mercredi 24 avril 2024
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Oleksiy Yefimov :
« Nous voulons un titre sur le parquet,
pas dans les bureaux de la ligue »

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Il n’est pas très loquace d’ordinaire. Mais Oleksiy Yefimov, general manager de l’AS Monaco Basket, a accepté de répondre aux questions de Monaco Hebdo. De quoi aborder tous les sujets : effectif à reconstruire, finances réduites à cause de la pandémie de Covid-19, stratégie et objectifs du club. Entretien bilan et prospectif.

Pas trop attristé par le départ de l’entraîneur, Sasa Obradovic ?

Je comprends son désir. Je connais Sasa depuis plus de 12 ans. Il est toujours poussé par sa passion du basket. Ce n’est pas pour l’argent. Il a eu une opportunité unique de travailler en Euroligue, chez lui. Tout le monde a pu remarquer son, disons, « vieux style yougoslave ». Il est très agressif envers les joueurs, et il les pousse au-delà de leurs limites. En Serbie, il aura des joueurs locaux, qui sont prêts pour cette approche.

Quelle est la situation de l’effectif : combien de joueurs sont encore sous contrat ?

Nous avons Wil[fried] Yeguete. Et c’est tout. Car Dee Bost est sous un contrat 1+1 [une année garantie, plus une année en option — N.D.L.R.]. Lui ou nous, pouvons terminer le contrat début juillet 2020. Wil Yeguete restera pour sûr, pour Dee Bost, c’est un point d’interrogation. Mais nous sommes en discussions avancées pour le garder une saison de plus.

Vous avez aussi recruté un jeune espoir français ?

Rudy [Demahis-Ballou] ! Oui, je crois qu’il peut se développer. C’est important, que, lorsque l’équipe gagne, que vous avez sécurisé le résultat du match, vous donniez du temps de jeu à quelqu’un pour qu’il évolue. Nous sommes un jeune projet, un projet géré par des étrangers. Quand nous sommes arrivés ici, nous n’avions pas de relations établies avec la communauté française de basket. C’était difficile d’attirer des jeunes espoirs, car ils ne nous connaissaient pas, et ne savaient pas à quoi s’attendre. C’est pour ça qu’on a tracé notre propre chemin. Nous avons pris Yakuba Ouattara de Pro B [deuxième division professionnelle — N.D.L.R.], où il n’avait pas un rôle majeur. Et nous avons vu que c’était quelqu’un qu’on pouvait pousser jusqu’en NBA [engagé par les Brooklyn Nets en 2017 — N.D.L.R.]. C’est ce que nous avons fait. Nous voulons promouvoir des joueurs français. Et je pense que Rudy est un bon exemple.

© Photo Edwin Malboeuf / Monaco Hebdo.

« Je comprends nos fans qui sont un peu déçus. Car chaque année, les joueurs principaux quittent Monaco. Mais, c’est la seule façon dont nous pouvons réussir » Oleksiy Yefimov

C’est aussi la règle que d’avoir des Joueurs formés localement (JFL) ?

Oui. Nous ne pouvons pas recruter plus de six étrangers. Le reste doit être des JFL. Dans un futur proche, nous signerons au moins deux JFL. Et nous attendrons un peu pour les étrangers. Car je crois sincèrement que le marché va chuter.

C’est-à-dire ?

Actuellement, les joueurs et agents n’ont pas encore réalisé l’impact du Covid-19 sur toute l’industrie du sport. Certains vont pouvoir sécuriser leur budget comme avant, les gros clubs comme le Real Madrid ou le CSKA Moscou. Mais quand ils auront fini leur recrutement, il restera encore beaucoup de joueurs disponibles qui jouaient pour un gros salaire, mais qui vont réaliser que l’an prochain, ils ne seront pas en position d’avoir la même chose.

Il y aura donc des opportunités à saisir ?

