vendredi 19 avril 2024
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Bryan Trésor : « L’arrêt de Plus Belle la Vie nous ramène tous à la réalité de l’intermittence »

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Après 18 années d’existence et plus de 4 500 épisodes, la série Plus Belle La Vie (PBLV) diffusée sur France 3 va s’arrêter le 18 novembre 2022. Un coup dur pour les fidèles téléspectateurs qui étaient chaque soir entre 2 et 3 millions à suivre les aventures du quartier fictif du Mistral. Mais aussi pour la région marseillaise qui accueillait les tournages, et qui va se retrouver privée des retombées économiques générées par ce programme. Invité au 61ème festival de télévision de Monte-Carlo, Bryan Trésor, qui joue le rôle de Baptiste dans cette série, est revenu sur cette décision avant de se projeter, avec optimisme, vers l’avenir. Interview.

France Télévisions a annoncé la fin de Plus belle la vie au début du mois de mai 2022 : comment avez-vous appris la nouvelle ?

Au départ, j’ai appris cette décision par des bruits de couloirs. Pour moi, c’est une aventure qui se termine. Même si je ne suis pas arrivé au tout début de la série [en 2004 — NDLR], j’ai quand même fait huit ans. Ça va être l’occasion de faire plein d’autres choses, de partir sur de nouvelles routes, de faire de nouvelles rencontres, de mener à bien des projets personnels. Au final, personnellement, je trouve que c’est une bonne chose.

Quelle est l’ambiance depuis l’annonce de la fin de la série ?

Ça nous ramène tous à la réalité de l’intermittence. Ça fait flipper certaines personnes et chacun voit midi à sa porte. Nous ne sommes pas tous là pour les mêmes raisons. Que ça s’arrête ou pas, moi je m’en moque. Ce que je veux, c’est jouer que ce soit dans une quotidienne ou dans des projets pas payés. Moi je veux jouer, je ne suis pas là pour les sous. On verra bien.

« Pour moi, c’est une aventure qui se termine. Ça va être l’occasion de faire plein d’autres choses, de partir sur de nouvelles routes, de faire de nouvelles rencontres, et de mener à bien des projets personnels »

Avoir joué dans Plus belle la vie est-il un atout ou, au contraire, un inconvénient ?

Je ne sais pas trop si c’est un avantage ou un inconvénient. Ce qui est sûr, c’est qu’à l’époque, quand mes collègues ont commencé, ce n’était pas vraiment un avantage. Aujourd’hui, je pense que les mentalités ont évolué, car nous avons la chance de voir pas mal de personnes sur d’autres projets. Et il y a tellement de plateformes et de moyens de diffusion, il y a de la place pour tout le monde. Mais je pense qu’il y a encore ce clivage entre le cinéma et la télévision, les séries. En France, c’est particulier quand même.

Ne craignez-vous pas d’être trop identifié à Plus belle la vie ?

Je sais ce que je vaux en tant que comédien. Je suis allé faire mes armes sur d’autres projets. J’ai fait ce que j’avais à faire sur Plus belle la vie aussi. Après, les castings ce sont aussi des rencontres. Si les énergies « matchent » et que ça doit se faire, ça se fera. Mais moi, je n’attends personne. Nous avons tous des projets personnels. Si j’ai envie de jouer et de m’écrire des rôles, je suis capable de le faire. Je ne vais pas attendre.

Vous avez débarqué dans Plus belle la vie à l’âge de 17 ans : qu’est-ce que ça vous fait d’avoir grandi avec cette série ?

Le temps passe vite. J’étais ado quand je suis arrivé. Maintenant, je suis un ado abîmé (rires). En tant que comédien, c’est chouette, car il s’est passé énormément de choses en huit ans. Surtout que je n’avais pas eu de réelle formation initiale. Ma formation, ça a été Plus belle la vie. Et quelle formation !

Avez-vous déjà revu des séquences de vos débuts ?

Oui, je me suis déjà revu. Et ça fait bizarre (rires). Je suis passé par plein d’étapes physiques. Les coupes de cheveux, la gueule (sic)… C’était un peu compliqué (rires). Mais c’est rigolo, ça fait des souvenirs.

« Les gens ont un rapport particulier avec Plus belle la vie du fait que l’on soit chez eux tous les soirs. Ils ont l’impression de nous connaître réellement. C’est chouette, même s’ils différencient rarement la fiction et la réalité »

Quel regard portez-vous sur l’évolution de votre jeu d’acteur ?

En vrai, je ne sais pas du tout. Il est toujours compliqué d’être critique envers soi. Je n’ai aucun mal à me regarder, mais je ne capte pas forcément que c’est moi à l’écran. On veut toujours aller plus loin, on n’est jamais vraiment satisfait. Mais suis-je le bon juge ? Je ne sais pas. Il y a des réalisateurs, des coaches et des téléspectateurs qui jugent par eux-mêmes.

Avant Plus belle la vie, vous n’aviez pas la vocation de devenir acteur ?

