mercredi 24 avril 2024
AccueilCultureJean-Christophe Maillot : « Rendez-vous en décembre 2017, avec Danny Elfman »

Jean-Christophe Maillot : « Rendez-vous en décembre 2017, avec Danny Elfman »

Publié le

Le directeur des ballets de Monte-Carlo, Jean-Christophe Maillot, présente sa nouvelle saison et ses projets. Avec notamment une collaboration de Danny Elfman, ami du réalisateur américain Tim Burton, le lancement d’une plateforme numérique et une nuit blanche de la danse le 1er juillet 2017.

Comment se présente cette nouvelle saison ?

En préparant cette nouvelle saison, je me suis rendu compte que les ballets de Monte-Carlo font vraiment beaucoup de choses. Entre le Monaco Dance Forum, le travail réalisé avec le pavillon Bosio ou avec les scolaires, mais aussi avec le nouveau musée national de Monaco (NMNM) ou encore les performances effectuées pour les musées Chagall ou Fernand Léger, je me dis qu’on est très actif.

Cela doit demander beaucoup d’énergie ?

L’équipe est à peu près la même qu’il y a 10 ans, sauf que nos activités ont énormément augmenté. Ce qui me réjouit bien sûr, même si cela complique évidemment notre organisation. Tout cela ressemble finalement à une politique culturelle autour de la danse, comme pourrait le faire un pays comme la France. Sauf qu’on le fait à la dimension d’un pays comme Monaco. Le travail que je fais ici, depuis 25 ans, est aujourd’hui ancré dans la réalité de la société monégasque.

Selon quelle logique avez-vous conçu cette nouvelle saison ?

Nous essayons de proposer une programmation aussi diversifiée que peut l’être la population de la Principauté. J’ambitionne de pouvoir offrir à Monaco ce que l’on trouve dans une ville comme Paris, Londres ou New York. Sauf qu’ici il y a qu’une seule compagnie de danse. Je suis donc condamné à penser la programmation de façon globale.

C’est une saison particulière ?

C’est une grosse saison, puisque cette année il y a le Monaco Dance Forum qui présentera huit spectacles supplémentaires au mois de décembre. Pour garder un lien avec la réalité du monde d’aujourd’hui, nous avons décidé de proposer une offre très contemporaine.

Vous travaillez en toute liberté ?

A une époque où les structures tendent à être de plus en plus

directives avec la programmation, on a la chance de bénéficier d’une véritable liberté grâce au soutien de la Princesse Caroline et du gouvernement. Je crois qu’il y a une écoute et une véritable reconnaissance du travail qui est fait. C’est important. Il faut protéger et maintenir cette liberté.

Vous continuez à inviter des chorégraphes ?

Je souhaite que des chorégraphes extérieurs continuent à être invités à Monaco. Cette année, on propose deux soirées de création en avril 2017 qui respectent la parité homme-femme.

Il y a des problèmes liés à la parité ?

Dans le monde de la danse, il y a eu ce débat, parce qu’on trouve qu’il n’y a pas assez de chorégraphes femmes. Je trouve personnellement ce débat absurde, car peu importe qui est derrière une œuvre. Mais il se trouve que ces deux créations seront proposées par Natalia Horecna, qui avait déjà fait une création avec nous l’année dernière, et par la chorégraphe montréalaise, Marie Chouinard. Elle est notamment l’auteur de cette pièce, Body Remix, qui avait fait beaucoup parler. C’est la première fois qu’elle fait une création pour une autre compagnie que la sienne. C’est donc un événement de voir Marie Chouinard se confronter à une autre compagnie que la sienne.

Marie Chouinard
Marie Chouinard © Photo DR

Et pour les deux chorégraphes masculins ?

En juillet, Jeroen Verbruggen, que je défends publiquement et artistiquement en l’ayant nommé chorégraphe résident de la compagnie, présentera sa création. C’est important, à un moment où sa carrière est en train de décoller. Toujours en juillet, il y aura aussi Sidi Larbi Cherkaoui que j’ai déjà invité en 2001. Donc avec deux chorégraphes femmes et deux chorégraphes hommes, l’équilibre est parfaitement respecté.

