samedi 20 avril 2024
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Frédéric Michalak : « L’équipe monégasque sera un peu une “dream team” du rugby à 7 »

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A l’occasion d’une conférence de presse organisée dans le cadre du Sportel, la Ligue nationale de rugby (LNR) a présenté son nouveau championnat de rugby à 7. Le Supersevens, qui débutera en février 2020 à la Paris Défense Arena, réunira les 14 clubs du Top 14, les Barbarians français et Monaco. Frédéric Michalak, en charge du Monaco Rugby Sevens, évoque le projet monégasque pour Monaco Hebdo. Interview.

La Ligue nationale de rugby a présenté au Sportel le Supersevens, son nouveau championnat de rugby à 7 : à quoi va ressembler cette compétition ?

Le Supersevens est une nouvelle compétition professionnelle de rugby à 7. Le rugby à 7 est un sport olympique, aujourd’hui. Les 14 équipes du Top 14 [le championnat de France professionnel de rugby à XV — N.D.L.R.] seront intégrées dans ce championnat, plus deux équipes invitées : les Barbarians et une équipe monégasque.

Comment va se dérouler cette compétition ?

En 2020, il y aura différentes étapes dans ce championnat. Une étape en février à la Paris Défense Arena. Puis, en août 2020, il y aura trois étapes. Et l’étape finale aura lieu en novembre 2020. Le championnat se jouera donc en cinq étapes.

Monaco a décidé de se lancer dans l’aventure et vous êtes en charge du projet : quelles sont les motivations de Monaco ?

La motivation est d’avoir un jour une équipe nationale pour les Jeux Olympiques (JO). Il s’agit d’un objectif à long terme. Pour atteindre cet objectif, il faut déjà créer un vrai mouvement autour du rugby à 7. Le rugby à 15 est déjà implanté à Monaco, le 7 aussi, avec l’équipe nationale. Mais finalement, on n’a pas de jeunes pousses, et il faut pouvoir être formé à cette filière. Il faut donc lancer une filière de rugby à 7, avec la création d’une académie. Et ce club qui va être intégré dans un championnat professionnel va mettre toute la lumière sur le rugby à Monaco, et nous permettra ensuite de créer une vraie dynamique sur le rugby à 7.

Les JO de Paris, en 2024, sont un objectif pour Monaco ?

Les JO de Paris pourraient être un objectif, mais il est difficile d’atteindre cet objectif en 2024, surtout qu’il y a tout à faire. On part de zéro. Le rugby à 7 demande énormément de qualités physiques, de qualités techniques aussi. Mais cela peut aller très vite. Des nations comme le Kenya, l’Espagne ou d’autres arrivent à être compétitives sur le World Series ou à être qualifiées pour les JO. Donc, tout est possible pour Monaco. Mais on va déjà commencer par travailler et essayer d’être compétitif pour le Supersevens.

Qui vous a contacté pour prendre en main le projet monégasque et quelles sont vos missions ?

Personne ne m’a réellement contacté. C’est un projet qui date d’il y a trois ans. J’en avais parlé à la Fédération monégasque de rugby (FMR), à des amis proches. Mais c’est toute la principauté qui avait réellement envie d’être derrière. Je suis juste une partie de ce projet, pour le mettre en route. Ensuite, ce seront les entraîneurs, les joueurs qui feront le boulot sur le terrain. Mais c’est plutôt agréable d’être à la construction d’un projet comme celui-ci.

Quel rôle a joué le prince Albert II ?

Le prince Albert II sera membre de l’association. Nous serons quatre au bureau, dont le prince. C’est un projet d’État. Et il y a une vraie volonté du prince pour créer cette équipe de rugby à 7.

Vous partez de zéro sur ce projet : comment l’équipe monégasque va-t-elle être construite ?

L’équipe monégasque sera un peu une “dream team” du rugby à 7. On va aller chercher des stars du rugby à 7, et on va aussi s’appuyer sur la formation monégasque, sur les joueurs qui jouent en équipe nationale, et, pourquoi pas, sur ceux de l’équipe à XV. On va aussi aller chercher des joueurs du championnat français ou anglais. Toutes les équipes auront un règlement à respecter, on le respectera aussi. Sur la première année, l’idée c’est de faire de la promotion et d’être compétitif assez rapidement. Et pour cela, il faut des bons joueurs.

Faut-il s’attendre à une arrivée massive de joueurs étrangers ?

Non, pas vraiment. Les équipes ont droit à trois ou quatre jokers, qui peuvent être internationaux. Ces joueurs vont renforcer les équipes. Mais il faut aussi s’appuyer sur le local. Il y a des clubs autour de Monaco, il y a des bons joueurs aussi à Monaco. Il est vrai que quand on va jouer le RC Toulon ou le Stade Toulousain, qui seront tout de suite compétitifs avec des effectifs bien chargés, il ne faut pas que Monaco soit ridicule. Donc il faut quand même des joueurs capables de jouer au très haut niveau.

