vendredi 19 avril 2024
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Culture Sélection de septembre 2022

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Dans Culture Sélection, Monaco Hebdo sélectionne pour vous le meilleur de la culture du moment. Retrouvez nos coups de cœur Blu-rays, livres, bandes-dessinées et musique.

The Innocents de Eskil Vogt

Pouvoirs. Lorsque dans une banlieue norvégienne des enfants se découvrent des pouvoirs surnaturels, forcément, ils jouent avec. Oui mais, jusqu’où ? Et finalement, quelle est la frontière entre le bien et le mal ? Le premier long-métrage d’Eskil Vogt a été récompensé par le Prix du public et celui de la critique au festival du film fantastique de Gérardmer, et c’est totalement mérité. Peu à peu, Eskil Vogt parvient à distiller de l’inquiétude, qu’il parvient à transformer en peur. Les barres d’immeubles bordées par des forêts servent de cadre angoissant à cette histoire d’enfants efficacement mise en images par ce réalisateur et scénariste norvégien. Il ausculte la cruauté, dont font parfois preuve les enfants, et distille un peu de surnaturel, tout en s’ancrant dans une grande réalité sociale.

The Innocents de Eskil Vogt, avec Rakel Lenora Fløttum, Alva Brynsmo Ramstad, Mina Yasmin Bremseth Asheim (NOR, 2022, 1 h 57), 24,99 euros (combo Blu-ray et DVD).

The Northman de Robert Eggers

Onirique. Le jeune prince Amleth voit son père assassiné par son oncle, et sa mère devenir captive de ce dernier. Vingt ans s’écoulent et Amleth n’est plus le même : il est désormais un berserkr, un guerrier viking. Il pille et tue des villages slaves, avec ses frères berserkir. Un jour, il décide de venger son père, de sauver sa mère, et de tuer son oncle. Après The Witch (2015) et The Lighthouse (2019), Robert Eggers poursuit dans sa logique de films ancrés dans un réalisme qui le pousse à travailler sur le moindre détail. Avec The Northman, le réalisateur américain adapte la légende d’Amleth, un mythe scandinave. Co-écrit avec le romancier islandais Sjón, le scénario ajoute une dimension fantastique et onirique, qui peut séduire, ou agacer.

The Northman de Robert Eggers, avec Alexander Skarsgård, Nicole Kidman, Claes Bang (USA, 2022, 2h17), 16,99 euros (DVD), 19,99 euros (Blu-ray), 24,99 euros (Blu-ray 4K, édition steelbook collector spéciale Fnac). Sortie le 22 septembre 2022.

Any day now de Hamy Ramezan

Insouciance. Alors qu’ils réclament l’asile à la Finlande, Ramin Mehdipour, 13 ans, et sa famille iranienne font face à un refus. Menacé d’expulsion, Ramin profite de chaque moment, s’évadant sans penser à la suite, en misant sur l’insouciance due à son âge. Any day now est le premier long-métrage de Hamy Ramezan, un réalisateur finnois qui a dû se sauver pour échapper à la guerre qui a opposé l’Iran à l’Irak de septembre 1980 à août 1988. Il n’avait que 7 ans à l’époque. Dans Any Day Now, il pointe la dureté des démarches administratives auxquelles doivent se plier les demandeurs d’asile. Un sujet nourri par son expérience personnelle, et qu’il traite ici avec pudeur et délicatesse.

Any day now, de Hamy Ramezan, avec Aran-Sina Keshvari, Shahab Hosseini, Shabnam Ghorbani (FIN, 2021, 1 h 22), 24,99 euros (DVD seulement, pas de sortie Blu-ray). Sortie le 4 octobre 2022.

Black Phone de Scott Derrickson

1980. Finney Shaw, 13 ans, est kidnappé. Enfermé dans une cave par un tueur masqué, il va chercher par tous les moyens possibles à s’échapper. Le réalisateur de Sinister (2012) et de Docteur Strange (2016), Scott Derrickson, adapte une nouvelle de Joe Hill, qui n’est autre que le fils de Stephen King. Ethan Hawke est efficace en tueur déjanté, caché derrière une multitude de masques de démons. Black Phone est un film polymorphe. C’est aussi un teen movie qui lorgne sur les films d’épouvante des années 1980, pendant que certains plans rappellent la série Stranger Things. Globalement, entre film social, conte horrifique, et thriller, Black Phone est un long-métrage convaincant.