Et de votre côté ?

Depuis mon expérience avec le ballet du Bolchoï, je me suis limité à une création l’an dernier, qui s’appelait Presque rien. J’avais besoin de souffler et de respirer, car j’ai produit deux ou trois créations par an pendant 30 ans. Il fallait donc prendre un peu de recul. De plus, la compagnie était à un moment charnière, un moment où elle se transformait, avec le départ de toute une génération, comme Bernice Coppieters, Chris Roelandt ou Gaétan Morlotti. Bref, tout un groupe de danseurs assez emblématiques qui ont quitté les ballets de Monte-Carlo.

Il fallait donc reconstituer une nouvelle compagnie ?

C’est exact. L’académie de danse Princesse Grace nous a fourni cinq danseurs en seulement 6 ans. Luca Masala, le directeur de l’académie fait du très bon travail. On a une belle équipe, très motivée.

ballets de monte-carlo-saison-2016-2017-gala-2015-photo-alice-blangero
L’Académie Princesse Grace © Photo Alice Blangero

Personnellement, qu’allez-vous proposer pour cette saison 2016-2017 ?

J’ai décidé de retravailler certaines de mes pièces. Vingt ans après, mon ballet Roméo et Juliette tourne toujours. C’est une chance. Je me suis intéressé à La Belle parce que cette pièce a été imaginée en 2000 et que j’avais le sentiment qu’elle avait un peu vieilli. J’ai donc revu toute l’esthétique de ce spectacle.

C’est-à-dire ?

Jérôme Kaplan a refait l’intégralité des costumes. La chorégraphie sera revue et affinée. Deux étoiles du Bolchoï vont nous accompagner : Olga Smirnova et Semyon Chudin. Ce sera donc un spectacle complètement nouveau. C’est comme si on changeait la déco d’un appartement dans lequel on vit depuis 30 ans. Ce sont toujours les mêmes volumes, mais après les travaux, l’ensemble ne va pas respirer de la même manière.

Quoi d’autre ?

Après avoir réalisé Men’s dance (2000), Men’s dance for woman (2009) et Presque rien (2015), je me suis rendu compte que ces trois ballets étaient totalement liés les uns aux autres. Sans le savoir, j’ai mis plus de 10 ans pour faire une pièce de 55 minutes, que je présenterai en décembre. Toutes les musiques seront changées et les chorégraphies retravaillées.

L’avantage de cette approche ?

Cette approche me permet de créer un nouveau groupe de jeunes danseurs avec un vocabulaire qui est déjà là, ce qui représente donc une forme de sécurité. Avec mes danseurs, on va donc créer quelque chose de nouveau à partir de ce matériel déjà existant. Tout cela nous amènera à une forme d’unité qui nous permettra de travailler ensuite sur une grosse création que l’on présentera en décembre 2017, avec le compositeur américain Danny Elfman.

Que va faire Danny Elfman, qui à 63 ans est connu pour être le compositeur de beaucoup de films de Tim Burton (1) ?

Il va créer une partition pour orchestre d’une durée de 1h20 qui sera enregistrée par l’orchestre philharmonique de Monte-Carlo (OPMC). Quant au sujet, il est encore secret. Mais on connaît sa musique, on connaît son univers qui est commun avec celui de Tim Burton. Je veux faire quelque chose de radicalement différent de ce que l’on a fait jusqu’à présent. Quelque chose de moins traditionnel.

Comment s’est passé la rencontre avec Danny Elfman ?

A New York, par hasard et via un ami peintre. J’ai écouté sa musique. Je ne savais pas qui il était. J’avais fait une création avec Diana Vishneva qui s’appelle Switch et j’avais utilisé l’une de ses musiques. Quand j’ai donné cette création au Bolchoï, Danny Elfman s’est retrouvé dans une situation incroyable.

Pourquoi ?

Lui qui est un compositeur de musique de film, son rêve était que sa musique soit jouée dans des lieux de musique savante. Car dans le milieu de la musique, comme dans celui de la danse ou dans d’autres milieux encore, on a souvent tendance à considérer de manière aristocratique qu’il existe une grande musique, une grande danse, un grand théâtre ou un grand art contemporain. Et qu’à côté, il existe des œuvres de seconde zone.