Il y aura des Monégasques dans l’effectif ?

Il faut qu’il y ait des Monégasques dans l’effectif. Deux ou trois joueurs peuvent intégrer l’équipe. J’aimerais aussi recruter deux joueurs internationaux. Mais tout dépend des calendriers, car certains sont en contrat avec leur fédération. On ira ensuite chercher entre 9 et 10 joueurs, qui sont soit en Fédérale 1, en Pro D2 ou en Top 14. Sachant qu’il sera difficile de débaucher des joueurs du Top 14, car eux aussi seront intégrés au championnat.

Les joueurs pro du Top 14 vont donc participer à ce championnat à 7 ?

Oui, ils vont aussi participer à ce championnat. Il y a l’obligation d’avoir 4 ou 5 joueurs professionnels dans l’effectif. Nous allons donc essayer de récupérer 4 ou 5 joueurs professionnels et ensuite des joueurs espoirs à fort potentiel. Et à Monaco, il y en a.

Allez-vous recruter des joueurs de l’équipe à XV monégasque, qui évolue en Fédérale 3 ?

Il faut bien faire la différence entre le rugby à XV et le rugby à VII. Un ou deux joueurs seraient capables de jouer dans cette équipe. Mais dans le Supersevens, il y aura des grands joueurs donc il ne faut pas trop les exposer. Entre la Fédérale 3 et le Top 14, il y a une grosse différence.

Où en est la composition de l’effectif, aujourd’hui ?

L’effectif n’est pas encore composé. Nous allons fonctionner comme les Barbarians, c’est-à-dire avec une sélection de joueurs. Et cette sélection va se faire trois semaines avant la compétition. On a jusqu’à janvier 2020 pour avoir une liste de 20 à 30 joueurs susceptibles de pouvoir jouer dans cette équipe pour le Supersevens. Ça va être un privilège pour certains joueurs de jouer dans cette équipe de Monaco, et d’évoluer face à tous ces grands clubs pour pouvoir être vus, pourquoi pas, et être intégrés dans un club, ou ailleurs.

Dans quel stade évoluera Monaco ?

On jouera au stade du Devens. Il sera mis à disposition pour le club. Il l’est d’ailleurs déjà pour l’équipe à XV. On va donc s’entraîner sur ces infrastructures, mais aussi en bord de plage. Au rugby à 7, l’objectif c’est de créer des espaces, du mouvement… Il n’est pas forcément nécessaire d’être sur un terrain de rugby tous les jours pour développer ses capacités physiques.

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« Nous allons fonctionner comme les Barbarians, c’est-à-dire avec une sélection de joueurs. Et cette sélection va se faire trois semaines avant la compétition »

Quels sont les moyens mis à votre disposition pour ce projet ?

Tout d’abord, il y a la création d’une association. Car il s’agit d’un projet associatif et l’équipe professionnelle va être l’image de cette association. Le budget va tourner avec l’académie autour de 5 millions d’euros. On est très loin des budgets à plus de 30 millions d’euros des grands clubs de Top 14.

Quels sont les objectifs du Monaco Rugby Sevens pour cette première saison, et notamment pour la première étape de février 2020 ?

L’objectif est d’être compétitif en février. Ça va être difficile, on le sait. Aujourd’hui, nous sommes sur le recrutement d’un très bon entraîneur, d’un directeur sportif qui va nous permettre d’avoir un œil sur l’ensemble des joueurs… Nous voulons essayer de rivaliser avec les grands du Top 14. Eux aussi se posent pas mal de questions, car ça va être une première. On a tous hâte d’y être. Pour notre part, nous avons envie de bien « performer » dès février.

Qui sera l’entraîneur de cette équipe ?

Je n’ai pas encore le droit de dévoiler le nom de l’entraîneur. On est en discussion avec un entraîneur français, expérimenté. Il est aussi aller se former à l’étranger. Il est très curieux et ouvert vers l’étranger. Monaco est aussi très ouverte vers toutes les nations étrangères, donc on a besoin d’avoir une personne ouverte d’esprit, qui a envie que ce projet réussisse, et qui a les motivations pour réussir. On espère avoir un nom très prochainement.

Mais le rugby à 7 souffre d’un manque de médiatisation ?

Canal+ diffusera le Supersevens. Ils ont acheté les droits. Je pense que cela va ouvrir les voies. Pourquoi pas penser à une diffusion à l’étranger, car il n’y a pas de championnat domestique professionnel aujourd’hui. Demain, il y aura peut-être un championnat européen professionnel. Des équipes d’Angleterre ou autres pourront être intégrées… Je pense que ce championnat va évoluer. Le rugby à 7 va être une fête. Cette compétition va aussi donner un second souffle au rugby français, qui a tendance à tourner un peu en rond.

Vidéo : Monaco Rugby Sevens, notre interview de Frédéric Michalak

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