jeudi 25 avril 2024
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ArtLovers : aimer l’art et le comprendre

Publié le

Du 12 juillet au 7 septembre, le Grimaldi Forum accueillera une cinquantaine d’œuvres du milliardaire et collectionneur d’art contemporain français, François Pinault.

Par Manon Carette et Sabrina Bonarrigo.

Il est l’un des plus grands collectionneurs d’art contemporain au monde. L’homme d’affaires français François Pinault, 77 ans, dévoilera cet été au Grimaldi Forum une cinquantaine d’œuvres issues de sa collection. Aux manettes : le commissaire Martin Béthenod, administrateur délégué et directeur du Palazzo Grassi et du musée Punta della Dogana à Venise. Deux lieux où la collection du milliardaire français est exposée en permanence. Acteur incontournable de la scène artistique, François Pinault exporte régulièrement un fragment de sa collection hors des murs vénitiens. Après être passé par des lieux comme Moscou où la Corée, c’est donc à Monaco qu’une partie de sa collection fera escale, pendant un mois et demi. « Sa collection voyage peu. C’est donc un grand honneur de l’accueillir en principauté », souligne Sylvie Biancheri, la directrice du Grimaldi forum.

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Urs Fischer, Untitled 2011.

Emblématiques et rare
Peintures, sculptures, installations, vidéos ou dessins… Les visiteurs pourront découvrir des artistes contemporains des années 1960 à aujourd’hui, originaires d’Europe, d’Amérique, d’Asie et du Moyen-Orient. « L’exposition ArtLovers réunira à la fois les artistes les plus emblématiques de la collection Pinault, comme Jeff Koons, Damien Hirst, Takashi Murakami ou encore Douglas Gordon. Mais aussi des œuvres plus rares, voire inédites, comme celles de Rudolf Stingel, Bertrand Lavier, Jonathan Monk ou encore Sherrie Levine », explique le commissaire.

Réinterprétation du passé
Originalité de cette exposition ? La plupart des œuvres sont des réinterprétations ou des réappropriations d’œuvres du passé. « Une œuvre peut en cacher une autre », résume ainsi Martin Béthenod. Exemple ? L’invenzione di Ingres de Paolini. Si elle est l’œuvre la plus discrète de cette exposition, elle aussi la plus représentative de ce fil conducteur, puisque l’artiste superpose l’autoportrait de Raphaël et l’interprétation de ce dernier par Ingres. Illustrant par l’illusion d’un tremblement, l’épaisseur que le temps peut avoir. Autre exemple emblématique : Damien Hirst qui produit les œuvres Insomnia et Turn away from me à la manière de Francis Bacon. L’artiste Urs Ficher est aussi dans la même dynamique avec son interprétation du Rapt des Sabines de Giambologna en bougie qui fond au fil de l’exposition. Sans oublier Douglas Gordon qui se réapproprie des passages du film Taxi Driver de Scorsese.

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Subodh Gupta, Et tu Duchamp ?, 2009.

Icône
La pièce icône de Jeff Koons, Hanging Heart, ouvre ainsi la porte à un parcours didactique d’une cinquantaine d’œuvres. Parcours à travers lequel le visiteur découvre comment « l’art se nourrit de l’art ». Comment les artistes transforment et créent des œuvres nouvelles tout en faisant référence de manière plus ou moins explicite à l’ensemble de l’histoire de l’art. Le visiteur passe « du saisissement au rire », d’œuvres discrètes à d’autres plus colossales, allant pour la plus grande jusqu’à 200 m². Ce ne sont donc pas seulement une cinquantaine d’œuvres que les visiteurs découvriront mais aussi toutes celles qu’elles cachent. D’autant que certaines sont elles-mêmes constituées de plusieurs pièces. Exemple ? L’œuvre de Whiteread qui expose 100 reproductions du moulage du Space under my chair de Nauman. Pour bien comprendre toutes ces références historiques, un atlas explicatif sera même mis à la disposition des visiteurs.
Il reste cependant une question. Pourquoi le nom ArtLovers ? Car les premiers amoureux de l’art sont les artistes, mais aussi les collectionneurs comme François Pinault, et enfin le public. « Le choix de ce titre s’est donc vite imposé autant par la clarté de son sens que par sa simplicité, permettant de s’adresser à tout le monde », a expliqué Béthenod.

3 000 œuvres au compteur

François Pinault est un amoureux de l’art. Il collectionne des œuvres depuis plus de 40 ans. « Le processus d’acquisition est permanent », indique d’ailleurs le commissaire de l’exposition, Martin Béthenod. On peut aujourd’hui en compter plus de 3 000 dans sa collection. Elle est visible de façon permanente à Venise au Palazzo Grassi et à la Punta della Dogana depuis leurs rénovations respectives en 2006. Deux lieux ayant accueilli jusqu’à aujourd’hui plus de 2,5 millions de visiteurs. Classé 6ème fortune française par le magazine Challenges en 2013, cet industriel breton est aussi le propriétaire du club de foot de Ligue 1, le Stade Rennais. L’homme a essentiellement fait fortune grâce à son groupe d’habillement et d’accessoires Pinault-Printemps-Redoute (PPR) lancé en 1963. Rebaptisée Kering, cette entreprise est dirigée depuis 2005 par son fils, François-Henri Pinault. Mais ce n’est pas tout. Pinault possède aussi la maison de ventes aux enchères Christie’s, ou encore l’hebdomadaire Le Point, dont il est devenu le propriétaire en 1997.