vendredi 26 avril 2024
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Sandra Laugier : « Le discours des séries télévisées est davantage social que sur l’état du monde »

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Depuis les années 1980, les séries télévisées montent en puissance et prennent de plus en plus de place dans nos vies. Comment en est-on arrivé là ? Quel impact cela a-t-il sur nos sociétés ? Professeure de philosophie à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne et membre de l’Institut universitaire de France, Sandra Laugier vient de publier un livre (1) qui analyse les apports de cette culture populaire, notamment sur le plan moral et politique. Interview.

L’origine de ce livre ?

Il s’agit du deuxième livre que je consacre aux séries. En 2019, j’ai sorti Nos vies en séries (2). C’est un ouvrage dans lequel j’expliquais comment j’en étais arrivée à m’intéresser aux séries, qui font partie de ma vie depuis mon enfance. Dans les années 1990, il y a eu ce “boum” des séries, avec Urgences par exemple. Ensuite en 2000 avec la montée en puissance de diffuseurs comme Home Box Office (HBO) et Netflix, c’est devenu un sujet de grand intérêt pour moi. Désormais, les séries font partie de nos vies. Les gens y passent beaucoup de temps. Mais les séries changent aussi la société et le monde dans lequel nous vivons. Il y a donc un effet plus social, plus collectif et politique des séries auxquelles je me suis intéressée dans ce livre.

Qu’avez-vous cherché à démontrer avec ce nouveau livre consacré aux séries ?

L’objectif de ce livre, c’est de montrer que les séries télévisées suscitent des prises de conscience politiques, qu’elles expriment des positions morales. Même quand il ne s’agit pas de séries directement politiques, elles font changer les mentalités, notamment à travers la présence des femmes à l’écran. Les femmes sont beaucoup plus présentes dans les séries que traditionnellement au cinéma. On peut aussi parler de la présence des minorités, avec un président noir dans la série 24 heures Chrono (2001-2014). Cela a beaucoup fait pour améliorer la visibilité des Noirs, et rendre possible l’élection de Barack Obama en 2008. Les séries permettent aussi de présenter des situations géopolitiques, avec des séries sécuritaires comme Le Bureau des Légendes (2015-2020) ou Homeland (2011-2020), par exemple. Ces séries décrivent les difficultés qu’ont certains pays avec le terrorisme. Du coup, ces séries produisent une éducation des téléspectateurs qui vont devenir plus compétents pour décrypter la société.

« Le tournant dans l’Histoire des séries, c’est autour de 2 000, avec la chaîne privée américaine HBO. Créée en novembre 1972, elle est la propriété de Warner Bros. Cette chaîne a produit beaucoup de chefs d’œuvres. Notamment les Soprano (1999-2007), Six Feet Under (2001-2005), The Wire (2002-2008), Sex and the City (1998-2004)… »

Les premières séries télévisées remontent à quand ?

Les séries télévisées sont apparues en France en même temps que la télévision, dans les années 1950 et 1960. Les premières séries télévisées, comme I Love Lucy (1951-1957) aux Etats-Unis, ou Thierry La Fronde (1963-1966) en France, étaient plutôt ce que l’on appelait des “soap opera” [« opéra pour savon », feuilleton télévisé à épisodes multiples — NDLR]. Ils étaient destinés à vendre du savon à une clientèle domestique. A l’époque, il s’agissait des femmes qui restaient à la maison et des enfants. A cause de cela, ce médium a souvent été défavorisé, puisqu’il était lié à ce contexte.

I Love Lucy
« Les premières séries télévisées, comme I Love Lucy (1951-1957) aux Etats-Unis, ou Thierry La Fronde (1963-1966) en France, étaient plutôt ce que l’on appelait des “soap opera” [« opéra pour savon », feuilleton télévisé à épisodes multiples – NDLR]. Ils étaient destinés à vendre du savon à une clientèle domestique. A l’époque, il s’agissait des femmes qui restaient à la maison et des enfants. A cause de cela, ce médium a souvent été défavorisé, puisqu’il était lié à ce contexte. » Sandra Laugier. Professeure de philosophie à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne et membre de l’IUF.

Que s’est-il passé ensuite ?

A partir des années 1980 et 1990 il y a eu une volonté de faire des séries qui s’adressaient à tous, et en particulier aux actifs. On a vu arriver la série Miami Vice (1984-1990), lancée par le grand réalisateur de cinéma, Michael Mann. Ensuite, dans les années 1990, Urgences est arrivée, ainsi que A la Maison-Blanche (1999-2006). Il s’agit de deux séries très classiques, avec une grande qualité, qui sont devenues des références. Avec le genre médical, le genre policier s’est aussi développé dans les années 1990, avec New York Police Blues (1993-2005) et La loi de Los Angeles (1986-1994), par exemple. Des séries avec un développement plus ambitieux, dotées d’un fil directeur et d’une histoire organisée sur plusieurs saisons.