Pour le moment, les bons joueurs demandent plus que ce qu’ils gagnaient l’an dernier. Dans un mois, ils demanderont au moins ce qu’ils gagnaient l’an dernier, ou peut-être encore moins. Pour l’instant, il y a encore beaucoup de bons joueurs sous contrat. Mais je suis sûr qu’il y aura de nombreux contrats qui ne pourront pas remplir leurs obligations financières. Par exemple, en France, tout est plutôt organisé. D’après la loi, nous devons enregistrer les joueurs au chômage partiel. Même si les salaires des joueurs dépassent le plafond du chômage total temporaire renforcé (CTTR), les clubs payent le reste. Les joueurs sont protégés ici. Mais dans d’autres pays, c’est en suspens pour savoir s’ils auront leurs quatre derniers paiements. Certains joueurs vont se dire : « Que devrais-je faire la saison prochaine ? Devrais-je aller là où je ne suis pas protégé, et que se passera-t-il s’il y a une deuxième vague en septembre et que la saison est annulée ? Ou alors, devrais-je venir jouer en France où je suis protégé socialement et où je pourrais bénéficier du cadre de vie monégasque ? ». Il n’y a pas de raison de se presser.

Vous n’avez qu’un seul joueur sous contrat : vous n’êtes pas pressé de recruter ?

Non, pas du tout. Si vous regardez à quelle date nous avons réalisé nos meilleures signatures les saisons précédentes, c’était en juillet, août, et même octobre pour Norris Cole, double champion NBA.

D’ailleurs, pourquoi Norris Cole est-il parti ?

Car il a eu bien plus d’argent à l’Asvel Lyon-Villeurbanne. C’est incomparable.

Paul Lacombe est également parti pour les mêmes raisons ?

Je dirais que Paul Lacombe est le premier joueur à quitter Monaco, et à rejoindre l’Asvel, sans hausse de salaire. Mais ils lui ont offert un contrat sur quatre ans. Ce que nous ne pouvions pas.

Qu’en est-il de la situation financière après la crise ?

Les sponsors et les investisseurs sont toujours derrière. Bien sûr, nous réduirons le budget, mais je suis sûr que nous aurons un budget suffisamment gros pour construire une nouvelle équipe compétitive.

Avec les mêmes objectifs ?

Oui. Même si nous réduisons notre budget de 35 à 40 %, nous aurons un budget égal à celui que nous avions il y a trois ans, quand nous nous sommes qualifiés pour le Final Four de la Ligue des champions, que nous avons gagné la Leader’s cup, et que nous avons fini la saison à la première place. Bien sûr, il y a toujours des doutes pour savoir si on sera au top. Depuis, que nous jouons en première division, nous n’avons jamais eu le plus gros budget, ni en France, ni bien sûr en Eurocoupe [deuxième budget cette saison derrière l’Asvel, mais masses salariales équivalentes — N.D.L.R.]. Pour exemple, Milos Teodosic, de la Virtus Bologne, son salaire équivaut aux salaires de tous nos joueurs réunis.

Photo Michael Alesi / Direction de la Communication

« Nous ne sommes pas capables de garder les joueurs sur le long terme, car la plupart des joueurs recrutés à Monaco jouent pour moins d’argent qu’ils ne pourraient gagner »

Qu’en pensent les fans ?

Je comprends nos fans qui sont un peu déçus. Car chaque année, les joueurs principaux quittent Monaco. Mais, c’est la seule façon dont nous pouvons réussir. Nous devons trouver des joueurs sous-estimés, les faire progresser, et les laisser partir ensuite. Il y a trois ans, nous avions Brandon Davies, dont le salaire à Monaco était de moins de 200 000 dollars par saison. Ensuite, il est parti au Zalgiris Kaunas (Lituanie), puis à Barcelone (Espagne). Désormais, il est payé 2 millions d’euros par saison. Il a multiplié son salaire par plus de dix.

Donc, vous allez poursuivre la même stratégie ?

Oui, comme depuis le premier jour.

Même la saison prochaine ?