Black Phone de Scott Derrickson, avec Mason Thames, Madeleine McGraw, Ethan Hawke (USA, 2022, 1h43), 14,99 euros (DVD), 16,99 euros (Blu-ray). Sortie le 26 octobre 2022.

OH BROTHERS ! Sur la piste des freres Coen

OH BROTHERS ! Sur la piste des frères Coen de Marc Cerisuelo et Claire Debru

Augmentée. C’est une nouvelle édition augmentée pour ce livre paru en 2013 que proposent les éditions Capricci. Marc Cerisuelo et Claire Debru passent au crible 19 films réalisés par Joel et Ethan Coen. De Sang pour sang (1985) à O’Brother (O’Brother, Where Art Thou ?) (2000), jusqu’aux productions les plus récentes, comme Ave, Cesar ! (2016), La ballade de Buster Scruggs (2018), et Macbeth (2021), les auteurs nous plongent dans le monde passionnant des frères Coen. Ils décryptent finement cette culture populaire américaine dont s’emparent Joel et Ethan Coen, pour en faire un matériau qui vient nourrir sans fin une œuvre partagée « entre gravité et farce, film criminel et comédie, interrogations métaphysiques et refus délibéré de l’esprit de sérieux ». Autant d’ingrédients qui composent une filmographie particulièrement réussie.

OH BROTHERS ! Sur la piste des frères Coen (nouvelle édition augmentée) de Marc Cerisuelo et Claire Debru (Capricci), 312 pages, 22 euros.

Netflix l'aliénation en série

Netflix, l’aliénation en série de Romain Blondeau

Pamphlet. C’est un véritable pamphlet consacré à Netflix que nous propose l’ancien journaliste et désormais producteur, Romain Blondeau. Même si elle semble quelque peu en perte de vitesse, la plateforme de streaming créée en août 1997 par Reed Hastings, affiche tout de même 200 millions d’abonnés dans le monde, dont une dizaine de millions en France et à Monaco. Romain Blondeau pointe le poids croissant de Netflix sur la création et la consommation de fictions, que ce soit des films ou des séries. Il estime aussi qu’une proximité des idées unit Reed Hastings à Emmanuel Macron. « Netflix a créé une perte de sacralité à la fois dans notre rapport aux images et à la fiction, et dans notre pratique de consommation. Le fait qu’on puisse regarder une série en envoyant des textos, en faisant le repassage, qu’on puisse être à ce point peu mobilisé en tant que spectateur, je trouve ça désastreux », a indiqué l’auteur à Télérama.

Netflix, l’aliénation en série, de Romain Blondeau (Seuil), 60 pages, 4,50 euros.

Cher Connard Virginie Despentes

Cher connard de Virginie Despentes

Amitié. Cinq ans près le succès de sa trilogie Vernon Subutex (2015 à 2017) qui a été adaptée en série par Canal+ et au théâtre par Thomas Ostermeier, Virginie Despentes est de retour avec un nouveau roman qui a suscité beaucoup de réactions. Cher connard, c’est son titre, est le roman post-#metoo le plus attendu de cette rentrée 2022. On y suit les échanges entre Oscar Jayack, un écrivain d’une quarantaine d’années, qui poste sur les réseaux sociaux une publication désagréable à l’encontre de l’actrice Rebecca Latté. Cette dernière l’insulte à son tour. Puis des échanges s’instaurent entre ces deux protagonistes. En pointillé, Zoé Katana, qui tient un blog féministe très populaire, s’en prend à Oscar Jayack. Virginie Despentes traite les thèmes de l’amitié et de la réconciliation. Avec, en creux, l’idée qu’en dialoguant, on peut changer son regard sur le monde, et sur soi-même.

Cher connard de Virginie Despentes (Grasset), 352 pages, 15,99 euros (format numérique), 22 euros (format « papier »).

Toonzie de Xavier Bouyssou

OVNI. Toonzie, le gourou d’une secte, est proche de la mort. Du côté de sa magnifique villa de San Bernardino, des fans sont là, pour assister à ce moment. Ils sont à la fois tristes et excités. Car ils savent que si Toonzie meurt l’esprit en paix, alors c’est toute l’humanité qui sera « toonzifiée ». Cela signifie que chaque personne sera accompagnée de son “ toon“, et profitera d’une existence parfaitement équilibrée, en sa compagnie. Sauf qu’un agent du fisc, Adam Miller, n’est pas de cet avis. Il compte bien poursuivre Toonzie, et venir perturber les derniers moments de ce gourou. À la fois psychédélique et déjantée, cette œuvre est aussi drôle que décalée, faisant de cette BD de Xavier Bouyssou un OVNI à ne rater sous aucun prétexte.