Ça vous dérange ?

On crève de ça, les uns les autres. On crève de cette espèce d’arrogance et d’intolérance de chaque milieu vis-à-vis de l’autre. Il faut arrêter de dire que l’autre ne devrait pas exister. Si aujourd’hui on a tous ces problèmes de culture, il faut se rappeler que l’intégration se fait avant tout par l’acceptation des différences. Ce que les ballets font avec les scolaires ou dans les différents musées de Monaco prouve que c’est possible : on peut aller les uns vers les autres.

Danny Elfman a donc sa place ailleurs qu’au cinéma ?

Je pense qu’il existe de remarquables compositeurs de musiques de films. De plus, je ne suis pas sûr que tous les grands compositeurs de musique savante soient capables de répondre aux exigences qui sont celles imposées par la musique d’un film. Or, on sait à quel point la musique est importante dans la perception que l’on peut avoir d’un long-métrage.

Comment allez-vous travailler avec Danny Elfman ?

D’habitude, Danny Elfman travaille à la demande et selon les images d’un film. Cette fois, il a devant lui un champ d’écriture totalement libre. Il m’envoie des bribes de thèmes et je lui dit vers quelles directions j’aimerais aller. Ensemble, on définit un cadre et une structure.

Quel est le calendrier ?

Son travail d’écriture doit être terminé pour le mois de juin 2017, puisqu’on enregistrera à ce moment-là. Avec la première de ce spectacle pour décembre 2017.

Comment décrire la programmation pour 2017 ?

Ce sera une année très riche. On a prévu une très grosse création avec le compositeur et chef d’orchestre Bruno Mantovani via le Printemps des arts : il m’a écrit une partition que je chorégraphierai.

Il y a d’autres temps forts pour cette saison 2016-2017 ?

Difficile de tout lister, mais il y a aussi le Monaco Dance Forum. Sans rentrer dans le détail, il y aura de belles compagnies à voir. J’ai envie de mettre l’accent sur Le Patin libre.

ballets de monte-carlo-saison-2016-2017-9-le-patin-librerolline-laporte
Le Patin Libre © Photo Rolline Laporte

Le patin libre ?

Il s’agit d’une compagnie de patinage contemporain, venue du Canada. Cette danse contemporaine sur glace a fini par me convaincre, même si je reste assez réfractaire au patinage artistique. Leur spectacle est très surprenant. Finalement, ce n’est pas l’outil qui est ringard. Tout dépend ce que l’on en fait.

Vraiment ?

A La Nouvelle-Orléans, j’ai été scotché par un spectacle de pole dance. Alors qu’on pourrait considérer que le pole dance

est la chose la plus vulgaire du monde, pas du tout. J’ai vu un spectacle avec des filles incroyables et d’une grande élégance. Ce qui confirme que dans tous les domaines, il y a des choses magnifiques et des choses pitoyables.

Pourquoi la fête de la danse prévue en août 2016 n’a finalement pas eu lieu ?

Il y a eu une peur de l’objet que j’ai proposé, qui était peut-être un peu démesuré au début. Il y a ensuite eu une difficulté à convaincre dans un premier temps les acteurs que sont le gouvernement et la Société des bains de mer (SBM) sur la faisabilité de ce projet.

Vous avez des regrets ?

Non car le temps écoulé était nécessaire pour repenser les choses de manière raisonnée. On a donc beaucoup travaillé avec le conseiller-ministre pour l’intérieur, Patrice Cellario, et le président-délégué de la SBM, Jean-Luc Biamonti. Et aujourd’hui, on est tous les trois d’accord pour dire que c’est un beau projet.

La date envisagée posait problème ?

Il y avait une erreur de date. J’avais proposé une date qui tombait à la fin de notre saison, mais qui tombait aussi en plein dans la saison de la SBM. Ensuite, j’avais pensé à faire cette nuit de la danse fin mai, juste après le Grand Prix de F1, pour profiter notamment de certains gradins. Mais je me suis rendu compte cette année qu’avec les opérations de démontage du Grand Prix, c’est vraiment trop le bazar. On s’est finalement mis d’accord sur la date du 1er juillet 2017.