Et après ?

Le tournant dans l’Histoire des séries, c’est autour de 2 000, avec la chaîne privée américaine HBO. Créée en novembre 1972, elle est la propriété de Warner Bros. Cette chaîne a produit beaucoup de chefs d’œuvres. Notamment Les Soprano (1999-2007), Six Feet Under (2001-2005), The Wire (2002-2008), Sex and the City (1998-2004)… Cette série d’œuvres de très grande qualité servent aujourd’hui de référence. Mais comme ces séries ont été diffusées sur HBO, le public était restreint. La dernière évolution en date, que l’on peut voir comme la troisième phase, c’est l’arrivée de la plateforme numérique Netflix. Créée en août 1997 à Los Gatos en Californie, Netflix est arrivé en Europe en décembre 2011, et en France en septembre 2014. D’autres plateformes ont suivi, comme AMC qui a notamment diffusé la série Madmen (2007-2015) ou The Walking Dead (2010-2022). L’abonnement à Netflix est abordable, ce qui a permis de démocratiser l’accès à toutes sortes de contenus qu’ils ont produit. Comme, par exemple, House of Cards (2013-2018), Narcos (2015-2017), ou Orange is the New Black (2013-2019). Comme HBO a dû affronter une énorme concurrence, aujourd’hui Netflix affronte à son tour une forte concurrence, avec d’autres plateformes comme Amazon Prime, Disney+, Paramount… Nous sommes d’ailleurs encore face à un paysage qui est en train de se recomposer autour de ces grands producteurs de séries.

Historiquement, comment les séries sont-elles passées du statut de divertissement populaire sans grande valeur, à des objets culturels respectés ?

L’arrivée de HBO, et sa volonté de produire des séries qui se voulaient de qualité, constitue un moment important. D’ailleurs, le slogan de HBO c’était : « It’s not TV, it’s HBO » [« Ce n’est pas de la télévision, c’est HBO » — NDLR]. HBO se plaçait donc un peu au-dessus de la télévision ordinaire, et cette ambition a beaucoup compté. Mais c’est un peu injuste, car il y a eu de très bonnes séries télévisées avant. Pour moi, le déclic c’est 1994, avec la diffusion d’Urgences. Cette série posait des questions intéressantes sur le plan social, et pas seulement médical. Le deuxième déclic, c’est donc HBO. Certaines séries signées HBO sont devenues équivalentes à de grands films ou à de grandes œuvres littéraires.

Regarder une série télévisée peut se révéler très chronophage : c’est à cause des séries que les gens vont moins au cinéma ?

C’était peut-être le cas pendant la pandémie de Covid-19, parce qu’il était possible de continuer à voir des séries chez soi. Mais ce n’est pas à cause des séries que les gens vont moins au cinéma.

Pendant longtemps, les films de cinéma ont eu une dimension culturelle plus « respectable » que les séries télévisées : aujourd’hui, cet écart tend à diminuer ?

Cette tendance ne s’inverse pas. On a toujours ce discours qui affirme la supériorité du cinéma par rapport aux séries qui seraient vues comme une espèce de nouvel opium du peuple. J’ai aussi écrit ce livre pour combattre ce discours. Aujourd’hui, les séries sont parvenues à toucher un public très large, très diversifié, qui n’est pas le public que l’on voit en ce moment dans les salles de cinéma. Actuellement, la sortie d’Avatar 2 : la voie de l’eau (2022) au cinéma réunit un public très large. Mais si on en parle autant, c’est justement parce que ce n’est pas arrivé depuis longtemps. Ces dernières décennies, les séries sont arrivées à rassembler plus que le cinéma. Au départ, cette dimension démocratique était propre au cinéma. Elle l’est moins, maintenant.

« Ces dernières décennies, les séries sont arrivées à rassembler plus que le cinéma. Au départ, cette dimension démocratique était propre au cinéma. Elle l’est moins, maintenant »

De temps en temps, la frontière entre le cinéma et les séries se brouille, car des réalisateurs de cinéma acceptent parfois de réaliser des séries pour des plateformes, comme actuellement Nicolas Winding Refn avec Copenhagen Cowboy (2023), diffusé sur Netflix ?

Depuis un moment, on constate un brouillage des frontières entre les metteurs en scène et les acteurs qui circulent entre cinéma et séries. On peut aussi citer Le Bureau des Légendes avec Eric Rochant, qui est un grand cinéaste. Plusieurs cinéastes ont aussi participé à la dernière saison d’En Thérapie (3). On assiste donc à beaucoup de coopérations entre cinéma et séries. Mais dans beaucoup de discours intellectuels ou critiques, on retrouve cette séparation entre les films de cinéma et les séries.