Toonzie de Xavier Bouyssou (éditions 2024), 296 pages, 26 euros.

Souris en residence Anna Haifisch

Souris en résidence d’Anna Haifisch

Bucolique. Née en 1986 à Leipzig, en Allemagne, et diplômée de la Academy Visual Art, Anna Haifisch s’est imposée dans le milieu de la bande dessinée (BD) indépendante. Elle est de retour avec Souris en résidence, une BD qui se déroule dans le cadre de la résidence Fahrenbühl, qui propose aux artistes un cadre campagnard pour doper leur créativité. Anna Haifisch met en scène deux souris artistes qui participent au programme développé par cette résidence. Ces souris vivent ce moment très différemment. L’une découvre une amitié forte qu’elle voudrait voir durer pour toujours, pendant que l’autre s’ennuie, et ne trouve aucune inspiration, malgré un cadre très bucolique. La première souris va donc tout mettre en œuvre pour que son amie ne quitte pas précipitamment la résidence Fahrenbühl. Cette jolie BD évoque des thèmes forts, comme la possession et la jalousie, mais aussi la place des artistes dans la société.

Souris en résidence d’Anna Haifisch (Misma), 148 pages, 15 euros. Sortie le 21 octobre 2022.

Sons of Sam prekop John McEntire

Sons of de Sam Prekop et John McEntire

Expérimentation. Membres du groupe The Sea and Cake, un groupe de rock indépendant américain originaire de Chicago créé en 1994, Sam Prekop et John McEntire nous font un joli cadeau avec cet album imaginé en duo. Any Day, leur dernier album avec The Sea and Cake, remonte à 2018, et, de son côté, Sam Prekop a publié Comma, un album solo, en 2020. Sons of ne comporte que quatre titres, mais les durées des morceaux en font de véritables voyages, propices à la rêverie. Près de 8 minutes pour A Ghost At Moon, qui assure l’ouverture de cet album, environ 11 minutes pour Crossing At The Shallow, 24 minutes pour A Yellow Robe, et 14 minutes pour Ascending By Night. L’expérimentation électronique poussée par Sam Prekop, appuyée par le producteur et percussionniste John McEntire, est passionnante, au même titre que l’ensemble de cet album.

Sons of, Sam Prekop et John McEntire (Thrill Jockey), 18 euros (CD).

Hideous Bastard de Oliver Sim

Solo. Le compositeur, bassiste, et chanteur de l’excellent trio britannique The xx, Oliver Sim, vient de sortir son premier album solo. En dix titres, il emporte l’adhésion, avec ce disque produit par son ami de The xx, Jamie xx. Dans Hideous, qui ouvre cet album, Oliver Sim affronte ses peurs et sa solitude. Et il se livre : « Been living with HIV since seventeen, am I hideous ? », révélant ainsi sa séropositivité depuis ses 17 ans. Le « piano-voix » utilisé sur Confident Man, la voix planante de Sim sur Saccharine, le calme et le phrasé doux posé sur Unreliable Narrator, font de ces trois titres des moments forts de ce disque globalement très réussi. Dès la première écoute, le titre GMT rappelle le talent d’Oliver Sim, capable de rameuter tout le monde vers le dance floor, grâce à ce morceau aussi captivant qu’entraînant.

Hideous Bastard, Oliver Sim (XL Recordings), 8,99 euros (cassette), 10,99 euros (CD), 22,99 euros (vinyle).

The Wide Starlight de Iamtheshadow

Noir. Pedro Code au chant et à la guitare, Herr G à la basse, et Vítor J. Moreira derrière ses synthétiseurs. Tous les trois forment depuis 2015 le groupe portugais Iamtheshadow. Influencé par la dark wave des années 1980, ce trio surfe sur un romantisme sombre, appuyé par un son aussi aérien que martial dans ses rythmes. Les 12 titres de The Wide Starlight ont pour point commun un sens aigu de la mélodie, portés par la voix ténébreuse de Pedro Code. Précédé par les singles Remind me en avril 2022, puis Unfold en juillet 2022, ce disque a rapidement annoncé la couleur : noire, et aussi douce que les riffs de guitare qui accompagnent ces deux titres.

The Wide Starlight, Iamtheshadow (Cold Transmission Music), 11 euros (format numérique), 12 euros (cassette), 13 euros (CD), 22 euros (vinyle). Sortie le 14 octobre 2022.

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