The Dead Don’t Die

de Jim Jarmusch

Absurde. On n’épiloguera pas sur le fait que le premier zombie à sortir de terre est Iggy Pop. Surtout que celui que l’on surnomme « l’iguane » est loin d’être le seul à faire briller le casting du dernier film de Jim Jarmusch. De Bill Murray en passant par Tilda Swinton, Selena Gomez ou Steve Buscemi, l’abondance de grands noms du cinéma fait à elle seule une bonne raison de voir The Dead Don’t Die. Le jeu décalé (et absolument irrésistible) d’Adam Driver constitue une autre raison valable. Pour le reste, Jarmusch multiplie les références dans ce film de zombie que George A. Romero (1940-2017) aurait sans doute adoré. The Dead Don’t Die manie l’ironie et l’absurde sans limites. Et Jarmusch démontre qu’après les vampires dans l’excellent Only Lovers Left Alive (2013), il sait jouer avec les codes, pour notre plus grand plaisir.

The Dead Don’t Die de Jim Jarmusch, avec Bill Murray, Adam Driver, Tilda Swinton (USA, 2019, 1h45), 16,99 euros (DVD), 19,99 euros (blu-ray).

Zombi Child

de Bertrand Bonello

Parallèle. Après Saint Laurent (2014) et Nocturama (2016), Bertrand Bonello est de retour avec ce film situé entre deux époques. En 1962, à Haïti, Clairvius Narcisse (Bijou Mackenson) est transformé en zombi et se retrouve exploité dans des plantations de canne à sucre dans lesquelles il est contraint de travailler sans relâche. Le seul remède à son mal, c’est la viande, que Clairvius Narcisse finit par manger un jour. L’esprit plus ou moins clair, il s’enfuit et observe, de loin, sa femme. En parallèle, on suit, de nos jours cette fois, le quotidien d’une lycéenne, Fanny (Louise Labeque), amoureuse à distance d’un garçon. Elle propose d’ouvrir son pensionnat à une camarade de classe d’origine haïtienne, Melissa (Wislanda Louimat) qui pratique le vaudou. Le zombi de Bonello n’est pas celui de George A. Romero (1940-2017) : c’est l’esclavage qui est montré à Haïti et l’uniformisation des élèves de nos jours. Le résultat est sensible, beau et intelligent.

Zombi Child de Bertrand Bonello, avec Louise Labeque, Wislanda Louimat, Adilé David (FRA-HAI, 2019, 1h43), 19,99 euros (DVD), 19,99 euros (blu-ray).

Les Bronzés font du ski, édition spéciale 40 ans

de Patrice Leconte

Potache. Ce mois-ci, impossible de passer à côté des 40 ans des Bronzés. Pour l’occasion, Studiocanal nous propose un coffret avec le film en blu-ray dans une version enfin restaurée. L’équipe du Splendid déploie son humour potache autour des comportements de Français moyens, à qui ils n’épargnent pas la moindre petitesse. L’observation quasi-sociologique de la société de la fin des années 1970 est sans concession. Les vannes n’ont rien perdu de leur efficacité. Toujours aussi corrosif, parfois cruel, l’humour déployé par l’équipe du Splendid fonctionne à plein. Bref, Les Bronzés font du ski est toujours aussi drôle. Même 40 ans après.

Les Bronzés font du ski, édition spéciale 40 ans de Patrice Leconte, avec Michel Blanc, Marie-Anne Chazel, Christian Clavier (FRA, 1979, 1h25), 39,99 euros (coffret blu-ray, DVD, bonus en DVD, 4 badges inédits, 5 cartes postales du film et un tote-bag). Sortie le 6 novembre 2019.

La Cité de la Peur, édition

spéciale 25 ans

d’Alain Berbérian

25. Il fallait au moins ça. Pour célébrer comme il se doit les 25 ans du film culte des Nuls, Studiocanal sort un coffret collector. Enfin restaurée, cette nouvelle version inédite offre également une image en 2.35 et une bande son en DTS-HD Master Audio 5.1. Ce joli coffret est vendu avec un « jeu familial exclusif » de 400 cartes, avec des défis, dont le fameux et absolument incontournable : « Tu bluffes Martoni ». Sinon, ce film de 1994 n’a pas pris une ride et l’humour totalement absurde des Nuls, qui lorgne du côté des Monty Pythons, est toujours aussi irrésistible. Projeté en mai 2019 sur une plage, en marge du festival de Cannes, en présence des acteurs, avec notamment une carioca dansée en “live” par Alain Chabat et Gérard Darmon, La Cité de la Peur a fait le plein. Avec ce coffret, il s’offre une deuxième vie bien méritée.