Oui. Comme cette saison. Par exemple, personne ne connaissait J.J. O’Brien, il n’avait aucune expérience européenne, il jouait à Astana, au Kazakhstan. Nous l’avons trouvé, et maintenant sa valeur sur le marché est deux fois supérieure, même en considérant l’impact du Covid-19.

Il va donc partir aussi ?

Si vous regardez nos résultats des trois dernières saisons, nous avions toujours des raisons pour motiver les joueurs à revenir ou à rester. Dee Bost est revenu, DJ Cooper est revenu, Elmedin Kikanovic, Yakuba Ouattara. Tous sont revenus, non pas pour l’argent…

…mais parce qu’ils se sentaient bien ici ?

Oui. Et parce qu’ils se sont dit qu’une nouvelle bonne année à Monaco augmenterait leur valeur marchande pour les années à venir. Vous venez à Monaco pour moins d’argent. Mais, vous savez que l’année suivante, vous comblerez le manque à gagner, car vous serez plus important sur le marché.

Avez-vous quelques regrets à propos de cette saison ?

Bien sûr ! Notre rêve est de jouer l’Euroligue. Le chemin le plus court se fait par les résultats sportifs. Si nous nous étions qualifiés pour la finale d’Eurocoupe, nous aurions joué cette année en Euroligue. Nous étions en quart de finale, et nous avions l’avantage du terrain. Nous étions à deux marches de l’Euroligue : quart de finale, puis demi-finale. Nous avions toutes les cartes en main.

Le stade est-il homologué pour jouer l’Euroligue ?

Si vous rejoignez l’Euroligue par vos résultats sportifs, vous obtenez une licence temporaire d’un an. Pour les clubs avec cette licence, il y a des règles différentes concernant la capacité d’accueil du stade. Si on regarde la tendance dans le sport moderne, avec par exemple le “soccer” [football — N.D.L.R.] aux Etats-Unis. Si vous analysez tous les stades ouverts récemment, ce sont surtout des boutiques. Ils ne sont pas très grands. Ils essayent de les faire plus petits, et plus confortables pour les gens. Et le facteur-clé, le plus adapté pour les diffuseurs télé. Monaco est tellement attractif, le marché français est unique, car il y a trois grands groupes télé de sport. Donc pour l’Euroligue, si vous mettez bout à bout la petite salle, mais tous ses avantages, la valeur de la principauté et la diffusion française, ils seront derrière nous.

C’est comme cela que vous avez négocié ?

Nous étions en discussion avec l’Euroligue, sur comment nous pourrions résoudre la question, au cas où Monaco aurait la permission de jouer l’Euroligue. Et c’est comme cela que nous l’avons présenté.

Vous parliez des budgets réduits, mais il faut aussi se comparer aux adversaires ?

L’Asvel Lyon-Villeurbanne a sans doute eu des avantages de par leur coopération avec le football [le groupe Olympique Lyonnais (OL) est détenteur d’un tiers du capital de l’Asvel Lyon-Villeurbanne — N.D.L.R.]. Ils sont effectivement en train de construire une très forte équipe. Mais regardez qui nous avons battu cette saison en Eurocoupe : Unics Kazan, dont la masse salariale est au moins le double de la nôtre [14 millions d’euros contre 9 millions pour Monaco — N.D.L.R.]. Et nous les avons battus à la maison de 35 points. De tous les quarts de finaliste cette année, seule une équipe avait un budget inférieur, le Promitheas Patras. Les autres ont un budget bien plus important que le nôtre. Pourtant, depuis quatre ans, nous jouons les compétitions internationales. Et depuis quatre ans, nous sommes là.

Est-ce que la règle du fair-play financier s’applique de la même manière au basket ?

C’est un peu différent. Mais depuis l’an dernier l’Euroligue incorpore les règles du fair-play financier. Pour cette saison, qui vient d’être annulée, nous devions remplir certaines obligations.

Le propriétaire et président de l’ASM Basket, Sergey Dyadechko, a beaucoup investi en arrivant : peut-il investir encore plus ou est-il contraint par ces règles ?

