vendredi 19 avril 2024
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Voyage au cœur des pôles au musée océanographique

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Le musée océanographique a inauguré, jeudi 2 juin 2022, sa toute nouvelle exposition consacrée aux pôles, Nord et Sud. L’occasion pour le public de (re)découvrir ces régions du monde, aujourd’hui menacées par le réchauffement climatique. Rafraîchissant et inquiétant à la fois.

Après les récifs coralliens, le musée océanographique met le cap sur les pôles avec son exposition Mission polaire (1) qui propose une immersion au cœur de l’Arctique et de l’Antarctique. Deux régions aujourd’hui menacées par le réchauffement climatique : « Pendant des centaines d’années, voire des millénaires, les deux pôles ont été protégés de l’impact de l’espèce humaine par leur distance et par le froid. Mais aujourd’hui, avec le réchauffement climatique, avec les gaz à effet de serre et la pollution, ce n’est plus le cas. Les deux pôles ne sont plus des sanctuaires isolés, et cela a beaucoup de conséquences », souligne le directeur général du musée océanographique, Robert Calcagno. En les mettant ainsi à l’honneur, pendant deux ans, le musée monégasque entend sensibiliser le public aux changements qui s’opèrent dans ces régions lointaines et inaccessibles qui renvoient bien souvent l’image trompeuse de mondes inchangés. Parce qu’aujourd’hui, de nouvelles menaces planent sur les pôles mettant en péril toute forme de vie humaine et animale.

« L’idée, c’est de faire découvrir et comprendre aux visiteurs ce qu’il se passe au niveau des pôles. On leur propose un voyage dans le temps, pour leur faire comprendre que l’exploration des pôles a commencé depuis très longtemps »

Bernard Reilhac. Directeur des expositions

Le visiteur plongé dans la peau d’un reporter

Pour s’en rendre compte, l’exposition embarque le visiteur dans une expédition vers le grand froid. Tantôt aux côtés des grands explorateurs, tantôt aux côtés des Inuits ou même carrément sur la banquise au plus proche des ours blancs et autres manchots… il est propulsé dans la peau d’un reporter en mission polaire grâce à un système interactif lui donnant accès à tout un tas de contenus et d’informations (vidéos, explications, photos…). Il lui suffit pour cela de scanner, au gré de sa déambulation, son billet d’entrée transformé pour l’occasion en carte de presse. « L’idée, c’est de leur faire découvrir et de leur faire comprendre ce qui se passe au niveau des pôles, explique le directeur des expositions Bernard Reilhac. On leur propose un voyage dans le temps, pour leur faire comprendre que l’exploration des pôles a commencé depuis très longtemps avec, au départ, un objectif de découverte de ces territoires qui étaient alors inconnus. Avant de devenir aujourd’hui une découverte des pôles qui s’oriente sur une meilleure compréhension de ce qui se passe, et, entre autres, de l’impact du changement climatique ». À l’issue de sa visite, le journaliste en herbe est invité à livrer son reportage à l’aide d’une borne interactive pour restituer ce qu’il a appris au cours de son expédition. Il peut également, s’il le souhaite, s’engager au côté de l’institut océanographique et de la fondation prince Albert II, en soutenant activement les actions menées pour la protection des pôles, et tout particulièrement la création de nouvelles aires marines protégées dans les océans polaires.

Le point d’orgue de cette exposition est sans conteste l’immersion qui propulse le visiteur au cœur de l’Arctique et de l’Antarctique grâce à six scènes projetées sur 650 mètres carrés de surface. Aurores boréales, banquise, vie sous-marine… on ne peut être que subjugué par la beauté des paysages polaires

Cinq espaces thématiques

Cinq espaces thématiques, répartis sur deux niveaux, rythment cette Mission polaire. Le premier d’entre eux invite à rencontrer les grands noms de l’exploration des pôles. Du prince Albert Ier auteur de quatre expéditions polaires, à Albert II, seul chef d’État au monde à avoir foulé les deux pôles, en passant par Matthew Henson — premier homme à avoir rejoint le pôle Nord géographique — ou Jean-Louis Étienne… cet espace propose un véritable voyage dans le temps pour découvrir les découvertes et les travaux ayant contribué à une meilleure connaissance des régions polaires. En poursuivant sa déambulation, le visiteur pénètre ensuite dans le monde des Inuits grâce à une scénographie travaillée reproduisant un environnement de glace avec le traditionnel igloo. Divers objets cédés par l’ethnologue Jean Malaurie permettent de se familiariser avec le mode de vie et les traditions de ce peuple de l’Arctique désormais bousculé par la modernité et les changements climatiques. Le salon Océanomania propose quant à lui de découvrir la richesse des espèces animales peuplant ces régions polaires, si proches et si différentes à la fois. Ce troisième espace est aussi l’occasion de prendre conscience du rôle capital des pôles dans l’équilibre de notre planète. Le point d’orgue de cette exposition est sans conteste l’immersion qui propulse le visiteur au cœur de l’Arctique et de l’Antarctique grâce à six scènes projetées sur 650 mètres carrés de surface. Aurores boréales, banquise, vie sous-marine… on ne peut être que subjugué par la beauté des paysages polaires. Mais aussi par leur fragilité, comme en atteste la fonte des glaciers reproduite en trois dimensions. Ce parcours didactique se termine enfin avec une réflexion sur les enjeux de la recherche scientifique polaire. Trois modules permettent tour à tour de faire l’état des lieux des connaissances actuelles sur le climat et les conséquences de son réchauffement, les impacts sur la biodiversité et sur l’homme.