The Wire

Sur quels critères avez-vous sélectionné les séries étudiées dans votre livre ?

Je n’ai pas sélectionné les séries, j’ai sélectionné les auteurs pour traiter de l’impact politique de séries. Il s’agit tous de chercheurs de très haut niveau, qui s’intéressent aux séries télévisées. J’ai donc demandé à chacun de parler d’une série qui leur paraît vraiment importante. Par chance, ils ont tous proposé des séries différentes : Baron Noir (2016-2020), The Boys (2019 – en production), Engrenages (2005-2020), Game of Thrones (2011-2019), The Good Place (2016-2020), I May Destroy You (juin 2020 – juillet 2020), Killing Eve (2018-2022), Our Boys (août 2019 – octobre 2019), The Plot Against America (mars 2020 – avril 2020)… Pour certaines séries, j’ai dû trouver les auteurs, car personne ne me les a proposées. Par exemple, pour Orange is the New Black, j’ai demandé à Carole Desbarats. Comme personne n’a proposé The Crown (2016 – en production) et que je trouve que c’est une série vraiment importante, je m’en suis occupée moi-même. Cela en plus de la série The Americans (2013-2018).

La saison 2 de la série d’Eric Toledano et Olivier Nakache, En Thérapie, a été réalisée par des réalisateurs venus du cinéma, comme Agnès Jaoui, Emmanuelle Bercot, Arnaud Desplechin, et Emmanuel Finkiel.

Qu’est-ce qui distingue une « bonne série » d’une « mauvaise série » ?

Même si c’est subjectif, une bonne série c’est avant tout une série que l’on aime regarder. Il faut qu’elle soit bien construite, bien écrite, avec des personnages attachants. Une bonne série parvient à capter l’attention des téléspectateurs pendant des années. La qualité de la narration doit nous amener à passer d’un épisode à un autre. L’intérêt des problèmes posés dans la série compte aussi. Et ça, c’est assez nouveau par rapport aux séries du siècle dernier.

« C’est ce que l’on reproche parfois aujourd’hui à Netflix : une absence de créativité, qui induit un phénomène de répétition. Certaines séries ne proposent pas un niveau de réflexion suffisant par rapport à ce que l’on a appris à regarder avant »

« A partir des années 1980 et 1990 il y a eu une volonté de faire des séries qui s’adressaient à tous, et en particulier aux actifs. On a vu arriver la série Miami Vice (1984-1990), lancée par le grand réalisateur de cinéma, Michael Mann. » Sandra Laugier. Professeure de philosophie à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne et membre de l’Institut universitaire de France.

Mais, même aujourd’hui, toutes les séries ne sont pas des objets culturels de qualité égale ?

Bien sûr, il y a un certain nombre de séries qui manque d’originalité, et qui sont seulement une resucée de séries qui ont déjà marché, ou des combinaisons de genres qui ont fonctionné. C’est d’ailleurs ce que l’on reproche parfois aujourd’hui à Netflix : une absence de créativité, qui induit un phénomène de répétition. Certaines séries ne proposent pas un niveau de réflexion suffisant par rapport à ce que l’on a appris à regarder avant.

Il arrive aussi que certaines « bonnes séries » ne soient pas reconduites pour une saison supplémentaire par manque d’audience ?

Pour la reconduction d’une série, le niveau d’audience est extrêmement important. Sur Canal+, OVNI(s) (2021-2022) était une très bonne série, avec une deuxième saison peut-être un peu moins innovante. Résultat, il n’y a pas eu de troisième saison.

Copenhagen Cow Boy
De temps en temps, la frontière entre le cinéma et les séries se brouille, car des réalisateurs de cinéma acceptent parfois de réaliser des séries pour des plateformes, comme actuellement Nicolas Winding Refn avec Copenhagen Cowboy, diffusé sur Netflix. © Photo DR

Donc, par rapport à un film, une série est un objet culturel plus fragile, parce qu’elle peut à tout moment s’arrêter en plein vol, si l’audience n’est plus là ?

Quand on va au cinéma voir un film, on se déplace, et on paie sa place. Il y a donc un investissement culturel. Alors que pour la série, la balle est dans son camp. C’est elle qui doit capter l’attention du téléspectateur. Or, le public n’est jamais acquis. Par exemple, même si c’était une très bonne série, Le bureau des Légendes a été arrêté par Canal+ parce que moins de gens regardaient. Il n’y a pas forcément de corrélation entre la qualité d’une série et son audience.

Le risque, c’est donc de voir les plateformes comme Apple TV+, Amazon Prime, Netflix ou d’autres, miser sur des séries très formatées, afin de réduire au maximum la prise de risque ?