Quand nous avons débuté, nous avons réalisé que si nous voulions rivaliser à l’international, nous devions diversifier nos sources de revenus. Et c’est ce que nous avons fait. Nous avons des revenus de différents investisseurs autres que M. Dyadechko, et des contrats de sponsoring qui sont très bons. Les autorités financières de l’Euroligue ont vu qu’on se soumettait aux règles financières bien mieux que d’autres équipes. En termes de finances, si vous regardez comment était le club il y a cinq ans, quand c’était notre première expérience en Pro A, vous verrez qu’aujourd’hui l’ossature financière est complètement différente. C’est pour cela que nous sommes stables. En six saisons, nous avons augmenté le budget de manière consistante, et nous avons été capables de trouver des sources de revenus alternatives.

L’un de vos objectifs, autres que sportifs et économiques, était aussi de devenir une équipe qui compte à Monaco : objectif atteint ?

Quand je suis arrivé ici et que j’ai emmené ma fille à la maternelle, les parents de sa classe m’ont demandé ce que je faisais dans la vie. Je leur ai dit : « Je suis le general manager de l’AS Monaco Basket ». Ils m’ont dit : « Monaco a une équipe de basket ? » Quand j’ai vu la bataille des balcons dernièrement [pendant le confinement lié au Covid-19 — N.D.L.R.], chaque jour, je voyais des gens avec des maillots ou des drapeaux de la Roca Team. Donc je pense que nous promouvons le club de la bonne façon. Nous avons fait un point dès le début sur nos objectifs, nos risques et nos désavantages. C’est pourquoi nous avons créé le nom « Roca Team », que nous utilisons à Monaco. Alors qu’en Europe, nous utilisons la marque « AS Monaco », car, en Europe, nous pouvons tirer avantage de cela : l’AS Monaco est une marque mondiale. Mais si nous parlions d’AS Monaco en principauté, les gens pourraient penser que le basket est le petit frère du foot. Ou que ce n’est qu’une branche. Quand vous débutez un projet de zéro, vous devez créer votre propre identité. Et je crois que nous avons réussi à le faire. Depuis le début, nous avons essayé de faire valoir la Roca Team comme l’équipe nationale monégasque. Ce n’était pas facile, car le président, le general manager et le coach étaient étrangers. Mais aujourd’hui, notre plus grosse réussite, c’est que la Roca Team est considérée comme un projet monégasque. Nous avons accompli cela grâce à une politique intelligente du président, qui n’a pas voulu donner d’interviews jusqu’au mois dernier [cette interview a été réalisée le 12 juin 2020 — N.D.L.R.]. En six ans, il n’a donné qu’une interview, il me semble, après la victoire en Leader’s cup.

Pourquoi ?

De son point de vue — et je pense qu’il est bon — pour quelle raison donner une interview ? Si vous donnez une interview, c’est seulement pour mettre la lumière sur vous. Alors que nous voulons mettre la lumière sur l’équipe. Peu importe les questions qui vous sont posées, il n’y a que deux réponses dont les gens ont besoin. Vos résultats sur le parquet, et le nombre de personnes dans la salle. En gros, si vous êtes bons sportivement, et attractifs. Nous progressons chaque année sur les deux tableaux. Nous préférons rester dans les coulisses, pour mettre l’équipe en lumière.

Comment a été l’affluence cette année, vous avez fait le plein ?

Je dirais que les plus gros chiffres ont été contre l’Asvel, où nous étions complets avant le match. Contre Virtus Bologne aussi. Mais le plus important, c’est que nous avons augmenté le nombre de ventes de billets par rapport à l’an dernier, et notre affluence moyenne. C’est le plus important. Des gens m’arrêtent parfois dans la rue pour me demander pourquoi Sasa Obradovic s’en va, pourquoi Norris Cole s’en va. Ils veulent voir leurs héros ici, ça veut donc dire qu’ils se préoccupent du projet. Les gens sont attachés à la Roca Team et à nos accomplissements.

