jeudi 25 avril 2024
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Boris Herrmann a pris le départ du Vendée Globe

Publié le

Le Seaexplorer – Yacht Club de Monaco a pris, dimanche, le départ aux Sables-d’Olonne du Vendée Globe, l’une des courses à la voile les plus exigeantes au monde.

Son skipper ? Boris Herrmann, premier marin allemand dans l’histoire de cette épreuve, qui naviguera donc sous les couleurs de la principauté.

Qui succédera à Armel Le Cléac’h, vainqueur de la précédente édition de la plus connue et rêvée des courses à la voile au large en solitaire ? Parmi les 33 skippers formant la flotte du Vendée Globe 2020, on trouve Boris Herrmann, aux commandes du Seaexplorer – Yacht Club de Monaco. C’est donc à lui que reviendra la mission de porter les couleurs de la principauté, tout au long des 28 000 milles (soit près de 52 000 kilomètres), de vent, de vagues, de houle et de glaces de cet événement unique dans l’histoire des sports nautiques. Il faut dire que ce départ, donné avec du retard à cause du brouillard qui entourait les Sables-d’Olonne, constitue un véritable aboutissement. En effet, Pierre Casiraghi, vice-président du Yacht Club de Monaco, a fondé en 2016 la Team Malizia, une équipe de voile professionnelle skippée par le navigateur allemand Boris Herrmann, avec l’objectif de participer au Vendée Globe. A bord de Malizia, ils ont ainsi participé à des courses au large en double avec succès, terminant notamment 3ème de la Fastnet Race 2017. Pour Boris Herrmann, cette course démarrée dimanche constitue selon l’expression consacrée « un rêve de gosse ». « Le Vendée Globe reste l’épreuve reine pour tout marin, assure-t-il. C’est l’objectif ultime que nous pouvions nous fixer. Cette course me fascine depuis très longtemps. Quand j’étais enfant, je me plongeais dans des récits de navigateurs tels que Bernard Moitessier ou encore Eric Tabarly. Ces marins étaient de véritables aventuriers et je pense que petit à petit, leurs histoires ont germé dans ma tête, me donnant envie de me lancer moi aussi là-dedans. Mais le véritable déclic s’est fait à l’occasion d’un reportage sur le Vendée Globe que j’ai vu lorsque j’avais 16 ans. Je me rappelle encore ces images qui m’ont fasciné et qui ne m’ont jamais quitté… » Le Vendée Globe a, c’est vrai, tout de la légende. Le 26 novembre 1989, treize marins prennent le départ de la première édition, laquelle durera plus de trois mois. Ils ne seront que sept à rentrer aux Sables-d’Olonne. Au final, les huit éditions de ce qui est souvent appelé l’Everest des mers ont réuni 167 concurrents. Seuls 89 d’entre eux ont réussi à couper la ligne d’arrivée. Un chiffre impressionnant qui démontre à lui seul l’extrême difficulté de cet événement planétaire, où les skippeurs solitaires sont confrontés au froid glacial, aux vagues démesurées et aux ciels menaçants du grand sud. L’épreuve a consacré de très grands marins : Titouan Lamazou en 1990, Alain Gautier en 1993, Christophe Auguin en 1997, Vincent Riou en 2005, François Gabart en 2013 et Armel Le Cléac’h en 2017 (détenteur du record de l’épreuve). Un seul marin l’a gagné deux fois : Michel Desjoyeaux, en 2001 et 2009.