Ce sera une véritable nuit blanche de la danse ?

Oui, car on pourra danser jusqu’à 6h du matin. Mais pas sur la place du casino, pour éviter les problèmes de nuisance. En fait, on va transformer la salle Garnier en boîte de nuit. Ce qui permettra aux gens de pouvoir danser sur la scène de la salle Garnier, avec le DJ du Baron qui sera aux platines.

Quoi d’autre ?

Il y aura aussi des spectacles, des orchestres, des cabarets, des ateliers d’initiations à tous les types de danse, une guinguette pour pouvoir boire un petit pastis au son d’un petit accordéon… Bref, je veux que, pour une fois, ce ne soit pas les danseurs qui se mettent en avant en tant que professionnels.

Quel est l’objectif alors ?

Je veux donner la possibilité au public d’être aussi des danseurs, accompagnés par des gens qui vont leur permettre d’évoluer dans de bonnes conditions. La fête, ce sont les gens. Le spectacle, c’est eux, pas une star que l’on n’invitera d’ailleurs pas. La priorité sera donnée au public qui doit être et qui doit rester au centre de cet événement. Enfin, je tiens à ce que cette fête reste totalement gratuite.

Cette fête de la danse se déroulera où ?

De l’entrée du casino, au bas des jardins des Boulingrins, en passant par l’entrée du Café de Paris jusqu’au Buddha-Bar. Ce qui nous permettra de sécuriser les lieux avec des points de filtrage. Je pense que la place du Casino peut accueillir jusqu’à 6 000-7 000 personnes au maximum.

L’attentat du 14 juillet 2016 à Nice a pesé dans ce dossier ?

Un peu. On en a beaucoup parlé. Mais on ne peut pas s’arrêter de vivre non plus. Cette fête implique que les gens vont en permanence circuler pour passer d’un lieu à un autre. Ce qui, en termes de sécurité, est plutôt positif, contrairement à un concert où les gens s’agglutinent devant une scène.

Mais le risque zéro n’existe pas ?

C’est exact. Mais je pense qu’à cause de la menace terroriste, on a déjà renoncé à pas mal de choses. Mine de rien, ils ont déjà en partie gagné. Il faut donc essayer de résister. Ou en tout cas de ne pas abandonner ce genre de projet, qui est un projet de fête et de partage.

Cette nuit de la danse aura lieu chaque année ?

Chaque année ou tous les deux ans ? Je ne sais pas. Faisons déjà une première édition et on verra par la suite. Mais je me prends à rêver d’un rendez-vous annuel, avec un grand défilé qui partirait de la piscine sur le port Hercule, pour remonter ensuite jusqu’à la place du casino.

ballets de monte-carlo
Wang et Ramirez © Photo Christopher Duggan, courtesy of Jacob’s Pillow Dance
ballets de monte-carlo
OCD Love © Photo Regina Brocke
ballets de monte-carlo
Liquid loft © Photo Bernhard Müller

Pourquoi avoir augmenté les salaires de vos danseurs cette année ?

Parce que je ne trouvais pas normal que des danseurs de ce niveau-là, avec pour moi l’équivalent d’un bac +10, commencent à un salaire mensuel de 2 600 euros brut. Surtout quand on sait qu’une carrière de danseur s’arrête à 40 ans. Pour leur reconnaissance, pour leur statut, je ne voulais pas qu’il y ait un seul danseur dans ma compagnie à moins de 3 000 euros brut par mois.

Comment avez-vous fait ?

J’y suis arrivé en réduisant le nombre de danseurs. Donc cette année, je travaille avec seulement 19 filles et 24 garçons, soit 43 danseurs. Normalement, je devrais avoir 25 filles et 25 garçons. Depuis 10 ou 15 ans, les salaires de mes danseurs n’avaient pas été revalorisés, il était donc important de faire cet effort. Le gouvernement l’a compris aussi. Je fais ce sacrifice en attendant… Mais j’ai l’intention de remonter le nombre de danseurs.

Que vous dit le gouvernement ?

