.

Economie

Quelles sont vos propositions concernant l’économie monégasque ?

Nous proposons de nombreuses pistes pour le dynamisme économique de Monaco, mais également la participation active de nos compatriotes à cette économie. Par exemple, nous souhaitons la création de nouvelles formes de sociétés, comme l’EURL, qui est une SARL individuelle, ou la Société par Actions Simplifiées (SAS), adaptées aux spécificités monégasques. Nous souhaitons que notre pays bénéficie d’un véritable « choc de simplification », notamment avec la création d’un pavillon du service public qui pourrait proposer un guichet unique à nos entrepreneurs. Nous souhaitons aussi que la future banque nationale monégasque, actuellement en projet, soit une véritable banque d’investissement qui accompagne les porteurs de projets. Evidemment, il faut aussi poursuivre et intensifier la digitalisation de nos services publics.

« Nous souhaitons la création de nouvelles formes de sociétés, comme l’EURL, qui est une SARL individuelle, ou la Société par Actions Simplifiées (SAS), adaptées aux spécificités monégasques »

Avec un chiffre d’affaires record de 8,7 milliards d’euros publié en septembre 2022 par l’Institut monégasque de la statistique et des études économiques (IMSEE), comment Monaco peut-il encore faire mieux ?

Le rôle du Conseil national n’est pas de piloter l’économie, mais bien de mettre tout en œuvre pour offrir un environnement attractif pour les entreprises et les salariés qui les font fonctionner. C’est très exactement ce que nous nous proposons de faire.

Comment la société des bains de mer (SBM) peut-elle parvenir à confirmer ses bons résultats financiers ?

J’ai toute confiance dans le nouveau président-délégué pour poursuivre la dynamique positive de la société. La liste l’Union continuera de défendre l’emploi des nationaux dans cette entreprise, qui est le fleuron de l’économie monégasque.

« Nous souhaitons que la future banque nationale monégasque, actuellement en projet, soit une véritable banque d’investissement qui accompagne les porteurs de projets »

Faut-il réformer le mode de fonctionnement du fonds de réserve constitutionnel ?

Nous souhaitons ouvrir une réflexion sur les objectifs en termes financiers et de politiques publiques du fonds de réserve constitutionnel. Dans le même temps, nous souhaitons que le gouvernement cesse enfin d’utiliser ce fonds, qui est notre premier garant d’indépendance financière, comme un « budget bis ».

Quels sont les grands chantiers dans lesquels l’Etat va ou doit investir pour cette mandature 2023-2028 ?

Selon nous, il faut poursuivre les investissements dans le numérique et plus largement en faveur de l’attractivité de Monaco. De plus, l’Etat est déjà engagé dans de nombreux investissements structurants qui vont participer à cette attractivité. Il faut les mener à terme, dans les meilleures conditions possibles.

Jeunesse

Quelles sont vos propositions pour les jeunes ?

Lorsque l’on parle des « jeunes » très généralement, cela couvre de nombreux sujets : éducation, accompagnement, études, premier emploi, loisirs. Pour l’ensemble de ces sujets, la liste l’Union défend une approche bienveillante, inclusive, dans laquelle chaque jeune aura toutes les chances de s’épanouir dans notre pays. Par exemple, dans le cas de l’école, nous proposons que les métiers de l’éducation soient plus attractifs pour nos compatriotes, en faisant, notamment jouer le levier de la priorité nationale, mais également en maintenant le salaire de celles et ceux de nos compatriotes qui souhaitent passer des diplômes pour acquérir ou développer leurs compétences. Et lorsque j’évoque les métiers de l’éducation il faut l’entendre au sens large, incluant les personnels d’encadrement, médico-sociaux, et d’accompagnement.

Comment donner davantage de chances de réussite aux jeunes monégasques, que ce soit en principauté ou à l’étranger ?