mission polaire musée océanographique
© Photo Philippe Fitte

Une réalité inquiétante

Cette exposition le prouve, et les derniers rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) le confirment, il y a urgence à agir. Les pôles sont en souffrance, et avec eux, c’est tout le fonctionnement des écosystèmes et la pérennité des sociétés humaines qui se trouvent menacés. En quelques années, la température a grimpé de plusieurs degrés dans ces régions de l’extrême provoquant la fonte des glaciers et une montée des eaux inédites. La banquise arctique a vu sa superficie diminuer de 1,24 million de kilomètre carré en dix ans. En Antarctique, l’iceberg A-76 considéré comme le plus grand du monde avec sa surface supérieure à 4 000 km2 (la taille du département des Alpes-Maritimes) s’est détaché de la banquise il y a un an. Un constat glaçant, qui fait dire à Robert Calcagno que les pôles ne sont plus aujourd’hui des « sanctuaires isolés ». « Ils sont sensibles et reçoivent un impact de l’espèce humaine. Et cela a beaucoup de conséquences, insiste le directeur du musée océanographique. Certaines sont positives comme le développement de certaines économies pour les Inuits mais d’autres sont aussi des menaces. Car les pôles sont beaucoup plus victimes du changement climatique que les zones tempérées. Dans ces dernières, la température a augmenté d’environ 1 à 1,5 degré depuis l’ère industrielle. Alors que dans les pôles, la température moyenne a augmenté de 2 à 4 degrés ». L’Arctique et l’Antarctique sont en effet de véritables éponges à chaleur : plus on se rapproche des pôles, plus l’augmentation des températures est importante. Et les conséquences de ce changement climatique sont dramatiques, que ce soit pour les communautés vivant à proximité ou pour la faune peuplant ces régions. Mais pas seulement. Les impacts commencent aussi à se faire sentir bien au-delà des pôles. L’élévation du niveau de la mer menace certaines populations côtières et îliennes, qui pourraient se retrouver sous les eaux à l’avenir, en plus d’être exposées plus fréquemment à des phénomènes climatiques extrêmes (tsunamis, cyclones…). La banquise perdant son pouvoir réfléchissant du rayonnement solaire, notre planète pourrait aussi avoir tendance à se réchauffer plus rapidement… L’heure est donc à la prise de conscience. « De l’avenir des pôles préfigure le nôtre » : c’est en somme le message que veulent faire passer le musée océanographique et le prince Albert II à travers cette exposition Mission polaire. Avec l’espoir d’amener les visiteurs à adopter un comportement éco-responsable pour permettre aux pôles de mieux respirer.

PRINCE ALBERT II Mélanie Laurent
© Photo Philippe Fitte

Mélanie Laurent, une marraine discrète

Si tout le monde connaît Mélanie Laurent pour ses nombreux rôles au cinéma (Inglourious Basterds (2009), Je vais bien, ne t’en fais pas (2006), Dikkenek (2006)…), certains ignorent peut-être son engagement en faveur de la planète. L’actrice française est en effet une fervente protectrice de l’environnement. Militante de Greenpeace, Mélanie Laurent s’est notamment signalée avec son documentaire Demain (2015), coréalisé avec Cyril Dion, qui dénonce la dégradation environnementale de la planète tout en proposant des solutions pour vivre dans un monde durable. Plus récemment, cette actrice s’est aussi lancée dans l’écriture d’un conte écologique, Les larmes d’Eugénie, pour sensibiliser les enfants à la surpêche. Il n’y a donc rien d’étonnant à la voir aujourd’hui endosser le rôle de marraine de l’exposition Mission Polaire pour les deux prochaines années. Décrite comme une « championne de la nature et de l’océan » par le directeur du musée océanographique Robert Calcagno, Mélanie Laurent s’est dit « honorée » d’avoir été choisie pour représenter cette exposition qui « invite chacun d’entre nous à devenir l’observateur privilégié de l’incroyable beauté des mondes polaires, mais aussi un témoin averti de leur grande fragilité. Car l’avenir des pôles est aussi le nôtre et celui des générations futures ». L’actrice, présente jeudi 2 juin 2022 en principauté pour l’inauguration de l’exposition, a également confié son impatience de « (vous) partager tout notre élan pour aussi créer une sorte d’éducation, et que la nouvelle génération se sente un peu moins oppressée par ce qui va leur arriver ». Avant de conclure sa brève intervention avec un vœu : « Qu’on écoute un peu plus la nature ». À bon entendeur.

1) Exposition Mission polaire. À partir du 4 juin 2022, pour une durée de deux ans. Ouvert tous les jours (sauf le week-end du Grand Prix de Formule 1 et le 25 décembre). Tarifs : 18 euros pour les adultes (à partir de 18 ans), 12 euros pour les étudiants (carte valide), 12 euros pour les enfants de 4 à 17 ans inclus et 9 euros pour les personnes en situation de handicap.