Le conseiller-ministre pour l’Intérieur, Patrice Cellario, est vraiment à notre écoute. Il écoute et il comprend. Un vrai dialogue a été établi. Et même si on a parfois des réponses négatives de sa part, elles sont toujours justifiées et argumentées.

Vous avez d’autres projets ?

On réfléchit au lancement d’une plateforme numérique télévision et internet. Car aujourd’hui, on ne peut plus échapper au monde numérique. Si une structure comme la nôtre ne communique pas à travers ces nouveaux médias, on va totalement s’isoler d’un monde qui a complètement changé. J’ai de toute façon la chance d’avoir trois enfants qui me ramènent constamment à cette réalité.

A quoi va ressembler cette plateforme numérique ?

L’objectif est de générer une activité quotidienne sur les réseaux sociaux, que sont Facebook ou Twitter par exemple, pour raconter ce que fait notre compagnie de danse en interne. Car on fait beaucoup de choses sur lesquelles on ne communique pas.

Quel autre contenu sera proposé ?

On peut imaginer le tournage de petits clips passionnants sur notre compagnie. On pourrait, par exemple, suivre un danseur pendant toute une saison. Le 4 octobre dernier, on a participé à un streaming, c’est-à-dire une diffusion vidéo en direct sur internet, avec cinq grandes compagnies de danse du monde entier dans le cadre du World Ballet Day. Et on nous a garanti 500 000 vues. C’est énorme. Avant d’être vu par 500 000 personnes, je peux en faire des spectacles…

Quelle organisation est nécessaire pour lancer ce projet ?

J’ai engagé deux anciens danseurs de notre compagnie pour organiser tout ça. Dans un premier temps, ils nous assurent une présence sur les réseaux sociaux. Ils sont aussi chargés d’analyser notre audience pour mieux connaître notre public et savoir qui s’intéresse à quoi.

Quel est le budget envisagé ?

Pour faire quelque chose de bien, il faudrait engager un budget annuel de 200 000 euros. Comme les ballets de Monte-Carlo fonctionnent avec un budget de 12 millions d’euros, ce n’est pas inenvisageable. Il me semble en tout cas que c’est vital. Surtout quand on sait qu’aujourd’hui certaines compagnies proposent déjà un streaming tous les mois. Mais on ne mettra pas 200 000 euros immédiatement, dès la première année. J’aimerais que tout soit vraiment en place d’ici deux ans. L’idée d’être un peu pionnier sur ce sujet ne me déplaît pas.

Mais voir un spectacle des ballets sur un écran d’ordinateur ou au cinéma, ce n’est pas la même chose que dans une salle de spectacle !

Ce n’est évidemment pas la même chose. Mais il faut bien se dire que, même si ça n’est pas pareil, on n’atteindra jamais un tel nombre de spectateurs sans utiliser internet. Car aucune salle de spectacle ne permet d’accueillir 120 000 spectateurs.

Il faudra adapter vos ballets pour ces médias ?

On pourrait proposer un spectacle au Grimaldi Forum diffusé en direct et accessible contre un paiement de 5 euros par exemple. Ce spectacle aura été imaginé pour être diffusé peut-être en 3D, ou bien avec une vision à 360°. C’est désormais à nous de nous adapter à ces médias. C’est à nous d’apprendre à travailler différemment. Et c’est mon rôle de lancer ce dossier pour ceux qui viendront après moi.

Les ballets tels qu’on les connaît aujourd’hui sont vraiment condamnés à évoluer ?

Oui. On regardera sans doute un jour nos ballets avec tendresse, comme on regarde un film de Jacques Tati (1907-1982) ou de Fritz Lang (1890-1976) en noir et blanc. Et on se dira peut-être qu’on se débrouillait tout de même pas si mal…

(1) Danny Elfman a signé la musique de 10 films de Tim Burton depuis 1985 et Pee-Wee big adventure. Inspiré notamment par le compositeur américain Bernard Hermann (1911-1975), Danny Elfman excelle lorsqu’il s’agit d’illustrer ou d’appuyer des ambiances sombres et gothiques. Il a aussi écrit pour les réalisateurs Sam Raimi ou Peter Jackson, ainsi que pour des séries comme Les Simpson ou Desperate Housewives.