jeudi 28 mars 2024
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AS Monaco : la chute sans fin

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Jean-Petit et Marco-Simone
« Ça fait un moment que le mal est profond. Peut-être qu'au mercato il y aura des solutions, on va y travailler », dixit Jean Petit. © Photo Yannick Faraut ASM-FC.

Le club de la Principauté a sombré 3-0 sur le terrain du FC Nantes, autre ex-grand club de la Ligue 1, vendredi 25 novembre. Monaco est toujours dernier de Ligue 2.

Les supporters et le staff de l’AS Monaco auraient voulu croire à une dynamique positive. Après deux larges victoires, l’une en amical face à Nice (4-1) et l’autre en Coupe de France face à Alès (5-0), on se disait que les Rouge et Blanc allaient enfin lancer leur opération « remontée » au classement en championnat. A Nantes, il n’en fut rien. Les Monégasques se sont perdus, vendredi dernier, dans la brume qui recouvrait le stade de la Beaujoire, s’enfonçant dans leur propre brouillard. L’ASM s’est inclinée, sur le score de 3-0, face au FC Nantes, dans un duel d’ex-grands clubs de la Ligue 1. Avec un doublé de Raspentino et un but de Pancrate en fin de rencontre, les Canaris, habitués aux joutes de la Ligue 2 depuis 2009, ont su mettre la nostalgie de côté. La défense asémiste, complètement aux abois, a encore craqué. Le score aurait même pu être beaucoup plus lourd sans deux ou trois arrêts de Sourzac. Au vu du niveau de jeu affiché, l’hypothèse d’une relégation du club en fin de saison n’est pas à écarter. « C’est une grosse déception dans la mesure où on avait fait deux bons matchs. On n’a pas eu d’équipe, le ballon n’avançait pas. Techniquement, c’est faible, devant ça ne bouge pas, on n’est pas présent. Les joueurs étaient peut-être crispés mais le football, ce n’est pas ça. Il faut rentrer sur le terrain pour faire des bonnes choses », a commenté Jean Petit, l’adjoint de Marco Simone, en conférence d’après-match. « Ça fait un moment que le mal est profond. On est descendus, on a essayé de relever la tête, on est derniers depuis un moment, ça ne va pas aller mieux d’un seul coup. Peut-être qu’au mercato il y aura des solutions, on va y travailler », a-t-il ajouté. L’ancien joueur nantais Marama Vahirua, qui avait délivré l’ASM face au Mans, a fait part d’une certaine impuissance de l’équipe à remonter la pente. « On est pris dans une spirale négative et on ne sait plus comment faire. Il faut que chacun fasse son propre bilan, avant même qu’on puisse en tirer un de manière collective. On est derniers et il ne faut pas se voiler la face, on est à notre place. Il ne faut surtout pas se dire que ça va aller, car la descente en National est une vraie possibilité. L’équipe est très malade », a déclaré le Tahitien à nos confrères de France Football. Au classement, Monaco reste dernier de Ligue 2 avec 11 points, une victoire en quinze matchs, la pire différence de buts (-11) et la pire défense du championnat (24 buts encaissés).

