mercredi 24 avril 2024
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Jean-Louis Campora : « Pour une seule liste d’union nationale »

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Jean-Louis Campora
© Photo Monaco Hebdo.

L’ancien président du conseil national et ex-patron de l’AS Monaco a accepté de sortir de sa réserve pour évoquer les élections de 2013 et le club rouge et blanc. Pour Jean-Louis Campora, la crise économique qui menace Monaco impose une décision de crise : présenter une seule liste de 24 candidats le 10 février 2013 et créer un consensus parlementaire pendant 5 ans.

Monaco Hebdo?: Le nouveau conseil national vient d’être inauguré. Comment voyez-vous ce nouveau bâtiment??
Jean-Louis Campora?: C’est une très bonne chose de se doter d’un parlement moderne. L’idée d’un nouveau bâtiment était déjà en réflexion dans les années 90. Nous avions besoin de locaux. Des travaux avaient été effectués pour aménager une salle de réunion au sous-sol et refaire l’hémicycle. La nécessité d’agrandir le conseil nous avait contraint à louer des locaux à Monte-Carlo. Mais travailler sur des sites différents pose des problèmes pratiques d’organisation. De plus, nous savions que le palais de justice avait également besoin de s’agrandir.

M.H.?: Un conseil national en face du ministère d’Etat, c’est symbolique??
J.-L.C.?: Il n’y a pas de symbolique particulière. L’ancienne école des frères, vétuste, était le seul site à Monaco-Ville que l’on pouvait démolir pour édifier un nouveau conseil national. D’ailleurs, à l’époque, l’architecte et conseiller national Rainier Boisson avait ébauché un projet qui s’intégrait parfaitement au site. Ce sera plus pratique pour le conseil national et le gouvernement de travailler ensemble. Le voisinage évitera toute perte de temps dans les réunions mixtes, sans trahir les pouvoirs de chacun.

ELECTIONS 2013
M.H.?: Vous n’êtes plus un acteur mais un observateur de la vie politique. Comment voyez-vous l’évolution du paysage politique et la redistribution des cartes pour les prochaines élections??
J.-L.C.?: Comme dans d’autres pays, le paysage politique monégasque a beaucoup changé. Il n’est plus d’actualité de le regretter, c’est un fait. L’idée de faire une liste sans étiquette a disparu et a laissé place à des associations à but politique, avec la volonté d’avoir des élus à la représentation nationale. Sur le plan historique, les réformateurs sont les premiers à avoir créé un mouvement. Par réaction, d’autres entités comme le RPM ont suivi. Pour autant, à Monaco, on reste dans un système basé sur les rivalités de personnalités sans véritable idéal politique. Si les idéologies étaient prédominantes, chaque élection, au conseil national et à la mairie, serait marquée de l’empreinte des différents partis en lice. Aujourd’hui, on est encore enfermé dans des égos de personnalités. Mais compte tenu de la situation, il faudrait penser à une union nationale.

M.H.?: Laurent Nouvion, leader de Rassemblement & Enjeux, construit une liste d’union avec l’Union pour la Principauté, l’ex-réformateur et nouveau Synergie monégasque Claude Boisson, et un groupe d’indépendants??
J.-L.C.?: Laurent Nouvion et son équipe ont la volonté de faire l’union. D’autres mouvements aussi. Mais la question que l’on peut se poser est pourquoi?? Il peut y avoir plusieurs raisons. Basiquement, une union peut naître du rassemblement de personnes insatisfaites, après la scission d’un mouvement politique. Une union peut être motivée par le fait d’aller aux élections à plusieurs afin d’éviter l’éparpillement des voix et la multiplication des listes. Mais l’union de circonstances n’est pas pour moi la bonne réflexion.

M.H.?: Expliquez-vous.
J.-L.C.?: Il y a une crise à l’échelon européen et mondial. Aujourd’hui, la Principauté est dans un îlot artificiellement protégé. Si la crise n’a pas l’acuité ressentie ailleurs, c’est parce que Monaco est un petit Etat. Mais quand on voit les politiques de rigueur menées, les situations de l’Espagne ou de l’Italie, sans parler de la Grèce et du Portugal, on se dit que Monaco ne doit pas se contenter d’implorer Sainte Dévote?! Il faut prendre un certain nombre de mesures pour préserver notre identité et protéger l’économie et le niveau social du pays. Devant cette situation, les responsables de liste doivent se réunir et constituer une seule liste pour réaliser pendant 5 ans un consensus parlementaire fort et incarner un partenaire fort du gouvernement. Le maintien du statu quo économique et social serait déjà un grand succès.