Tous ces départs sont étonnants, donc les gens se demandent si tout va bien ?

Combien de joueurs de la saison précédente avions-nous cette saison ? Dee Bost, Yakuba Ouattara et Paul Lacombe est revenu en septembre. Pendant l’été, nous n’avions que deux joueurs. Aujourd’hui, c’est la même situation. Dee Bost et Wil Yeguete. Si on remonte deux ans avant, c’était exactement la même situation.

Est-ce parce que vous ne signez que des contrats de courte durée ?

Nous ne sommes pas capables de garder les joueurs sur le long terme, car la plupart des joueurs recrutés à Monaco jouent pour moins d’argent qu’ils ne pourraient gagner. Ils sont en dessous de leur valeur marchande.

Donc tout allait bien dans le vestiaire ?

Le vestiaire ? Le vestiaire est super. Si nous avions des problèmes de vestiaire, Paul Lacombe, Elmedin Kikanovic, Yakuba Ouattara ne seraient pas revenus. Nous avons une bonne alchimie, et c’est pour ça que nous avons des bons résultats sur le parquet. C’est aussi l’un de nos principes généraux. Quand nous observons des joueurs en vue de les recruter, nous préférons choisir un talent moindre avec une bonne attitude, plutôt qu’un joueur très talentueux, mais égoïste, ou arrogant.

Au poste de coach, on a pu lire que Zvezdan Mitrovic était sur le retour ?

A la seconde où nous avons donné l’information que Sasa Obradovic nous quittait, les médias ont dit que Zvezdan Mitrovic allait revenir. C’est normal, les gens nous associent à Mitrovic, car il a travaillé à la Roca Team, pendant un moment, et nous avons travaillé ensemble en Ukraine. Nous nous connaissons depuis longtemps. A cet instant [le 12 juin 2020 — N.D.L.R.], il n’y a pas de contrat entre Mitrovic et Monaco. Et au-delà de ça, nous sommes en négociation avancée avec deux autres coaches européens.

Qui ont entraîné en Eurocoupe, en Euroligue également ?

Oui, avec l’expérience de l’Eurocoupe et l’Euroligue.

Cherchez-vous un joueur avec le même pedigree que Norris Cole et tout ce que cela implique en termes d’attractivité ?

Bien sûr, mais ce n’est pas facile à convaincre, un double champion NBA (rires). Ceci étant dit, ce n’était pas Norris Cole qui gagnait, c’était la Roca Team. Vous ne pouvez pas construire une équipe avec 12 stars. Chacun doit accepter son rôle. C’est comme cela dans les sports collectifs. Il faut composer une équipe-star, plutôt qu’une équipe de stars. C’est comme un puzzle.

Photo Michael Alesi / Direction de la Communication

« Nous avons trois candidats potentiels pour le poste de coach, et nous discutons avec chacun d’entre eux sur les joueurs qu’ils aimeraient parmi les joueurs formés localement. Tout le recrutement sera fait avec les souhaits du coach »

Quel genre de joueurs recherchez-vous en priorité : pivot meneur ?

Il y a 10 ans, il y avait ce qu’on appelle aujourd’hui les pivots à l’ancienne, comme Elmedin Kikanovic. Mais, de nos jours, le basket moderne est bien plus rapide, dynamique, et physique. Donc, il faut trouver des joueurs versatiles, capables de jouer sur deux ou trois postes. Si on prend un pivot, il faut qu’il puisse jouer en dehors de la raquette, et pouvoir changer en défense pour défendre sur des joueurs plus petits. On peut aussi avoir des meneurs grands, qui puissent jouer dans l’aile, ou des arrières qui puissent jouer ailier-fort. Aujourd’hui, il s’agit de trouver des joueurs complets, plutôt que des joueurs attachés à un poste.

Ne voulez-vous pas d’abord trouver un coach, avant de débuter le recrutement pour qu’il choisisse aussi ses joueurs ?

