jeudi 25 avril 2024
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Rommy Gianni : «Trois Coupes du monde d’affilée, c’est une première»

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Troisième victoire consécutive en Coupe du monde de polo à Saint-Moritz pour l’équipe de Rommy Gianni, capitaine du Monte-Carlo Team. Du jamais vu. Prochain objectif : créer un circuit mondial de polo qui passerait par Monaco, en juin 2019. Interview.

Fin janvier 2018, vous avez remporté la 34ème Coupe du monde à Saint-Moritz : c’est historique ?

Jusqu’ici, personne n’avait remporté trois Coupes du monde d’affilée. Face à nous, il y avait une équipe venue des Etats-Unis, une autre d’Azerbaïdjan et une équipe russe. Nous avons gagné la finale face à la Russie.

Qui jouait dans votre équipe ?

Chaque équipe doit être composée de trois joueurs professionnels et d’un joueur amateur, qui représente son pays. Le joueur amateur, c’est moi. Je suis aussi le capitaine de cette équipe. Mais on est tous un peu des capitaines dans cette équipe…

Qui sont les trois joueurs professionnels ?

Cela peut changer. Mais, la plupart du temps, je joue avec Dario Musso, qui joue avec nous depuis nos débuts, en 2012. Je suis Romain et supporter de l’AS Roma. Pour moi, Dario Musso, c’est un peu notre Francesco Totti. A 35 ans, c’est le leader de notre équipe.

«Jusqu’ici, personne n’avait remporté trois Coupes du monde d’affilée» 

Et les deux autres professionnels ?

On joue avec deux jeunes. D’abord, Juan Cruz Greguoli, un Argentin qui a 30 ans. Il est donc jeune pour le polo, mais il possède beaucoup d’expérience. Mais surtout, il a une incroyable envie de gagner. Ensuite, on a aussi Nacho Kennedy, 26 ans. C’est un ami de Dario Musso. En 2014, il m’a proposé de l’intégrer dans notre équipe. Nacho Kennedy jouait alors déjà très bien. Mais, à 22 ans, il manquait un peu d’expérience et de maturité. Après avoir joué un ou deux tournois avec lui, il a vite intégré l’état d’esprit de notre équipe, et j’ai été convaincu.

«Depuis 2012, on a joué environ 18 tournois, ce qui représente près de 80 matches. On a gagné 13 tournois sur 18. Sur les 5 autres tournois, on était systématiquement sur le podium.» Rommy Gianni. Capitaine du Monte-Carlo Polo Team. © Photo Iulian Giurca / Monaco Hebdo

Le milliardaire californien, fondateur du fonds d’investissement Colony Capital, Tom Barrack, joue encore avec vous ?

Tom Barrack est un ami et on a joué plusieurs tournois ensemble. On s’est rencontrés en Sardaigne, à l’occasion d’un tournoi. Il m’a ensuite invité à venir jouer dans son ranch, à Santa Barbara. On a joué pour la dernière fois ensemble pendant l’été 2017, à Saint-Tropez, avec Monte-Carlo Polo Team.

L’argent suffit pour être sûr de gagner ?

Non. D’ailleurs, d’autres équipes ont des budgets largement supérieurs au nôtre. Mais sans l’état d’esprit, la complémentarité et l’envie de gagner, rien n’est possible. L’argent n’est donc pas suffisant. Avec cette équipe monégasque, on a créé une sorte de famille. Et c’est surtout ça qui nous permet de faire la différence.

«Je suis Romain et supporter de l’AS Roma. Pour moi, Dario Musso, c’est un peu notre Francesco Totti»

Trois jours, six matches, 200 journalistes accrédités et 18 500 spectateurs pour la Coupe du monde 2018 à Saint-Moritz : le polo, souvent vu comme un sport élitiste, démocratise enfin son image ? 

Le polo restera sans doute toujours plus ou moins un sport tourné vers les élites. Il y a 20 ans, c’était même considéré comme LE sport des élites. Mais depuis 2008, l’esprit du polo a changé. On essaie de rendre ce sport plus populaire, avec plus de jeunes. On peut jouer en louant son cheval par exemple. Le polo n’est pas un sport de snobs.

Le polo à Monaco, c’est quoi aujourd’hui ?

En 2012, j’ai créé la fédération monégasque de polo, mais aussi l’association Monte-Carlo Polo Club, avec l’aide de Francesco Caroli, le président du groupe Caroli. Aujourd’hui, on a 4 joueurs et 22 chevaux qui sont des purs sangs argentins. Ils sont installés à Chantilly, dans l’Oise. 

Impossible d’avoir vos chevaux à proximité de Monaco ?

Pour être compétitif et le rester, nous avons besoin de beaucoup d’espace et d’un encadrement assuré par des professionnels. Chantilly nous permet d’avoir tout ça. 

«J’aimerais créer des événements autour du polo. Notamment un circuit de polo, construit un peu sur le modèle de la Formule 1 (F1), avec plusieurs étapes»

C’est la troisième fois que votre équipe remporte cette Coupe du monde : qu’est-ce qui explique ces bons résultats ?

Comme dans tous les sports, l’organisation est essentielle. Ensuite, il faut des chevaux compétitifs. Les nôtres sont préparés et entraînés par des professionnels. Et puis, bien sûr, il faut très soigneusement choisir les trois joueurs professionnels de l’équipe. Ce qui n’est pas simple.

Pourquoi ?

Parce qu’il faut parvenir à trouver des joueurs qui sont à la fois le plus jeune possible et expérimentés. Il faut que ces joueurs aient aussi l’envie de gagner. Depuis 2012, on a joué environ 18 tournois, ce qui représente près de 80 matches. On a gagné 13 tournois sur 18. Sur les 5 autres tournois, on était systématiquement sur le podium.

Vos projets ?

J’aimerais créer des événements autour du polo. Notamment un circuit de polo, construit un peu sur le modèle de la Formule 1 (F1), avec plusieurs étapes.

Où ça ?

Dans le ranch de Tom Barrack, à Santa Barbara, mais aussi à Aspen, dans le Colorado, où la propriétaire du club est Melissa Ganzi. Elle possède d’ailleurs plus d’une centaine de chevaux de polo. C’est une véritable passionnée, avec qui j’ai pu parler.

Il y aurait une étape de ce circuit à Monaco ?

Bien sûr. On pourrait jouer sur le port de Monaco, au mois de juin, juste après le jumping. Ce serait sur un espace réduit, du coup, on jouerait à trois contre trois, au lieu de quatre contre quatre habituellement. On pourrait jouer la nuit : il fait moins chaud et cela permettra d’avoir plus de public. Ce circuit pourrait aussi passer par Saint-Moritz et Los Angeles. 

La première édition aura lieu quand ?

On peut espérer la proposer en juin 2019. On aimerait faire un tournoi avec quatre ou six équipes, ça reste à définir.

Rommy Gianni
© Photo Iulian Giurca / Monaco Hebdo

Quelles équipes pourraient venir à Monaco ?

L’Afrique du Sud, avec le frère de Charlène de Monaco, Gareth Wittstock, les Etats-Unis, le Brésil et Monaco. Mais tout ça reste à confirmer.

Au niveau mondial, où se situe votre équipe, désormais ?

Monte-Carlo Polo Team est classé parmi les 30 meilleures équipes au monde, sur 2 600 équipes. Chaque tournoi gagné, nous permet de remporter des points et de monter dans ce classement mondial. En moyenne, on dispute chaque année entre quatre et cinq tournois.