Nous proposons plusieurs outils dans cet objectif. D’une part, nous souhaitons que soit proposée à nos élèves et étudiants la possibilité de réaliser un bilan de compétences afin de bien identifier leurs points forts et les domaines qu’ils peuvent améliorer. De plus, pour ces mêmes jeunes, nous souhaitons développer les stages en entreprises, qui permettent une meilleure connaissance du monde du travail, et donc du choix d’une formation. Enfin, nous souhaitons améliorer notre système de bourses afin de mieux accompagner les familles dont les enfants font des études supérieures.

Comment donner aux jeunes monégasques la possibilité de pouvoir davantage évoluer au sein de leur pays ?

La liste l’Union a développé une proposition forte dans cet objectif : MC Jobs. Cette nouvelle structure sera conçue autour de quatre axes : identification des compétences, usage du tutorat, accès à la recherche d’emploi pour tous les Monégasques, y compris déjà employés, et renforcement des moyens de la commission d’insertion des diplômés. Cette structure ne s’adressera d’ailleurs pas qu’aux jeunes, mais a vocation à devenir l’organisme principal de gestion de carrière de tout Monégasque qui le souhaite.

Brigitte Boccone-Pagès
© Photo Conseil National

« MC Jobs sera conçue autour de quatre axes : identification des compétences, usage du tutorat, accès à la recherche d’emploi pour tous les Monégasques, y compris déjà employés, et renforcement des moyens de la commission d’insertion des diplômés. Cette structure ne s’adressera pas qu’aux jeunes, mais a vocation à devenir l’organisme principal de gestion de carrière de tout Monégasque qui le souhaite »

Comment permettre aux jeunes monégasques de mieux accéder au secteur privé à Monaco ?

MC Jobs, que je viens d’évoquer est déjà un premier outil dans cet objectif. Pour autant, nous souhaitons également d’autres leviers comme, par exemple, un abattement de charges pour l’emploi de tout Monégasque en CDI.

Face aux addictions qui touchent certains jeunes, que faire ?

Nous souhaitons faire de la lutte contre les addictions une cause nationale, en créant, notamment, un centre dédié au traitement des addictions.

Comment mieux lutter contre le harcèlement en général, et contre le cyberharcèlement en particulier ?

La loi 1 513 votée par le Conseil national le 24 novembre 2021 a précisément cet objectif. Là encore, nous soutiendrons toutes les opérations de sensibilisation des familles.

Justice – sécurité

Quelles sont vos propositions concernant la justice et la sécurité à Monaco ?

La mandature sortante a voté un grand nombre de textes sur le sujet, et les moyens dédiés à la sécurité sont déjà en augmentation. Nous souhaitons poursuivre cet effort, en nous rappelant en permanence que la sécurité est un pilier de notre attractivité.

Qualité de vie – écologie

Quel tableau dressez-vous de l’évolution de la qualité de vie à Monaco ?

De l’avis général, beaucoup de choses sont à améliorer en la matière. La mandature qui s’achève a pourtant déjà fait beaucoup, en obtenant la création de l’unité de préservation du cadre de vie ou encore des arrêtés ministériels pour encadrer les chantiers et limiter les nuisances sonores, notamment. Pourtant, force est de constater que cela n’est pas suffisant. Il va falloir trouver de nouvelles façons de préserver notre qualité de vie, et nous défendons l’idée que toutes les initiatives doivent s’inscrire dans une vision durable, stratégique, et transversale de notre pays. Sur ce sujet, nous souhaitons qu’une structure transversale, de type « délégation interministérielle » soit mise en place, afin que la durabilité soit au cœur de toutes les politiques publiques de Monaco.

Comment jugez-vous le travail réalisée depuis 2020 par l’unité de préservation du cadre de vie ?

Cette unité est utile et doit se renforcer pour se concentrer sur la fluidification de la circulation intra-muros. De plus, nous avons demandé des moyens humains supplémentaires pour le contrôle des chantiers qui tardent à arriver. Enfin, nous souhaitons que les dérogations aux règles édictées par arrêté ministériel soient beaucoup plus drastiquement limitées qu’elles ne le sont aujourd’hui.

