mercredi 24 avril 2024
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L’OPMC veut s’imposer à l’export

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Yakov Kreizberg
« L'orchestre lance un nouveau label d'enregistrement cet automne. Il sera présent sur la scène internationale des enregistrements. » Yakov Kreizberg. Directeur artistique et musical de l'OPMC. © Photo OPMC - Marco Borgreve.

La saison 2010-2011 sera la deuxième de Yakov Kreizber à la tête de l’orchestre philharmonique de Monte-Carlo (OPMC). Avec pour objectif de renforcer la réputation internationale de sa formation.

La musique que nous allons faire contribuera à créer un monde meilleur. » Yakov Kreizberg en est persuadé et l’affirme haut et fort. L’orchestre philharmonique de Monte-Carlo (OPMC) donnera du bonheur lors de cette saison qui s’annonce. Avec pour objectif de renforcer sa réputation internationale. Pas simple en ces temps de crise, en ces périodes où la visibilité d’une si grande formation hors de ses frontières est réduite par la difficulté de s’exporter. Kreizberg reprend : « Ce que nous tentons est comme la fabrication d’un puzzle compliqué où en fin de parcours toutes les pièces doivent s’imbriquer. C’est un défi. »

L’Angleterre, un “rêve”

Pour relever ce défi, Kreizberg a décidé d’aller chercher le public hors des frontières. Du coup, l’OPMC se déplacera la saison prochaine en Allemagne, avec les pianistes Nicolai Tokarev au mois de décembre et Jean Yves Thibaudet pour la saison 2011-2012. Puis en Espagne au mois de mars avec en soliste la violoniste Julia Fischer et le violoncelliste allemand Daniel Müller-Schott. Pourquoi pas l’Italie ou l’Angleterre ? Le conseiller artistique Chandler Cudlipp précise : « On a établi une liste prioritaire des endroits où l’orchestre n’a pas encore été entendu et où il est important qu’il le soit. L’Allemagne est un des endroits où il faut se produire. » Les responsables de l’orchestre ont aussi étudié les marchés. Résultat, aujourd’hui l’Italie ne semble pas prioritaire. Si Cudlipp est en « contact avec les organisateurs de tournées » italiens, Kreizberg ajoute aussitôt « qu’il aimerait faire une tournée en Italie » mais « que les budgets des villes italiennes ont extrêmement diminué ces dernières années et qu’elles préfèrent aujourd’hui inviter des petites formations ou des orchestres de chambre ». Quant à l’Angleterre, « c’est un rêve de jouer au London Proms » que caresse néanmoins Kreizberg. Autres prestations prévues à l’étranger pour célébrer les 10 ans de l’association des amis de l’orchestre : en Russie, à Saint Petersbourg, le 5 juin 2011. Et à Moscou le lendemain.

Julia Fischer le “phénomène”

Cette saison 2010-2011 verra la présentation de « notre première artiste en résidence : Julia Fischer. Elle a 26 ans, c’est une grande violoniste allemande. Un phénomène, le genre de talent que l’on rencontre une ou deux fois par siècle. Et c’est aussi une incroyable pianiste. On la demande partout, tous les jours on l’entend à la radio aux quatre coins du monde. Alors c’est une victoire particulière de l’avoir à résidence. Elle va jouer avec l’orchestre, enregistrer avec lui et participer à ses tournées. » Elle participera à deux concerts le 20 novembre et le 4 mars pour jouer, entre autre, Dvorak et Berlioz.
Mais bien sûr, la deuxième arme de l’orchestre de Monte-Carlo pour asseoir sa réputation à l’étranger et toucher ceux qui ne peuvent venir l’entendre à Monaco ou pendant ses tournées, c’est la gravure de ses concerts. Kreizberg : « L’orchestre lance un nouveau label d’enregistrement cet automne. Il sera présent sur la scène internationale des enregistrements. Quatre CD vont sortir, dédiés aux ballets russes. Ensuite l’orchestre fera d’autres enregistrements pour illustrer la diversité de son répertoire. »