M.H.?: Le conseil national n’est pas un partenaire fort aujourd’hui??
J.-L.C.?: C’est impossible en raison des divisions. Et avoir une majorité et une minorité au conseil national dans une période électorale risque de paralyser le système. C’est pourquoi aujourd’hui, il faut une cohésion nationale à travers un parlement uni.

M.H.?: Encore faut-il que les 24 personnes qui acceptent de faire une seule liste commune soient un minimum d’accord sur les priorités à fixer…
J.-L.C.?: Chacun doit prendre ses responsabilités. Quand lors du discours inaugural du nouveau conseil national, le prince fait appel au respect de la dignité pendant la campagne électorale, c’est une réflexion importante. Cela implique que compte tenu de l’importance du moment, il ne faut pas faire dérailler le train?! Pour les 5 ans qui viennent, il faut une unité du parlement pour des discussions franches avec le gouvernement, sans que des décisions soient prises par des « shadow cabinets ». Tout doit être mis sur la table, sans arrière pensée, du côté du conseil national comme du gouvernement.

M.H.?: Le 27 septembre sont organisées les primaires de l’UDM et la liste d’union élargie de R&E. Ce n’est pas trop tard??
J.-L.C.?: Sans doute. C’est une réflexion probablement utopique. Mais quoi qu’il en soit, moins il y aura de listes et mieux ce sera. Il faut une liste d’union nationale ou au pire deux listes. On ne doit plus raisonner sur les inimitiés et les égos de personnes mais pour l’intérêt du pays.

M.H.?: Alors que les priorités sont budgétaires à l’étranger, ici le débat est très institutionnel et tourne autour des dérives parlementaristes. Etonnant non??
J.-L.C.?: Monaco est une monarchie constitutionnelle et héréditaire. Le conseil national partage le pouvoir législatif avec le prince. Les projets de loi discutés peuvent être amendés, acceptés ou refusés. A la fin, le texte est promulgué par le prince souverain. Aujourd’hui, il ne peut pas y avoir de dérive parlementaire. Si un amendement n’est pas accepté par le gouvernement, le texte peut être retiré. Il ne faut pas confondre dérive et travail parlementaire. Ceux qui parlent de dérive parlementaire, c’est seulement parce qu’ils pensent que c’est à la mode…

M.H.?: Vous repartiriez en campagne??
J.-L.C.?: Je ne pense pas qu’on me le demande (sourire)… Je me tiens en retrait. Je ne suis encarté nulle part pour conserver ma liberté de parole par rapport à un mouvement.

FOOTBALL
M.H.?: Vous êtes toujours supporter de l’ASM?? Comment voyez-vous le début de saison??
J.-L.C.?: Bien évidemment?! Nous avons une équipe qui a bien démarré et qui a le potentiel pour remonter en première division. Il faut travailler sans relâche, rien n’est acquis dans le football.

M.H.?: Comment voyez-vous le rachat de la majorité du club par un investisseur étranger, Dmitri Rybolovlev??
J.-L.C.?: C’était indispensable. Dans le football moderne, c’était logique avec un championnat régi par la loi française qui interdit le financement des collectivités. J’avais moi-même proposé le rachat par un investisseur étranger il y a 10 ans. A l’époque cela avait été refusé. L’histoire est un éternel recommencement… Aujourd’hui, le nouveau propriétaire du club en est le président et on retrouve le même sponsor.

M.H.?: Vous le connaissez??
J.-L.C.?: Il m’a fait l’amitié de vouloir me rencontrer. C’est un homme qui a à cœur de faire monter l’ASM en L1 et la volonté de refaire de Monaco un grand club. Pour remplir cet objectif, son entourage doit allier compétence et réussite.

M.H.?: Un chouchou dans l’équipe??
J.-L.C.?: Les jeunes issus du centre de formation?: Germain, Carrasco-Ferrera. Les autres, je demande à voir comment ils vont évoluer quand la concurrence sera plus rude. Il y a aussi une trouvaille?: Touré, arrivé à l’époque de Simone qui l’avait recruté avec Buisine. C’est une bonne acquisition qui montre, si besoin, qu’un club fonctionne avec une certaine continuité.