Comment parvenir à diminuer la fréquence et la durée des bouchons qui asphyxient Monaco le matin et le soir ?

Nous avons de nombreuses propositions sur cette question qui est centrale. Nous proposerons au gouvernement d’adopter une stratégie globale de mobilité durable, afin que l’ensemble des choix du pays s’inscrive dans une vision cohérente et pragmatique. Cela passe par des solutions de transports publics, des parkings-relais, la construction de logements en périphérie, des hubs [plateformes — NDLR] logistiques pour les véhicules de livraisons, entre autres. Cette question ne peut se résumer à ces parties, il faut l’aborder de manière globale, en tenant compte de tous les facteurs. Et puis, il faut en finir avec les études et passer aux actes. Nous demandons, pour 2023, au moins une grande décision pour une opération structurante en matière de mobilité.

Comment faire baisser les nuisances sonores ?

Nous proposons une meilleure planification urbaine, et, notamment, la mise en place d’un « phasage » des chantiers, afin d’en limiter le nombre simultané. Encore une fois, il s’agira toujours d’un ensemble de dispositifs. Par exemple, nous souhaitons que soit envisagée la possibilité de recouvrir nos routes de revêtements permettant de limiter le bruit des véhicules qui circulent.

Comment jugez-vous la qualité de la desserte de Monaco opérée par les TER de la SNCF et les bus des lignes 607 et 608 de la Région Sud ?

Ces transports restent essentiels à notre pays. Néanmoins, dans le cas de la SNCF, nous veillerons à ce que la qualité de service soit respectée, et surtout renforcée, pour que les pendulaires puissent envisager leurs trajets en confiance.

Que pensez-vous du projet de création d’une navette maritime Nice-Monaco-Menton ?

C’est un projet qui rencontre de nombreux obstacles, mais si l’opportunité de le mettre en œuvre se fait à nouveau jour, j’y suis tout à fait favorable. Il faut innover sans cesse dans ce monde qui va de plus en plus vite, et élargir le choix des actifs qui doivent se rendre en principauté matin et soir.

Débat démocratique et vie politique

Trois listes de 24 candidats engagées en février 2018, seulement deux listes, dont une de 14 candidats, en 2023 : pourquoi les Monégasques semblent-ils se désengager de la vie politique de leur pays ?

Je ne sais pas si l’on peut dire que les Monégasques se désengagent de la vie politique de leur pays. La liste Union Nationale Monégasque – L’Union, que je conduis n’a eu aucun mal à réunir ses candidats, bien au contraire ! C’est peut-être plus une difficulté d’offre politique que d’intérêt. Notre équipe est expérimentée, compétente, et notre projet est muri et cohérent. Pour autant, il me semble évident qu’une réflexion doit être engagée à ce sujet. Et, si les Monégasques nous élisent, nous le ferons.

Comment relancer l’intérêt pour la vie politique à Monaco ?

L’intérêt pour la vie politique est bien présent chez nos compatriotes, car l’Assemblée est le relais de leurs attentes et besoins légitimes. Il ne faut pas le confondre avec la problématique de l’engagement. La mandature 2018-2023 a déjà créé le Conseil national des jeunes, par exemple, qui permet une plus grande participation de nos jeunes compatriotes à la vie publique de leur pays. Nous avons augmenté le volume de communication pour intéresser les Monégasques à l’activité du Conseil national, et nous sommes à l’écoute de tous les foyers de compatriotes lorsqu’ils en ont besoin. Et puis, nous l’avons vu, lorsqu’on discute avec les Monégasques des grands sujets du pays, ils répondent présents, pour avancer ensemble vers le Monaco de demain.

L’Union

Tête de liste : Brigitte Boccone-Pagès

L'union Trombinoscope Monaco Hebdo
L'union Trombinoscope Monaco Hebdo