Oui, c’est pour cela que nous n’avons encore recruté personne. Ça se fait en parallèle. Bien sûr, nous ne voulons pas amener des joueurs qui ne colleraient pas avec le style du coach ou sa façon de coacher. En même temps, en parlant du marché des JFL, il se rétrécit bien plus vite que celui des étrangers. Il y aura plein de joueurs américains disponibles. Mais le marché français est bien plus petit. Nous savons que nous avons trois candidats potentiels pour le poste de coach, et nous discutons avec chacun d’entre eux sur les joueurs qu’ils aimeraient parmi les JFL. Tout le recrutement sera fait avec les souhaits du coach.

Même si vous avez des regrets, comprenez-vous la décision de la ligue d’une saison blanche ?

C’était la bonne décision d’arrêter la saison. Selon moi, le basket n’a aucun sens, privé de ses fans. Si vous êtes obligés de jouer derrière des portes fermées, autant ne pas jouer. Par rapport à cette saison blanche, notre philosophie est que ce n’est pas de cette façon que nous voulions avoir un titre. Nous voulons un titre sur le parquet, pas dans les bureaux de la ligue. Si vous demandez aux joueurs, ils vous diront qu’ils travaillaient, qu’ils donnaient tout, qu’ils laissaient tout sur le terrain, parfois en jouant avec des blessures. Et maintenant, est-il juste que tous ces efforts aient été anéantis ? On peut comprendre les joueurs. Mais si vous me demandez, Monaco veut avoir le titre sur le terrain.

L’année prochaine, on vous retrouvera dans la même position, c’est-à-dire en capacité de réaliser le doublé Eurocoupe-championnat ?

Chaque année, nous nous fixons un nouveau cap à franchir. L’an dernier, nous sommes allés jusqu’au cinquième match décisif en finale du championnat. Quel est le palier suivant ? Le titre. En Eurocoupe, nous savons que notre objectif est l’Euroligue. Nous étions en quarts de finale. Il faudra avancer d’encore au moins une marche.

Savez-vous comment se passera la reprise ?

Pour le moment, il y a beaucoup d’incertitudes d’un point de vue médical. Et la salle Gaston-Médecin étant toujours fermée, nous n’avons pas accès à notre stade. Nous ne pouvons même pas faire des entraînements individuels. Mais tout le monde doit s’ajuster aux circonstances.

Pourtant, certains championnats reprennent, notamment la NBA ?

L’Espagne, l’Allemagne, et Israël aussi. Et je crois que c’est tout. Mais ils le feront à huis-clos, dans une seule salle. La NBA, c’est différent, c’est une ligue privée, et chaque franchise coûte des milliards. S’ils ne jouent pas, ils perdent énormément d’argent. Même en jouant à huis-clos, avec les droits télé, ils pourront récupérer beaucoup d’argent. Nous, à Monaco, les droits télé, c’est moins de 10 % du budget.

Combien d’argent allez-vous perdre à cause de la crise sanitaire ?

A cause de l’annulation de la saison — mais je ne peux pas l’estimer à 100 % — je dirais que nous allons perdre approximativement 1,8 million d’euros.

Cela représente combien sur le budget total ?

Notre budget total est de 8,8 millions d’euros. Donc cela représente environ 20 % du budget. Mais nous avons aussi économisé de l’argent, car nous n’avons pas fait de déplacements, etc. Et même après avoir pris tout cela en considération, il reste 1,8 million d’euros de pertes. Nous sommes vraiment reconnaissant envers le gouvernement monégasque, car il nous aide beaucoup à nous maintenir.

N’êtes-vous pas inquiet sur le retour du public pour la saison prochaine ?

Tout à fait. C’est la chose principale à laquelle nous pensons : s’assurer que les gens n’aient pas peur de revenir à la salle. Sur cette question, je me dis : « Que devrait-il être fait pour que je n’aie pas peur de venir avec ma famille ? ». Nous ferons ce qu’il faut. Je pense que, d’un côté les gens veulent de la sécurité, mais ils meurent aussi d’envie de revenir, et de revivre cette excitation.

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