Le chanteur et pianiste italien Raphael Gualazzi a conquis le public de la salle Garnier le 29 novembre lors du Monte-Carlo Jazz festival. Portrait de ce crooner de 31 ans exilé à Londres.
C’est un grand gaillard frôlant les 1m90, à la voix douce et posée, et à l’élégance toute italienne… Raphael Gualazzi, 31 ans, pourrait figurer parmi les prétendants au titre de “nouveau prince du swing” aux côtés des Jamie Cullum, Peter Cincotti et autre Michael Bublé. Exilé depuis plus de 2 ans à Londres… rital, il l’est jusqu’au bout des ongles. « J’ai choisi de vivre à Londres car c’est un trait d’union entre la culture musicale classique européenne et la culture afro-américaine. J’aime cette effervescence artistique permanente. Mais mon cœur reste en Italie dans ma ville natale, Urbino. »
« La musique, pas un vrai métier »
Après des débuts « pianissimo » et des difficultés financières dans une Italie considérant que « la musique n’est pas un vrai métier » dit-il, c’est en 2011 que le tempo de son destin musical s’accélère. En février, il apparaît sur les planches du Festival de San Remo avec le titre Follia d’amore. Bingo. Il remporte le concours dans la catégorie « jeunes ». L’événement — qui a d’ailleurs révélé Eros Ramazzotti, ou encore Laura Pausini — est certes un brin désuet mais très suivi des Italiens. Deux mois plus tard, direction Düsseldorf. Gualazzi arrive deuxième au concours de l’Eurovision derrière l’Azerbaïdjan qui présentait, comme à l’accoutumé, une chanson kitsch à souhait. De cette grand-messe médiatique Gualazzi en retire deux satisfactions. Primo : « La chance de chanter devant 120 millions de téléspectateurs du monde entier. C’est une vitrine unique ». Secundo : « J’ai donné des interviews dans lesquelles j’ai évoqué mes influences, Otis Spann, Thelonious Monk, Muddy Waters, et Art Tatum. Peut-être cela va-t-il donner envie à certains d’aller les découvrir sur YouTube. »
Duo avec Camille
Ses refrains tous guillerets, que l’on aime à siffloter, font un carton. Son premier album Reality and Fantasy, réédité par le fameux label Blue Note en septembre 2012, se vend à plus de 100 000 exemplaires. Son second opus sorti en avril 2013, Happy Mistake (Heureuse erreur), est plébiscité par la critique et le public. Dedans y figure un pétillant duo L’Amie d’un italien avec la chanteuse française Camille qu’il découvre à Paris lors d’un concert. « J’ai été stupéfait par sa grande force rythmique, à la fois vocale et scénique. »
Jazz populaire
Quant au style musical de Gualazzi… Lui répond qu’il est en « perpétuelle évolution ». Il mélange aisément le jazz, la pop, la musique classique et la chanson italienne… L’artiste avoue sans complexe faire un jazz « populaire. » « Aujourd’hui, le jazz est devenu un art très souvent intellectuel. Mais à l’origine, c’est une musique très populaire et j’aime l’idée de découvrir cet univers au plus grand nombre. » Avant de rentrer sur scène, il ne ressent pas « de peur » mais « une sorte d’excitation positive. » « Je me sens très chanceux. Heureux. On fait des tas de déplacements, on dort peu, on est toujours dans des avions, des trains. Il m’arrive d’être très fatigué… Mais à partir du moment où je rentre sur scène, tous ces maux s’évanouissent. » Le crooner transalpin qui a déjà fait danser la France et l’Italie, envisage de gagner du terrain en Allemagne, en Autriche, en Suisse, au Canada et même au Japon. Ce grand passionné de jazz, qui a commencé le piano à 9 ans aux côtés d’un papa batteur qui l’a toujours soutenu, continue donc sa carrière « piano forte ».