Désormais, les spectateurs sont habitués à voir de bonnes séries. Donc, ils n’ont pas envie de voir des produits formatés. On le voit aujourd’hui avec la diffusion sur Netflix de la série très atypique Copenhagen Cowboy de Nicolas Winding Refn. On constate une véritable prise de risque.

« Les séries américaines ne dominent plus comme avant. Les séries israéliennes comme BeTipul (2005-2008), qui a inspiré ensuite En Thérapie (2021-2022) en France, a été adaptée plus d’une quinzaine de fois dans le monde. Il faut donc nuancer le tableau »

En quoi les séries sont devenues des objets d’éducation à la fois morale et politique ?

Par leur durée, et par leur diversité qui leur permettent de s’adresser à des publics spécifiques, les séries peuvent déboucher sur une meilleure représentation des minorités, par exemple. La présence des femmes, les inégalités raciales… Les séries peuvent avoir cette fonction d’initiation à des problématiques de ce type. Il y a des séries sur la prison, sur le terrorisme, sur le travail domestique…

Que nous disent les séries du monde dans lequel nous vivons ?

Le discours tenu par les séries n’est pas complètement homogène, dans la mesure où les séries abordent toutes sortes de sujets. Un film peut produire une vision du monde. Une série va plutôt s’attacher à un milieu particulier, et à des situations. Elle ne propose donc pas de discours global sur le monde. Par contre, elle produit des idées qui sont assez proches les unes des autres. Par exemple, les séries vont être toutes plus ou moins égalitaires, féministes, soucieuses de la démocratie… Souvent, le discours des séries télévisées est davantage social que sur l’état du monde. Il y a ainsi beaucoup de séries qui traitent des risques internationaux, du terrorisme, de l’hypothèse d’une nouvelle guerre mondiale, des problèmes avec la Russie…

Une majorité de séries sont américaines : cela conduit à une certaine vision du monde, au détriment d’autres approches ?

Aujourd’hui, ce qui est intéressant, c’est que des séries sont produites dans tous les pays. Netflix a développé la production dans beaucoup de pays pour s’adapter aux spécificités locales. On assiste à une sorte de mondialisation de la production. Les séries américaines ne dominent plus comme avant. Les séries israéliennes comme BeTipul (2005-2008), qui a inspiré ensuite En Thérapie (2021-2022) en France, a été adaptée plus d’une quinzaine de fois dans le monde. Il faut donc nuancer le tableau. La production locale n’est pas destinée qu’à son pays de production, elle circule ensuite dans le monde entier. C’est ce qui nous permet de regarder des séries espagnoles, comme La Casa de Papel (2017-2021), ou indiennes, avec Delhi Crime (2019 – en production).

Les séries sont aussi un instrument de “soft power” ?

Les séries restent un instrument d’influence, car elles véhiculent des idées politiques. Mais “soft power” n’est pas forcément un terme péjoratif. Il s’agit aussi de faire circuler des idées, par exemple en montrant des séries avec davantage de personnages féminins. L’idée, c’est aussi de créer une société où les téléspectateurs sont éduqués, et vont discuter entre eux de ce qu’ils ont vu à la télévision. Donc l’objectif, c’est de créer de la conversation, plutôt que d’exercer un pouvoir sur les gens.

Cet engouement pour les séries télévisées est-il un feu de paille qui peut retomber à tout moment ?

Dès que quelque chose devient très central dans la culture, c’est toujours la question que l’on se pose. Aujourd’hui, la production de séries est énorme, et l’engouement du public a l’air bien installé. Les séries sont devenues une forme de production culturelle majeure. En parallèle, on remarque que de grandes manœuvres se déroulent chez les producteurs de séries. Par exemple, Disney n’est plus un simple producteur de dessins animés pour enfants. Ils ont produit énormément de séries très originales, et très adultes. On constate aussi beaucoup de regroupements et de réorganisations chez les différents producteurs.

Comment voyez-vous l’avenir des séries télévisées ?

Je pense que l’on va assister à une forme d’autonomisation des téléspectateurs qui ne vont plus se contenter des recommandations faites par les différentes plateformes, avec des algorithmes. L’idée, c’est peut-être d’inventer de nouveaux outils de recommandations, pour que les téléspectateurs puissent utiliser ce qu’ils ont appris, pour trouver les séries qui leur conviennent.

1) Les séries, laboratoire d’éveil politique, sous la direction de Sandra Laugier (CNRS éditions), 392 pages, 25 euros.

2) Nos vies en séries, philosophie et morale d’une culture populaire, de Sandra Laugier (Flammarion, 2019), 392 pages, 21 euros.

3) La saison 2 de la série d’Eric Toledano et Olivier Nakache, En Thérapie, a été réalisée par des réalisateurs venus du cinéma, comme Agnès Jaoui, Emmanuelle Bercot, Arnaud Desplechin, et Emmanuel Finkiel.