vendredi 29 mars 2024
AccueilActualitésSportCharles Leclerc : « Tout est possible à Monaco »

Charles Leclerc : « Tout est possible à Monaco »

Publié le

À quelques jours du départ du 80ème Grand Prix de Monaco, Charles Leclerc s’est confié à la presse locale pendant une vingtaine de minutes, mardi 23 mai 2023. Le pilote monégasque est notamment revenu sur son début de saison compliqué avec Ferrari, sur ses chances en principauté et aussi sur son avenir, qui fait l’objet de nombreuses spéculations ces derniers jours.

Votre début de saison n’est pas aussi bon qu’espéré, avec seulement 34 points pris en cinq Grands Prix : comment l’expliquez-vous ? 

C’est vrai que notre début de saison est compliqué, et notre position s’explique par nos résultats [avant le Grand Prix de Monaco, Charles Leclerc occupe la septième place au classement des pilotes alors que Ferrari est quatrième au classement des constructeurs – NDLR]. Je ne vais pas refaire le film, mais entre le problème mécanique lors de la première course, alors que nous étions troisièmes, la pénalité à la deuxième course qui nous a fait partir douzièmes, alors que nous étions deuxièmes sur la grille… Rien que ces deux premières courses nous ont coûté énormément de points. Sans oublier le crash avec Lance [Stroll] lors du troisième Grand Prix. Petit à petit, on essaie de prendre des points pour refaire notre retard. C’est sûr que ce n’est pas le début de saison espéré, mais la saison est encore longue et tout reste à jouer. C’est dans ces moments qu’il faut garder la tête haute, et rester motivé, parce qu’il reste encore 23 courses.

Vous attendiez-vous à vivre une telle régression avant d’entamer la saison ? 

Nous avons une voiture qui fait exactement ce que nous attendions d’elle. Nous n’avons pas été pris par surprise à la première course, parce que déjà après les tests à Bahreïn, nous avions compris qu’Aston Martin et Mercedes seraient très rapides en course. Nous savions aussi cque Red Bull serait compliqué à aller chercher, car ils avaient fait un énorme bond en avant. 

Charles Leclerc
© Scuderia Ferrari Press Office

Quels sont les principaux défauts de votre monoplace ? 

La voiture dépend énormément des conditions. Dès qu’il y a un changement de vent ou de température, nous sommes tout de suite à côté de la fenêtre optimale de la voiture et du coup, nous perdons énormément de performance, comparé aux autres. Quand on a un vent de face, ce n’est plutôt pas trop mal. Mais quand on a un vent arrière, c’est extrêmement compliqué, car la balance change beaucoup. Nous travaillons pour améliorer ces aspects parce que nous sommes très loin de Red Bull, qui a plus ou moins la même balance. C’est donc plus facile pour leurs pilotes d’extraire le maximum. 

Malgré tout, vous avez signé des pole positions et un podium à Bakou : de quoi nourrir l’espoir pour Monaco ? 

Bakou est un circuit particulièrement compliqué, comme Monaco. La prise de risque et le pilote peuvent faire davantage la différence. Nous avons en plus une voiture plutôt performante dans les virages lents et j’espère que ce sera aussi le cas à Monaco. À Bakou, j’étais assez à l’aise avec la voiture. De quoi rafler la mise lors des qualifications, mais la performance en course nous a ramenés à la réalité bien. Certes, nous montons sur le podium, mais nous finissons tout de même vingt secondes derrière les Red Bull. C’est énorme. Bakou reste notre week-end le plus positif sans vraiment d’encombres ou de problèmes. Mais en restant réaliste, Red Bull est sur une autre planète, pour l’instant. À nous de travailler pour les rattraper. 

À Monaco, le pilote fera-t-il davantage la différence que la voiture ? 

