jeudi 25 avril 2024
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Tété, poète old-school

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Le chanteur d’origine sénégalaise Tété signe à 37 ans un come-back réussi avec un nouvel opus très personnel baptisé Nu là-bas (1). Actuellement en tournée dans toute la France, il fait une escale à Nice le 28 mars au théâtre Lino Ventura. Portrait.

A la faveur… du printemps, revoilà Tété. Sur le petit écran, impossible d’échapper à son clip haut en couleurs La bande-son de ta vie. Tout guilleret, Tété s’y dandine au rythme de riffs vintage et de sonorités très Motown, dans un décor mi-graphique mi-cartoon. Vêtements old-school en prime… Un petit bijou extrait de son cinquième opus, Nu là-bas, sorti dans les bacs en février dernier. A 37 ans, l’artiste a décidé dans cet album d’ouvrir les placards de son passé, en devenant le principal héros de ses récits. Le tout servi par une écriture toujours aussi soignée, à mi-chemin entre poésie et onirisme, qu’il dit inspirée de Prévert, Chamoiseau et d’un nombre incalculable d’auteurs « méconnus et modestes, mais non moins talentueux », dont il a acheté les écrits sur des marchés. « J’ai souhaité écrire un album plus personnel et plus émotionnel que les précédents », raconte-il. La preuve en chansons. Il y évoque tantôt ses origines africaines (dans Ritournelle), tantôt son enfance bordelaise (dans A l’ancienne), tantôt ses débuts dans les bars parisiens (dans De ce côté-ci du bonheur.)

Famille monoparentale
Né à Dakar au Sénégal, Tété — prénom qui signifie « le guide » en wolof — migre avec sa famille à Bordeaux à l’âge de 2 ans. Puis, déménage trois plus tard, à Saint-Dizier, en Haute-Marne. Une « enfance très heureuse », se souvient-il, malgré le divorce de ses parents. Musicalement, il fut bercée par les grands jazzmen et la pop des Beatles qu’écoute sa mère. Une mère mi-caribéenne, mi anglophone, mi-francophone, à qui il rend hommage dans Comment te dire. « Elle m’a élevé seule. Cette chanson parle aussi des millions d’enfants nés comme moi dans les années 70 et qui ont grandi dans une famille monoparentale. » A 16 ans, immobilisé par une jambe cassée, le jeune Tété se met à la guitare et tente ses premières compos. Vers 17/18 ans, il connaît son premier électrochoc musical avec Keziah Jones. « A l’époque, cet artiste représentait pour moi une certaine liberté. L’image d’un type qui s’est échappé de son milieu, comme moi je voulais le faire, et qui s’autorisait tout musicalement. Aussi bien du rock que des balades. » Une fois son bac éco en poche, Tété poursuit pendant 4 ans des études scientifiques à Nancy, tout en écumant les bars et les pubs du coin. Il y dévoile ses premières compos « guitare au poing » comme il dit, avant de tenter l’aventure à la capitale.

L’aventure parisienne
« Une très belle époque », se souvient-il. « C’était un un peu mon rêve de quitter ma province, de monter à Paris pour tenter de vivre de ma musique. Il y avait une espèce de magie d’oser enfin le pari. » Un pari plus que réussi puisqu’à seulement 25 ans, Tété est repéré par le label Epic et signe les premières parties de M, Louise Attaque, Femi Kuti ou encore Tryo. Avant de multiplier des albums à succès, A la faveur de l’automne en 2003 puis Le Sacre des Lemmings et autres contes de la lisière en 2006. Aujourd’hui, Tété affiche à son compteur plus de 10 ans de carrière, 1 000 concerts et un demi million d’albums vendus. Et ses concerts, promet-il, sont une « une cure contre la morosité ambiante. On y rit, on y pleure, on y danse. »

(1) Album réalisé avec Julien Delfaud qui a travaillé avec Woodkid, Revolver et Gaëtan Roussel.