mardi 19 mars 2024
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Alpes-Maritimes : de nombreux accidents lors des trajets professionnels vers Monaco

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Sur l’ensemble des accidents de la route recensés par la préfecture dans les Alpes-Maritimes, l’axe reliant Menton à Monaco était particulièrement accidentogène en 2021, notamment pour les trajets professionnels. Parmi eux, les motos et les scooters sont largement concernés.

Ce n’est pas une surprise pour les salariés et collaborateurs pendulaires qui utilisent chaque matin leur véhicule pour aller vers la principauté. Les axes reliant Nice et Menton vers Monaco sont le théâtre de nombreux accidents, chaque année. La période 2019-2021 l’a encore démontré, malgré la diminution du trafic routier, compte tenu de la pandémie de Covid-19, alternant entre périodes de confinement, de travail à distance, et de restrictions de déplacement. La préfecture des Alpes-Maritimes déplore en effet 92 accidents sur cette période. Précision importante : ces accidents ne concernent que les conducteurs sur un trajet domicile-travail, et pour une raison professionnelle, ce qui limite ce chiffre. À noter que ces données sont issues des procédures d’accidents corporels enregistrées par les forces de l’ordre, et pour lesquelles l’information sur le type de trajet a été renseignée.

L’axe Menton-Monaco particulièrement dangereux

Les 92 accidents corporels sur la période 2019-2021 sont répartis sur les communes traversant les différents axes reliés à la principauté. Ils ont généré trois décès et 111 blessés. À l’exception de Nice, il relève que l’accidentalité corporelle est particulièrement forte sur les communes de La Trinité, de Roquebrune-Cap-Martin, de Menton suivi d’Eze et de Beausoleil, un axe qui voit défiler pas loin de 16 000 pendulaires vers Monaco, du lundi au vendredi. Un axe où se côtoient notamment de très nombreux deux-roues, massivement impliqués dans ces accidents. Et cette tendance perdure au fil des années : il y a dix ans déjà, en 2012, 82 % des 232 accidents répertoriés sur le département impliquaient des conducteurs de deux-roues, empruntant l’axe Menton-Monaco. Selon les forces de l’ordre, l’origine de ces accidents alternait pour la moitié des cas entre vitesse excessive, dépassement dans des zones sans visibilité, et franchissement de lignes continues.

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@ DR

Ces accidents ne concernent que les conducteurs se déplaçant sur un trajet domicile-travail, et pour une raison professionnelle, ce qui limite ce chiffre

Surtout des deux-roues

Sur l’ensemble des accidents recensés dans les Alpes-Maritimes par la préfecture en 2021, y compris en dehors des trajets professionnels, les conducteurs de deux-roues motorisées sont également les premières victimes des accidents mortels. En 2021, 52 personnes sont mortes dans des accidents sur les routes des Alpes-Maritimes. Vingt-et-une d’entre elles conduisaient un deux-roues de plus de 50 cm3, soit plus de 40 % des victimes. Les piétons et les usagers d’engins légers sont aussi victimes d’accidents mortels : deux usagers de trottinette, quatre cyclistes, trois conducteurs de deux-roues de moins de 50 cm3 ont également été tués en 2021, ainsi que 11 piétons. Un conducteur de poids lourd et dix usagers de véhicules de tourisme sont aussi à déplorer parmi les victimes d’accidents mortels. Concernant le profil des accidentés, les jeunes de 18 à 24 ans, et les personnes de plus de 75 ans figurent comme les tranches d’âge les plus représentées dans la mortalité routière des Alpes-Maritimes en 2021, toujours selon la préfecture des Alpes-Maritimes.

À l’exception de Nice, l’accidentalité corporelle est particulièrement forte sur les communes
de La Trinité, de Roquebrune-Cap-Martin, de Menton, suivi d’Eze et de Beausoleil

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Source : préfecture des Alpes-Maritimes

Plus d’hommes que de femmes

Davantage d’hommes étaient également impliqués dans un accident mortel. Sur l’ensemble de ces accidents mortels sur les Alpes-Maritimes l’an dernier, 85 % des personnes tuées étaient des hommes, relève également la préfecture. Ils sont aussi majoritaires parmi les blessés, avec 65 % des 1 175 accidents ayant entraîné des blessures sur le département en 2021. L’ensemble de ces chiffres n’a d’ailleurs pas faibli en un an : le nombre de personnes tuées est en hausse de 20 % par rapport à 2020. Le nombre de blessés a quant à lui augmenté de 13 %. À nuancer toutefois selon la préfecture, qui rappelle le « contexte très atypique de crise sanitaire » sur cette période. Les indicateurs sont ainsi en baisse par rapport à ceux de 2019. Mais la vigilance reste de mise pour le département, qui s’engage à mieux lutter contre les « distracteurs de conduite », comme le téléphone portable, « cause croissante d’accidents », parmi d’autres facteurs.

En 2021, 52 personnes sont mortes dans des accidents sur les routes des Maritimes.
Vingt-et-une d’entre elles conduisaient un deux-roues de plus de 50 cm3

Une charte d’engagements

Pour contribuer à diminuer ces accidents sur les trajets professionnels, le gouvernement français et son antenne de sécurité routière ont lancé en 2016 une charte des sept engagements de la sécurité routière, à destination des employeurs. Il s’agit d’une liste de priorités auxquelles les entreprises peuvent se consacrer, sans y être contraintes toutefois, dans le but de réduire leurs accidents de la route. Il ne s’agit pas d’une norme de certification, ni même d’une réelle charte, puisque ce terme n’apparaît pas en tant que tel sur les documents officiels, le but étant d’éviter de refroidir les entreprises signataires. Il s’agit plutôt de mesures incitatives, incarnées par une signature officielle, en présence des représentants de la sécurité routière et de ceux de l’assurance maladie (CNAMT). Pas d’objectifs chiffrés non plus, ni d’actions ciblées. L’enjeu consiste à inciter le plus d’entreprises possibles à s’emparer de la question des accidents sur les trajets professionnels. Car, pour rappel, la moitié des décès survenant dans le cadre professionnel en France sont liés à un accident de la route. Et, sur le plan financier, les accidents de la route dans le cadre du travail font perdre aux entreprises françaises 4,1 millions de journées de travail par an, pour un coût direct de 725 millions d’euros, selon le rapport de gestion de la caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) publié en 2017. Ces sept engagements sont donc les suivants : limiter aux cas d’urgence les conversations téléphoniques au volant, prescrire la sobriété sur la route, exiger le port de la ceinture de sécurité, ne pas accepter le dépassement des vitesses autorisées, intégrer des moments de repos dans le calcul des temps de trajet, favoriser la formation à la sécurité routière, et encourager les conducteurs de deux-roues à mieux s’équiper. La dernière signature en date sur le territoire a eu lieu le 27 avril 2022 par l’association Côte d’Azur Industries Plaine du Var (CAIPDV)- Club des entreprises de Carros.

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