Je l’espère. En tout cas, Monaco est un de ces circuits où la prise de risque paie et où le pilote peut davantage faire la différence. Mais nous ne sommes pas dans la même situation que l’année dernière où nous disposions d’une voiture très rapide et performante sur tous les circuits. Cette année, Aston Martin a fait un gros bond en avant. Red Bull est bien sûr sur une autre planète, surtout en course. Mais à Monaco, la qualification est très importante, et je pense que, samedi, nous avons nos chances pour espérer partir devant. 

En cas de pole position dimanche, est-il possible de résister aux Red Bull sur 78 tours ? 

Tout est possible. Il faut d’abord que nous signons la pole, ce qui va être compliqué sachant que Red Bull a une voiture plus performante. Aston Martin a aussi été très rapide sur certaines courses en début d’année, et je m’attends à ce que ce soit aussi le cas dans les rues de Monaco. Sur le papier, c’est moins dur de rester en tête en principauté qu’à Bakou car il n’y a pas de longue ligne droite mais les Red Bull sont tellement supérieures. Ils peuvent tout à fait reprendre l’avantage au jeu des arrêts aux stands. On va donc déjà se concentrer sur les qualifications pour tenter de décrocher la pole position. Et si on y parvient, on aura toutes nos chances.

L’année dernière, vous comptiez six points de retard sur Verstappen avant le GP de Monaco, mais aujourd’hui, la situation est très différente : comment expliquez-vous cet écart, est-ce un problème de conception ou un problème de développement ? 

Je pense que les objectifs fixés aux ingénieurs l’an dernier n’étaient clairement pas bons. Cette année, Red Bull a tout simplement fait un plus grand bond en avant que nous. Surtout en rythme course. À mon avis, c’est plus un problème de philosophie que de développement. 

Le Grand Prix d’Émilie-Romagne, prévu dimanche 21 mai 2023, a été annulé en raison des fortes intempéries qui se sont abattues sur la région italienne : comment avez-vous vécu cet événement ? 

Ce n’est pas facile, d’autant que le désastre s’est passé à seulement une heure de chez Ferrari. J’étais sur la route quand j’ai appris que le Grand Prix allait être annulé. À distance, car nous ne pouvions pas nous rendre sur les lieux, nous avons pu prendre la mesure de l’ampleur des dégâts à Imola et aux alentours. C’est très triste. Ferrari a fait une grande donation, et moi, de mon côté, je travaille sur quelques petites actions pour essayer d’aider la région à se remettre de cette catastrophe. Je communiquerai davantage d’informations à ce sujet dans les prochaines semaines. 

On vous sait très proche de Frédéric Vasseur, qui a pris les commandes de l’équipe Ferrari à l’intersaison : que vous apporte-t-il ?

On se connaît depuis de nombreuses années avec Fred. Il a toujours été super honnête envers moi, et c’est quelque chose qui manque quand on arrive en Formule 1. Car on a tout de suite beaucoup d’« amis », mais très peu sont vraiment honnêtes sur les performances. Fred, c’est vraiment une personne super honnête, et c’est quelque chose que j’aime beaucoup. En plus, il a une vision de la compétition qui est extrêmement bonne. Nous partageons la même vision des choses, et je pense que cela aidera beaucoup à ce que tout le monde pousse dans la bonne direction. Nous sommes sur la même longueur d’onde, et c’est ce qui me donne confiance pour l’avenir. 

Charles Leclerc
Frédéric Vasseur. Team principal et manager général de l’écurie Ferrari. © Scuderia Ferrari Press Office

Il faut remonter à 2008 pour trouver trace du dernier titre de champion remporté par Ferrari [champion du monde des constructeurs – NDLR] : comment expliquez-vous les difficultés de la Scuderia à revenir au sommet de la F1 ? 