La Cité de la Peur, édition spéciale 25 ans d’Alain Berbérian, avec Chantal Lauby, Alain Chabat, Dominique Faruggia (FRA, 1994, 1h40), 49,99 euros (coffret blu-ray et DVD collector). Sortie le 6 novembre 2019.

La folle histoire du rugby

par Tampon !

« Rigolades ». Alors que la finale de la Coupe du monde de rugby se déroulera le 2 novembre 2019 au stade international de Yokohama, au Japon, il est plus que recommandé de se plonger dans ce livre signé par l’équipe de Tampon !, un hors-série du magazine So Foot, dédié au ballon ovale. On retrouve ici le même traitement décalé de l’information rugbystique, avec beaucoup d’humour et de second degré. Structuré en cinq grands chapitres, on lit ceux qui ont fait ou qui font l’actualité de ce sport, de Walter Spanghero, à Richard Dourthe, en passant par Gareth Edwards, Jonah Lomu (1975-2015), Serge Blanco ou Daniel Carter. Sous titré « oreilles en chou-fleur, boîtes à gifles et grosses rigolades », La folle histoire du rugby est un formidable concentré d’informations et de bonne humeur.

La folle histoire du rugby par Tampon ! (Marabout), 192 pages, 29,90 euros.

Le Dernier Rêve de Stanley Kubrick : enquête sur Eyes Wide Shut

d’Axel Cadieux

Culte. Cela fait 20 ans que Eyes Wide Shut (1999), le dernier film de Stanley Kubrick, est sorti. Comme beaucoup de films de ce réalisateur culte, Eyes Wide Shut gagne à être revu pour mieux en saisir toute la richesse et sa complexité. Partant de ce constat, le journaliste français, Axel Cadieux, exhume la création de ce film, à travers notamment une série de témoignages. Stanley Kubrick étant mort quelques mois avant la sortie d’Eyes Wide Shut en juillet 1999, des rumeurs ont assuré que la version sortie en salle n’était pas celle voulue par le réalisateur, ce qui a été nié par l’entourage de Kubrick. Axel Cadieux avance des éléments qui attestent que ces rumeurs étaient peut-être fondées. Il revient aussi sur le choix du couple Nicole Kidman et Tom Cruise, ou encore sur les risques de censure qui pesaient sur ce film. Passionnant.

Le Dernier Rêve de Stanley Kubrick : enquête sur Eyes Wide Shut d’Axel Cadieux (Capricci), 144 pages, 16 euros.

Bubblegum

d’Adam Levin

« Curios ». On se souvient d’Adam Levin pour son étonnant premier roman Les Instructions (2011), riche d’un millier de pages, et surtout, complètement dingue. Huit ans après, Adam Levin revient avec, là encore, 1052 pages. Cette fois, on suit les aventures d’un adolescent pas vraiment à l’aise avec ses semblables. Depuis l’âge de 12 ans, Belt Magnet, c’est son nom, est convaincu qu’il est capable de communiquer avec les objets, qu’il appelle les « inans ». Arrivé à l’âge de 38 ans, et alors qu’il n’a publié qu’un seul roman, il décide d’écrire ses mémoires. Pour tenter de le soigner, on lui confie un « Curios », un robot fait de métal, de chair et d’os, capable d’échanger avec lui. Problème : ces robots sont si irrésistibles que les humains finissent par les manger. Bubblegum est un livre inclassable, fou et très drôle.

Bubblegum d’Adam Levin, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Maxime Berrée (Inculte), 1052 pages, 25,90 euros.

Une année sans Cthulhu

de Thierry Smolderen et Alexandre Clérisse

80’s. Revoici le duo dont on avait remarqué l’excellent travail sur Souvenirs de l’Empire de l’Atome (2013) et L’Été Diabolik (2015). Thierry Smolderen et Alexandre Clérisse nous emmènent cette fois dans les années 80, un peu comme le fait la série à succès de Netflix, Stranger Things. Sur les deux albums précédents, ils s’étaient respectivement intéressés aux années 50 et 60. Cette fois, l’action se déroule à Auln-sur-d’Arcq, en août 1984. Ce thriller met en scène un groupe d’adolescents qui joue au jeu de rôle “L’Appel de Cthulhu”. Confrontée à un mystérieux massacre, cette petite ville va plonger dans la peur et le fantastique. Le graphisme évoque les jeux vidéo de l’époque, comme Tron, pendant que d’autres passages évoquent Shining (1980) ou Blue Velvet (1986). Magnifique.