J’étais au lycée en option théâtre pour passer le bac. Devenir acteur est quelque chose qui me trottait dans la tête, mais sans plus, au début. J’étais plus sur le sport, voire carrément sur l’armée. Finalement, c’est une belle surprise car je m’y plais bien depuis toutes ces années.

Concernant l’évolution de Baptiste, votre personnage dans la série, avez-vous été consulté ?

Ce n’est pas mon bébé. Il y a des auteurs dont c’est le travail. Moi, je suis comédien. Je ne suis pas là pour être en accord ou en désaccord avec ce qu’ils font. Sur une série quotidienne comme Plus belle la vie, ça va tellement vite que si tout le monde commence à mettre son grain de sel, on n’y arrive pas. Je fais ce que j’ai à faire. Le but, c’est que tout le monde y trouve son compte.

Plus Belle La Vie
« Tout le monde peut se retrouver dans Plus belle la vie, car le Mistral est un quartier avec un bar et tous les commerces que l’on retrouve dans un vrai quartier, avec toutes les problématiques que l’on peut y rencontrer. À un moment donné, on finit par s’identifier. » Bryan Trésor. Acteur. De gauche à droite : Élodie Varlet, Simon Ehrlacher, Lola Marois et Bryan Trésor. © Photo Festival de television de Monte-Carlo

Dans quel genre vous verriez-vous bien évoluer ?

J’aime bien les trucs qui bougent. Ce qui est intéressant dans le jeu, c’est de se balader, et de pouvoir aller chercher plusieurs facettes de notre palette. Les films d’actions, les thrillers ou les comédies dramatiques me tentent bien. Pourquoi pas aussi une comédie romantique ? J’aime les films proches de la réalité.

Comment gérez-vous la notoriété et quelle relation entretenez-vous avec les fans de Plus belle la vie ?

Certaines personnes me reconnaissent, et ça se passe bien. Généralement, c’est de l’amour donc tout va bien. Une série quotidienne, c’est tellement particulier. Les gens ont un rapport particulier avec nous du fait que l’on soit chez eux tous les soirs. Ils ont l’impression de nous connaître réellement. C’est chouette, même s’ils différencient rarement la fiction et la réalité. Mais on voit que ce sont des personnes passionnées par la série.

« Devenir acteur est quelque chose qui me trottait dans la tête, mais sans plus, au début. J’étais plus sur le sport, voire carrément sur l’armée »

Comment expliquez-vous cette ferveur ?

Au départ, c’était mal parti. Mais ensuite, les gens ont commencé à regarder et ont eu envie de connaître la suite. Puis, tu en parles à des amis et tu regardes la série avec eux. Et au final, on se retrouve à être 4 millions à regarder. Tout le monde peut se retrouver dans Plus belle la vie, car le Mistral est un quartier avec un bar, et tous les commerces que l’on retrouve dans un vrai quartier, avec toutes les problématiques que l’on peut y rencontrer. À un moment donné, on finit par s’identifier. Je pense que c’est là que la série réussit son pari. Ils ont abordé des problématiques que personne d’autre n’avait traitées à une heure de grande écoute. Ça a été la force de cette série pendant toutes ces années.

Quelle relation vous lie à Laurent Kérusoré et Joakim Latzko, vos parents d’adoption dans la série ?

C’est étrange, car en vrai, on ne se voit pas en dehors des plateaux. Depuis quelques mois, je croise Joakim, mais sinon, pendant 7 ou 8 ans, nous ne nous sommes pas tant croisés que ça. Et ça ne me déplaît pas plus que ça. Non pas que je n’ai pas envie de les voir, mais nous avons une relation qui est tellement douce en plateau. Nous avons une vraie affinité de plateau, ce sont des vrais copains de plateau. Comme Pauline [Bression, sa compagne dans la série — NDLR] que j’ai vu beaucoup plus en dehors. Nous avons de vraies relations de plateau et c’est très agréable.

Plus belle la vie est aussi la cible de critiques, notamment sur le jeu des acteurs et les intrigues un peu ubuesques : ces critiques vous touchent-elles ?

Elles doivent toucher ceux qui ne jouent pas bien (rires). Si tu n’es pas investi, et qu’à un moment donné tu te relâches, ce qui peut arriver rapidement sur une quotidienne où vous jouez souvent avec les mêmes comédiens, dans les mêmes décors, avec des scénarios qui tournent en rond, ça peut aller vite. Généralement, ceux qui critiquent sont des gens qui, soit ne regardent pas la série, soit sont tombés sur la mauvaise scène. Mais je ne pense pas que ce soit le cas de tous les comédiens, puisqu’il y a des machines dans Plus belle la vie. Notamment Laurent Kérusoré et Joakim Latzko.

Regardez-vous les séries concurrentes ?

Pas du tout. J’ai regardé vite fait Ici tout commence parce qu’un de mes gars joue dedans, Khaled Alouach [Théo dans la série Ici tout commence — NDLR]. Mais sinon je ne regarde pas trop les autres séries.