77 % de chances d’être relégué

Seule certitude définitivement acquise après la défaite à Nantes?: à moins d’un miracle, l’AS Monaco ne remontera pas en Ligue 1 cette saison. Selon les statistiques officielles de la Ligue de Football Professionnelle (LFP)*, jamais un club, relégable et, qui plus est, dernier du championnat de Ligue 2 après la quinzième journée, n’est parvenu sur le podium, synonyme d’accès à l’élite. Lors de la saison 2005-2006, Guingamp pointait à la 20ème et dernière place de Ligue 2 après quinze matchs joués. Les Bretons ont terminé la saison à la 9ème place. C’est, à ce jour, la meilleure remontée au classement enregistrée en deuxième division.
Pour autant, l’AS Monaco n’est pas encore relégué en National. La fin du championnat est loin, il reste 23 matchs à jouer. Malgré une différence de buts largement défavorable, l’ASM ne compte aujourd’hui que trois points de retard sur Amiens, premier non-relégable avec 14 points. D’après les chiffres officiels de la LFP, 46,2 % des clubs qui figuraient aux trois dernières places du championnat après la quinzième journée, sont descendus en National. Cependant, ce taux s’élève à 77 % pour les clubs qui occupaient la dernière place après quinze rencontres. Maigre consolation?: avec son unique victoire, l’AS Monaco n’est pas l’équipe qui a réalisé le pire démarrage de la Ligue 2 à ce stade.
Au fil des matchs, les asémistes reçoivent la confiance de quelques entraîneurs adverses qui croient en leur maintien. « Monaco avait toutes les cartes en main pour s’en sortir », a déclaré le coach du Mans, Arnaud Cormier. Cette saison offre un parallèle avec la situation vécue la saison dernière. Doit-on considérer que l’AS Monaco, ex-grand club de Ligue 1, ne descendra pas en National, parce que c’est un « grand » club de Ligue 2 avec des joueurs très expérimentés comme Giuly et Vahirua?? La même question se posait quand les observateurs fermaient les yeux sur l’idée d’une descente de Monaco en Ligue 2. Ceux-là considéraient que le club de la Principauté comptait bien trop de titres de champion de France dans l’élite pour subir l’affront d’être relégué en division inférieure. On sait ce qu’il en est advenu par la suite mais personne ne veut croire que l’erreur se reproduira une deuxième fois.

Rybolovlev pour bientôt??

A la question de savoir si Dmitry Rybolovlev, alias le roi du potassium, va entrer dans le capital de l’AS Monaco, rien ne filtre officiellement. Cependant, à l’heure du bouclage de ce numéro, plusieurs sources annonçaient avec insistance une signature imminente de Rybolovlev pour le rachat du club. Le milliardaire russe, dont le quotidien L’Equipe affirmait qu’il était prêt à mettre 200 millions d’euros sur la table, a pourtant apporté un démenti par le biais d’un communiqué. « Pour le moment, il n’y a aucune négociation concernant une participation financière ou acquisition éventuelle de ma part concernant l’AS Monaco », a indiqué l’homme d’affaires, par ailleurs résident monégasque. Du côté de MSP, Patrice Pastor, actionnaire du club, n’est « pas contre » l’arrivée d’un repreneur. « Il est prévu que je parte. C’est un dossier dans lequel on ne s’engage pas à vie », précise-t-il. Concernant les arrivées de Jean-Marc Goiran et de Youri Djorkaeff aux postes respectifs de directeur sportif et de conseiller spécial, statu quo. Le premier serait en tout cas très tenté par le challenge.
En attendant, l’équipe dirigeante est toujours là. Mais tancée par une partie des supporters, elle semble lasse de voir les échecs se multiplier. Il y a un mois, après la défaite, 2-1, face à Châteauroux, le directeur financier de l’ASM, Raymond Bella laissait entendre à des supporters ayant fait le déplacement, qu’il démissionnerait en cas de nouvelle défaite, la semaine suivante face au Mans. Les deux équipes avaient fait match nul. Si la gifle nantaise n’a pas (encore) changé la donne, cet épisode en dit long sur le moral de la direction.
En décembre, l’AS Monaco disputera quatre matchs. En championnat, le club affrontera Metz à domicile, vendredi 2 décembre, avant de retrouver deux sérieux prétendants à la montée, Le Havre et Clermont, les 17 et 20 septembre. Entre-temps, les Monégasques n’auront pas le droit à l’erreur face à la Tour-Saint-Clair, équipe de Division d’honneur, afin de se qualifier pour les 32ème de finale de la Coupe de France. Une élimination dans cette compétition, combinée à de nouvelles défaites, plongerait le club dans une crise encore plus noire. Mais l’important, ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage.

* Les pourcentages ont été établis à partir de la saison 1998-1999, lorsque le système d’une deuxième division à vingt clubs a été mis en place.