Une année sans Cthulhu de Thierry Smolderen et Alexandre Clérisse (Dargaud), 176 pages, 21 euros.

Dédales

de Charles Burns

Imaginaire. Premier volet d’une trilogie, Dédales suit les agissements d’un groupe d’adolescents happés par la force de films horrifiques, comme L’Invasion des profanateurs de sépultures (1956) de Don Siegel (1912-1991). Brian, l’un des personnages principaux, en véritable alter ego de Charles Burns, passe ses journées à dessiner. Sa compagne, Laurie, autre personnage central de cette œuvre, représente une autre partie de l’auteur. Quant au crayon ou à la caméra, ce sont des outils qui symbolisent le lien entre le réel et l’imaginaire. En marge de cette passionnante BD, on ne ratera pas la rétrospective consacrée à Charles Burns qui se déroule du 12 octobre au 4 janvier 2020 dans le cadre du festival BD de Colomiers. Ceci avant qu’Angoulême ne lui rende hommage : ce sera du 30 janvier au 2 février 2020.

Dédales de Charles Burns (Cornélius), 64 pages, 22,50 euros.

Closer to Grey

Chromatics

Surprise. A force, même les fans les plus endurcis n’y croyaient plus. Sept ans après Kill for Love (2012), et à la surprise générale, Chromatics vient de publier un nouvel album. Le disque du groupe de Johnny Jewel et Ruth Radelet était attendu pour décembre 2014, avant d’être remis à 2015. Supposément appelé Dear Tommy, cet album aurait été victime de Johnny Jewel qui aurait détruit toutes les copies, CD et vinyle, pour finalement tout réenregistrer. En attendant de voir si Dear Tommy sortira vraiment un jour, on peut se ruer sur cette surprise. Intitulé Close to Grey, ce disque s’ouvre sur une reprise très réussie de The Sound of Silence (1964), de Simon & Garfunkel. Autre reprise remarquée : On the Wall (1987), un titre assez méconnu de The Jesus & Mary Chain. Les 12 titres de Closer to Grey sont portés par la voix totalement planante de la chanteuse Ruth Radelet, notamment sur le très bon Twist the Knife. L’attente valait la peine.

Closer to Grey, Chromatic (Italians Do It Better), prix : NC.

Cry

Cigarettes After Sex

Rêve. Après l’excellent premier album éponyme Cigarettes After Sex (2017), revoici Greg Gonzalez et son groupe. Fin août 2019, un extrait a été dévoilé : avec Heavenly, on retrouve immédiatement l’univers cotonneux et aérien de Cigarettes After Sex. Enregistré dans un manoir sur l’île de Majorque (Espagne), ce disque a été marqué par ce lieu pas comme les autres, comme l’a expliqué Greg Gonzalez à Rolling Stone : « Je considère ce disque comme un film. Il a été “tourné” dans cet endroit exotique et époustouflant, et il recoupe tous ces différents personnages et scènes ensemble. Mais, à la fin, il s’agit vraiment de romance, de beauté et de sexualité. C’est un récit très personnel de ce que ces choses signifient pour moi. » Une certitude, Cry reprend le récit là où le disque des débuts, publié en 2017, l’avait laissé. L’ensemble est toujours porté vers la douceur et le rêve. Pour notre plus grand bonheur.

Cry, Cigarettes After Sex (Partisan Records/Pias), 12,99 euros (CD), 19,99 euros (vinyle). Sortie le 25 octobre 2019.

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Ghosteen

Nick Cave and The Bad Seeds

Deuil. En juillet 2015, Nick Cave a dû faire face à la mort de son fils Arthur, 15 ans. Une véritable épreuve, dont le prolongement est cet album. Ghosteen est donc un disque de deuil. C’est aussi un disque d’une grande beauté. Comme l’a expliqué Nick Cave, les titres du premier album représentent « les enfants », alors que ceux du second disque incarnent « les parents ». Depuis la sortie de Push the Sky Away (2013), l’œuvre de Nick Cave, 62 ans, est davantage tournée vers une musique atmosphérique, où les guitares sont quelque peu en retrait. Ce double album, qui est le 17ème pour le rockeur australien et ses Bad Seeds, est à la fois doux et très émouvant. « J’attends que mon temps vienne, j’attends que vienne la paix, j’attends ma place au soleil », lance Nick Cave dans le magnifique titre Hollywood, qui clôt Ghosteen. Beau et bouleversant.

Ghosteen, Nick Cave and The Bad Seeds (Ghosteen Ltd), 16,99 euros (CD), 24,99 euros (vinyle). Sortie le 8 novembre 2019.