Brunchs musicaux

A Monaco, 38 concerts seront donnés par le philharmonique la saison prochaine. Avec une nouveauté intéressante pour les mélomanes qui ne sont pas du soir : les brunchs musicaux. Des brunchs qui se dérouleront dans la salle Empire de l’Hôtel de Paris sur 10 dimanches dans la saison. Avec des programmes qui n’ont pas encore été dévoilés. Ou encore un nouveau ciné-concert. Après le succès de la participation de l’orchestre à la projection des Lumières de la ville, ce sera à nouveau un Chaplin qui sera proposé aux amateurs. A noter que les matinées classiques à la salle Garnier, les rencontres du jeune public, les midis musicaux sont toujours programmés. Ainsi que les concerts du palais princier. « Pour les 50 ans la saison dernière, on a affiché complet pour tous les concerts », se félicite Chandler Cudlipp qui voudrait bien renouveler l’exploit pour la 51ème édition, avec 6 concerts. Et « des artistes d’exception », comme la violoniste Veronika Eberlé, qui a notamment joué avec le Rotterdam Philarmonic, en ouverture lors du premier concert. Sinon, les concerts du palais princier proposeront aussi la Messe de Requiem de Verdi. Kreizberg : « Pas en concurrence avec l’Opéra, mais pour satisfaire un public de connaisseurs. » A voir aussi, Beethoven avec François Frédéric Guy au piano, Prokofiev et Berlioz, avec toujours au piano, Yuja Wang, qui avait ouvert le festival de Lucerne. A noter encore la venue du chef d’orchestre néerlandais Jaap van Zweden, qui fera ses débuts à Monaco en dirigeant le concerto pour violon de Korngold et la symphonie n° 4 de Tchaïkovsky.
La saison passée, le nombre des abonnés de l’orchestre a augmenté de 5 %. Mais le nombre de mélomanes qui a assisté à la totalité des concerts a explosé : + 23 %. Reste à savoir si cette année enregistrera encore une hausse de la fréquentation. Une certitude, Yakov Kreizberg n’entamera pas cette nouvelle saison. Il faudra attendre le 26 septembre pour voir Kreizberg diriger dans la salle de l’Auditorium Rainier III, au sein du cycle Gustav Mahler, la symphonie n° 5, avec le pianiste Martin Helmchen. D’ailleurs, Helmchen avait ouvert la saison 2008-2009.

Marshall pour l’ouverture

Mais cette année c’est Wayne Marshall qui fera l’ouverture au Grimaldi Forum, avec des extraits de comédies musicales de Gerschwin. D’ailleurs, le Grimaldi restera une bonne partie de la saison le navire amiral de l’orchestre. Surtout que la salle Garnier sera fermée aux concerts jusqu’en janvier pour travaux.
Mais le fil conducteur de cette saison 2010-2011 sera le répertoire tchèque ou bohémien. Et la présentation de compositeurs assez peu connus du grand public, comme Bohuslav Martinù. Ce qui n’empêche pas l’OPMC d’inviter aussi beaucoup d’artistes plus connus. Notamment le chef d’orchestre grenoblois Emmanuel Krivine. Autre chef invité : Georges Prêtre, 85 ans, qui a déjà dirigé à Monaco et qui viendra cette saison proposer Brahms, Ravel et Stravinsky en octobre. Ou encore Vladimir Fedoseyev, qui est venu au palais princier il y a 25 ans. Mais aussi Lawrence Foster, le Vénézuelien Carlos Kalmar, le Français Jean Christophe Spinosi, l’allemand Thomas Hengelbrock ou l’italien Andrea Marcon.

“Extraordinaire dynamique”

Sans oublier des solistes prestigieux, comme Raphaëlle Truchot Barraya à la flûte, Marie B. Barrière Bilote, professeur de clarinette à l’académie de musique de Monaco, le pianiste Philippe Bianconi, la pianiste Shani Diluka, une enfant du pays, le violon Frank Peter Zimmermann ou la violoniste Yuzuko Horigome. Bref, un programme séduisant qui verra d’autre part Schumann joué lors du premier concert du printemps des arts et les débuts avec l’orchestre philharmonique du pianiste niçois David Kadouch. Le conseiller du gouvernement pour l’intérieur, Paul Masseron, a d’ailleurs souligné « l’extraordinaire dynamique entre Yakov Kreizberg et ses musiciens. » Mais aussi la diversité des programmes de l’orchestre qui se met au service de la célébration du centenaire des ballets russes, du printemps des arts et des archives audiovisuelles. Et même de moments plus originaux : il sera présent au festival de jazz de Juan les Pins.