Plus de 55 000 milles d’entraînement

Le départ du Vendée Globe, c’est ainsi un rêve d’enfant qui se réalise, mais c’est aussi la concrétisation d’un entraînement de tous les instants. « Nous nous sommes entraînés plus que toute autre équipe sur ce bateau, ayant parcouru le plus de milles soit 55 000 milles nautiques, l’équivalent de neuf transats, se souvient-il. Cette préparation a bien sûr été intense et bénéfique. La fiabilité de notre Imoca [une classe de voiliers monocoques de 60 pieds, soit 18,288 mètres, principalement destinés aux courses océaniques en solitaire ou en double, comme la Route du Rhum et le Vendée Globe – N.D.L.R.] et les systèmes ont vraiment été testés au maximum de leur potentiel en fonction de la distance parcourue. Les nombreux entraînements réalisés aux côtés des concurrents me prouvent que le bateau peut tenir la cadence. J’ai également participé à de nombreux stages à Port-la-Forêt dans le Finistère, permettant de me confronter aux autres navigateurs et leurs bateaux. » Boris Herrmann n’est pas tout à fait à son coup d’essai. Il s’agit en effet du troisième tour du monde pour le skipper allemand, mais jamais en solitaire et sans escale. Bien sûr, le départ de cette édition du Vendée Globe s’est déroulé dans un contexte particulier. Habituellement effectuée devant des dizaines de milliers de personnes, la remontée du chenal des Sables-d’Olonne s’est déroulée, restrictions de circulation liées au Covid-19 et au confinement obligent, uniquement sous les yeux de quelques riverains sur leur balcon, et des forces de l’ordre. Notons qu’au cours de ce périple exceptionnel, à travers les zones isolées des mers du Sud et tout près de l’Antarctique, un mini-laboratoire a été embarqué à bord du Seaexplorer – Yacht Club de Monaco. Il aura pour rôle d’analyser constamment des échantillons d’eau, dans le cadre d’un projet de recherche avec l’Ifremer, Geomar et la Société Max Planck. « Boris lui-même transmettra régulièrement par satellite pendant sa course océanique et restera en contact avec Pierre Casiraghi », indique-t-on au Yacht Club de Monaco, sponsor du bateau. Preuve de l’engagement responsable de la Team Malizia, le nom « Seaexplorer » fait d’ailleurs référence à l’initiative de Kuehne + Nagel, un partenaire, qui a créé une plateforme numérique pour mesurer l’impact des émissions de CO2 dans le secteur du fret maritime, afin de permettre aux clients de faire des choix plus écologiques en matière d’expédition. Le Yacht Club de Monaco s’est ainsi impliqué en profondeur dans cette course. « Le YCM et son vice-président Pierre Casiraghi, m’accompagnent depuis le début dans cette aventure, témoigne le skipper. Sans ce soutien incroyable, je n’aurais même pas pu espérer naviguer sur cet Imoca. Cela m’a aidé à avoir une structure, des idées, un projet concret. Cela fait plusieurs années que je travaille avec le Club et Pierre, et c’est à chaque fois un réel bonheur d’avoir une équipe à l’écoute et un port d’attache comme celui-ci. »

© Photo Jean-Marie Liot

Finir sous les 70 jours

Alors que le départ de la course vient d’être donné, quel peut être l’objectif du skipper allemand ? « J’ai de la nourriture pour 80 jours et je peux l’étalonner sur 100 jours sans faire de sacrifice, répondait-il quelques jours avant de se lancer. Cependant, si tout se passe bien, je peux imaginer descendre sous la barre des 70 jours, mais cela dépendra de plusieurs facteurs, notamment la zone de glace dans le Sud. Le record à battre est celui décroché par Armel Le Cléac’h lors de l’édition 2016-2017 qui a bouclé ce tour du monde en 74 jours, 3 heures, 35 minutes et 46 secondes. Mais pour cette première participation, je souhaite tout d’abord terminer la course. Vous savez, sur ce genre d’épreuve, tant que la ligne n’est pas franchie, tout peut arriver. Maintenant, si je devais imaginer un résultat au classement, je me dis qu’une place dans les dix premiers est un objectif accessible, du moins sur le papier. Mon bateau possède de solides avantages. » Lesquels ? « Ce plan Verdier-VPLP est doté de foils en V de troisième génération permettant de passer la mer au mieux et d’amortir les mouvements de notre monocoque, explique Boris Herrmann. À force de travail avec la Team Malizia, nous avons su optimiser le bateau pour tirer le maximum de son potentiel. Nous avons toutes les cartes en main pour réaliser un beau Vendée Globe. »

Boris Herrmann soutenu par le prince Albert II… et Greta Thunberg

Quelques heures avant son départ, Boris Herrmann a partagé sur son compte Instagram le soutien reçu du prince Albert II et de la militante écologiste Greta Thunberg. « Bonne chance et bon vent à mon courageux ami Boris Herrmann, a écrit cette dernière, par ailleurs, sur le réseau social Twitter. […] Rendez-vous au printemps ! Nous sommes avec toi. » Son lien avec elle remonte à l’été 2019. Boris Herrmann avait en effet convoyé la jeune Suédoise à bord du Malizia II : Greta Thunberg avait alors rejoint New York, en voilier, pour participer à la conférence sur le climat organisée au siège des Nations unies.

© Photo Ricardo Pinto | Team Malizia

Le Seaexplorer – Yacht Club de Monaco en bref

Vous voulez être incollable sur le bateau sponsorisé par le Yacht Club de Monaco, qui a pris dimanche 8 novembre 2020 le départ de la neuvième édition du Vendée Globe ? Voici toutes les informations à connaître sur cet Imoca.

  • Numéro de voile : 16
  • Anciens noms du bateau : Edmond de Rothschild, Malizia – Yacht Club de Monaco
  • Architecte : Verdier – VPLP
  • Chantier : Multiplast
  • Date de lancement : 7 août 2015
  • Longueur : 18,28 mètres
  • Largeur : 5,70 mètres
  • Tirant d’eau : 4,50 mètres
  • Déplacement (poids) : 7,6 tonnes
  • Nombre de dérives : foils
  • Hauteur mât : 29 mètres
  • Voile quille : acier
  • Surface de voiles au près : 290 m2
  • Surface de voiles au portant : 490 m2