La Formule 1 est un sport très compétitif. Si on revient dans le passé, il y a eu la domination Red Bull pendant quelques années. Ensuite, quand les moteurs hybrides sont arrivés, Mercedes a tout gagné. La nouvelle réglementation nous a permis de nous rapprocher. L’année dernière, nous avons fini deuxième au championnat pilote et deuxième au championnat constructeur. C’était un bon pas en avant. Mais clairement cette année, nous ne sommes pas au niveau espéré. Je suis arrivé chez Ferrari en 2019, dans une période qui était compliquée. Nous essayons aujourd’hui de rattraper notre retard sur les autres écuries, et notamment Red Bull qui reste l’équipe battre. Avec le plan que nous avons, à moyen et long terme, et surtout avec Fred [Vasseur] aux commandes, j’ai confiance. 

Beaucoup de rumeurs circulent actuellement sur votre avenir, et on évoque notamment un intérêt de Mercedes : comment vivez-vous toute cette agitation ? 

Je ne vais pas commenter ces rumeurs car il y en a beaucoup et j’ai lu un peu de tout. c’est vrai que c’est une nouveauté dans ma carrière puisque jusqu’ici je n’avais pas été sujet à des rumeurs. Je suis arrivé en F1 chez Alfa Roméo sans qu’il n’y ait trop de bruit. Ensuite, à la surprise générale, j’ai été annoncé chez Ferrari très tôt dans la saison. Depuis, il n’y a jamais eu trop de doute car j’ai un long contrat avec Ferrari. Je peux comprendre qu’il y ait des rumeurs, vu que mon contrat arrive à échéance en fin d’année prochaine [en fin d’année 2024 – NDLR]. Mais moi, je reste concentré sur la piste. C’est le plus important pour le moment, car nous ne sommes pas au niveau que nous voulons être. On verra ça par la suite. Comme je l’ai toujours dit, j’aime Ferrari, j’ai toujours rêvé d’être pilote Ferrari, et aujourd’hui je suis dans cette position rêvée. Il ne faut pas se le cacher, je ne suis pas content de notre situation, et Ferrari non plus. Mais nous allons, ensemble, tout faire pour essayer de revenir au meilleur niveau.

Vous êtes-vous fixé une “deadline“ quant à votre avenir avec la Scuderia ? 

Je ne me suis pas vraiment mis de “deadline“. On verra. Pour l’instant, il y a beaucoup de rumeurs mais aucune discussion n’a été entamée. Il faudra poser cette question à Fred. Mais nous sommes à un an et demi de la fin de mon contrat, donc il y a encore beaucoup de temps.

Charles Leclerc
© Scuderia Ferrari Press Office

Quels sont vos objectifs pour la suite de la saison ? 

Il est difficile actuellement de se fixer des objectifs parce que nous avons été inconstants depuis le début de la saison. Mon objectif principal pour l’instant, c’est d’améliorer cette voiture pour être plus régulier. Nous travaillons avec l’équipe pour avoir une voiture qui marche dans toutes les conditions, et pas seulement dans une fenêtre très précise. 

Votre frère, Arthur, va découvrir le Grand Prix de Monaco en Formule 2 ce week-end : vous lui avez donné quelques conseils ?

Je le sens excité, il a hâte d’y être. Je me rappelle mon premier Grand Prix à Monaco et je sais à quel point c’est spécial. Il va falloir qu’il profite. Je lui ai conseillé de se protéger un maximum des sollicitations extérieures parce qu’à Monaco, on peut facilement être surchargé avec les amis, la famille… Et si on n’est pas bien organisé, ça peut vite prendre du temps et nous déconcentrer. Il faut donc vraiment rester concentré tout au long du week-end. Il faut également y aller pas après pas, parce qu’à la maison, il y a beaucoup d’excitation et d’envie de bien faire. Mais sur les circuits urbains, il faut prendre le temps. À lui d’utiliser les essais libres de la meilleure des façons pour emmagasiner de la confiance sur ce circuit très compliqué. Mais je pense qu’il prendra du plaisir, surtout en qualifications. Quand vous faites le tour en qualif, c’est un sentiment qu’on ne retrouve nulle part ailleurs.