Emmanuel Petit, ancien joueur de l’AS Monaco et champion du monde 98 était présent au Sportel. Pour Monaco Hebdo, il a accepté d’évoquer l’actualité de son ancien club.
Monaco Hebdo : Que pensez-vous de la reprise du club par le milliardaire russe Dmitry Rybolovlev ?
Emmanuel Petit : On assiste à quelque chose à l’image de ce que les Qataris réalisent avec Paris. Ils disposent de gros moyens financiers et investissent sur des joueurs. La mayonnaise a l’air de prendre, il faudra voir dans le futur ce qu’il va se passer.
M.H. : Claudio Ranieri est-il le bon choix comme entraîneur ?
E.M. : L’AS Monaco étant en Ligue 2, je pense qu’il leur fallait quelqu’un d’expérience. C’est un grand entraîneur qui a réussi à fédérer tout le monde autour de son projet sportif. Il possède une grande connaissance du football grâce aux différents clubs qu’il a pu entraîner jusqu’à présent. Maintenant, être entraîneur à Monaco est quelque chose de particulier. C’est un microcosme où il est facile de se disperser. Je pense que son plus gros challenge sera de maintenir ses joueurs sous pression, surtout qu’ils sont considérés comme les grands favoris.
M.H. : Comment trouvez-vous les recrues ?
E.M. : Pour la plupart, on ne les connaît pas trop. J’aime beaucoup Ocampos, et Touré se montre très efficace depuis son arrivée. Mais le jeune Ocampos possède une grande qualité technique, une très bonne vista et de belles capacités dans la transmission du ballon. Il sait se montrer intelligent dans le jeu malgré son jeune âge. Ces qualités seront importantes pour viser la montée car la Ligue 2 est devenue très difficile. Outre le physique et le mental, il leur faudra utiliser ces qualités techniques pour s’assurer la montée, ou s’en rapprocher.
M.H. : Des jeunes comme Valère Germain ou Yannick Carrasco-Ferreira font leur trou en équipe première. Votre avis ?
E.M. : C’est une très bonne chose. On assiste aujourd’hui à un exode des jeunes du centre, plusieurs sont partis (Diaz, Eysseric, notamment, partis à Nice, N.D.L.R.). Avec cette puissance financière, on est tenté de recruter, mais la nouvelle direction du club doit faire attention, sur le plan de l’histoire, et de la marque de fabrique du club. Le centre de formation a toujours été un réel vivier pour le club et le championnat, il faut donc donner plus de poids au centre. Surtout qu’avec le fair-play financier qui se met en place, miser sur la formation et l’identité du club ne serait pas une mauvaise idée.
M.H. : Votre pronostic sur l’issue de la saison pour l’ASM ?
E.P. : C’est très compliqué. Comme je le disais tout à l’heure, la Ligue 2 est devenue un championnat très relevé. Si on regarde de près, il y a tout de même 3 anciens champions de France, et il ne faut pas oublier Auxerre qui jouait la Ligue des Champions il y a 2-3 ans (saison 2010-2011, N.D.L.R.). L’objectif de l’ASM, à savoir de remonter et d’être champion, est à leur portée, mais ils devront batailler dur pour y parvenir.
M.H. : Le club vit-il un tournant dans son histoire ?
E.M. : Je ne sais pas vraiment. Tout dépend des nouveaux propriétaires. Il faut voir s’ils veulent s’inscrire dans la durée ou pas. J’espère qu’ils le feront. De ce que je sais, cela fait déjà quelques années que M. Rybolovlev vit à Monaco, il a l’air d’être un fan de foot. J’espère vraiment qu’il va rester et remettre en selle le club.
M.H. : Beaucoup de monde et de médias comparent Monaco au PSG. Qu’en pensez-vous ?
E.M. : Je pense que c’est complètement infondé, hormis sur le plan financier. Ce sont deux clubs différents, qui évoluent dans deux divisions différentes. Il ne faut pas tout mélanger. Ce n’est pas parce que Monaco dispose de gros moyens qu’on peut les comparer à Paris.