jeudi 25 avril 2024
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Pékin 2022 : « Vaccinés ou pas, nous n’avons pas le droit de sortir de notre bulle sanitaire »

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Engagée depuis deux ans dans une stratégie « zéro Covid », la Chine a mis en place une bulle sanitaire très stricte afin d’éviter toute transmission du virus lors de ces Jeux olympiques d’hiver. Damien Desprat, chef de projet au comité olympique monégasque et chef de mission sur les Jeux de Pékin 2022, en présente les grandes lignes à Monaco  Hebdo.

Le protocole sanitaire de ces Jeux d’hiver est-il plus strict que celui de Tokyo ?

Tokyo avait déjà été très restrictif dans son fonctionnement. Chaque catégorie de personne qui avait été accréditée ne pouvait pas sortir d’une bulle sanitaire individualisée, qui avait été mise en place. C’était forcément délicat pour tous les participants. Pour Pékin, cela a un petit peu évolué. La chance que nous avons, c’est qu’il n’y aura qu’une seule bulle sanitaire.

C’est-à-dire ?

Toutes les personnes accréditées pour ces Jeux pourront vivre ensemble, que ce soit les athlètes, les officiels, ou encore les personnes qui sont accréditées par les fédérations internationales. C’est déjà un petit plus par rapport à Tokyo. En revanche, comme à Tokyo, nous avons toujours des restrictions très importantes. Que l’on soit vacciné ou pas, nous n’avons pas le droit de sortir de notre bulle sanitaire. On ne va, par exemple, pas aller faire du tourisme bien entendu !

À quel protocole doivent se soumettre les délégations ?

Dans les quatre jours précédant le départ, nous sommes testés deux fois avec un PCR. Nous devons inscrire les résultats dans une application dédiée aux Jeux olympiques. En espérant qu’ils soient bien sûr tous les deux négatifs. Une fois cette procédure faite, nous avons le droit d’embarquer sur un vol strictement réservé pour les personnes accréditées aux Jeux au départ de Paris. En effet, toutes les personnes en provenance d’Europe pour ces JO n’ont qu’un seul point de départ autorisé, et il s’agit de Paris. L’ambassade de Chine envoie ses représentants à l’embarquement pour contrôler qu’il s’agit bien des personnes accréditées. Ils vérifient le résultat de nos tests PCR, ainsi que toutes les démarches que nous devons faire sur cette fameuse application. Tout est contrôlé en amont du vol. À ce moment-là, nous obtenons un QR code vert pour pouvoir embarquer dans l’avion.

Que se passe-t-il à l’arrivée à Pékin ?

Arrivés sur place, nous devons à nouveau réaliser un test PCR. Nous attendons les résultats à l’aéroport avant de pouvoir être transférés dans nos villages respectifs, puisqu’il y a trois zones de compétition différentes à Pékin. Ensuite, tous les jours, nous avons le devoir de réaliser des tests PCR.

« La question de la vaccination a été mise de longue date sur la table. La position du comité international olympique (CIO) est d’encourager tous les participants à ces Jeux à se faire vacciner, mais il ne peut pas l’obliger »

Que prévoit le protocole en cas de test positif ?

Si un de ces tests quotidiens se révèle positif, il y a plusieurs degrés retenus. Si nous sommes asymptomatiques, nous sommes mis à l’isolement dans nos villages respectifs et plus en contact avec notre délégation. Cependant, on peut prendre part à nos entraînements quotidiens mais de manière isolée. Si on présente des symptômes, on doit soumettre nos résultats à une commission sanitaire. Il s’agit de médecins accrédités par l’organisation pour voir s’ils souhaitent nous isoler en dehors du village. On peut l’être à une distance respectable, en fonction des symptômes que l’on ressent. S’ils ne sont pas trop forts, ce ne sera pas trop loin. Dans le cas contraire, nous sommes sortis de la bulle sanitaire, puis isolés a minima pendant dix jours dans un hôtel réservé à ce cadre-là. Nous avons le droit à une visite d’une personne représentante de la délégation, mais à distance. Pour rentrer dans son pays, il faut deux résultats négatifs consécutifs.

À Tokyo, les athlètes pouvaient arriver sur place jusqu’à cinq jours avant le début de leur compétition et devaient repartir dans les 48 heures suivant leur élimination : qu’en est-il pour ces Jeux de Pékin ?

Au niveau du départ pour les Jeux, à Tokyo, nous avions le droit de n’arriver que cinq jours avant le début de la compétition et obligatoirement partir 48 heures maximum après la fin des épreuves. Pour Pékin, nous pouvons arriver sur zone sans restriction de temps, car ce sont des sports d’hiver où beaucoup de réglages techniques sont indispensables avant de concourir. Cela a été pris en considération. Cela permet à notre skieur de se présenter une semaine avant ses épreuves, et même dix jours pour le bobsleigh. En revanche, à la fin de notre compétition, nous avons 48 heures pour quitter le site de compétition, prendre un avion et rentrer. Ce qui signifie pour nous, au vu de nos deux disciplines, que nous ne pourrons malheureusement pas assister à la cérémonie de clôture des Jeux.

Combien de personnes composent la délégation monégasque ?

La délégation monégasque comptabilise dix personnes, uniquement des hommes. Sept sont logées directement dans le village olympique dont le physiothérapeute, les trois athlètes, les deux entraîneurs respectifs de ski alpin et de bobsleigh, et le chef de mission. En dehors du village, il y a deux techniciens indispensables à notre équipe de bobsleigh ainsi que l’athlète remplaçant, qui lui peut se substituer si un quelconque souci de santé se présente pour le duo de bobeurs.

Les athlètes doivent-ils être vaccinés pour participer ?

La question de la vaccination a été mise de longue date sur la table. La position du comité international olympique (CIO) est d’encourager tous les participants à ces Jeux à se faire vacciner, mais il ne peut pas l’obliger. De notre côté, nous avons la chance que tous les membres de notre délégation prenant part à ces Jeux soient tous vaccinés. Cela signifie qu’aujourd’hui, nous échappons à une quarantaine obligatoire de trois semaines en amont des Jeux, sans possibilité d’entraînement physique et technique.

Quel est votre rôle au sein de la délégation monégasque ?

Mon rôle est de vérifier que toutes les personnes de la délégation font les tests quotidiennement. C’est moi qui serai le correspondant, si jamais nous rencontrons un problème, pour trouver les solutions adaptées. Je suis surtout là, en plus du protocole sanitaire, pour vérifier que tout fonctionne, que les départs en compétition se passent bien et que tout soit lisse. La délégation ne doit même pas se rendre compte de tout ce contexte général très restrictif afin de se concentrer sur sa performance.

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