La maison de ventes aux enchères Artcurial propose tout l’été un cheminement artistique en collaboration avec la Société des Bains de Mer. Des dizaines de sculptures d’artistes internationaux sont à découvrir.
La principauté a pris des habitudes avec Artcurial, maison de vente aux enchères basée à Paris et qui vient d’ouvrir une antenne à Monaco, tout près du casino de Monte-Carlo. Deux ventes annuelles sont organisées en janvier et en juillet, où les enchères grimpent parfois très haut. Cet été, Artcurial innove en proposant de la sculpture. Un format inédit qui se sert de l’écrin de la principauté comme scénographie vivante pour cette exposition. « Cela nous manquait un peu l’été de proposer autre chose », résume Salomé Pierson, chargée de projet de Monaco Sculptures. Chez Artcurial, on croit beaucoup dans le potentiel économique de la French Riviera, et surtout de Monaco. Les résultats du groupe sur le territoire ne peuvent que donner des ailes. Sur ce dernier semestre, la maison française a réalisé au global 123 millions d’euros de chiffres d’affaires. Soit + 4 % par rapport à 2018. Ses ventes l’an passé à Monaco ont totalisé 20 millions d’euros. La toute dernière, qui s’est déroulée à la mi-juillet, a franchi la barre des 12 millions d’euros entre la joaillerie, l’horlogerie de collection, Hermès Vintage et Monaco Sculptures. Elle fait désormais jeu égal avec Sotheby’s, et dépasse même Christie’s, toutes deux basées à Londres.
De 5 000 à 1,5 million d’euros
Jusqu’au début du mois de septembre, une soixantaine de sculptures — dont 30 en extérieur — sont à découvrir dans l’enceinte des établissements de la SBM. « C’est une idée de François Tajan, notre administrateur délégué Artcurial SAM. Il en a discuté avec Jean-Luc Biamonti, président de la Société des Bains de Mer (SBM). Depuis six mois, nous travaillons à trouver des espaces d’expositions. Notre discours est plus large aujourd’hui. On souhaite devenir un acteur culturel sur la principauté », explique Salomé Pierson. Toutes ces pièces ont été vendues aux enchères le 19 juillet, avec des mises à prix de 5 000 à 1,5 million d’euros. Avec six œuvres vendues plus de 200 000 euros et un total de 4,2 millions d’euros, cette première s’est clôturée dans l’enthousiasme du côté de la maison Artcurial. Dans les faits, les œuvres vont du moderne à l’ultra contemporain : d’Antoine Bourdelle à Aristide Maillol, de Wang Du à Bernar Venet, de César à Kaws. « Ces œuvres nous ont été confiées. Elles viennent parfois de loin », ajoute Salomé Pierson. « Nous avons eu l’envie d’apporter avec cette vente la contribution d’Artcurial au dialogue permanent qu’entretient Monaco avec la création artistique sous toutes ses formes. Si le public a été particulièrement réceptif à notre proposition au cours des derniers mois, les collectionneurs ont également répondu présents en nombre ce soir, avec 75 % de lots vendus dont un grand nombre à des enchérisseurs internationaux », s’est réjoui, après la vente, François Tajan.
« Univers propice »
L’écrin de la principauté se prête particulièrement bien à cette proposition culturelle. « A Paris, il n’est pas possible de proposer ça. Traditionnellement, dans le sud, grâce aux fondations privées ou aux demeures privées, on a un univers propice. » Bien qu’il s’agisse d’une première, l’intérêt des vendeurs — intéressés par le cadre rassurant de Monaco — mais aussi des acheteurs, s’est manifesté assez tôt. « Les clients de la SBM sont assez étonnés par la proposition », assure Salomé Pierson. « Monaco, et plus largement la Riviera, sont indissociables de grands artistes du XXème siècle, comme Bernar Venet, Arman, César et Jean-Michel Folon. Ils ont trouvé dans le sud de la France une source inépuisable d’inspiration. Avec Monaco Sculptures, nous rendons hommage aux liens forts qui les unissent à cette région. Grâce au partenariat avec la SBM, nous avons pu construire un parcours qui retrace les grandes étapes de la sculpture au XXème et XXIème siècles, en déambulant dans tous les lieux iconiques de la principauté », indique François Tajan. Le projet, qui a mobilisé cinq départements d’Artcurial, a pour objectif d’asseoir la notoriété du groupe. « On veut montrer que nous sommes présents toute l’année », insiste la chargée de projet. La visite peut se faire d’une traite, en 1h30, ou bien de manière fractionnée, au grès des passages dans les lieux choisis, pour insérer des pièces plus ou moins imposantes dans le paysage monégasque.
