jeudi 18 avril 2024
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« Bâtir un futur solide à l’orchestre »

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Gianluigi Gelmetti
« La directive qui nous a été donnée est de choisir un jeune chef. Mais aucune échéance ne nous a été imposée. » © Photo Roberto Recanatesi

Le chef d’orchestre italien Gianluigi Gelmetti, 67 ans, a été nommé « chef référent » au sein de l’orchestre philharmonique de Monte-Carlo. Il assurera la transition jusqu’à la nomination du successeur de Yakov Kreizberg. Interview relue.

Monaco hebdo?: Depuis le 1er mars, la princesse Caroline de Hanovre vous a nommé « chef référent ». Quelles missions exercez-vous désormais pour l’orchestre??
Gianluigi Gelmetti?: Je me suis engagé à diriger quatre à cinq concerts et un opéra par an. Et à suivre de près tout ce qui touche à la vie de l’orchestre. J’aurai notamment un rôle de conseil dans l’élaboration de la programmation musicale et dans la recherche du futur chef titulaire. J’ai été honoré que l’on me donne cette fonction. Mon ambition est d’aider à bâtir un futur solide à ce fantastique orchestre.

M.H.?: Concernant justement le successeur de Yakov Kreizberg, avez-vous déjà des pistes précises??
G.G.?: La directive qui nous a été donnée est de choisir un jeune chef. J’en ai déjà sélectionné quelques-uns. Nous en discuterons aussi avec les musiciens de l’orchestre et des personnalités du milieu. Nous tiendrons également compte du ressenti du public. Je fournirai un rapport complet aux autorités concernées afin qu’un choix définitif puisse être fait, dans lequel figurera également mon opinion personnelle sur le choix du chef. Aucune échéance ne nous a été imposée. On choisira avec calme mais avec grande détermination. Nous sommes tous conscients qu’il n’y a pas de temps à perdre, mais il ne faut pas oublier qu’un grand orchestre mérite la plus grande qualité artistique, on ne peut donc pas se tromper.

M.H.?: Quelles qualités devra avoir le futur chef titulaire??
G.G.?: Il faudra qu’il sache maintenir le niveau d’excellence de l’orchestre. Mettre en valeur son caractère et sa personnalité. Qu’il puisse diriger les principaux répertoires musicaux et qu’il sache également résoudre tous les problèmes inhérents à la vie d’un orchestre. Il devra donc être autant un chef d’orchestre qu’un dirigeant.

M.H.?: La tâche sera difficile??
G.G.?: Oui. Notamment pour lui. Pour nous, une des difficultés est surtout le fait que les meilleurs chefs sont déjà en poste. Mais je suis confiant car il y a de très bons éléments dans la jeune génération.

M.H.?: Que retenez-vous de Yakov Kreizberg??
G.G.?: C’était un excellent chef que tout le monde admirait. Pour ma part, je ne l’ai malheureusement jamais entendu diriger. Je ne l’ai rencontré qu’une seule fois. Il a assisté à un de mes concerts dans la Cour d’honneur du Palais en 2009. Cet homme m’a beaucoup plu et le souvenir qu’il a laissé dans notre cœur est significatif.

M.H.?: Quels sont vos liens avec Monaco??
G.G.?: Je réside à Monaco depuis 35 ans. La première fois que je suis venu en principauté, c’était pour diriger un opéra. C’est d’ailleurs le père de Jean-Louis Grinda qui m’avait invité. Pendant 3 ans, de 1990 à 1992, j’ai également été directeur musical de l’OPMC. C’est un pays dans lequel je me suis senti bien tout de suite. J’ai donc décidé de m’y installer. Ma fille Biancalaura qui a 6 ans est née à Monaco et y est également scolarisée.

M.H.?: Vous avez commencé votre carrière internationale avec le Philharmonique de Berlin dans les années 70. Quelles ont été ensuite les grandes étapes de votre carrière professionnelle??
G.G.?: Pendant 10 ans, de 1989 à 1998, j’ai été chef principal de l’Orchestre symphonique de la radio de Stuttgart puis directeur musical de l’Opéra de Rome de 1999 à 2009. Et parallèlement, dès 2004, pendant plus de 6 ans, j’ai été également chef principal de l’Orchestre Philharmonique de Sydney. Depuis plus de 40 ans, je dirige les principaux orchestres internationaux en tant que chef invité.

M.H.?: Etes-vous issu d’une famille de musiciens??
G.G.?: C’est essentiellement mon père, originaire de Milan, qui m’a donné le goût de la musique. Il a fait de longues études pour devenir pianiste. Mais à la mort de son père, il a été contraint d’abandonner l’instrument pour travailler et subvenir aux besoins de la famille. Ma mère a 97 ans. Elle est originaire de Rome. C’est une grande poétesse. Elle a d’ailleurs reçu de nombreux prix pour ses écrits. En revanche, dans la famille, il n’y avait pas d’autres musiciens mais beaucoup de sculpteurs, de peintres et d’architectes.

M.H.?: Qu’écoutez-vous en dehors de la musique classique??
G.G.?: En réalité, j’écoute rarement de la musique classique puisque j’en pratique très régulièrement. J’aime beaucoup la chanson française. Jacques Brel et Barbara notamment. Je les ai d’ailleurs connus lorsque j’étais à Paris car je jouais dans les pianos bars. J’adore également la musique brésilienne et le jazz. Notamment Sarah Vaughan ou encore Billie Holliday.